Miyamoto parle de la violence dans les jeux

Durant l’E3 2002, Shigeru Miyamoto a accordé une tonne d’interviews. Parmi celles-ci figurent un entretien avec Computer and Video Games, ou plus précisément Patrick Garratt. Voici les grandes lignes de cette interview, vous pouvez bien sûr en trouver l’intégralité en cliquant ici. Vous pouvez également aller regarder l’interview de Miyamoto par Nintendo Power.

Voici la traduction d’une partie de l’interview de CVG :

" CVG : C’est devenu une habitude de retrouver des vieilles licences sur Gamecube, Resident Evil par exemple. Vous avez toujours déclaré que les jeux étaient pour les enfants et cette violence pourrait diriger les jeux vidéo. Etes vous tristes d’apporter des jeux de ce genre sur un support Nintendo, ou voyez vous cela comme un atout pour vendre plus de consoles ?

Miyamoto : Je ne doute pas que la violence joue un rôle dans le monde des jeux vidéo, la violence est une forme d’expression et l’expression, c’est ce qui doit ressortir dans les jeux vidéo. Ce à quoi je m’oppose, c’est que tout le monde choisit la voie de la violence, mais pas seulement comme un moyen d’expression. En fait, pour surprendre les gens, certains pensent qu’ils faut monter dans l’escalade de la violence et lorsque les jeux n’ont que cet atout à proposer, je pense que la violence devient un but, une solution.

En parlant des jeux violents que nous proposons sur Gamecube, je pense qu’ils s’adressent à un public plus vaste. Avec la N64 et les difficultés que nous avons eu avec ce système, c’était difficile de proposer une line-up attirante pour tout le monde. Avec le Gamecube ,qui est plus simple à maîtriser, et avec les nombreux éditeurs tiers qui nous suivent, je pense qu’il est normal de voir des jeux qui sont destinés à un public plus vieux que sur Nintendo 64. Mais bien que je pense que la violence est quelque chose qui peut être utilisé dans les jeux, c’est l’ultra violence et l’abus de ce style qui me dérange.

CVG : Microsoft semble être convaincu que le seul moyen pour faire avancer les jeux vidéo, c’est de les rendre online. Sony semble penser qu’il faut les faire ressembler à des films, quelle est votre conception ?

Miyamoto : (rires) Peut-être qu’ils sont incapables de dire : " Nous pouvons faire des jeux plus funs et intéressants sans passer au online ". Nous sommes définitivement convaincus que nous pouvons faire des jeux plus funs, intéressants et novateurs sans avoir à aller dans cette direction. Nous cherchons vraiment à attirer une audience plus large, et à proposer des jeux qui attirent plus de monde. [...] Le meilleur exemple, c’est Animal Crossing, c’est le genre de jeux qui n’obtiendrait probablement pas une bonne note si un hardcore gamer l’évaluait. Les hardcore gamers regardent la balance de jeu, la difficulté, le nombre de boss, le nombre de niveaux et l’IA. Ce jeu n’a pas ces éléments là. Mais si vous vous asseyez et jouez à ce jeu, il est fun. C’est simplet et fun et cela attire beaucoup de monde, je pense que c’est un nouveau type de " jeu- pilier " pour nous. Nous prenons ce jeu, qui est complètement différent de tous les autres et nous pensons qu’il saura attirer une audience large.

CVG : Est-ce que Nintendo continuera à créer ce genre de jeux, qui sortent de la norme et continuer à innover ? Vous espérez que Nintendo continue de faire cela en interne ?

Miyamoto : Oui. En fait, une des raisons pour laquelle nous déléguons certaines licences à d’autres développeurs, c’est que nous voulons continuer à supporter ces franchises en même temps que nous nous occupons en interne de nouvelles idées innovantes.

CVG : Est-ce que vous voulez partager quelques unes de vos prochaines idées ?

(tout le monde rit)

Miyamoto : Regardez à l’E3 l’année prochaine.