PlatinumGames aimerait être complètement indépendant

Lors d'un entretien pour USGamer, l'un des fondateurs de PlatinumGames, M. Atsushi Inaba, est revenu sur le parcours récent du studio et sur les projets qu'il souhaiterait mettre en place. Pour les fans de Nintendo, PlatinumGames rappelle immédiatement quelques trésors de la Wii U que sont Wonderful 101 ou Bayonetta 2 (ainsi que le premier épisode). Des titres nerveux, de très grande qualité, qui malheureusement n'ont pas toujours atteint un succès commercial malgré leurs qualités techniques et de gameplay.


Le studio a du se diversifier et accepter des projets de commande pour faire rentrer des fonds. Ainsi on se souvient du gros coup de main pour sortir Nintendo en difficulté sur Star Fox Zero, ou pour les autres consoles, l'acceptation de titres avec un temps de développement un peu court qui ont donné un Transformers acceptable, un Tortues Ninja très moyen, et un bon Legend of Korra.


Le studio travaille actuellement sur un gros projet, Scalbound pour Microsoft, et sur NieR:Automata sur PS4 pour Square Enix. Aujourd'hui, c'est un constat, PlatinumGames travaille essentiellement par contrat et développe des jeux sous licence.


Pourtant, cette solution pour résister à la pression du marché ne satisfait pas Atsushi Inaba.

Notre objectif à long terme est d'être totalement indépendant.

Le studio souhaite un retour à son indépendance pour pouvoir développer les projets qui les motivent totalement. Mais cela reste un défi majeur pour le studio, car en raison des coûts toujours croissants des développements majeurs, des studios indépendants de taille moyenne comme Platinum sont devenus de plus en plus rares. Ce cas est encore plus rare quand le studio se consacre exclusivement au développement de titres consoles variés alors que plusieurs ont déjà fait la bascule vers des titres uniques, comme Robot Entertainment qui capitalise beaucoup sur son Orcs Must Die. Ceux qui créent des série très vendeuses s’en sortent et s’y accrochent jusqu’à ce qu’elles ne soient plus rentables.

On pourrait s'étonner de ce discours car le passé de PlatinumGames est riche d'excellents jeux et le studio pourrait se lancer également dans de nombreuses suites. Pourtant il y a un obstacle majeur, la très grande majorité des titres qui ont fait le succès du studio sont des licences qui ne leur appartiennent pas :

Parce que nous ne disposons pas de notre propre IP phare, nous n'avons pas la possibilité de la développer et de publier une suite. Nous ne sommes pas habitués à créer des suites et nous essayons donc de nous habituer à ce processus. La société n'a pas vraiment d'avenir à moins de développer ses propres IPs originales.

De ces projets internes, M Inaba ne développera pas plus. Pour le moment, le studio continue à honorer des partenariats et ses contrats à l'extérieur en attendant de laisser murir les nouveaux projets.

La licence Bayonetta, dont le deuxième épisode a été soutenu par Nintendo exclusivement, appartient toujours à SEGA, tout comme Vanquish, autre titre de bravoure réalisé par le studio.


Okami et Viewtiful Joe, deux gros titres cultes, font partie de leur parcours au sein de Clover Studio pour Capcom.



Au-delà du pessimisme apparent d'Inaba, PlatiumGames garde une place de choix au sein du développement indépendant japonais, conservant une certaine liberté. Le studio grossit et même si les réalités commerciales les ont contraints à accumuler les contrats de travail et d'autres projets pour des éditeurs externes, Platinum reste un groupe de développeurs vétérans qui œuvrent à apporter la plus grande qualité possible à un titre pour rendre le jeu intéressant. Il reste une marque de fabrique, quand on leur laisse le temps.

Le studio a déjà évolué :

Quand nous avons commencé, nous avions beaucoup plus de liberté pour créer ce que nous voulions, mais maintenant nous travaillons davantage avec la communauté, en écoutant ce qu'ils ont à dire, et en gardant ouverte cette communication. Bien sûr, nous voudrions que l'ensemble de nos jeux se vendent à cinq ou six millions d'exemplaires, mais une fois que vous commencez à vous concentrer sur les ventes, vous perdez une partie de cette liberté. Donc, en ce moment , nous nous concentrons sur les deux.

Pas facile de faire un projet commercial qui se vendra à la pelle et un projet plus personnel, souvent mal compris ou boudé par le public. L'idéal serait de pouvoir proposer un titre fédérateur. En attendant, le studio protège ses finances en s'abritant derrière les constructeurs ou les grosses sociétés d'édition. En espérant pouvoir proposer sa propre écurie de jeux dans un avenir plus ou moins lointain.

Source : USGamer