Traduction : Satoru Iwata dans le Wall Street Journal

C'est dans la section Boss Talk, ou "Discussion de patron" mais ça sonne moins bien, du Wall Street Journal que Satoru Iwata a évoqué avec Yukari Iwatani Kane l'avenir proche de Nintendo.

De nouveaux défis attendent désormais Nintendo. Après avoir remonté la pente de façon époustouflante entre 2004 et aujourd'hui, le premier problème de Nintendo est de réussir à conserver ces nouveaux joueurs, et de satisfaire les joueurs tout court en les intéressant un peu plus aux jeux vidéo.

Voici les extraits d'une interview du Wall Street Journal (voir ici) dans laquelle il évoque ces nouvelles difficultés et l'avenir de Nintendo : une fois tous ces joueurs conquis, que faire ?

WSJ : Vous avez finalement révélé Wii Music, le jeu que le créateur de Super Mario Shigeru Miyamoto a montré il y a trois ans !

S. Iwata : Wii Music complète ce que Miyamoto avait écrit dans sa proposition, lorsqu'il est venu avec cette idée pour Wii. Il disait qu'il avait besoin de penser à de nouvelles idées maintenant.

WSJ : Depuis que vous avez lancé la Wii, vous avez présenté plusieurs accessoires, comme un volant pour jouer aux jeux de course ou un le WiiZapper pour viser dans un jeu. Ce mois-ci, vous avez montré Wii MotionPlus et WiiSpeak. Y-a-t-il d'autres accessoires encore à venir ?

S. Iwata : La plupart des idées d'accessoires que nous avons eues sont dévoilées maintenant. On pourrait en imaginer d'autres, et les fabriquer si nous le faisons, mais nous n'avons pas l'ambition d'en sortir plein d'autres.

WSJ : Est-ce que les joueurs Wii seront obligés d'acheter Wii MotionPlus pour chaque manette qu'ils possèdent pour les nouveaux jeux ?

S. Iwata : Certains jeux seront améliorés par Wii MotionPlus, certains jeux ne pourront être joués qu'avec lui. Les utilisateurs en auront besoin de 4 s'ils ont 4 manettes, mais nous allons essayer de le proposer pour aussi peu que possible. Nous n'avons pas encore annoncé le prix, mais le coût de fabrication de Wii MotionPlus n'est pas élevé, alors je crois que nous pourrons le rendre très abordable.

WSJ : Une fois, vous avez dit que vous espériez que les nouveaux joueurs attirés par les jeux simples à jouer seraient aussi intéressés au final par des jeux plus traditionnels comme Mario. Est-ce que cela se produit ?

S. Iwata : Parmi les gens dont le premier jeu vidéo a été Brain Training, 35% ont acheté plus de jeux dans les 3 mois. Parmi ceux-ci, 10% ont maintenant acheté 11 jeux ou plus !

WSJ : Vous proposez maintenant des services qui ne sont pas des jeux pour la DS, grâce à son sans-fil, comme récupérer des infos sur l'aéroport ou commander de la nourriture pendant que vous êtes assis dans un stade. Comment ça se passe ?

S. Iwata : Je crois qu'on fait bien mieux que les autres machines qui proposent un service similaire. On essaie toujours de penser à des façons supplémentaires d'utiliser la DS dans la vie de tous les jours, des services que nous pouvons offrir qui inciteront les gens à prendre leur DS avec eux où qu'ils aillent. On a besoin de convaincre tous les genres de clients qu'ils doivent avoir une DS.

WSJ : Les téléphones mobiles ne sont-ils pas un meilleur accessoire pour ce genre de service ? Qu'est-ce que la DS propose qu'un mobile n'a pas ?

S. Iwata : Les services pour téléphone doivent être compatibles avec beaucoup de différents modèles et formats, mais on peut personnaliser des services spécifiquement pour la DS, c'est donc beaucoup plus facile à utiliser.

WSJ : Est-ce que les fonctions et les services pour la vie de tous les jours indiquent que vous allez au-delà de votre mission originale comme société de divertissement ?

S. Iwata : Nous sommes toujours une société de divertissement avant-tout et surtout, mais la définition du jeu vidéo a changé. Si on garde notre perception de ce qu'est un jeu vidéo aussi grande que possible, alors naturellement on va commencer à faire des choses dont les gens peuvent dire que ce ne sont pas des jeux.

WSJ : les services de téléchargement de vidéos de Sony et Microsoft sur PS3 et XBox 360 veulent tous les deux gagner des clients parmi les joueurs passionnés. Mais Nintendo a déjà séduit le public qu'il voulait avec des jeux simples et intuitifs. Avez-vous pensé à proposer un service de téléchargement aussi ?

S. Iwata : Si on peut faire des choses autrement en renforçant nos atouts, et élargire ce qui constitue un jeu vidéo, alors on pourrait le faire. Si on n'a pas d'idée, on ne va pas aller jouer sur le même terrainde sociétés comme Sony, qui a un studio, et Microsoft, qui a beaucoup d'argent.

WSJ : Maintenant que vous avez amené tous ces nouveaux utilisateurs sur le marché, que voulez-vous en faire dans le futur ?

S. Iwata : Nos ventes sont peut-être au-delà de nos attentes, mais il y a encore beaucoup de gens qui n'ont jamais joué aux jeux vidéo. Je crois qu'il y a encore plein de types de jeux que nous pouvons offrir qui capteront l'attention de gens que nous n'avions pas encore pu intéresser. Après avoir accompli notre mission dans les pays développés, on va devoir essayer de trouver comment rendre nos produits attractifs dans les pays émergents. Nous allons avoir de nouveaux problèmes à adresser comme le prix, la disponibilité et la localisation régionale. On ne va pas atteindre notre but si facilement.

WSJ : Certains commencent à parler de votre prochaine génération de console.

S. Iwata : Notre équipe hardware a commencé à travailler sur la prochaine chose dès qu'ils ont fini leur précédent projet, mais ce qu'ils imaginent ne va pas forcément devenir un produit. On développe un nouveau produit une fois qu'il a été soigneusement étudié à l'intérieur de notre entreprise. Nous n'en sommes pas encore à un stade où donner le moindre détail, mais bien sûr que nous y travaillons.

Source : Wall Street Journal