Nous sommes à la fin de l’année 1944 dans les Ardennes, les nazis se préparent à lancer une contre-offensive pour repousser les alliés vers la mer. Les forces spéciales du Soleil Noir, maniant la magie arcanique et contrôlant des créatures démoniaques, et les Loups nocturnes dotées d’armes expérimentales, opposent une sérieuse résistance aux alliés.
Ceux-ci n’ont donc pour unique solution que d’envoyer à leur tour des agents ayant également recours au paranormal. Mais cela se passe très mal pour eux, et vous ne vous retrouvez qu’à la tête de deux survivants, le capitaine Eric « Badger » et le sergent américain Brandon Carter. Ils sont rejoints par deux agents envoyés par les anglais, Ariane Dubois et le caporal Akhee « The Eye » Singh, redoutable au combat au corps à corps.
Les ordres de missions s’enchainent pour déloger l’ennemi et vous arrivez sur une carte avec une représentation à 45° un peu old School pour explorer la zone et tenter de débusquer l’ennemi avec vos quatre soldats. Lorsqu’un ennemi est dans le champ de vision de l’un de vos soldats, le combat commence et vous allez devoir déplacer un par un chaque soldat pour tenir une position, le mettre à l’abri ou tout simplement passer à l’offensive, puis ce sera au tour de l’ennemi d’effectuer l’ensemble de ses déplacements et ses coups de feu. Au départ, l’ennemi se cache dans un brouillard de guerre, il faut donc s’approcher de lui pour révéler son identité et ses caractéristiques. Autant dire qu’il faut bien protéger son soldat allant en éclaireur par d’autres restant à l’arrière mais dotés d’armes à longue portée. On utilisera donc au mieux le décor et cet aspect est bien réussi.
Chacun de vos soldats possède une quantité de points d’action à dispatcher entre déplacements, tirs et utilisation de capacités spéciales. Vous bénéficiez également d’une réserve de points d’action communs à l’escouade, pour pouvoir effectuer quelques attaques de défense supplémentaires (si on a un homme en position d’auto-défense) ou pour effectuer quelques déplacements supplémentaires. Chaque personnage possède une certaine quantité de points chance se régénérant à la fin de chaque combat et des points de volonté qui fluctuent suivant l’issue des batailles.
Autant dire que si vous avez décidé de vous avancer un peu trop aux avant-postes, prévoyez une bonne cache pour vous protéger à l’issue de votre déplacement car vous n’aurez plus rien pour vous défendre ensuite. Une fois compris les possibilités offertes en matière de champ d’action et de couverture de vos hommes, et le premier stress d’une rencontre inopinée, on s’y fait très bien et l’on prend un certain plaisir. Le jeu vous propose des missions histoires pour avancer dans le scénario du jeu et des missions secondaires pour glaner de l’expérience ou récupérer quelques artefacts. A vous de faire votre choix depuis la carte du jeu dans le quartier général. A partir de la seconde mission, vous pourrez préparer l’équipement de l’ensemble de votre escouade, tout ceci se développera quand vous débloquerez peu à peu des extensions comme la lunette de précision ou un chargeur contenant plus de munitions. Vos choix auront une influence sur les possibilités tactiques sur le champ de bataille mais cela reste un peu marginal. A la fin de votre déplacement, pensez à bien orienter votre champ de vision pour couvrir certaines zones à risque, car ce n’est qu’en étant correctement orienté par rapport à l’ennemi qui vous aurez vos chances de l’abattre, surtout s’il existe un monticule entre lui et vous.
Chacun de vos soldats possède ses propres caractéristiques que vous pourrez faire évoluer selon un arbre de compétences qui s’enrichira au fur et à mesure des bonus glanés pour chaque mission réussie. Badger est spécialisé dans les armes expérimentales et la guérilla, Carter possède un médaillon qui apporte aux munitions de sa mitraillette une force capable de déchiqueter n’importe quel ennemi, Dubois est une chef de la Résistance française qui a pactisé avec une créature démoniaque. Elle peut donc l’invoquer et la contrôler. Enfin mon préféré est The Eye, dont l’amulette peut le transformer en nuage de lames tourbillonnantes. Un casting de choc sur le papier qui annonce de belles confrontations, du moins on l’espérait au départ.
Au niveau des armes, si l’on commence de manière très basique, vous aurez dès le deuxième combat un choix beaucoup plus large : la portée, la précision entrent en ligne de compte, mais vous pourrez utiliser les compétences particulières de certains de vos soldats en combat au corps à corps pour éliminer à l’arme blanche rapidement un soldat ennemi.
Une I.A défaillante
Il y a cependant quelques mauvaises surprises : outre le fait qu’il faut penser régulièrement à recharger son arme (avant d’avoir le fusil qui le fera automatiquement) et donc d’avoir la désagréable surprise de ne pas pouvoir tirer sur le leader ennemi qu’on avait réussi à coincer, il faut reconnaître que l’IA de l’ennemi est décevante. Si on peut régler le niveau, c’est parfois assez déconcertant. Ainsi au niveau facile, l’ennemi vous tire rarement dessus. On a pu constater des soldats qui vous prenaient à revers car vous vous étiez trop avancés et qui ne tiraient qu’une fois, n’occasionnant aucun dégât. D’autres bougeant de manière incompréhensible sans tenter quoi que ce soit contre vous, passant même à côté de vous en vous ignorant royalement. On aura compris que dans ce mode, c’est donc très permissif et le débutant aura largement le temps de s’y faire et de prendre de l’assurance pour ensuite tenter un mode de difficulté plus élevé. Mais malgré tout, en changeant les réglages, ces aberrations d’IA restent présentes, on est donc logiquement déçu par ce manque de consistance de l’ennemi, le challenge franchement mou sur la première moitié du jeu se complique lors de la seconde partie par une multiplication des ennemis. L’IA est le gros point faible du jeu.
Et Cthulhu dans tout cela ?
On aurait pu espérer quelques visions de cauchemar, de l’adrénaline suite à l’apparition d’une créature. Non, cela reste bien sage, il y a bien quelques pouvoirs psychiques qui vont perturber vos soldats et leur apporter du stress, les conduisant à abandonner leur position, les empêchant de tirer, mais comme l’ennemi n’en profite pas réellement derrière, cela reste fade. Vous serez surtout agacés de devoir enchainer certains combats alors que vous pensiez avoir fait le plus gros des efforts sur votre carte. On ne peut que se sentir un peu floué par le titre et les promesses initiales, non visibles (ou si peu) en cours de jeu. Les développeurs se revendiquent pourtant fans de l’univers Lovecraftien, on a du mal à comprendre pourquoi celui-ci est si peu utilisé.
Graphiquement, les graphismes sont soignés et lisibles, mais cela manque de pep’s et de couleurs. Les environnements sont assez redondants ce qui ne nous donne pas envie d’enchainer plus de deux missions par jour (d’où une certaine lenteur pour effectuer ce test). Et lorsqu’on pénètre ensuite dans le complexe ennemi, c’est une succession de couloirs manquant vraiment de variétés. Alors, même si le jeu propose un peu de variété dans les combattants, cela reste globalement monotone. Mais le jeu de société d’origine n’est pas exempt de défaut, difficile donc de dire si ce sont les programmeurs qui ont manqué leur cible partiellement ou si le matériau de base n’était pas assez riche au départ. De toute manière, on ne retrouve pas dans ce jeu l’ensemble des extensions existantes, c’est même bien dommage car justement il manque les plus intéressantes. Peut-être par le biais de DLC ? Pas de cinématique dans le jeu, tout est expliqué ou narré par le biais de panneaux textuels. C’est sobre, pas de place aux fioritures. La fin de mission ou le lancement d’une nouvelle se fait par le biais de courts rapports. Même le son se fait sobre. Entre des bruitages tout ce qu’il y a de basique et une vague mélodie qui ne retient pas votre attention, le jeu est bien trop aseptisé pour espérer retenir le grand public. Et pas la moindre gestion tactile pour utiliser au mieux la Switch.
Le jeu est disponible depuis le 24 janvier 2019 au tarif de 24,99 €. Il nécessite 2510 Mo pour s'installer. Nous remercions l'éditeur pour nous avoir fait parvenir un code pour réaliser ce test.
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