L’union fait la force
Mettons tout de suite les pendules à l’heure, histoire que vous ne lisiez pas ce test pour rien si vous êtes un joueur occasionnel ou non aguerri : Freedom Fighters est un soft dans l’ensemble difficile de par son niveau de difficulté mais surtout du fait de son système de jeu relativement complexe pour un jeu vidéo sur console. En d’autres termes, évitez d’offrir le jeu à votre petit frère ou de disputer une partie avec votre copine, vous risqueriez de faire fausse route.Néanmoins, si vous avez toujours désiré exprimer au grand jour la qualité de héros qui brûle en vous depuis trop longtemps ou si vous aimez donner régulièrement des ordres à vos proches, eh bien ce shoot tactique devrait vous rassasier. Cette précision faite, attaquons-nous maintenant à ce qui nous intéresse : Le jeu en lui-même.
Le héros de Freedom Fighters se prénomme Christopher Stone, plombier de son état, âgé de 32 ans et né dans le quartier de Brooklyn (ça rappelle quelqu’un…). Seul au début de cette aventure apocalyptique, c’est entouré par une dizaine de guérilleros qu’il continuera sa quête pour la liberté aux nombreux rebondissements scénaristiques. C’est cette particularité qui fait de Freedom Fighters un jeu d’action à la troisième personne relativement tactique que l’on peut qualifier de vraiment singulier par rapport aux productions du genre sur les consoles de salon. Les situations que vous rencontrerez seront variées et vous demanderont un véritable effort de réflexion pour dépasser les nombreuses contraintes qui se mettront en travers de votre chemin comme les ripostes de vos adversaires, barrages, etc.…
Vous devrez donc non seulement gérer votre personnage mais aussi, et surtout, l’équipe qui vous accompagne et qui suit à la lettre vos ordres. Jeu console oblige, les actions que vous pourrez leur donner selon votre bon vouloir sont réduites au minimum pour avant tout privilégier l’action et la "relative" simplicité du gameplay rattaché au joypad qui ne pourrait en aucun cas se substituer à une souris ou un clavier d’ordinateur. Trois boutons sont donc dédiés aux trois ordres principaux : Attaquer, se replier et défendre. C’est la précision et la qualité de vos choix, doublés de bons réflexes, qui feront de vous soit un héros digne de sauver le pays soit un joueur frustré qui pensera que le soft qu’il a acquis est inaccessible et inintéressant, ce qui est bien évidemment faux.
Il est à noter que vous pourrez non seulement donner des instructions à l’ensemble de vos hommes mais également répartir les tâches à quelques-uns ou seulement l’un d’entre eux : Par exemple poster un soldat à un endroit précis, prendre sous votre coude quelques éclaireurs et laisser la responsabilité de défendre la zone libre au reste de la troupe. Les possibilités qui vous sont offertes sont riches et n’ont d’égales que la profondeur d’un jeu fort en montées d’adrénalines !
La guerre fait rage…
Projeté dans une guérilla urbaine, seul votre courage et votre qualité de leader vous permettra d’accéder à la victoire afin de réussir à chasser l’envahisseur. Avoir beaucoup d’astuces, de bons réflexes et un sens tactique indéniable ; voilà les qualités requises pour imposer sa loi et ne pas refaire le niveau en boucle. Le jeu reprend la maniabilité d’Hitman (créé en outre par les même programmeurs) c’est à dire que le stick gauche vous sert à avancer et le stick droit à regarder autour de vous, choisir l’angle dans lequel vous allez marcher. Un peu déroutant au début pour les non-initiés, cette maniabilité a la particularité de développer une immersion exemplaire et une précision remarquable grâce à un choix de caméras que l’on compose selon la situation qui se présente : Attaque ou Infiltration.L’ensemble du jeu prend donc place dans un New York assiégié par les communistes, dans une sorte de dimension alternative à la nôtre. C’est avec beaucoup d’appréhension que vous investirez les rues de la grosse pomme. Le danger est partout et les lieux que vous visiterez seront très variés : Parking, Building, Métro, Banque… Tous seront bien sûr prétexte à des affrontements sanglants sans mercie qui ne sont pas sans rappeler les films Hollywoodiens à grand spectacle. La réalisation, bien que parfois inégale, tient tout de même la route même si l’on aurait pu espérer des graphismes un peu plus léchés.
Au fil de votre progression, vous prendrez possession des armes de vos adversaires et de tout leur attirail dont les trousses de soins qui vous serviront à soigner vos blessures mais également celles de vos soldats. Notez que le quartier général des rebelles, votre base, se situe dans les égouts de la ville et que c’est là que vous déciderez de la zone dans la laquelle vous livrerez combat. L’infrastructure souterraine est très grande et vous circulerez très souvent dans les boyaux sombres qui ont la particularité d’être à l’abri de l’ennemi, du moins sans doute pour quelque temps…
Les zones que vous visiterez en surface sont liées par les égouts et, idée géniale des concepteurs, interagissent entre-elles. Par exemple, si vous détruisez un bâtiment dans une zone, eh bien ceci vous permettra d’atteindre un nouveau lieu dans une autre et conclure une mission jusque là bloquée ! Les Cinq aires du jeu évolueront en fonction des missions accomplies et ouvriront de nouveaux lieux à explorer progressivement en faisant parfois des allez-retour primordiaux ou non. Ceci est l’un des points forts du jeu, renforçant l’intérêt pur.
A noter également que votre marge de manœuvre est très importante et qu’il vous est possible de prendre différentes voies et stratégie pour arriver à un même objectif. Vive la liberté !
Pour en revenir à votre armée d’élite, sachez que le recrutement de vos soldats s’effectuera en fonction de vos points de charismes durement acquis lors des missions que vous aurez accomplies. Ce système évolutif vous motivera sans aucun doute et vous donnera la possibilité de gérer jusqu’à douze hommes.
L’arme à gauche, le joypad à droite.
Freedom Fighters est une bonne surprise qui sort indéniablement du lot, les idées rafraîchissent le genre et même si l’on ne peut pas crier au génie il faut avouer que la pilule passe bien et que l’on vit une expérience ludique particulière."Particulier" est décidément le mot qui caractérise le mieux ce jeu qui se laisse difficilement cerner, tant par ses défauts que par ses qualités. Est-ce là le signe d’un soft puissant comme il en existe rarement, est-ce ce genre de jeu qui possède une âme et qu’on n'a pas envie de lâcher ?
La réponse est à la hauteur du jeu : singulière. On aime ou on déteste, on fuit ou on applaudit selon ses propres goûts et ce qu’on attend d’un jeu vidéo. En outre, si vous détestez les Etats-Unis, et bien passez votre chemin ; il n’y a pas de mode où l’on incarne l’ennemi.
Freedoms Fighters est plus qu’un jeu vidéo : c’est un dépassement de soi, un défi qui ne procurera satisfaction seulement si l’on atteint la victoire et que l’on dresse son fameux drapeau aux cinquante étoiles attestant d’une réussite totale. Le soft n’amuse guère les premières heures, il lasse mais il captive durant les suivantes, au point de délaisser sa vie sociale ! Alors quel rôle donner aux graphismes, aux sons si un moment donné l’on n’y prête même plus attention ! ?
Si pour les qualités on relève des graphismes variés, une musique jamais défaillante et rythmée, un gameplay vraiment intéressant et une multitude d’idées intelligibles (LE point fort du jeu) il subsiste néanmoins des défauts qu’il est impossible d’ignorer. De toute façon, un jeu sans défaut serait-il encore un jeu ?
En premier lieu, la caricature du "Russe méchant, Américain gentil et New York en feu" est sensiblement déjà vue en plus d’être de mauvais goût. La balance des justiciers et patriotiques citoyens américains penche vraiment dans le capitalisme démagogique de bas étage. Enfin bon, ce n’est qu’un scénario diront certains.
Ensuite, il faut constater que même si les qualités techniques du jeu sont très correctes, avec de beaux effets pyrotechniques par-ci par-là, le moteur 3D donne vraiment l’impression de ramer par moment et l’on se demande parfois si l’on ne joue pas sur une 64 bits surboostée plutôt que sur un GameCube. C’est pas tout le temps propre et lisse, on voit régulièrement des scintillements entre les blocs de 3D, bref ça sent vraiment le portage rapide, hélas... Bien évidemment, il faudrait vraiment faire le difficile pour ne pas apprécier à sa juste valeur la 3D déployée, digne des productions actuelles, mais ceci méritait d’être précisé car le jeu aurait pu être plus beau et plus fin. Le plus gênant, ce sont sans doute des mauvais mais rare placement de caméra qui surgissent surtout au moment auquel on ne s’attend pas.
Dommage aussi, la durée de vie qui aurait sans doute mérité quelques heures de dénouement supplémentaires ; la fin "coule" trop vite comme s’il s’agissait simplement d’un dernier niveau plus dur que les autres, pas d’une mise en place d’un dénouement en apothéose. Le jeu serait sorti quelques mois plus tard, gageons que toutes ces critiques auraient été effacées. Mais qu’importe après tout car le plaisir de jeu est bien présent et l’essence de Freedom Fighters n’aurait pas subi de révolution pour autant. Les programmeurs ont fait tout de même un travail de qualité qui mérite d’être apprécié à sa juste valeur.
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