Test de Xenoblade Chronicles: Definitive Edition
Voilà 10 ans qu'on nous le re-sert. Mais qu'est-ce que c'est bon. Ce quatrième portage de Xenoblade Chronicles est-il le portage de trop, ou le portage qu'il fallait. On vous explique tout dans notre test de cette Definitive Edition !
TestMekonus et Biographis ?
Avant de se pencher sur le contenu de cette nouvelle cartouche, une petite rétrospective s’impose pour ce Xenoblade Chronicles premier du nom qui aura dû courir après son public. Sorti originellement en fin de vie de la Wii, il a été localisé in extremis en Europe et Amérique du Nord, à une période où les gamers avaient déjà raccroché les nunchuks. Le jeu est ainsi injustement passé en-dessous des radars alors qu’il s’agissait d’un des plus grands hits de la console, pourtant présente dans 70 millions de salon à l’époque.5 ans plus tard, alors que Shulk avait eu l’immense honneur d’intégrer le casting de Smash Bros entre temps, l’envergure du titre servit logiquement de vitrine pour justifier la sortie de la new Nintendo 3DS tout en offrant un nouveau public le jeu dans un portage sans grandes nouveautés. Puis la Wii U reçut également son portage quelques mois plus tard. Mais ni la new3DS ni la Wii U n’ont été des grands succès, et le titre resta donc 5 années de plus comme un jeu culte seulement pour une minorité de joueurs ayant tenté l’aventure, malgré l’enthousiasme critique qu’il généra durant cette décennie.
Nous voici donc en 2020, avec cette minuscule cartouche au goût vinaigré sur le bout des lèvres (oups, voilà une pratique pas très « geste barrière »), prête à conquérir enfin le large public qu’elle mérite. Et bien que nous vous en ayons déjà régulièrement parlé sur PN entre les previews et tests de chaque version, c’est avec un plaisir non dissimulé que nous allons vous présenter cette ultime version de l’incontournable et pourtant encore méconnu Xenoblade Chronicles, dans sa Definitive Edition.
Reprenons depuis le début pour poser rapidement le cadre du jeu. L’histoire commence dans la peau d’un jeune homme, la seizaine, nommé Shulk et qui vit avec ses amis Reyn et Fiora dans l’une des dernières colonies Homz (= humains) de Bionis, l’un des deux continents du jeu. Les humains sont persécutés par les Mekons (= machines) qui peuplent le continent d’en face, Mekonis.
Alors que ce conflit sempiternel semblait s’être calmé suite à une grande bataille gagnée de justesse par les Homz il y a un an, les Mekons lancent un assaut imprévisible et dévastateur jusqu’au cœur de la cité Homz. Au moment où Shulk empoigne l’épée légendaire Monado et se dresse en sauveur de l’homzanité, il voit son amie d’enfance se faire embrocher par un terrible Mekon qui prend la fuite. Pour Reyn et SHulk, une longue aventure commence pour assouvir leur soif de vengeance. Une aventure riche en découvertes qui leur demandera de traverser tout Bionis pour se rendre sur Mekonis où se trouve le bastion de leur ennemi…
C'était bien avant
Avant même le début de ce test, le jeu partait avec un capital sympathie très élevé, comme vous pourrez le constater en jetant un œil notre test de son portage new 3DS de 2015. A l’époque, nous lui avions adressé deux petits reproches qui lui avaient fait rater la note ultime : l’absence des doublages japonais et le fait que le gigantisme des environnements ne soit pas bien mis en valeur par la taille des écrans de la console portable. Deux points que nous pouvons d’ores-et-déjà balayer d’un revers de main dans cette itération finale du jeu proposée tel qu’elle est proposée sur Switch.Pour vous épargner de lire notre interminable prose d’il y a 5 ans (mais que nous vous conseillons quand même vertement de lire pour mieux comprendre ce qu’est XC), voici un résumé pêle-mêle de tout ce qui nous a conquis dès nos premiers pas dans Xenoblade Chronicles sur Wii, afin de pouvoir ensuite s’attarder d’avantage sur les spécificités de la Definitive Edition.
Ce JRPG propose un parfait équilibre entre le classicisme old-school aux routes toutes tracées et la liberté d’action des RPG modernes. Il est toujours possible de s’écarter de l’aventure en fil rouge pendant des heures pour partir explorer l’immensité des environnements. Ces environnements qui sont l’une des grandes prouesses du jeu (surtout à l’époque de la Wii). Déjà sans HD, ils éblouissaient pas leur taille, mais aussi par leur réalisation avec un cycle jour/nuit et des variations météorologiques capables de changer l’ambiance du tout au tout, des level designs très variés, des panoramas à couper le souffle… et des musiques qu’on fredonne encore 10 ans plus tard au même titre qu’une berceuse de Zelda ou un DK rap. La bande son est également un des aspects les plus marquants du jeu, mêlant avec brio orchestre symphonique, chœurs et guitare électrique.
Le gameplay opte pour des combats dynamiques ancrés directement dans l’exploration, il n’y a donc aucun écran noir ni temps de chargement entre nos escapades et le début ou la fin des combats. Ce choix donne des accents de jeu d’aventure au RPG, et apporte beaucoup de dynamisme aux affrontements où le placement et la synergie d’équipe prennent le pas sur la puissance individuelle des personnages.
Concernant les personnages, le jeu a d’ailleurs le bon goût de nous permettre de choisir librement celui qu’on souhaite incarner et les équipiers qui l’accompagnent (contrairement à XCX et XC2 notamment). Il est donc possible de changer de trio à tout moment, et même de sortir Shulk du groupe si on le souhaite. Les personnages mis sur le banc gagnent tout de même de l’expérience et autres points de compétences, afin qu’ils soient toujours dans le coup. L’amélioration des personnages est d’ailleurs profonde et addictive.
Plusieurs mécanismes sont à prendre en compte pour s’assurer de la synergie de notre groupe, en fonction de l’affinité entre chaque personnage, les arts (techniques de combat) et compétences (effets de soutien passifs) qu’on leur affecte, le choix des armes et armures et des gemmes à y ajouter (et à crafter)… Il est d’ailleurs très plaisant de voir nos héros revêtir « réellement » les nombreuses armures différentes du jeu. Enfin, le jeu regorge de PNJ et de quêtes secondaires qui les relient entre eux et donnent le sentiment d’un monde cohérent et qui existe au-delà de l’aventure de nos personnages.
Humm… Sharla !
La version remasterisée qui débarque aujourd’hui sur Switch est tout d’abord l’occasion de proposer enfin des graphismes en HD au jeu. Un ravalement de façade aussi nécessaire que réussi. Les textures sont évidemment plus nettes et détaillées qu’auparavant.Il faut aussi compter sur l’intégration d’éléments graphiques supplémentaires pour apporter du relief aux murs et sols, comme des touffes d’herbes ou des feuilles de lierre par exemple. La majorité des environnements restent dans leur modélisation d’origine, ce qui nous amène encore à arpenter certains reliefs rectilignes très old-school. Mais certains éléments de décor et surtout les personnages bénéficient d’une remodélisation complète bien plus flatteuse pour nos héro(ïne)s.
Les animations ont également été retravaillées, même pour le bestiaire. Bien que déjà largement mis en avant dans l’opus original, les environnements profitent de cette refonte graphique pour nous en mettre plein la vue au travers de magnifiques panoramas, de plans d’eau cristalline et d’effets de lumière divins. L’impact de l’apport visuel sur l’expérience de jeu est indéniable.
Bien que ce ne soient pas les graphismes les plus fins que la Switch ait connue, et que le level design paraisse parfois un peu sommaire en 2020, il faut tenir compte de la taille des environnements et des très faibles temps de chargement du jeu pour se rendre compte de la prouesse technique. Seules les animations des personnages durant les cinématiques trahissent régulièrement la décennie passée, et se prêtent à quelques sourires moqueurs.
Une interface Reyn
Concernant le gameplay, le fond a bien moins changé que la forme. On retrouve toutes les mécaniques du jeu original, aussi bien en combat qu’en exploration ou dans la gestion de nos petits protégés. La caméra se contrôle librement pour suivre les personnages dans leurs joutes et pour profiter des images de cartes postales qui se présentent à nous. Les combats sont une fois de plus très dynamiques, toujours basés sur le système d’arts à sélectionner et améliorer. Les enchaînements et le placement sont les bases à maîtriser, sachant que chaque personnage a son propre gameplay plus ou moins spécifique selon les cas.Les améliorations de cette nouvelle version se situent principalement au niveau de l’interface qui se trouve simplifiée et enrichie. Le fonctionnement de la forge à cristaux d’éther est plus limpide, les filtres de l’inventaire sont mémorisés, les arts utiles au combo en cours sont indiqués, un chemin à suivre est activable si on perd notre objectif principal de vue, l’équipement de nos personnages est plus intuitif, on peut mettre des repères de différentes couleurs où bon nous semble sur les cartes… Rien ne nous a semblé manquer de ce qu’on est en droit d’attendre d’un JRPG d’aujourd’hui.
Les ajouts de contenu
XC ajoute à sa Definitive Edition du contenu inédit, ce qui avait un peu manqué à son portage sur new 3DS. Bien que le contenu du jeu de base fasse déjà référence, il nous était inimaginable que Nintendo se contente seulement d’une mise à jour graphique pour justifier cette réédition.On ne peut pas dire que le jeu croule sous les nouveaux contenus, mais il y a tout de même quelques nouveautés à se mettre sous la dent. Celles-ci sont généralement à la marge par rapport à l’expérience originale, mais d’un autre côté on ne sait pas bien ce qu’on pouvait exiger de plus d’un Xenoblade Chronicles déjà très étoffé.
Le jeu intègre ainsi un mode expert, qui implique des montées de niveau plus lentes de nos personnages. Mais l’XP manquante n’est pas totalement perdue puisqu’il est possible de la réattribuer à tout moment aux personnages, ou au contraire de réduire leur niveau pour retrouver un certain challenge dans des zones de début de jeu. Du coup ce n’est pas si handicapant que ça, libre à chacun de la jouer vraiment « expert » ou non, vu que ce mode peut être activé ou non à tout moment de la partie.
Au niveau des options de jeu, le menu principal propose aussi un mode permettant de revoir toutes les cinématiques du jeu, en choisissant l’heure, la météo et la tenue des protagonistes (parmi celles déjà débloquées dans le jeu). On n’y passera pas nos soirées mais c’est toujours sympa de se refaire quelques scènes en jouant les réalisateurs. On trouve également quelques ajouts mineurs çà et là, comme des trophées supplémentaires à débloquer ou la possibilité de s’offrir des objets via le sociogramme pour augmenter plus vite l’entente entre les héros.
Concernant l’aventure en elle-même, le jeu intègre quelques nouveaux sets d’armures, principalement déblocables grâce aux défis de l’archisage. L’archisage, incarné par un nopon illuminé, nous propose des séries de défis à la difficulté croissante. Ces défis sont répartis en deux catégories, avec composition libre ou composition imposée des membres du groupe.
Le déroulement est très basique, avec des vagues d’ennemis à éliminer le plus rapidement possible, et le joueur reçoit une note en fonction de divers critères. Les équipements ainsi débloqués ne brillent pas pour leurs stats mais sont surtout là pour apporter des tenues « décontractées » inédites aux personnages.
Enfin, aussi étonnant que cela puisse paraître, Monolith a également jugé nécessaire de revoir la bande son du jeu. La centaine de pistes musicales a donc été remasterisée, et le jeu nous propose de choisir à tout moment entre la bande son originale ou cette nouvelle mouture. En essayant de généraliser grossièrement les différences entre les deux versions afin de les comparer en quelques mots, nous dirions que ce remaster ajoute un peu de rythme sur les percussions, pour des mélodies plus fluides, aux accents moins marqués.
Les deux bandes son sont vraiment très proches et ne changent strictement rien à l’immersion, la matière originale étant déjà parfaitement inscrite dans l’expérience de jeu. A choisir entre les deux, nous avons une petite préférence pour la bande originale de 2010 aux envolées de violon et de guitare électrique à peine plus marquées. Mais au final tout ce qui compte, c’est qu’on retrouve enfin les doublages japonais, proposés en parallèle de la purge américaine.
Fans Connected ?
La grosse nouveauté, celle qui attire sans doute le plus les vétérans de Xenoblade, c’est le nouveau chapitre ajouté en guise d’épilogue : « Future Connected ». Cette séquelle prend place 1 an après la fin de l’histoire principale, sur l’épaule de Bionis qui fait office de nouvelle carte à explorer. Il n’est pas nécessaire de terminer l’histoire principale pour se lancer dans ce chapitre inédit, mais c’est clairement recommandé pour ne pas vous spoiler la fin de l’histoire. Les sauvegardes sont indépendantes, il n’y a pas de transfert de personnages ou de bonus entre les deux parties. Il est donc possible d’alterner à volonté nos sessions de jeux entre les deux.La topographie de cette nouvelle carte est assez intéressante, les développeurs ont profité de la différence générationnelle avec la Wii pour proposer un level design plus varié, moins rectiligne, nous rapprochant davantage de XCX ou XC2. L’épaule de Bionis propose un concentré de ce qu’on trouve dans plusieurs zones différentes du jeu. Il y a bien sûr des panoramas vertigineux du fait de son emplacement, mais aussi des grottes, des habitations, un lac…
La faune locale pioche aussi allégrement parmi tout le bestiaire de Bionis, proposant ainsi beaucoup d’espèces différentes mais peu de nouvelles créatures. Pour le joueur, c’est aussi l’occasion de contrôler de nouveaux personnages jouables.
Le gameplay proposé est un peu différent. Shulk n’a plus ses visions et il n’est plus possible de lancer des combos synchronisés lorsque la jauge d’équipe est remplie. A la place, nous pouvons compter sur le soutien des ponspecteurs, une guilde de Nopons géomètres perdus aux quatre coins de la zone à qui il faudra venir en aide. En dehors des combats aussi il y a du changement. Ici pas de forge à cristaux, mais en contrepartie on dispose d’une pioche d’éther nous permettant de récupérer directement des gemmes prêtes à l’emploi à partir des gisements de cristaux.
Impossible de trouver des pièces d’équipement autre que des armes dans les coffres laissés par les ennemis, il faudra fatalement aller s’équiper en armures auprès des divers vendeurs rencontrés, ce qui revient vite très cher. Pour gagner l’argent nécessaire, les quêtes secondaires très rémunératrices deviennent vites indispensables.
Cet ultime chapitre ne comporte pas de sociogramme, et les notions d’affinité et de compétences qui en découlent ont également disparu. Sans doute n’était-ce pas pertinent de repartir de zéro sur ces éléments de jeu pour un seul chapitre et une seule carte. Pour autant, la durée de vie est bien plus importante qu’un chapitre normal du jeu, puisqu’il faut compter une petite trentaine d’heures pour en voir le bout. Future Connected propose d’ailleurs son lot d’à-côtés avec de nouvelles scénettes à découvrir, des zones secrètes, sa collection d’objets et les ponspecteurs à retrouver.
Du point de vue du scénario, cet ultime chapitre propose sa propre intrigue. Il permet surtout de voir dans quelle direction évolue le monde et les protagonistes ayant survécu. Cet épilogue intègre également quelques nouvelles pistes audio qui se mêlent aux « anciennes », dans lesquelles le compositeur semble explorer de nouvelles idées un peu en décalage avec le reste du jeu. Le contenu semble suffisamment conséquent pour un DLC gratuit, aussi bien au niveau de la durée que des lieux à explorer. Il ne justifie sans doute pas à lui seul le prix du jeu, et il n’en a pas l’ambition. Mais c’est une énorme cerise pour ceux qui ont apprécié le gâteau et en reprendront une part sur Switch.
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