Sega en chef d'orchestre
Lorsque Sega a annoncé que sa Dreamcast était dotée d'un modem pour se connecter à l'Internet par le biais du réseau bâti par le constructeur, les regards se sont évidemment tournés vers Sony et Nintendo, les deux leaders du marché (l'un moins que l'autre, certes, mais là n'est pas la question). Quelle allait donc être la réponse du berger à la bergère ? Comment les deux géants, japonais eux aussi, allaient-ils faire face à la Grande Nouvelle prêchée par le management de Sega...Il faut reconnaître que sur le terrain du jeu en réseau, Sega a pris les devants. Chu chu Rocket, le premier véritable jeu multi-joueurs de la firme, constitue un formidable produit d'appel, la fameuse "killer application" dont un constructeur a besoin pour vendre sa console par milliers, voire par millions. Sans toutefois reproduire l'engouement d'un Super Mario, Chu Chu Rocket, par sa... gratuité, aide Sega à populariser sa console après quelques mois de lancement, et... un certain ralentissement des ventes. L'objectif de ce cadeau est de doubler le nombre d'abonnés au service Dreamcast on line appelé Dreamarena, qui ouvre les portes de la console au monde du jeu en ligne et de la navigation sur le Réseau. La société Dreamarena Limited a d'ailleurs été créée à cet effet, pour faire de Dreamnet un service puissant et surtout populaire. Chu Chu Rocket, pour ceux qui connaissent, est un jeu qui permet de faire participer 4 personnes en même temps, grâce au réseau, le tout dans un environnement dont le gameplay est parait-il fabuleux.
Toute la magie est là, dans cette histoire de jeux multi-joueurs ! En effet, vous ne vous contentez plus seulement d'affronter vos amis (forcément moins forts que vous, cela va de soit), vous affrontez la Terre : l'Humanité toute entière devient un adversaire potentiel, votre voisin de palier tout comme le hardcore-gamer japonais basé à Tokyo.
C'est chouette mais c'est cher.
On comprend mieux, dès lors, les raisons de l'engouement des joueurs pour la chose, et l'empressement de certains industriels pour leur proposer le contenu qu'ils attendent... Ainsi nous voici donc en présence de Sega, d'un côté, qui fait tous les efforts possibles pour que les joueurs puissent disposer d'un accès au Net depuis leur console en bâtissant un réseau mondial, et ce en partenariat avec des géants des communications, de l'autre Sony et Nintendo, qui sont pour leur part beaucoup moins enclins à consentir les énormes investissements que le jeu en réseau demande...Pourtant, les joueurs sont prêts ! La demande existe pour ce genre de produit ! Les joueurs seraient, si l'on en croit certaines études, prêts à payer pour accéder aux joies du jeu en réseau depuis leur console de jeux. Les expériences se multiplient, les uns comme les autres affûtent leurs armes, mais pour l'instant, seule la firme du Hérisson répond aux doux appels de la Syrène Consommatrice, une population de joueurs qui investit tellement que, à titre de comparaison, on peut rappeler que le secteur du jeu vidéo rapporte plus que le secteur cinématographique.
Sega est-il donc seul dans la cour des net-players, les joueurs en réseau ? Rien n'est moins sûr ! Sony comme Nintendo avouent à demi-mot tenter de nouvelles expériences, et pour Nintendo le mot est faible, puisque par exemple les possesseurs de Nintendo 64 peuvent, grâce aux aptitudes de leur Disc Drive 64, communiquer avec le monde extérieur, par le biais du réseau Randnet lancé au mois de mars 2000 après des semaines et de semaines de retards et de reports en tous genres : le 64DD était disponible dès le mois de novembre, mais la mise en place du réseau a demandé plus de temps qu'escompté.
Alors difficile d'interconnecter les joueurs ? Eh bien oui, tout de même ! En effet, il ne s'agit pas seulement de faire communiquer deux, trois ou quatre joueurs ensemble : il faut leur permettre de se trouver. Pour cela les constructeurs doivent mettre sur pied un réseau de machines qui assureront les relais nécessaires au bon fonctionnement de l'ensemble. Ces machines constituent non seulement une base de joueurs, mais exercent aussi les fonctions d'accès au réseau Internet, au mail... DreamNet, le réseau Dreamcast, permet ainsi aux joueurs de naviguer sur le Net, fonction vitale parmi l'éventail (si l'on peut parler d'éentail...) des possibilités : car avant Chu chu Rocket, que nenni ! Rien, nada ! Le jeu en réseau n'existait pas. On pouvait au mieux naviguer sur le Net (sur un écran de télévision, quel bonheur :-x), mais pas jouer, la fonction essentielle d'une console après tout. Chu Chu Rocket vient de rompre la malédiction, et Sega, une fois encore, vient de prouver son avance.
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