Les Clans en Présence
Qu'en est il aujourd'hui ? Comme vous l'avez certainement déjà remarqué le système de clan est toujours présent, voir plus que jamais. Chaque constructeur semble, tour à tour, poser ses pièces sur l'échiquier, et pas un mois ne se passe sans qu'une annonce d'exclusivité ou de rachat n'ébranle les forces en présence.Dernière annonce fracassante sur la planète jeux vidéo, le rachat de Rareware par Microsoft pour la bagatelle de 350 millions de dollars ! Plus qu'un rachat, c'est tout l'équilibre des forces qui vole en éclat. De bon perdant, Microsoft acquiert une position de réel challenger sur le marché. Associé à Tecmo avec qui la firme de Richmond a des rapports très étroits (DOA 3, DOA X, Ninja Gaiden …) ou encore avec le talentueux développeur Bungie, auteur de l'acclamé Halo, dont il a fait l'acquisition, Microsoft assure ses arrières.
Et n'oublions pas que Mr Gates a tenté l'acquisition de deux grands parmi les grands, à savoir Sega, et Squaresoft, ce qui résume bien les ambitions de l'américain. Cette politique d'acquisition et de partenariats à outrance démontre bien la similitude de stratégie de Microsoft avec celle de Sony, d'autant plus que ces deux entreprises réciproquement reines du secteur de l'informatique et de l'électronique, ont des moyens à la mesure de leurs ambitions !
Au contraire de compagnies comme Nintendo et Sega qui ont fait du jeu vidéo leur gagne pain, Microsoft et Sony sont des nouveaux entrants, aux activités multiples, et ont donc tout à prouver. C'est bien sûr chose faite pour Sony, mais Microsoft sait qu'il est sur la sellette, qu'il souffre encore d'une image en marge de ses respectueux confrères, d'un manque de confiance de la part des joueurs, bref qu'il doit faire ses preuves.
Pour cela, rien de mieux que de s'octroyer les services exclusifs de sociétés de développement de renom (Tecmo et Rareware par exemple) et de talent (Bungie ou Lionheads) ou d'obtenir des exclusivités en terme de jeux (Panzer Dragoon Orta, Unreal Championship, Fable). Et ça marche puisque le succès de la X-Box à sa sortie aux Etats-Unis ne peut être démenti, et ce succès est principalement l'œuvre de deux jeux, Dead or Alive et Halo, tout deux certifié million seller.
Et le maître de cérémonie alors ? Et bien Sony poursuit sereinement sa stratégie et tout se passe pour le mieux. Bien sûr le géant de l'électronique a de nombreux soutiens, tel que Squaresoft (dont Sony détient 19% du capital) ou Namco qui soutiennent encore majoritairement la PS2.
Mais surtout Sony bénéficie de nombreuses exclusivités de la part de développeurs multi-plateformes, comme par exemple Capcom avec Devil May Cry, Onimusha 2, Breath of Fire ou Auto Modellista. De même Konami privilégie ouvertement la dernière de Sony, comme avec Suikoden 3, ZOE, Contra…
Il faut dire qu'un parc de plus de 40 millions de consoles, ça rassure sacrément. On sait également que par deux fois Sony a manifesté son grand mécontentement face à l'attitude de deux de ses fidèles vassaux, Squaresoft et Capcom, après qu'ils aient annoncé leur volonté de développer leurs séries phares, respectivement Final Fantasy et Resident Evil, sur son vieux rival Nintendo.
Et là Sony a froncé les sourcils car ces séries sont à l'origine du succès de la PlayStation première du nom. Une fois de plus, Sony a appris, à ses dépends, que rien n'est jamais acquis. Chérir son clan est un travail à plein temps et il faut veiller au grain tant l'équilibre des forces peut basculer à tout moment, comme Nintendo en a malheureusement fait l'expérience.
Microsoft et Sony se sont donc lancé massivement dans le recrutement, mais comment réagi notre petit chouchou, celui qui nous fait rêver depuis que nous sommes tout petit mais qui depuis quelques années se fait bousculer par la politique de ses concurrents ?
La Stratégie Nintendo dans ce Lot d'Alliances
Comme nous l'avons vu précédemment le développeur le plus connu et reconnu au monde a compris l'erreur de sa 64 bits. Avec le GameCube, il sort la console la plus facile à programmer du marché mais est-ce que tout a réellement changé pour autant ? A l'époque de la N64 cela aurait peut être suffi.Mais à l'ère du chouchoutage des éditeurs tiers, l'ère où la console Nintendo n'est plus la leader incontournable du marché, cela semble beaucoup plus difficile. Alors pourquoi notre moustachu fétiche ne se rallie pas à la politique de recrutement en vigueur ?
Le problème récurant de Nintendo est cette confiance sans faille en lui même. Cette confiance est indiscutablement justifiée étant donné la qualité des titres développés par la firme, malgré tout le revers de la médaille est ce sentiment que Nintendo se suffit à lui même. La firme du plombier moustachu aurait elle une trop haute estime d'elle même ?
C'est indiscutable, Nintendo a mal vécu les multiples revers des nombreux éditeurs auparavant voués à sa cause et ayant adoptés la doctrine Sony. Or il est une frustration très présente ces dernières années concernant Nintendo, l'éditeur-développeur ne déçoit pas mais pourtant ne suffit plus. Variété et renouvellement font cruellement défaut à la dernière de Nintendo, tout comme à l'époque de sa grande sœur 64 bits. On est bien sûr toujours heureux de retrouver les mascottes fétiches de la marque comme Mario et Zelda, pourtant de nouvelles têtes seraient les bienvenues.
Et c'est là tout l'intérêt du soutien des éditeurs tiers, qui comme à l'époque de la Super Nintendo, sont aptes à compenser les manques d'une console. Or même si la situation commence à s'améliorer du côté de chez Nintendo, on est encore loin de la pléthore de titres attendue et espérée. On ne peut s'empêcher de comparer cette situation a celle de la PS2 ou à plus juste titre celle de la Xbox, plus récente. Où sont les jeux de course, de sport, et les RPG ?
Malgré ces critiques il faut reconnaître un effort de plus en plus prononcé de la part de Nintendo. Au delà du partenariat avec Capcom concernant la série des Resident Evil, ajoutons le rapprochement avec Sega auquel il laisse l'opportunité de développer le nouvel F-Zero, une de leur licence mythique, ainsi qu'avec Namco qui sera quant à lui responsable de la réalisation du prochain Star Fox version shoot'em up. Une avancée incontestable dans la réconciliation nécessaire entre Nintendo et les éditeurs tiers. De plus certaines rumeurs laissent soupçonner que le rapprochement avec Sega ne s'arrêterait pas là. Wait and see… and hope !
Perspectives d'Avenir...
Plus un marché grossit, plus un phénomène de concentration se met en place. Pour dire cela simplement, il faut se regrouper pour subsister. Les industries du cinéma et de la musique sont passées par là, le premier marché mondial des loisirs n'y échappera pas.La compétition est féroce sur des marchés aussi alléchants financièrement que ces derniers et seuls les plus forts subsistent. Et lorsque l'on réalise à quelle vitesse les jeux vidéo sont passées de "petit phénomène asiatique exotique réservée aux gamins " au " phénomène de masse à tendance hollywoodienne" que l'on connaît aujourd'hui, on saisit l'ampleur des enjeux en présence.
L'union fait la force, dit-on ! C'est d'autant plus vrai sur un secteur aussi enclin à une compétition féroce que celui des jeux vidéo comme le montre dernièrement l'inattendue fusion d'Enix et de Squaresoft. S'isoler est une pratique dangereuse, Sega en a fait les frais pendant longtemps avant de succomber.
Il est facile de comprendre les intérêts qui poussent actuellement tant d'éditeurs tiers à s'associer à un constructeur en particulier (sécurité financière, maîtrise de la machine, soutien marketing…). Malgré tout il est difficile d'imaginer que la liberté artistique propre à un éditeur a finalement si peu de valeur. Le jeu vidéo est de plus en plus une forme d'art régit par l'argent, et il est bien regrettable de constater que la liberté artistique, essentielle à toute forme d'art, peut se brader à si bon marché. Etre incorruptible devient chose rare de nos jours.
Autre conséquence néfaste, la disparition prononcée et sans cesse croissante de ces petits studios de développement, trop indépendants, trop passionnés et trop peu rentables pour survivre seuls. Le marché est trop souvent sans pitié …
Pour en revenir à Big N, il est certain que quantité et variété font encore cruellement défaut à la petite dernière de Nintendo et malheureusement seule une cure intense d'éditeurs tiers pourraient la sortir de cette mauvaise grippe. Obstiné, têtu, vaniteux, dur d'oreille, …, on pourrait tant reprocher à Nintendo sur sa politique visant à faire du " tout Nintendo ".
Pourtant on peut aussi se laisser à penser que Big N ne veut tout simplement pas cautionner les stratégies Microsoft-Sony, à moins que plus simplement il ne se voile encore la face sur l'évolution d'un marché pour lequel il a tant contribué, qui sait… Il est indéniable que Nintendo a fait un premier pas vers une politique nouvelle axée sur un partenariat plus poussé avec les éditeurs indépendants, mais Big N doit s'arrêter de trottiner car ce n'est pas ainsi qu'on gagne une course.
Encourager les éditeurs tiers à développer sur sa plate-forme est de nos jours une priorité pour tout constructeur. Nintendo se doit de suivre ce courant. La donne a changé, les éditeurs sont devenus maîtres de l'avenir du marché des jeux vidéo, il faut que Nintendo l'accepte et arrête d'agir comme au temps d'une époque révolue où il était le seul et unique capitaine de toute une industrie. Le soutien des éditeurs tiers envers la GC pourrait d'ailleurs fort bien être la solution à l'actuelle tourmente Nintendo, encore faut-il que le principal intéressé comprenne le bien fondé de cette théorie par lui même …
Se regrouper c'est partager risques et profits, rester seul c'est profiter d'un butin plus conséquent certes, mais tout en étant conscient du risque que l'on assumera seul les possibles échecs. Nintendo a pour le moment fait son choix. Reste à savoir si il s'agit du bon ?
Je souhaite vivement remercier Greg sans qui ce dossier ne serait pas. Peu de personnes dans mon entourage peuvent prétendre entretenir un intérêt aussi vif que moi pour l’univers des jeux vidéo, et c’est pourquoi je tiens aujourd’hui à remercier cet ami qui par sa passion et son enthousiasme m’encourage à me triturer sans cesse les méninges et à conserver un esprit critique !
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