Des doutes sur cette Nintendo différence
Avec des arguments comme celui-ci, Nintendo essaie d'imposer sa Différence, une différence qui peut être un atout comme un handicap : autant on peut parler de Nintendo pour ses jeux uniques, autant on peut parler de Nintendo par son incroyable succès auprès des enfants.
Or, la croissance du marché ne semble pas reposer sur les épaules des 8-15 ans, mais plutôt des plus de 20 ans, comme l'ont montré ces dernières années les scores de vente de la Playstation. Nintendo voulait faire de sa N64 une console best-seller, c'est finalement Sony qui remportera la bataille haut-la-main. A eux deux, plus de 44 millions de consoles auront trouvé preneur dans le monde, et une majorité de ces consoles sont des PSX, malheureusement.
Ce serait quand même suicidaire de considérer cette différence cultivée par Nintendo savamment depuis maintenant 7 mois comme un fardeau. Après tout, Big N a toujours su nous rassurer en placant le jeu au coeur de nos préoccupations, tandis que les concurrents semblent relativement enclins à nous faire penser... le contraire.
Tant la Playstation 2 que la XBox sont faites pour ne pas être oubliées. Toutes les deux sont des machines gigantesques qui n'ont d'égal qu'un magnétoscope ou, osons le dire, un radiateur d'appoint... notamment par leur poids. C'est un élément qui a marqué beaucoup de monde, malheureusement l'aspect de la GameCube, fait pour être discret, rappelle les jouets pour enfants... Back to step 1, comme ils disent.
L'intention de Nintendo était pourtant de créer une console petite et sympa. Petite pour s'accomoder sans problème dans des millions de foyers à travers le monde, sympa parce que le jeu vidéo est un business sympa, ou plutôt parce que Nintendo a cette image de société sympa et sérieuse à la fois : pas de chi-chi sur les côtés, la GameCube est une console efficace, discrète, et qui s'efface pour, rappelons-le, placer le jeu lui-même au coeur des préoccupations des joueurs : "allumez-moi et oubliez-moi", semble-t-elle dire !
Les doutes semblent néanmoins être plutôt l'ambition des concurrents de Nintendo : le PDG de Sony lui-même se charge d'inquiéter les Nintendomaniaques du monde entier en balayant d'un revers de main la GameCube. Il expliquait jeudi dans une interview qu'à ses yeux, seule la XBox est un danger, car Microsoft pourrait bien remettre en cause le cycle de vie d'une console, ajoutant qu'il se pourrait que la Playstation 3 voit le jour dès 2003 et non 2005 ou 2006 comme on le supposait depuis longtemps (voir notre news sur le sujet).
Dis moi combien tu coutes...
C'est dans le design des consoles qu'on trouvera sans doute un élément d'explication concernant la différence (le revoilà, ce mot !) dans les prix conseillés de Nintendo et de Microsoft. Big N vendra en effet sa console à cent dollars de moins que son concurrent. 100 dollars, soit environ 112 euros, ca peut sembler énorme, surtout quand le budget est encore amputé de quelques poignées de dollars pour les jeux, les cartes mémoire, les joypads supplémentaires, et autres guides de jeux indispensables à tout bon jeuvidéomaniaque.
Mais est-ce que cent dollars font vraiment une différence auprès des 20 ans et plus, souvent des gens qui travaillent et veulent s'éclater à buter du méchant en rentrant du travail ? Ce n'est pas sûr... Il est à cet effet intéressant de noter que pour certains analystes, les hardcores-gamers n'iront pas par quatre chemins et s'offriront tout simplement les deux consoles.
C'est sans doute ce qui nous permet d'encore mieux illustrer le combat qui se prépare d'ici la fin de l'année prochaine : c'est maintenant que Nintendo et Microsoft ont une chance de percer et de rattraper, s'ils le peuvent encore, l'avance prise par Sony et sa Playstation 2. Sony pense vendre 30 millions de PS2 d'ici le 31 mars : cela a largement de quoi inquiéter Nintendo et Microsoft dans leur quête du Graal.
... je te dirais qui tu es !
Autant Nintendo que Microsoft sont supposés perdre de l'argent avec leurs nouvelles consoles. On ne saura sans doute jamais combien coûte réellement la fabrication d'une de ces fabuleuses machines (ce n'est pas seulement une masse de composants mais aussi des années de recherches et développement, ainsi que du marketing, parfois beaucoup, et bien plus !), mais il est inquiétant de noter que beaucoup estiment que les deux nouveaux venus vont perdre beaucoup d'argent avec leurs systèmes.
On avait en effet pendant longtemps cru que Nintendo était, par sa rigueur budgétaire hors du commun, capable de produire une console en masse sans perdre de l'argent. Il ne semble pas que ce soit le cas avec la NGC dumoins (la GBA couûte désormais moins cher à fabriquer que ce que l'on croyait), comme Nintendo of America le reconnaît à demi-mot lorsqu'un de ses réprésentants explique que la mine d'or, c'est le logiciel.
Un responsable de chez Nintendo l'explique en effet : "c'est la vieille analogie entre le rasoir et les lames de rasoir [...] Vous pouvez bien entendu vendre des lames de rasoir, mais pour cela vous devez placer le rasoir entre les mains des gens, d'abord ! Nous devons placer la console entre les mains des gens avant de pouvoir leur vendre des logiciels". On fait aussi souvent allusion à la stratégie de Mattel avec sa poupée Barbie : on vend la poupée à un prix abordable pour se faire des marges monstrueuses sur les habits et accessoires, du peigne à la voiture de sport !
Un premier acte difficile
C'est pourquoi il est essentiel pour l'un comme pour l'autre de s'imposer à l'occasion des Fêtes qui viennent, pour créer une espèce d'effet boule de neige : vendre des consoles incitera les développeurs à créer des jeux que les joueurs achèteront, bientôt rejoints par d'autres curieux de savoir pourquoi on a tant d'engouement pour le bien-heureux système.
On comprend alors mieux pourquoi Nintendo et Microsoft affutent leurs armes de facon à s'imposer aux yeux des joueurs. Le combat ne se déroule pas tant du côté des magasins qu'en usine : du côté de chez Microsoft, on a néanmoins un peu de souci à se faire, avec une production de consoles qui n'est pas aussi satisfaisante que le créateur de Windows l'aurait voulu.
Ainsi Microsoft devrait-il être capable de mettre environ 300.000 consoles sur le marché le 15 novembre, et espère en placer entre 1 et 1.5 millions d'ici la fin de l'année. Le problème est que d'aucuns doutent de la capacité de Microsoft à satisfaire à ce quota déjà revu à la baisse par rapport aux estimations initiales. On ne sait pas exactement ce qui s'est passé chez Microsoft, mais là encore, on suspecte le pire, Microsoft étant soupconné de ne pas avoir mis en place tous les contrôles qualité à temps. Les jeux ne crashent sans doute plus, mais rien n'est moins sûr pour la console, ce qui revient au même.
Nintendo n'est pas à l'abri pour autant, mais l'approche calme et reposée de Big N concernant le lancement de sa machine rend les analystes passifs : aucun ne parle de problèmes comme ceux évoqués pour Microsoft. Il faut dire que Nintendo n'a pas vraiment droit à l'erreur, surtout depuis le lancement si tranquille au Japon en septembre dernier : 700.000 consoles seront disponibles au Jour J, le 18 novembre, et plus d'un million d'ici la fin de l'année.
Les joueurs sont pour leur part présents, et on sait déjà que le nombre de consoles mises sur le marché est loin d'être suffisant. Ce sera donc à celui qui vendra ses consoles le plus vite, et c'est donc à ce petit jeu que nous allons nous livrer dans les prochains jours, à vérifier si les rayons se vident vraiment aussi vite qu'ils se remplissent, et ce pour les deux fabricants.
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