Dossier
Tout d'abord, force est de reconnaître que l'équipe qui dirige Sega n'est pas si compétente que cela. Dans La Saga des jeux vidéo, Daniel Ichbia insiste bien sur l'obstination des dirigeants de Sega à vouloir dépasser Nintendo, notamment en Europe, et ce à n'importe quel prix. L'intention est louable, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions. Or, Sega ne les avais pas à l'époque de la Megadrive, et ne les a toujours pas. Et ce n'est qu'un exemple pour expliquer le comportement à la limite du caprice de la part des dirigeants de Sega. De plus, comme s'il s'agissait d'un maléfice, Sega n'a jamais réussi à tirer parti de son avance technologique : la Saturn, premiè console 32 bits, s'est révélée être un fiasco, tandos que la Dreamcast a perdu toute son avance face à la machine Sony Playstation 2, véritable rouleau compresseur. On pourrait aussi parler de quelques erreurs stratégiques comme le Mega-CD, mais bon, Nintendo a des ratés à son actif aussi ;-)Sega est donc bien mal, et cette annonce de la part du New York Times arrive au moment où on dit de plus en plus fermement que Sega va développer pour le Game Boy Advance. Dans un article paru sur IGN Dreamcast, le Président de Sega Peter Moore n'infirme pas la possibilité pour sa société de développer sur Game Boy Advance, une console à propos de laquelle il ne cache pas son excitation.Peut-on considérer cela comme un premier pas ? Dans le rouge depuis bientôt 4 ans, on peut comprendre que les investisseurs actuels en aient assez de devoir mettre la main à la poche sans jamais toucher un seul centime de dividende. Ajouter par ailleurs que la chute du cours du titre Sega n'a rien pour rendre leur sourire aux actionnaires de la société, et on comprendra la volonté de certains de se débarrasser de leurs titres, profitant de la hausse du cours à 1025 Yen lors de l'annonce par le New York Times de cette acquisition en bonne voie d'accomplissement par Nintendo pour une paire de milliards de dollars.
Peu de chances en fait...
Bref, il y a donc bel et bien des signes qui peuvent prêter à penser que Nintendo pourraît (notez bien l'emploi du conditionnel ^^) acquérir Sega. L'équipe d'IGN n'y croit pas trop. Moi non plus à vrai dire, mais l'équipe est assez divisée sur la question. La logique voudrait qu'en effet Sega essaie d'atténuer ses résultats catastrophiques en se tournant vers d'autres plate-formes, sur des marchés sur lesquels elle n'est pas (ou plus) présente.C'est ainsi qu'on peut prendre pour exemple le fait que Sega ait décidé de développer des applications pour téléphones mobiles (le i-Mode si cher à nos amis japonais !) et certains supports mobiles. Rappelons toutefois que Sega était resté particulièrement vague sur la notion de marché du jeu mobile. Ca peut en effet inclure les téléphones comme la Game Boy.Le communiqué est assez imprécis : il précise seulement que Sega est en train de négocier avec des concepteurs de consoles de jeux portables. Ca veut donc dire, on n'est pas à un raccourci près, que Sega est en train de discuter avec Nintendo... ou avec Bandai, qui a réussi à écouler quelques centaines de milliers de WonderSwan en l'espace de quelques semaines... Ou avec Nintendo ET Bandai !Ca n'a rien d'extraordinaire de la part de Sega, qui avait déjà vendu la license de Sonic à SNK pour sa Neo Geo Pocket Color. Toutefois, SNK avait lui-même pris soin de créer et commercialiser le jeu. Le communiqué montre que Sega irait plus loin, en concevant lui-même les jeux destinés aux consoles du fabricant finalement retenu mais dont on ne connait pas encore le nom...Franchement, on imagine mal Sega publiant Sega Rally ou Sonic sur GameCube. Ce serait magnifique, mais je ne crois pas que ce soit dans l'intérêt de Nintendo d'essayer de s'accaparer le public que Sega visait, dumoins pas de cette façon. Les Segamaniaques sont souvent des réactionnaires qui en avaient assez des mondes mignons de Nintendo tels qu'on les rencontre dans les aventures de Mario : Sonic était le symbole le plus éclatant de cette génération qui voulait autre chose que des tortues qui volent et des champignons grognons (pas Toad, non, mais Goomba :-D). Bref, la cible n'est pas la même, et mettre Segamaniaques et Nintendomaniaques dans le même bateau, unis contre le vilain Sony, est un peu trop facile et léger...Pour en savoir plus : |
Sur le site du New York Times (AN): - Premier article - Second articleSur IGN (AN): - Nouvelle : Sega sur GBA - Reportage : Nintendo + Sega = amour ? - Interview : Peter Moore (Sega US) Communiqués officiels (JP/AN) : - Sega - Nintendo |
Le NYT se serait donc lourdement trompé, et on comprendrait dès lors pourquoi Nintendo et Sega s'indignent des deux articles parus. On comprendra aussi la déception des fans des deux camps pour qui ce mariage étrange paraissait comme la solution de la dernière chance pour Sega. Mais ne nous leurrons pas, les industriels ont assez de talent pour nous réserver bien des surprises. Et si finalement c'est Microsoft qui mettait la main sur Sega, quelle impression cela ferait-il ?
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