Perdu le Nord
Commençons par resituer un peu l'histoire. Il faut tout d'abord savoir que le jeu suit d'assez près la trame du film et, par déduction, échoue complètement pour ce qui est de restituer fidèlement l'intrigue du livre. Mis à part quelques rares scènes où les développeurs ont repêché des éléments du bouquin, et la fin qui va plus loin que celle du film (mais jeu comme film ont cette particularité amusante, ou détestable et absurde, de s'arrêter avant la conclusion du livre), le scénario sera donc identique à celui auquel vous avez peut-être eu l'infortune d'assister au cinéma : ennuyeux et incompréhensible. Soit.Pour donner les grandes lignes, l'aventure prend place dans un monde parallèle au nôtre, dirigé par le 'Magisterium' - qui représente une sorte d'Eglise toute puissante et dans tous les excès possibles - où l'âme des gens se manifeste par un animal dont ils ne se séparent jamais, nommé daemon. On suit les péripéties d'une jeune orpheline, Lyra, dans sa quête pour retrouver et sauver son ami Roger, enlevé et retenu prisonnier dans le grand nord par une organisation aux sombres desseins. En chemin, elle découvre le rôle qu'elle a à jouer pour son monde et pour tous les autres, un rôle qui lui vient notamment de son aptitude à déchiffrer l''aléthiomètre', sorte de boussole d'or (eh oui, c'est le titre) qui permet d'obtenir réponse à toutes les questions, pourvu qu'elle en ait besoin.
Problème, le jeu se fout totalement de savoir si vous suivez ou non ; supposant s'adresser à des initiés, il se contente de résumer brièvement les événements au moyen de cut-scenes dans le moteur du jeu, voire de très courts extraits du film, affreusement doublés en français (doublages exclusifs au jeu, bien qu'on s'en serait passé volontiers). En clair, le jeu n'est ni un bon moyen de découvrir cette histoire, ni d'en affiner la version ciné à peu près aussi floue. Ca vous laisse le livre.
A la croisée des défauts
Maintenant que cela est fait, on peut passer au jeu en lui-même. Globalement, il alterne deux types de phases : des moyennes et des très mauvaises.Dans les premières, on contrôle l'ours parlant, Iorek Byrnison, qui est l'allié de Lyra. Le jeu est alors un beat'em all hyper répétitif, limité et bourrin, mais pas foncièrement déplaisant à jouer, parfois même sympa. Dans les secondes, on incarne directement Lyra dans un mélange d'exploration et de plate-forme. Comme l'héroïne est jeune, les lois de son monde veulent que son daemon n'ait pas encore de forme animale bien définie : il peut se transformer. Le gameplay tente d'exploiter ce panel de quatre animaux pour permettre de s'accrocher, de planer, de courir et de grimper, mais la jouabilité toujours imprécise rend le tout plutôt horrible à jouer.
On passe le reste du temps à trois autres activités pas plus passionnantes. D'abord, des phases très étranges où l'on doit engager une discussion avec un PNJ puis remporter des 'micro-jeux' (pas amusants pour un sou) afin de pouvoir placer de meilleurs arguments et de convaincre son interlocuteur pour obtenir ce que l'on veut. C'est lent et ridicule. Ensuite, des 'combats' qui se limitent à des quick time events pour endormis du pad, dont le but est d'esquiver son adversaire. Là aussi, le résultat n'est guère reluisant. Enfin, on a l'occasion de s'essayer au déchiffrage de l'aléthiomètre.
Pour ce faire, il faut chercher dans le jeu les significations des dizaines de symboles qui y sont gravés, pour ensuite pouvoir obtenir réponses à ses questions. L'idée est plutôt bonne, mais la seule utilité de connaître les symboles correspondant aux trois concepts qui interviennent toujours dans une question (par exemple, le pêché, la protection et la guerre) est de faciliter la résolution du mini-jeu qui s'ensuit : une épreuve ultra répétitive à la longue qui consiste à garder le curseur, qui bouge plus ou moins dans tous les sens, au centre de l'écran, tout en exécutant un QTE de nouveau optimisé par un développeur en pleine léthargie. Bref, on n'en retire que peu d'intérêt.
Pour clore cette analyse du gameplay, il conviendrait que je parle de la jouabilité Wii ; je vous assure que ce serait avec plaisir... si une telle chose existait. Non, le jeu tente juste, à l'arrache, de justifier le logo Wii sur la jaquette avec quelques rares phases où l'on doit viser l'écran pour lancer un objet - sympa, sans plus - et d'autres où l'on doit garder la Wiimote droite pour faire de l'équilibre - atroce. Ah, oui, si vous aimez souffrir des poignets, vous pouvez secouer la Wiimote toutes les secondes pour faire attaquer Iorek.
OK, le gameplay n'a donc rien d'enthousiasmant. Quid des graphismes ? Regardez donc à la droite de cette page, c'est immonde - Janus dirait sub-64ien. L'animation, elle, est d'un autre âge (ce qui rend certaines scènes très drôles, notez) et les musiques... très bonnes. Oui, c'est un peu la surprise du jeu ; au moins, on peut s'ennuyer ferme sur des mélodies épiques.
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