Il faut reconnaître que Art of Rally nécessite une petite période d’adaptation au départ car le titre n’est guère tolérant face aux écarts de route. Nous avons pesté quelques fois de nous voir replacer de force sur la route alors qu’on avait relativement peu mordu les à-côtés pour négocier au plus court certains virages. Visuellement, la 3D aseptisée devrait séduire ceux qui se sont bien amusés sur des titres comme Horizon Chase Turbo.
Le titre est tout de même réalisé par le créateur d’Absolute Drift, le studio Funselektor Labs, ce qui nous donne un titre de rallye fort honnête, avec en background différents véhicules de l’âge d’or du rallye, entre les années 60 et 80, et quelques bolides des groupes B, S et A, le jeu ayant la bonne idée de nous compiler quelques données sur les dates-clés de cet univers et sur les différentes disciplines.
Malheureusement, pour une question de licence, les développeurs n'ont pu apposer les vrais noms des véhicules, il faut donc s'amuser à les reconnaître par soi-même (pas trop difficile car la modélisation, tout en restant simple, rend le tout aisément identifiable). Même remarque pour le nom de certains pilotes, dont il faudra modifier quelques lettres pour les reconnaître.
C'est un découpage fidèle qui nous est proposé, hormis le Groupe S qui n'a jamais existé puisque stoppé dans son développement suite à de nombreux accidents mortels dans le groupe B alors qu'il devait lui succéder. Voici en résumé ce que vous pourrez trouver :
- Groupe 2 (de 1967 à 1971 avec notamment au niveau des véhicules l'Austin Mini et l'Alpine A110)
- Groupe 3 (de 1972 à 1976 avec la Lancia Stratos, l'Abarth 131)
- Groupe 4 (de 1977 à 1981 avec la reine BMW M3 et l'Alpine A310)
- Groupe B (de 1982 à 1986 avec la 205 t16 et l'Audi Quattro)
- Groupe S (fictif mais empruntant le véritable travail effectué par certaines écuries qui se préparaient à son arrivée, vous pourrez notamment notamment piloter la Lancia Delta ECV2)
- Enfin, le Groupe A (de 1992 à 1996 qui vous permettra en particulier de dompter la puissante Subaru Impreza 555).
Loin d'être anecdotique, ce découpage vous permet de prendre conscience des évolutions techniques (et des règlements de l'époque) avec de réelles différences entre les véhicules. Comme vous en aurez au final une cinquantaine, cela vous prendra du temps pour tout débloquer et faire un choix éclairé pour jongler avec les différences de comportements.
Un regret cependant, cet aspect simulateur est tout de même assez régulièrement entravé par les pénalités de cinq secondes que l'on se récupère à la moindre sortie de route. Et au niveau esthétique, même si on peut régler le degré de dégâts, pas la moindre retranscription à l'écran n'est visible, hormis un peu plus de fumée ou des flammes. On aurait apprécié une modélisation, même basique, des dégâts.
Avec la pression du chrono, vous partez donc seul sur chaque spéciale, plus ou moins longue et vous tentez de faire la meilleure performance possible, sans vous prendre des pénalités de quelques secondes à chaque sortie de route ou tout simplement 15 secondes en cas de crevaison. C’est un peu le hic, la prise en main est un peu raide et n’a pas du tout emballé notre junior de 13 ans qui a lâché très vite le jeu.
Avant de pouvoir négocier à pleine vitesse chaque parcours, il va falloir le travailler un petit moment si vous vous voulez tutoyer le top 3 du classement. Un réglage de la difficulté adoucira les performances de vos adversaires que vous ne verrez malheureusement jamais sur la route, mais ne simplifiera jamais la maniabilité, l'inertie de certains véhicules restant très présente. On reste sur un aspect simulation et non de l'arcade.
Outre un mode Carrière, vous pourrez vous essayer sur un Contre la Montre sur une spéciale unique, un mode Rallye personnalisé vous permettant de sélectionner l'ordre des spéciales à parcourir, une promenade en mode Exploration libre vous permettant de prendre tout votre temps dans un monde ouvert en récupérant les lettres formant le mot RALLY pour débloquer l’environnement suivant ainsi que la possibilité de faire certaines photos au niveau de points du vue particuliers.
Enfin, des événements en ligne vous proposant de comparer vos chronos avec ceux des autres, sont proposés selon deux catégories : un événement quotidien vous faisant rouler sur une spéciale unique, un évènement hebdomadaire qui vous proposera un rallye composé de plusieurs spéciales, la voiture et le type de spéciale vous étant imposé. Un choix assez large mais qui manette en main peine à griser sur la durée car la Switch a tout de même quelques challengers plus funs.
Un gameplay un peu mou face à des titres comme Mantis Burn Racing
Quand on a eu l’occasion de jouer à quelques titres en vue par-dessus, force est de constater qu’Art of Rally manque un peu de fun. Mantis Burn Racing permet des affrontements avec d’autres véhicules sur la piste et nous propose même un gameplay à deux via écran partagé, directement console posée devant nous. Ici on est plutôt sur un rendu simulateur plus classique même si on ne cherche pas vraiment à retranscrire du réalisme dans la conduite.
Bon point, la caméra est bien placée et permet une bonne visibilité à votre action, vous ne serez pas surpris par un brusque virage impossible à négocier. L’ambiance sonore est de qualité et chaque spéciale, avec son timing varié, nous propose quelques tours de piste ni trop longs ni trop courts.
On vous recommande chaudement le gameplay avec la manette pro, plus précise à notre goût même si les Joy-Con sont tout à fait convenables pour un gameplay nomade (le jeu nous a permis de déceler un nouveau Joy-Con drift en approche sur un de nos packs malheureusement).
Là où le portage Switch pèche nettement plus, c’est au niveau du rendu graphique général. Mantis est beaucoup plus attrayant visuellement mais avec des environnements bien moins nombreux. Art of Rally se montre guère plus généreux avec ses cinq environnements (heureusement parcourus selon différentes évolutions météorologiques, comme le beau temps, le brouillard, la pluie, la neige et même l'arrivée de la nuit, mais reste en plus fade, les décors manquant clairement de vie et ce n’est pas les petits cubes représentant le public qui égayeront le rendu global.
Le problème est que régulièrement des éléments du décor apparaissent au dernier moment près de nous, montrant que l’on a voulu faire une optimisation autour de la voiture au prix d’un sérieux downgrade sur de nombreux détails. Alors oui, on peut y jouer en mode nomade correctement, mais en le branchant sur sa télé, c’est clairement pauvre.
Il suffit de faire un petit tour du côté de la version PC pour prendre conscience du net recul technique au niveau du rendu des ombres et du relief, du rendu des couleurs et des temps de chargement, pour se dire que la version Switch a laissé pas mal de plumes lors du portage pour conserver la modélisation physique et un impact du relief sur vos véhicules, alors qu’on aurait pu espérer une bien meilleure optimisation sans passer par des coupes aussi franches.
Il faut en être conscient, si vous avez joué à la version PC, vous n’aurez pas vraiment l’impression de jouer au même jeu, vous risquez d’être fort déçu. Pour les autres joueurs n’ayant qu’une Switch, Art of Rally reste un titre très correct, exigeant au niveau de son challenge mais au rendu un peu plat. A 20,99 €, cela peut faire hésiter tout de même.
Nous remercions le service de presse pour nous avoir fait parvenir un code afin de réaliser ce test. Disponible depuis le 12 août 2021 sur l'eShop, le jeu nécessitera pour l'accueillir de lui laisser 3475 Mo d'espace libre. Textes en français, le jeu ne propose que du solo.
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