Detective Jenny LeClue est dans la droite ligne des classiques du Point&click, avec un graphisme 2D pas désagréable du tout, cartoon comme un livre d’enfants et coloré. On avance dans les décors de la ville d’Arthurton en enchainant les petites missions et en résolvant de petites énigmes, en attendant plus gros à se mettre sous la dent. Les chapitres se succèdent un peu à la manière d’un livre (logique) avec la machine à écrire de l'écrivain qui introduit chaque nouveau volet.
Excellent point, tous les textes sont traduits en français, un travail de qualité qui retranscrit bien l'histoire. Le jeu est d'ailleurs disponible en plusieurs langues.
Arthur K. Finklestein est obligé d'imaginer une intrigue plus sombre et violente !
Le père de Jenny était un brillant chercheur, décédé lors d’une expérience ratée. Jenny semble avoir hérité d’un caractère analytique très prononcé, elle se montre très indépendante et, soyons clair, barbante pour son entourage. Hormis sa mère qui accepte sans problème son comportement car elle enseigne à ses étudiants comment analyser au mieux les scènes de crime, et Keith son meilleur ami qui vous accompagne dans vos péripéties, on ne peut pas dire que Jenny soit populaire auprès des autres jeunes de ville.
Mais quand un meurtre éclate, celui du doyen M Strausberry, que sa propre mère est accusée du méfait et mise en prison, que son propre grand-père est en charge de l’affaire, Jenny se lance à bras le corps dans l’enquête pour l’innocenter tout en devant fuir la police. Globalement le background est soigné et même s’il faut un peu de temps pour se prendre d’affection avec Jenny au départ, on suit sans déplaisir toute l’histoire sur une dizaine d’heures.
Vous allez croiser rapidement une belle brochette de personnages et vous rendre compte que tout ne tourne pas si bien rond sous le vernis bucolique de la ville d'Arthurton.
Un gameplay classique mais un système de mise en relation d'indices innovant.
Armée de sa loupe (touche Y pour zoomer) pour dénicher les éléments utiles du décor et de son précieux carnet de note multifonctions, Jenny va s’engager dans une enquête assez sombre mais bien troussée. Chaque objet permettant une certaine interaction est souligné dans le décor par un petit losange bleu. Lisez à chaque fois tout ce qui peut l'être, vous découvrirez toujours un indice utile ou un sticker parfois.
Votre carnet va renfermer toutes vos informations, les cartes, les choisitudes (c’est-à-dire selon quelles attitudes vous allez vous montrer vis-à-vis des autres lors de vos interrogatoires), les morceaux de quatre cartes postales à reconstituer. Vous pourrez même récupérer divers stickers en cours de jeu pour le décorer à votre guise sur l’ensemble de sa couverture.
Attardons nous sur ce calepin et notamment votre choisitude. En dosant vos réponses, vous pouvez modifier votre comportement. A vous de voir s'il faut rester neutre, planificatrice ou improvisatrice, être dure et intransigeante ou bien plus chaleureuse (même si ce n'est pas vraiment sa marque de fabrique à la base).
Le gameplay particulier de la prise d'indice.
Prenons un exemple précis, celui de notre première rencontre avec le Doyen avant que ce dernier ne passe de vie à trépas. En passant avec votre loupe, vous basculez en mode recherche d'informations. Les indices à trouver sont numérotés, vous êtes donc très guidé. Il suffit de balayer les différents éléments du décor et les protagonistes autour de vous pour récupérer automatiquement les informations. Jenny se met à déduire très vite un certain nombres de choses, en cela vous êtes un peu spectateur. Mais il est amusant de voir comment son cerveau fonctionne et suivant quelle logique elle aboutit à certains résultats que vous n'auriez pas imaginé par vous-même. Notez à nouveau le soin du détail avec l'ensemble des phases traduites en français. Un sacré boulot technique !
On continue notre petite exploration sur le personnage.
Lorsque nous avons trouvé suffisamment d'indices, nous allons basculer en mode raisonnement interactif. A vous de faire les liens entre les informations et si vous faites les bonnes associations, Jenny validera votre choix.
Voici un exemple de ce que cette phase de déduction peut donner sur un autre puzzle du jeu. Nous avons trouvé ces phases excellentes même si parfois sur certaines, nous avons tâtonné un peu et effectué quelques associations au pif avant de déduire les bonnes interactions.
Comme certaines phases ne sont pas si simples, les plus jeunes peuvent se trouver en difficulté, d'autant qu'il n'y a pas d'indices supplémentaires donnés en cas d'échecs répétés. Il va falloir réfléchir en famille pour avancer. Rien d'insurmontable car le nombre d'éléments à mixer n'est jamais très important, on reste rarement bloqué plus de 10 minutes sur une énigme.
Le titre est grand public, car même s’il faut cogiter un peu pour résoudre les diverses énigmes, les associations ne sont pas trop alambiquées. Les échanges entre les personnages nous donnent accès à des QCM qui vont permettre à Jenny de varier sa personnalité.
Chacun de vos choix pourra avoir une répercussion sur la suite, si vous vous montrez trop dure, cela peut vous retomber dessus plus tard. Ces interrogations ciblées vont permettre de mettre en évidence les caractéristiques clés d'une scène et ainsi obtenir plus d'informations.
Jenny est une fille qui n’a pas froid aux yeux (amusant, en parallèle je découvrais le film Elona Holmes, avec de nombreuses similitudes au niveau du caractère bien trempé du personnage féminin principal). On pourra juste regretter parfois d’être un peu passif (Jenny a la langue bien pendue) sur certains passages, mais globalement, c’est une vraie réussite.
Si l'on parle de passivité, c'est que pour une partie de l'action, on reste spectateur. Jenny réfléchit en permanence et pour des actions parfois simples, c'est un peu long. Cependant vous intervenez bien dans les interrogatoires et dans les recherches d'indices. Vous devrez lors de certains passages pousser des objets pour permettre à Jenny d'atteindre certains rebords et échelles, il faudra réfléchir pour faire tourner certains mécanismes dans une direction précise et trouver la bonne séquence pour pousser certains boutons.
Après un démarrage un peu lent, l'action s'enclenche et nous tient en haleine
Profitant du refuge de sa cousine Suzie, elle bénéficie d’un véritable laboratoire pour son enquête. Quatre machines sont présentes dont nous aurons l’utilité à un moment ou à un autre : la machine d’imagerie thermique, le détecteur de mensonges, un aimant géant et un microscope.
On a de l’humour, une manière d’apostropher parfois en direct le romancier qui semble surpris des réactions de sa création dans ce contexte plus trouble que ses précédentes aventures. Cela reste un poil du déjà vu mais la sauce prend bien.
Il est intéressant de noter que sous son aspect bon enfant, ce jeu d'enquête aborde quelques thèmes beaucoup plus matures : deuil, fin de l'innocence, le problème de l'acceptation par les autres quand on est différent. Le scénario oscille parfois entre clin d'oeil à X-Files et Twin Peaks, les amateurs se régaleront de ces petites allusions.
Seul hic, malgré une traduction en français d'une très grande qualité, un passage nécessite de déchiffrer un code en langue anglaise et ce n'est clairement pas simple, surtout pour les plus jeunes. Mais hormis ce pic de gameplay qui passe mal les efforts de traduction, et quelques répétitions dans certains mécanismes à manipuler, tout le reste est globalement au top.
En développement depuis 2014, Jenny LeClue est une bonne surprise et un très bon titre développé et édité par le studio Mografi, qui sied parfaitement à la Nintendo Switch. Un produit qui va comme un gant aux gamers aimant jouer en nomade et vont vouloir avancer dans l’histoire lors de leurs déplacements.
La mise en scène est plus que soignée, en particulier avec les pauses narratives où l'on revient aux propres démêlés de l'auteur Arthur K. Finklestein qui peine à poursuivre son histoire et les pressions de son éditeur, et on ne dirait pas non à un Jenny LeClue 2 (ce qui n'est pas impossible quand on termine le jeu car il reste de nombreuses questions en suspens), à condition de ne pas attendre aussi longtemps que le premier.
L’ambiance sonore est bonne, changeante selon les éléments du décor et l’action présente. Si le texte reste en français à l'écran (pas de souci de lisibilité, nous y avons joué sur une Switch classique mais la Switch Lite ne devrait poser aucun problème), les voix sont en anglais. On peut opter entre deux réglages pour le défilement du texte, soit automatique soit avancement par une pression sur une touche.
Les commandes en main sont réactives et intuitives, et on apprécie de pouvoir également utiliser la gestion tactile héritée de sa sortie initiale sur Apple Arcade. Il est ainsi possible de vous déplacer, d'utiliser votre loupe et gérer toutes les commandes avec un ou deux doigts, c'est très agréable.
A noter un trait d'humour, dans les réglages du jeu vous pouvez opter dans l'option costume pour une tenue Halloween, donnant la peau verte à Jenny (modification des options avec le stick gauche). Un carton plein donc niveau satisfecit concernant ce portage sur Nintendo Switch, même si Jenny n’a pas tout à fait le même charisme qu’une Layton. Nous remercions l'éditeur pour nous avoir fait parvenir un code afin de réaliser ce test plaisant de Jenny LeClue Detectivu. Prévoyez 1327 Mo de place pour installer ce jeu.
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