Partant sous la forme d’un ersatz de point’n click, nous voici face à trois jeunes qui se lancent dans la création d’un jeu indépendant, leur but étant de gagner une Game Jam et de remporter 10 000 dollars.
Chaque personnage, très codifié, est spécialisé dans un domaine : le programmeur, c’est Jack, il se rêve d’être le plus grand développeur de jeux vidéo de tous les temps et son ego démesuré va être clairement mis à mal. Ethan est le maître de la musique et espère faire fortune avec ses talents musicaux. Violet est l’artiste graphique du trio, qui compte bien faire bouger le monde avec la pointe de ses crayons.
La particularité est que ces trois loustics au départ ne se connaissent pas, vivent leur histoire de manière indépendante, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent. En forçant un peu le trait scénaristique, on voit que chacun d’entre eux collectionne les galères dans sa vie personnelle.
Dès le départ, le ton est donné, entre cynisme et humour très noir, qui va se refléter sur l’ensemble du jeu. Par contre, vous devez obligatoirement commencer l’histoire par Jack alors qu’on aurait bien aimé pouvoir varier, surtout quand on bloque sur un mini-jeu pour avancer dans l’histoire du personnage.
L’histoire est découpée en plusieurs chapitres et est truffée d’éléments parodiques et de références dont vous ne devriez avoir aucun mal à reconnaître, dans le domaine de la pop culture ou les références à de grands classiques du jeu vidéo.
Graphiquement, les personnages et leur univers semblent tout droits échappés d’un Américan Dad ou d’un Gravity Falls, avec quelques clashs à la sauce South Park et l’aspect sonore est à l’avenant, globalement très positif. C’est clairement cet enrobage la partie la mieux réussie du jeu, avec une très bonne traduction française qui nous permet de profiter des nombreuses subtilités et relecture multiples du jeu.
C’est d’ailleurs qui ce qui avaient séduit les personnes ayant participé au financement Kickstarter. Bref, on pourrait croire que nous tenons un hit et que tout est plié, mais malheureusement, cela va vite coincer dans la mise en forme de tous ces bons éléments.
Une histoire où chaque problème est le prétexte à un mini-jeu
Le gameplay de base consiste à suivre l’histoire de chaque personnage, chaque problème étant résolu par une petite séance arcade, reproduisant la parodie d’un célèbre jeu vidéo. On parcourt les niveaux, on parle aux différents personnages en optant pour une des réponses possibles (le résultat varie par une répartie plus ou moins percutante, nous n’avons pas trouvé d’option qui nous permettrait d’éviter le lancement d’un mini-jeu particulier). On collecte classiquement divers objets pour pouvoir enchainer sur une action suivante, globalement l’aspect aventure du jeu est très simple, pas de solution tirée par les cheveux, on vous dit à chaque fois clairement l’étape suivante.
Avec un peu d’entraînement, on doit pouvoir boucler l’ensemble du scénario en trois heures, ce qui ne fut pas notre cas à cause d’un petit jeu, Geometry Jack, qui nous a fait hurler quelque fois. Trois heures, on le comprend, c’est un peu rapide et on se dit que les développeurs ont un peu survolé cette matière première qui n’utilise pas assez l’essence de chaque membre du trio, on n’a pas assez le temps de s’attacher suffisamment à eux. Dommage car les scènes animées, les personnages et les décors, sont très bons, on ne voit pas trop en revanche leur ville.
Qu'est-ce qu'on s'est mangé les doigts pour terminer les deux derniers pourcentages.
Indiecalypse nous propose vingt-cinq mini-jeux avec pour chacun un gameplay différent : hommage visuel à Cuphead, Undertal, The Binding of Isaac, Guitar Hero, Enter the Dungeon, Mortal Kombat, Super Punch-Out !! et Papers, Please, Bit Trip, Hotline Miami, Doom etc….pour ceux n’ayant jamais tâté de l’intégralité de ces titres, c’est donc un festival de mini-titres intéressants. La fête aurait totale si les développeurs avaient mieux enrobé l’intégration de ces titres en apportant quelques explications plus explicites, car c’est plus que brouillon à ce niveau.
Un manque flagrant d'explications
Les connaisseurs n’auront aucun mal à comprendre le gameplay, mais pour les autres, de simples captures d’écrans au lieu d’une explication textuelle, ce n’est pas suffisant et l’apprentissage se fera dans la douleur par essais multiples (Junior a clairement lâché le jeu et nous tairons son avis sur le titre). Il voulait jeter un coup d’œil dessus même si ce n’est clairement pas de son âge et c’est vraiment le manque de guides qui l’a agacé.
Soyons clair, ce titre n’est pas du tout pour les enfants, ne serait-ce qu’au travers des références des jeux parodiés, tous à la base avec un PEGI assez élevé, le tout ayant une surcouche de graveleux supplémentaire (pédophilie, SDM, meurtres, tout y passe...).
Le problème majeur avec les mini-jeux, c’est que l’on sait rarement à l’avance les touches à utiliser, ce qu’il faut faire précisément (et certains objectifs sont loin d’être clairs) et surtout vous n’avez aucun checkpoint en cours de mini-jeu, vous obligeant sans arrêt à recommencer depuis le début. Des contraintes qui tuent clairement le plaisir d’y jouer car certaines phases se font vraiment dans la douleur et dans l’agacement.
Si c’est une métaphore pour faire comprendre que le développeur d’un jeu à certains souhaits et objectifs, mais pas toujours d’idées précises de comment faire pour y parvenir, avec des phases de tâtonnement, échec, erreur, crise de nerfs, c’est réussi.
Mais cela n’en fait pas un jeu agréable pour les consommateurs en bout de chaîne. Il y a donc un problème dans la définition globale du produit que JanduSoft a souhaité nous proposer.
Voilà le type d'explications que l'on reçoit avant chaque mini-jeu
Enfin, tous les mini-jeux ne se valent pas, niveau qualitatif, certains étant clairement « pas terribles » à jouer (notez la volonté du testeur à garder un langage châtié quand le titre aurait clairement écrit, à la manière de Jean-Pierre Coffe : « mais c’est de la merde ! »).
Le problème est que, dès lors qu’on rend un hommage à un jeu connu, il faut s’assurer de reproduire la qualité du gameplay du jeu d’origine, ce qui est loin d’être le cas avec certains mini-jeux d’Indiecalypse : un peu de QTE, du très moyen loin de la tonicité du jeu de base (exemple avec Enter the Dungeon ou même Punch Out, avec un gameplay mou, des mouvements lents) : ça a la couleur de l’original, cela ressemble à l’original (y compris dans la gestion aléatoire des niveaux pour certains titres) mais ce n’est qu’une copie bien vide de l’original.
Bref, tel un soufflé, tout le bonheur de se dire qu’on allait pouvoir jouer à une compilation de quelques perles indépendantes de grande qualité s’effondre, et on est surtout ravi de passer au mini-jeu suivant quand on a surmonté un passage un peu infâme (clairement le Geometry Jack est trop long, on arrivait régulièrement à 80% et même 98% pour échouer en toute fin et devoir recommencer). Ce mini-jeu a été vraiment un calvaire, et comme il faut le passer pour poursuivre l’histoire avec Jack puis pouvoir accéder aux deux autres, vous comprendrez la frustration qui s’est dégagé du jeu.
Bref, entre titres ennuyants, titres où il faut recommencer à chaque fois avec une disposition différente, ou titre nécessitant d'apprendre par cœur chaque passage, les nerfs seront exacerbés et ont tellement heureux de réussir, après avoir perdu tout plaisir auprès du titre cependant. La composante Die and Retry est clairement bancale.
Pour avancer dans l’aventure de chaque « héros », on passe donc par ces phases de gameplay de mini-jeux, censés nous dévoiler un aspect du personnage, l’expertise de programmation de Jack, la musique pour Ethan et le graphisme pour Violet. Disons clairement que la partie concernant Jack est la plus rude, celle de Violet la plus facile.
A noter, clin d’œil volontaire ou palliatif pour un manque de budget, vous n’avez pas de véritable voix dans le jeu, mais un blabla faisant penser à …..Animal Crossing, encore plus insupportable que le jeu de Nintendo. Le texte en français vous donne toutes les informations nécessaires en-dessous. Cela manque d’harmonie cependant, les graphismes et le système des voix ne vont pas vraiment de pair.
Il aurait pu être bon mais nous avons d’autres problèmes
On se dit qu’en connaissant la plupart des jeux parodiés, on est avantagé sur ce titre, mais l’intégration de tutoriels et surtout une meilleure précision des objectifs aurait grandement aidé au confort et à la qualité du titre. Mais Jack n’a pas dû réussir à corriger tous les bugs car le titre en possède pas mal.
On a mis de côté le jeu un moment pour voir si des patchs corrigeraient l’ensemble des problèmes mais ce n’est pas le cas à l'heure où nous sommes en 1.01 avec un jeu déjà disponible depuis le 29 mai (et d’ailleurs les bugs touchent l’ensemble des plateformes, PS4, Xbox One et PC compris).
Écrans de chargement qui se bloquent, une mouche inaccessible coincée dans un coin du décor dans Enter The Dungeon, ne nous permettant pas de résoudre le niveau et donc d’aller plus loin, obligeant à recommencer toute la partie, pas de point de sauvegarde en cours de jeu, cela fait beaucoup de problèmes pour un titre dont le capital sympathie va s’effriter très vite lors de vos temps de jeux.
Pas mal de bugs sur ce mini-jeu ci-dessus
Appuyez juste en haut ou en bas pour éviter le coup de canne. Pas terrible !
Beaucoup de frustrations donc pour un titre qui nous avait tapé dans l’œil à la base. Nous remercions l'éditeur pour nous avoir fait parvenir un code afin d'effectuer le test de ce jeu et nous espérons vraiment que tous les bugs soient corrigés dans l'ensemble des mini-jeux dans un avenir très proche.
A noter que deux éditions physiques du jeu existent, une standard à 24,99 € et l'autre collector à 49,99 €, regroupant le jeu physique, un jeu de 54 cartes au design des personnages, un artbook de 134 pages, un CD de 44 musiques et un certificat. Vous pouvez vous les procurer
ici. Sur l'eShop, le titre vous coutera 12,99 €.
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