Quand les Lego envahissent la réalité
Depuis quelques années déjà, Lego se charge de transposer certains films, de s’en inspirer jusqu’à mettre sur le marché des boîtes de briques appropriées reproduisant telle ou telle scène culte à l’intention des fans. Au-delà du marché pur et simple, la firme a également entrepris d’imposer sa propre marque et son esthétique cubique sur nos consoles. On pense immédiatement à l’adaptation sur GameCube des épisodes de Star Wars, qui ont déjà connu un certain succès auprès des amateurs du film original.Dans Lego Indiana Jones, le joueur est jeté dans un monde extrêmement contrasté, qui ne se donne aucune prétention de réalisme flagrant. Dans les environnements se côtoient des décors plutôt fins et travaillés, nuancés, et de grossières briques de Lego aux couleurs vives et unies. Ce premier décalage, loin de susciter l’indignation, rend palpable la dimension parodique du titre.
Détruire et construire
En dehors des bâtiments de fond et des éléments lointains, les objets dont vous serez amené à vous servir ont été reproduits avec ces fameuses briques Lego. La plupart du temps, il est possible de détruire ces constructions cubiques d’un simple coup de poing de la part du personnage. L’objet visé vole en éclats autour de vous dans une pluie de petites pièces d’assemblage, avant de disparaître.Si les Lego sont ici l’image d’une destruction, ils sont avant tout le symbole de la construction. Les développeurs ont tenu à représenter cet aspect-là de la célèbre brique, en lui faisant correspondre un grand nombre d’actions. Le joueur découvre parfois des monticules de pièces désordonnés : il faut alors maintenir le bouton Z à proximité de ce tas pour donner l’ordre au personnage de construire un élément particulier. Il s’agit souvent d’une échelle ou d’un bloc qui vous donne accès à de nouvelles zones. Même si cette fonction automatique ne fait pas réellement intervenir le joueur (ce qui aurait été plus immersif), on se plaît à assembler les cubes dans un concert de cliquetis. De quoi replonger en enfance !
Mais où est passée ma tête ?
Si les zones n’échappent pas à la règle Lego, il en va de même pour l’ensemble des personnages qui arborent cette apparence cubique et rigoureuse. Leur expression n’est cependant pas celle que l’on est en droit d’attendre d’un élément Lego : les jambes sont parfois en flexion lorsque l’on porte un objet lourd, et les bras ne se limitent pas à des mouvements sur un seul axe. Evoquons également la perte des personnages : lorsque vous achevez un ennemi à coups de pelle (ou qu’il vous tire à bout portant), la défaite se solde par l’explosion en bonne et due forme du perdant. Ne soyez donc pas surpris si les membres de votre protagoniste s’éparpillent un peu partout sur le terrain. Ainsi, bien que l’esthétique Lego évoque de prime abord la rigidité et l’entrave, nombre de détails vont à l’encontre de ce carcan, pour former un univers plein de vie et de possibilités.En contrepoint à cet univers très agréable, notons toutefois la présence d’un aliasing assez récurent ou encore l’usage de textures manquant de finesse, même pour des Lego. La framerate pose aussi quelques problèmes lors des premiers pas dans une zone nouvelle : la fluidité de déroulement n’est pas affectée, mais l’écran se décale dans une scission peut appréciable et au final très agaçante. Un peu plus de rigueur graphique sur ces points n’aurait pas été du luxe.
Du film à la parodie
Parodie avant tout, Lego Indiana Jones emprunte une foule d’éléments à l’œuvre qu’il représente. On pense d’entrée de jeu à la bande son du film, reprise dans son intégralité sans la moindre modification. L’absence regrettable de dialogues est compensée par cet élément, qui ravira les amateurs des thèmes principaux d’Indiana Jones. L’action est sous tendue de ces pistes originales, et se rapproche ici davantage de l’ambiance du film, bien que certaines pistes trop courtes aient tendance à se répéter très vite, ce qui finira par lasser le joueur s’il s’attarde dans un lieu spécifique.A cette copie sonore s’ajoute celle des scènes cultes. Toute œuvre cinématographique digne de ce nom est pourvue de séquences fortes en émotions ou en humour, et Indiana Jones n’échappe pas à la règle. Les développeurs ont en conséquence pensé à incorporer dans l’action des cut-scenes calquée sur des passages clef du film qui se veulent humoristique. L’aventure et effectivement ponctuée par une foule de clins d’œil qui saura arracher quelques sourires aux amateurs de la trilogie.
A noter toutefois que l’action présente dans les films originaux s’essouffle à mesure que l’on progresse dans le jeu : même si votre chemin est truffé de rebondissement et de combats, l’effet de dynamisme ne dure qu’un temps, et la linéarité s’installe très vite dans les engrenages de la progression. On pense par exemple aux scènes d’affrontements, qui ne sont en fait que des arènes où les ennemis affluent continuellement jusqu’à temps que vous trouviez comment en sortir. Et il n’est pas rare de passer un bon quart d’heure à explorer les lieux pour découvrir l’énigme de sortie : entre temps, on aura tôt fait de maudire ces flux ennemis, qui deviennent plus une entrave d’appréciation qu’une entrave à la progression.
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