Une prison dorée.
On pourrait disserter longtemps sur les qualités et les détails de Prince of Persia Sands of Time. Par exemple, quand vous utilisez la vue générale, l'écran de votre télé se transforme en sorte de tableau picturale mettant en relief l'immensité des lieux. Faudrait-il aussi parler de l'eau magique qui redonne de l'énergie au héros, de l'ambiance indescriptible qui flotte dans certaines salles, des minutieux détails graphiques contribuant à donner vie à l'aventure... La liste serait trop longue. Chaque pièce, chaque lieu a fait l'objet d'un soin à la limite de la perfection et on imagine mal comment l'on pourrait faire mieux dans le genre. Tous les détails semblent découler très naturellement mais ceci est sans doute le fruit d'un travail de titan de la part des programmeurs. N'empêche qu'il y a aussi du talent dans l'air et que celui-ci ne s'improvise pas.L'aventure est donc fluide et magnifique de bout en bout. La narration du héros, qui s'adresse par moment au joueur sous forme de digressions vocales d'une rare élégance, insuffle encore de la vie à un soft qui n'en avait plus vraiment besoin… Si bien qu'on finit par s'attacher au héros et l'on se sent vraiment concerné par son histoire qui recèle des vérités philosophiques et dont la morale ne peut laisser quiconque indifférent. Et puis Farah, princesse aussi mystérieuse que séduisante, n'a pas fini de vous intriguer tout autant qu'elle intrigue le Prince… Qui a parlé d'amalgame improbable ? Le Prince, ce n'est pas vous ?
A noter que les coups de théâtres scénaristiques sont rares mais hors du commun, vraiment. Vous allez être très surpris ! Prince of Persia Sands of Time est à plus d'un titre jubilatoire et comme toute démonstration ludique recèle quelques défauts plus ou moins discutables car, tel le Ying et le Yang, ceux-ci sont intrinsèques au type même du genre auquel il appartient à savoir l'action-aventure.
L'éphémère est le reflet de la vraie beauté
Ainsi, les angles de caméras sont parfois capricieux mais leur justesse est souvent mise à contribution pour le plaisir de la rétine. On en prend donc plein la vue mais il faut parfois accepter que la liberté soit amputée à ce prix. Attention, cette critique est relative puisqu'on peut utiliser à tout moment le replacement et de plus la maniabilité générale est exempt de défauts. On s'en sort donc très bien de toute façon. On est à mille lieux de Vexx.Ce qui est beau ne dure pas. De ce constat naît surtout une légère frustration car on avance toujours plus loin dans le palais et par moment on aurait bien aimé pouvoir explorer plus longtemps des passages tellement esthétiques, histoire de se rincer l'œil un peu plus de temps. L'aventure est pourtant longue pour un jeu de plate-forme mais linéaire et une quinzaine d'heure suffit à terminer le jeu. Mais par essence, dans le genre, c'est tout à fait respectable.
Quoi qu'il en soit, il est possible que si Prince of Persia avait été plus long et avait offert un monde à visiter à la Mario, il n'aurait pas le même impact et ne laisserait pas les même empreintes dans la conscience après son passage. Faut savoir ce qu'on veut. Prince of Persia est une tornade éphémère mais qui laisse des traces sans qu'on ne ressente ne serait-ce qu'une seule seconde de la lassitude. Enfin, et ce sera tout pour les critiques, les pièces du palais sont parfois un peu trop vides et épurées, mais l'effusion d'éléments auraient peut-être court-circuité l'ambiance métaphysique distillée dans le jeu. Les défauts de Sands of Time sont donc très relatifs, voir discutables, mais ne gâchent en rien ses qualités propres.
Sachez par ailleurs que des clins d'œils à Ocarina of Time sont indéniablement présents, comme l'énigme des miroirs et la tour de Ganon ! Mais quand on est un chef-d'œuvre et non une piètre repompe, ne peut-on pas se permettre quelques fantaisies de la sorte ? Les programmeurs n'auront pu cacher bien longtemps leurs source d'inspiration vidéoludique. Mais Sand of Time est loin d'être un émule, et Ocarina of Time peut être fier d'être salué par le soft Canadien. Et là, tout est dit.
Vous verserez une larme à la fin du jeu tout comme vous l'aviez fait pour Zelda 64, ouvrant brusquement les yeux sur une partie de votre vie qui vient de défiler si vite, témoin d'un miracle improbable à l'image d'un jeu comme il en existe trop rarement. Un ou deux par décennie. La teneur en émotion dépasse l'entendement lors de l'ultime acte du dénouement de Sands of Time, théâtre d'une apothéose, dessinant le soft tel une pièce de bravoure humaine ode à l'espoir et la foi, ni plus ni moins. Vous n'en reviendrez pas intact, c'est une certitude.
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