Test de Blacksad : Under the Skin - Chatastrophe ?
L'habitué des jeux d'enquêtes/point'n click Pendulo s'associe avec Microids et Dargaud pour offrir au héros de BD Blacksad son adaptation vidéoludique. Le détective créé par Guarnido et Juan Diaz Canales a-t-il droit à un jeu à la hauteur de son succès sur papier ? Comment les développeurs jusqu'ici uniquement PC s'en sont sortis sur Switch ? On vous dit tout dans le test de Blacksad : Under the Skin.
TestUne base au poil
Si l'on pouvait craindre que le studio Pendulo ne soit pas à l'aise avec une ambiance résolument plus sombre que celles de leurs œuvres précédentes, il n'en est rien. On ressent à la fois l'écriture du duo d'auteurs de la BD et celle si particulière du studio. Le mélange fonctionne donc très bien et on prend un réel plaisir à découvrir la galerie de personnages du titre.L'histoire se montre prenante, particulièrement dans sa deuxième partie qui accélère comme il faut le rythme. Il est alors d'autant plus dommage que tout soit gâché par des tares techniques impardonnable et une maniabilité des plus rigides.
La direction artistique du titre est pourtant convaincante et, sans être de toute beauté, retranscrit parfaitement l'ambiance de la BD. Si les aquarelles de Guarnido et Juan Diaz Canales ne sont jamais égalées, on reconnaît parfaitement l'ambiance graphique de la BD et les fans du félin détective seront ravis... enfin seraient ravis car les nombreux bugs d'affichage viennent réduire à néant le travail sur la direction artistique, pourtant magnifique dès lors que l'on fait un arrêt sur image.
Quand Cha(t) va pas...
On ne fera pas long sur les défaut du titre, car on pourrait s'étendre sur plusieurs paragraphes, mais entre chute de framerate, textures qui mettent plus d'une minute à s'afficher, clipping et autre aliasing... la liste est longue et ne représente malheureusement pas qu'une gêne visuelle. Même les séquences de QTE du titre, qui représentent presque la moitié des phases de jeu du titre, sont impactées par ses problèmes d'affichage, rendant certaines totalement illisibles et donc injouables.Les développeurs ont bien déployé plusieurs patchs depuis la sortie du titre (expliquant aussi le retard de ce test) mais rien n'y fait. Le jeu n'est même pas digne d'une production... GameCube de début de génération, et on peine encore à comprendre comment on a pu en arriver là. Et si ces problèmes d'affichage sont particulièrement marqués sur Switch, ils sont aussi présents sur les autres supports et même sur PC, signe que quelque chose s'est mal déroulé durant le développement et c'est vraiment dommage.
On ne tirera pas davantage sur l'ambulance, mais sachez qu'il faut parfois attendre plus d'une minute trente que le jeu charge correctement les textures en jeu, alors qu'on a déjà eu droit à un temps de chargement de plusieurs minutes juste avant, et cela pourra avoir raison de l'envie de jouer même chez les plus patients. Il est assez frustrant d'attendre aussi longtemps pour un résultat si brouillon à l'écran.
Le jeu en lui-même suit le déroulé classique des jeux du genre. On alterne donc entre phases de dialogues ponctuées ou non de QTE, et séquences d'exploration vous demandant de rechercher des indices dans les environnements. Certainement pour faciliter le portage console, Pendulo a opté pour un déplacement libre du personnage plutôt qu'une maniabilité empruntée au point'n click. Seulement, point de vue à la 3e personne ici mais une succession de plans fixes dans lequel on dirige Blacksad façon Resident Evil. Et pour un habitué du genre, je peux vous dire que cela a été tout sauf bien implémenté. On peine vraiment à diriger notre chat détective par moment, faisant passer les titres de Capcom pour des modèles d'ergonomie.
Des mécaniques Chat-isfaisantes
Le jeu semble donc provenir d'un passé lointain, comme si le jeu avait été découvert dans un tiroir et sorti tel quel sans avoir été optimisé pour les supports actuels. Et pourtant, il propose un système d'enquête et de déduction plutôt moderne. Pendulo a mis de côté le système d'objets à collecter et combiner, souvent source de puzzles à la solution alambiquée. Cela est remplacé par un système d'indices à obtenir via les sens de félin de notre héros. On peut alors user de notre ouïe, vue et odorat pour détecter des comportements suspects chez les personnages avec qui nous discutons.La mécanique est plaisante, bien que touchée elle-aussi par certains bugs demandant parfois de cliquer sur un pixel bien précis pour se valider. Il faudra ensuite passer par la phase de déduction, tout aussi bien pensée et agréable, qui viendrait presque compenser les défauts du jeu. Mais presque seulement.
C'est ainsi une dizaine d'heures de jeu qui s'offre aux joueurs, avec quelques quêtes annexes bienvenues qui permettent de découvrir certains personnages loufoques comme un bouc aveugle unijambiste et sans-abri. De quoi égayer un peu l'histoire sombre du titre, qui s'avère un peu longue à démarrer dans sa première partie. Il faudra s'accrocher entre la monotonie du début et les nombreux problèmes techniques du titre pour découvrir une seconde partie plus rythmée, alternant les phases de recherches, d'infiltration et les QTE.
Cette deuxième partie fait d'autant plus regretter le fait que les deux patchs déployés par les équipes de Pendulo et Microïds n'aient pas suffit à rendre le jeu suffisamment praticable pour le commun des joueurs. Ce test s'est d'ailleurs effectué dans la douleur, en dépit d'un attrait particulier (et un peu étrange c'est vrai) pour les jeux un peu cassés, vous commencez à me connaître.
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