Test de Kirby et le monde oublié : un indispensable de la console, ni plus ni moins !
Sensation du printemps 2022, Kirby et le monde oublié fait une entrée en 3D fracassante sur Nintendo Switch dans une nouvelle aventure haute en couleurs.
TestDe la planète Pop au monde oublié
Un premier aperçu et une preview à l’issue de la démo disponible depuis quelques semaines nous avaient déjà permis de nous immerger dans l’univers concocté par les équipes de HAL Laboratory. On ne se lasse toutefois pas de relancer avec gourmandise la vidéo d’introduction narrant l’intrigue a priori convenue de cet épisode mettant Kirby aux prises avec un environnement nouveau et sauvage.Un vortex terrible, une aspiration interdimensionnelle et des transformations physiques, voilà le sort enduré par notre héros qui nous amène sur la plage de départ du jeu. Échoué dans un monde nouveau, Kirby comprend bien vite que sous l’apparence idyllique d’une nature luxuriante se cachent les vestiges d’un monde oublié, peuplé de créatures revêches. Celles-ci ne semblent pas avoir apprécié l’arrivée tonitruante de la troupe des Waddle Dee ayant précédé Kirby et les ont faits prisonniers.Notre quête nous conduit ainsi à partir à la rescousse de ces mignons mais, il faut bien l’avouer peu débrouillards Waddle Dee au fil de niveaux disséminés sur une carte. La structure générale du jeu se rapproche en cela fortement d’un épisode de Mario. Nous pensons à Super Mario 3D Land sur 3DS ou à Super Mario 3D World sur Wii U et Switch. En effet on retrouve des niveaux à la structure linéaire que traverse notre héros, à la recherche d’items le long de la route, jusqu’à un point d’arrivée qui conclut, score à l’appui, la traversée.
Entre ces niveaux, une carte est parcourable librement à bord de notre étoile Warp, nous permettant de rechercher des bonus cachés mais aussi de prendre part aux challenges de la Route des trésors qui offrent un à-côté pas si facultatif que ça aux niveaux de l’aventure principale.Presque pour la première fois dans l’histoire des jeux Kirby, notre héros profite d’un havre de paix et de détente où se reposer entre deux niveaux s’il le souhaite : le village Waddle Dee. Loin d’être un monde accessoire où finalement le joueur se rendrait bien peu, les développeurs ont conçu ce village comme le point d’ancrage de tout le jeu, vers lequel on revient en permanence grâce à l’introduction de bonnes idées en pagaille.
Première bonne idée, le village évolue au fur et à mesure que l’on progresse dans l’aventure. De simple terrain vague au départ, il s’agrandit progressivement avec l’arrivée continue des Waddle Dee que l’on sauve dans les niveaux. Ceux-ci ne chôment pas et continuent d’agrandir les lieux en ouvrant notamment de multiples échoppes qui sont autant d’activités auxquelles s’adonner.
Mieux encore, ils donnent à l’endroit une atmosphère chaleureuse et guillerette qui suffit presque à égayer un tour en ville, notre petit Kirby ne boudant pas son plaisir en adressant un petit coucou à untel nonchalamment assis au soleil ou au contraire se piquant d’attaquer un autre groupe pour s’amuser de leurs réactions paniquées. Les animations qui accompagnent tout cela sont un régal pour les yeux et témoignent d’un jusqu’au-boutisme dans le souci du détail qui force le respect.
Une aventure principale et beaucoup d’à-côtés
Autre bonne idée de ce village, les activités sur place ne manquent pas et surtout, même lorsque l’on pense en avoir atteint l’extension maximale, le jeu parvient constamment à nous surprendre en dégainant une nouvelle idée qui mises bout à bout composent un jeu des plus convaincants et surtout éminemment agréable à lancer et à parcourir, dès les premières minutes jusqu’à la fin de l’aventure quelques heures plus tard.Quelques heures de temps, voilà une notion bien vague pour définir la durée qu’il vous faudra pour venir à bout du jeu. Si les plus impatients atteindront sans doute le générique de fin en une dizaine d’heures intenses, il y a fort à parier que rares seront les joueurs qui chercheront ce challenge. En effet là où le titre n’a fait que grandir dans notre estime, c’est dans le soin non négligeable porté non seulement à ses à-côtés mais aussi dans la construction de son aventure et sa magistrale réalisation.Si nous ne dévoilerons rien sur le second point afin de ne pas gâcher le plaisir intense pris à parcourir chacune des péripéties qui accompagnent le déroulement de l’histoire, nous développerons seulement quelques points afin de partager notre enthousiasme total une fois l’aventure achevée et ainsi convaincre les sceptiques, eu égard à la réputation non feinte de relative facilité ou plus exactement d’accessibilité qui colle aux jeux de la licence Kirby.Certes Kirby et le monde oublié ne déroge pas à la règle, proposant deux niveaux de difficulté (Brise et Ouragan), ainsi que des exigences de paliers requis pour accéder aux niveaux suivants assez minces. Toutefois, et c’est là assez classique dans les aventures de la boule rose, comme dans celles du petit dragon vert Yoshi, l’appréhension des niveaux ne se résume pas seulement à venir à bout d’un parcours donné mais surtout à compléter l’ensemble des objectifs en chemin, en ramassant tous les items requis.
De ce point de vue, la mission est plus qu’accomplie, chaque niveau s’accompagnant de sa liste d’objectifs au départ cachés qu’il convient de débloquer en furetant dans chaque stage de tous les côtés et en jouant avec panache, évitant les blessures ou les chutes pour s’offrir une traversée parfaite et sans accroc.Si certains ne jureront que par l’accomplissement de stages parfaits, le jeu exhibe d’ailleurs fièrement votre pourcentage d’avancée à chaque écran de pause, ce système à plusieurs niveaux de lecture offre également un bon moyen pour les plus jeunes d’avancer sans frustration. Il permet aussi de gagner en dextérité grâce au gameplay progressif et rarement injuste, tirant parti des formidables capacités de Kirby.
Ce dernier se dirige avec une facilité déconcertante, exécutant des attaques précises, rebondissant avec légèreté au sol, flottant malicieusement au-dessus des précipices. Le jeu ne renie ainsi jamais son passé avant tout orienté action plus que plateforme, proposant de jolis moments d’affrontements grâce à l’utilisation des capacités de transformation de Kirby, plus au cœur du propos du jeu que jamais.
Une réalisation digne d’un chef-d’œuvre !
Quelle ne fut pas notre surprise de constater l’originalité, pour ne pas dire l’audace mise dans l’univers ici dépeint. D’une série à l’apparence si joviale voire enfantine, les choix de réalisation faits par les équipes de HAL Laboratory pour ce jeu forcent le respect.Alors que l’histoire nous embarque au tout début dans une odyssée que l’on pense cousue de fils blancs, sur les chemins molletonneux d’un Kirby aussi mignon qu’hilare, armée de son insolente gaieté, presque aussi grande que l’est son appétit, on glisse subrepticement dans une ambiance et un propos qui se complexifient, s’étoffent et dessinent le cadre d’une histoire riche, pour ne pas dire profonde.Déjà les indices laissés par des environnements très étonnants pour cette licence dès les premiers niveaux posaient là un contraste des plus curieux mais pour autant sans fausse note aucune. La ville aux accents très réalistes, signes du passé oublié d’une civilisation industrialisée, qui constitue le théâtre du jeu, avec ses centre commerciaux, ses artères bétonnées, ses centrales hydro-électriques et ses rues pavées circulant entre bâtisses en briques, usines et lampadaires d’esprit victorien, abrite les monstres colorés tirés du bestiaire de Kirby, ainsi que les aliments en pagaille qui servent à notre héros pour combler son appétit insatiable et lui redonner de la santé.
Que se cache-t-il derrière le délabrement d’une civilisation jadis prospère ? Comment interpréter les rues désertes, les véhicules jonchant le sol, les allées colorées et bondées du parc d’attraction de Wondaria, aujourd’hui seulement animé par d’imposants et inquiétants robots qui ont remplacé les habitants introuvables ?Bien sûr les questions ne viennent pas directement à l’esprit du joueur qui se délecte avant tout des coups de crayon qui dessinent sur ce squelette urbain des trésors de couleurs, une flore luxuriante et de ravissants effets de lumières. Rien ne ternit en effet l’apparence de stages tous originaux, dessinant des tableaux savoureux sans être écœurants et sans que des problèmes techniques viennent rompre le charme. Tout au plus on notera de rares moments de ralentissement quand Kirby s’approche de l’eau mais rien de gênant en action.
De plus, un superbe ballet de musiques embellit un jeu à l’esthétique magistralement orchestrée. On apprécie les airs enchanteurs du monde de Naturaplena qui s’inscrivent bien dans la gaieté inhérente à l’OST d’une licence reconnue pour l'allégresse de ses morceaux accrocheurs. De légère à épique, la bande-son du jeu ne lésine pas sur les élans parfois dantesques afin de porter une action qui s’accélère et en particulier arrivés les derniers instants de l'aventure qui, et c’est la seule chose que l’on dira dessus, se hissent sans peine parmi les plus belles réalisations de ces dernières années et méritent à eux seuls de foncer sur ce jeu !Vous aviez aimé les séquences intenses de Super Mario Galaxy ? Vous n’aurez alors aucun mal à succomber à ce que propose Kirby et le monde oublié. Le jeu nous séduisait déjà par sa réalisation novatrice et audacieuse pour la licence, il a fini par nous emporter et il y a fort à parier qu’il reste dans les annales.
Un Kirby taillé pour la 3D et l’action
Côté technique c’est bien sûr l’arrivée dans un univers 3D qui a marqué les esprits. Loin du monde ouvert un temps escompté, le jeu se déroule dans des niveaux dirigistes, panneaux fléchés à la clef, où les obstacles ne viennent plus seulement du côté mais peuvent surgir de toute part, tout comme nos attaques.Kirby propose ici une palette de pouvoirs toujours subtilisés à ses adversaires, sauf qu’à la différence de ce que la série a l’habitude de proposer, les capacités deviennent des aptitudes quasi pérennes, à améliorer et mobilisables presque comme bon nous semble. La raison à cela ? Une armurerie au sein du Village Waddle Dee où en échange de pièces-étoiles entre autres, un artisan Waddle Dee stocke les pouvoirs et est en mesure de les améliorer selon plusieurs stades d’évolution.Kirby voit ainsi ses pouvoirs grandir au fur et à mesure du jeu et le résultat est des plus intéressants. Permettant de renouveler le gameplay, ce système suscite également la curiosité et l’envie de partir à la conquête des défis de la Route des trésors qui récompensent de gemmes rares nécessaires à l’achat des évolutions des pouvoirs.
Ces pouvoirs ne sont certes pas aussi nombreux que ce que la licence avait pu offrir, comptez une petite quinzaine ici. Toutefois avec leurs évolutions multiples, leur gameplay hautement différencié ainsi que les costumes associés, toute redondance est évitée et c’est l’embarras du choix qui s’offre au joueur quand vient le temps de se mesurer aux ennemis les plus coriaces.Kirby oblige, les fondamentaux de la franchise sont respectés, aussi les boss traditionnels dans les jeux de la licence sont de la partie, avec évidemment la participation de l’arbre belliqueux Whispy Woods, relooké pour l’occasion en cocotier des îles.
Lors de ces affrontements, libre à nous de choisir quel pouvoir endosser afin de terrasser notre adversaire au sein d’arènes qui permettent de tirer pleinement partie de la 3D du jeu, Kirby se faufilant aisément entre les pattes de dangereuses créatures ou flottant par-dessus les attaques fusant de toute part, notamment de ce premier boss gorille largement dévoilé dans les premières images du titre.Celui-ci marque sans doute un clin d’œil touchant à la légende qui entoure le nom de la boule rose, John Kirby étant le nom de l’avocat ayant défendu Nintendo au moment où la compagnie était attaquée pour plagiat du personnage de King Kong avec la sortie de Donkey Kong.
De même que pour les stages, ces combats ne présentent pas une difficulté outrancière. Quelques aides sont tout de même proposées au fil de l’aventure, comme l’assistance de certains objets salvateurs à acquérir au sein du village.Si défi il y a à chercher, il serait plutôt à trouver dans les stages de la Route des trésors. Ces petits challenges chronométrés offrent un panel de micro-stages à effectuer en parallèle des niveaux du jeu. Ils récompensent de gemmes rares précieuses une fois rentré au village et permettent également d’apprendre à maitriser les pouvoirs et leurs évolutions.
S’ils sont loin de présenter la difficulté des niveaux de pure plateforme proches sur la forme d’un Super Mario Sunshine, ils sont néanmoins chronométrés et le jeu propose de nous narguer avec un temps maximum proposé à ne pas dépasser qui demandera une dextérité certaine pour y parvenir. Avis aux amateurs de challenge corsé pour les accomplir tous dans le temps imparti.Enfin une dernière nouveauté importante du titre fait suite à la séquence d’ouverture du jeu. Alors que Kirby traverse ce mystérieux vortex, il subit des transformations physiques violentes qui lui octroient une nouvelle aptitude : celle du transmorphisme. Kirby peut à présent non seulement aspirer et avaler ce qui passe à portée de sa bouche mais également recouvrir de son corps extensible, comme une seconde peau rose, certains objets brillants de ce monde oublié.
Chaque nouvelle transformation permet ainsi de prendre possession d’un objet, la plupart du temps objet étranger à la série et propre à l’univers réaliste du monde oublié. La voiture permet ainsi à Kirby de foncer à toute allure, le cône de chantier d’effectuer de redoutables attaques au sol ou bien une simple arche se transforme en parapente qui permet de s’élancer dans les cieux.La grande inventivité qui découle de ces transformations permet d’étendre un peu plus la richesse du gameplay qui s’avère aussi diversifié que les manières d’appréhender Kirby. Tantôt on se rapproche d’un niveau à la Super Mario Galaxy 2, à traverser des plateformes instables peuplées d’ennemis, tantôt c’est une phase d’énigme dans une zone semi ouverte qui nous attend.
La linéarité des stages s’avère ainsi parfaitement tempérée par les points de vue variés présentés au joueur. Ce dernier n’a d’ailleurs qu’un contrôle partiel sur l’action, en effet la caméra du jeu est fixe de bout en bout, évitant ainsi les erreurs souvent reprochées aux jeux en 3D mais cantonnant l’action de Kirby et le monde oublié à un aspect parfois un tantinet arcade qui pourra frustrer certains.
L’aventure t’attend dans les étendues du nouveau monde…
Affronte tes craintes, encore et encore…
La tension monte. En route pour une virée palpitante »
Voilà quelques paroles tirées du morceau qui accompagne l’arrivée de Kirby dans la métropole déserte de ce monde oublié et mystérieux qui obéit à sa propre langue et sa propre écriture. Le chef-d’œuvre concocté par les équipes de HAL Laboratory marque assurément un tournant dans l’écriture d’une série qui célèbre cette année ses 30 ans de la plus belle des façons, avec un jeu appelé à faire date tant il convainc dans sa réalisation et par le pur plaisir qu’il procure.
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