Test de Labyrinth City: Pierre the Maze Detective, un jeu d'enfant ces labyrinthes !
Détectives en herbe, sortez petits cailloux, carte et boussole, Labyrinth City nous entraine sur les chemins escarpés de labyrinthes grandioses, dans une aventure colorée et bon enfant… mais également entièrement fléchée. Drôle de concept !
TestÀ la suite du jeu Homo Machina (2019) qui nous permettait de découvrir le fonctionnement du corps humain, Labyrinth City se veut l’adaptation d’une série d’ouvrages japonais pour la littérature jeunesse signés Chihiro Maruyama et Hiro Kamigaki, racontant les aventures du jeune détective Pierre.
Peut-on néanmoins retranscrire en jeu vidéo les mécaniques et le plaisir, probablement partagé par beaucoup, des grands livres du genre labyrinthique, peuplés d’innombrables personnages et propices à aiguiser nos méninges et nous faire plisser les yeux ?
Un itinéraire cousu de fil (d’Ariane) blanc
La réponse à cette question qu’ont due se poser les développeurs ne trouve toutefois pas de réponse aisée. Tout dépend en fait de l’âge avec lequel vous abordez le titre. Coupons court très vite également, le format choisi par le jeu le fait se distinguer drastiquement des titres comme Où est Charlie ? En effet il ne s’agit pas ici de parcourir du regard un environnement figé où seuls nos yeux peuvent nous aider à mettre la main sur le sésame tant recherché.Labyrinth City est un jeu d’exploration où l’on emmène notre héros Pierre de tableaux en tableaux, avec à chaque fois le même objectif, rattraper ce sacripant de Monsieur X, auteur du vol de la Pierre Labyrinthique, un ancien artéfact réputé magique qui était conservé au musée d’Opera City.
En commençant cette aventure, on est frappé par l’aspect enchanteur des décors. Le travail de Hiro Kamigaki de IC4DESIGN, en charge des illustrations des ouvrages, est très joliment transcrit à l’écran. Les couleurs sont éclatantes, les détails fourmillent, avec une douce impression crayonnée et de fait main. La ligne est tremblante et les rendus aquarelle sont du plus bel effet. Quel bonheur ainsi de découvrir des paysages spectaculaires où l’imagination débordante s’immisce dans le moindre recoin.
Si toutefois la magie opère, force est de constater qu’elle s’amenuise à la longue, la faute à la jouabilité rigide du titre. Alors que notre désir le plus grand est de parcourir ces tableaux comme les ponts suspendus du grand arbre ville ou bien les escaliers enchevêtrés de la bourgade dans les montagnes, l’exploration s’en trouve réduite à faire avancer Pierre le long d’un rail, sans aucune liberté. Le jeu ne consiste ainsi qu’en un long couloir sans fin (ou presque), l’itinéraire s’avérant être cousu de fil (d’Ariane) blanc, où l’on pourchasse sans grande difficulté le même objectif à l’extrémité, ce satané Monsieur X, qui nous attend et nous glisse irrémédiablement entre les doigts.
Chemin faisant, j’ai croisé… une statue qui parle !
Pour animer cette déambulation dans ses couloirs colorés, le jeu mise malgré tout sur l’interactivité. En effet les personnages et objets avec lesquels nous pouvons interagir sont légion et l’on ne peut s’empêcher de déclencher telle fontaine, parler avec telle statue (étonnamment parmi les créatures les plus bavardes du titre) ou ouvrir telle fenêtre.Les développeurs s’en sont donné à cœur joie, dissimulant dans ces cachettes plusieurs des lettres de Monsieur X qui font partie des collectibles à accumuler dans chaque tableau, et proposant des dialogues ou références culturelles très variées (littéraires, musicales).
Dès lors comment rompre l’ennui qui se fait sentir ? En allant contre tout bon sens et en choisissant délibérément le mauvais chemin. En effet pour peu que l’on veuille jouer avec un minimum d’intérêt quand on a dépassé l’âge de 8 ans, chercher l’arrivée du tableau ne suffit pas.
La raison en est que des flèches violettes sont présentes ou apparaissent fréquemment le long du parcours pour nous guider vers les points d’étape, variables de 3 à 6 selon le tableau, puis jusqu’à Monsieur X. On en vient ainsi à adopter une curieuse manie dans un jeu de labyrinthe, celle de prendre systématiquement la direction opposée aux flèches afin de chercher dans les culs-de-sac non pas le bon chemin mais bel et bien les collectibles que sont les lettres, les étoiles jaunes, les coffres contenant des Souvenirs ou encore le trophée de chaque tableau matérialisé par un mini-jeu d’adresse, de mémoire ou d’observation concocté à chaque fois par un ours polaire en vadrouille dans ces contrées colorées.
Nous conclurons sur ce point mais le titre se hisse ainsi sans crainte parmi les must have pour les parents en quête du parfait premier jeu vidéo à faire tester à leur bambin.
Tout y est en effet réuni, à commencer par la mise en scène de l’histoire, autre bon point dont peut se targuer le jeu. On ne peut en effet s’empêcher de déceler les ressorts qui ont amené les développeurs à construire un titre aux petits oignons pour les plus jeunes, avec une narration bienveillante, jamais outrancière et portée par des animations façon cases de bande dessinée qui nous content une histoire des plus élémentaires (mon cher…), avec Pierre dans le rôle de Sherlock Holmes et son amie Carmen dans le rôle du Dr. Watson.
Néanmoins ces choix peu originaux, couplés au jeu d’acteur de la narratrice, communiquent un enthousiasme face auquel on peut difficilement rester de marbre, finissant par nous prendre au petit jeu de la course poursuite et au gimmick de chaque fin de tableau où le maudit Monsieur X, et ses faux airs de Fantômas, parvient à se faire la malle.
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