Aliens, le retour
Dans les faits, c'est suite à l'invasion de la Terre par Fu, un chef alien psychopathe, que Travis se voit obligé de repartir au front. Toujours guidé par Sylvia Christel, la responsable de l'association des assassins unis et également le crush ultime de Travis, ce dernier ne peut pas faire autrement quand sa ville, Santa Destroy, et ses amis sont menacés.
Prétexte à un nouveau classement d'assassins cette fois extraterrestres, Travis va devoir affronter les uns après les autres tout un clan d'aliens aux physiques et aux philosophies bien éclectiques et surtout vintage. Et bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Mais ça les fans de No More Heroes ne seront pas surpris !
L'habillage ne fait pas le moine
Ce qui ne surprendra pas non plus les fans de la série, c'est l'aspect purement récréatif de l'univers de No More Heroes III. Brassant des références diverses et variées en permanence, on s'amuse à reconnaitre les clins d’œil à d'autres jeux vidéo, des films, des séries animées, sans parler du quatrième mur qui brise régulièrement la frontière entre le jeu et la réalité.
Le jeu s'articule ainsi sur une structure d'épisodes où chaque segment est systématiquement enveloppé d'un pré-générique sur l'état du classement et ses enjeux, d'un générique d'intro (puis de fin) similaire, d'une séquence intermédiaire (quasiment) hors sujet sur la passion de Travis (ou plutôt de Suda51) pour un grand réalisateur japonais. Sans compter tous les petits panneaux titre aux habillages bien oldies qui ne cessent d'intervenir. Un rythme qui vient quelque peu cloisonner le jeu alors qu'il n'en avait pas forcément besoin.
Travis, un homme d'habitudes
Après un deuxième épisode qui s'affranchissait de l'open world pour ne se concentrer que sur les combats (et accessoirement les mini-jeux façon 8 bits), ce qui avait pour effet de rendre le jeu plus dynamique mais aussi beaucoup plus court, No More Heroes III reprend lui la structure du premier épisode.
On alterne ainsi de l'exploration en ville, en quête de combats ou de mini-jeux pour payer les frais d'admission aux duel de boss. Si dans No More Heroes 1 la quête d'argent pouvait être un peu longuette (surtout sur la fin), elle nous a semblé ici beaucoup moins fastidieuse. D'une part il faut beaucoup moins d'argent et on en gagne beaucoup plus facilement, d'autre part quelques ajustements ont été faits pour soulager le joueur.
Ainsi il est tout à fait possible d'appeler sa moto de n'importe quel endroit, là où dans le premier épisode elle restait là où on l'avait laissée, même si on était parti plus loin à pied. Mais aussi, il devient assez rapidement possible de voyager entre les différentes zones en s'y téléportant automatiquement. Car oui, Santa Destroy n'est plus la seule zone à explorer, quelques autres viennent s'y ajouter, et on les débloque au fur et à mesure de la progression.
En plus du visionnage des habillages et génériques sus-cités, une nouvelle routine s'installe rapidement chez le joueur : effectuer trois combats dits classés avant de pouvoir accéder au duel alien. Ces combats, généralement en ville ou dans des bases aériennes extraterrestres, vous opposent à quelques adversaires aux design douteux qui vont vous permettre de déchaîner toute votre fureur.
Mais vous avez également la possibilité de flâner dans les décors globalement moches des environnements proposés : que ce soit pour faire des mini-jeux ou acheter des objets, tee shirts ou bouffe à l'étalage. Les mini-jeux de No More Heroes ont toujours été d'un intérêt relatif, mais ici on touche sans doute le fond, entre le nettoyage de toilettes publiques, le retour de la tondeuse ou encore le minage de minerai dans des grottes. Une course poursuite de brigands en moto s'avère toutefois un peu plus fun que le reste.
Vous l'aurez compris, l'exploration entre duels a le mérite d'être moins longue qu'auparavant, mais en contrepartie n'est pas des plus palpitantes. Nous insistons un peu sur les décors : avec ses immeubles qui popent à trois mètres, la ville Santa Destroy est moins belle que dans la version cell-shading du premier épisode. Quant aux autres environnements ils font le minimum syndical, avec quelques bâtiments post-apocalyptiques sous filtre VHS, à la grande étendue de vide absolue de Neo Brazil.
En 2019, le spin-off
Travis strikes again avait joué la carte de la pauvreté graphique. Même si ce n'est pas aussi catastrophique, on pouvait tout de même s'attendre à mieux d'un épisode canonique.
Heureusement les combats sont cool
Heureusement les combats au sabre sont toujours aussi cool. La fureur de Travis au combat est toujours aussi bien rendue grâce à de nombreux effets visuels. Et surtout, manette en mains, c'est un vrai plaisir de charcuter des aliens ridicules avec le katana.
Les combos pleuvent à force de marteler les deux boutons de frappe. Les prises de catch sont toujours présentes, même si elles sortent de manière un peu moins intuitives que dans les deux premiers épisodes. Les armes qui se frottent nous amènent toujours à mouliner du Joycon ou du stick droit pour reprendre le dessus. Les finish sous forme de flèches indiquant la direction à incliner au Joycon ou au stick droit sont toujours de la partie.
Travis peut désormais sauter (en ville aussi) et faire de nouvelles attaques combinées avec ces sauts. Mais surtout, les très bons pouvoirs spéciaux issus de puces électriques sont importés de Travis Strikes Again ! Se projeter violemment sur les ennemis avec ses pieds, projeter l'ennemi au loin tel un Jedi, empoisonner ou ralentir les ennemis dans une zone sont à utiliser avec un bon timing puisqu'ils prennent un peu de temps à se recharger. Ils ont en tout cas le mérite de grandement varier les combats. Un très bon point donc.
Cerise sur le gâteau, Travis peut ponctuellement revêtir une armure de mecha pour effectuer des attaques dévastatrices. Armure qu'il peut d'ailleurs utiliser pour de rares combats dans l'espace accessibles depuis l'open world, face à des robots aliens géants avec une petite vibe Starfox (vite vue).
Toutes ces compétences peuvent être améliorées dans une machine située au motel. Moyennant quelques unités spéciales, la vitalité, l'énergie électrique, la puissance et quelques autres caractéristiques feront la différence en combat une fois améliorées.
Une grande saga de n'importe quoi
Les temps forts du jeu sont évidemment les combats contre les boss, tant d'un point de vue narratif où les dialogues perchés et situations burlesques fusent pendant les cinématiques que d'un point ludique avec des phases de combats relativement variées.
Nous ne vous révèlerons aucune situation, ne serait-ce que pour ne pas gâcher la surprise de ceux qui attendent ces nouvelles aventures de longue date (mais aussi parce qu'il y a un document que nous définirons de "bienveillant" qui nous somme de ne rien révéler) !
De même que nous laisserons chacun libre de l'appréciation de ces séquences. Pour notre part, nous avons trouvé que le désamorçage des situations, déjà présent dans les autres épisodes, était ici utilisé de manière un peu trop systématique, avec pour conséquence de dénaturer un peu les enjeux et les situations au point de faire perdre toute considération avec les personnages et leurs états d'âme.
Le seul qui s'en sort un tant soit peu est Travis, qui garde quelques préoccupations affectives tout au long de la progression, comme seul lien avec le joueur vis-à-vis de son héros. En dehors de ça, Travis qui se dandine de joie le regard vide après avoir réussi une mission de débouchage de chiotte n'a plus vraiment la classe badass d'antan. Et c'est peut-être ce que l'on reproche principalement au jeu qui une fois terminé, nous donne plutôt envie de botter en touche.
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