Vos cris résonnent dans le complexe vide...
Votre vaisseau s'est écrasé sur une mine qui, apparemment, n'est plus vraiment en exploitation. Vous incarnez Elster, et devez retrouver votre coéquipière/pilote/seule personne qui constitue votre équipage. Enfilez votre combinaison, sortez dans la station minière et allez donc explorer l'intérieur. A vos risques et périls.
La narration de Signalis est volontairement cryptique : comme le personnage que vous incarnez, vous ne savez pas grand-chose de votre environnement. Les éléments de l'univers vous parviennent via des affiches de propagande, des rapports abandonnés et maculés de sang, ou des notes griffonnées au gré de vos pérégrinations. Les plus attentifs remarquent d'ailleurs de nombreuses références : d'Alien à Lovecraft, il n'y a qu'un pas, apparemment franchi par les développeurs. Les membres du complexe semblent avoir été pris de folie, vous trouvez un exemplaire du Roi en Jaune dans une pièce qui n'a rien à faire là, les êtres vivants sont infectés par un truc très étrange et veulent vous tuer... Vous voyez le tableau.
Survival horror donc, tel est le genre de Signalis. L'exploration est au centre du gameplay avec des portes à ouvrir, des lieux à découvrir et des objets à combiner pour avancer. Votre progression est parsemée d'énigmes environnementales, façon escape game, qui ajoutent de la tension : elles sont toutes logiques, que ce soit dans leur emplacement ou dans leur résolution. Cette porte est fermée ? L'énigme consistera à crocheter la serrure. Ce coffre est verrouillé ? Explorez et trouvez le code. On apprécie particulièrement cette progression pragmatique qui ajoute pourtant sa dose de suspense : qu'allez-vous trouver derrière cette porte ? Quelque chose va-t-il vous sauter dessus ?
... mais est-il vraiment vide ?
Trois modes sont à votre disposition dans Signalis : Normal et Survie limitent vos ressources, notamment les munitions, accentuant la tension et l'angoisse ; Relax, lui, est plus un mode facile, pour profiter de l'histoire et rendre accessible le titre au plus grand nombre. On retrouve dans les mécaniques de jeux, des choses que l'on trouve souvent dans les survival horror : l'inventaire est ici limité à six emplacements (dont deux sont pris par votre arme et ses munitions), la sauvegarde s'effectue à des "sanctuaires", des bureaux avec ordinateur où vous pouvez aussi stocker quelques objets pour les retrouver au même endroit. Alors oui, cette mécanique génère des aller-retours, mais le jeu les gère plutôt bien en vous offrant des raccourcis et des moyens d'optimiser les déplacements (à condition de ne pas être trop tête en l'air).
Signalis possède deux mécaniques de jeux principales : la résolution des énigmes, qui fait partie de l'exploration et qui demande des objets, un brin de réflexion et de ne surtout pas se laisser envahir par le stress des lieux visités ; et le combat. Pour cela, vous devrez principalement récupérer une arme et des munitions. Ensuite, vous pourrez viser en maintenant ZL. A ce moment-là, le joystick droit sert à viser, tandis qu'avec le gauche vous continuer d'avancer, mais plus lentement. Impossible, donc, de courir en tirant à tout va. ZR sert de gâchette pour tirer votre coup. Rapidement, vous vous rendrez compte qu'une seule balle n'est définitivement pas suffisante pour ce à quoi vous devez faire face. Le jeu vous encourage à fuir, à vous souvenir que vous pouvez achever les créatures d'un coup de pied une fois à terre pour ne pas gaspiller vos munitions. Entre autres tips laissés par de sanglants messages.
Au-delà de cela, vous vous rendez rapidement compte que vos déplacements sont relativement lents. Il est possible de courir avec B ou R selon ce que vous préférez. Mais le rythme même du jeu oscille entre le lent et le rapide, entre les phases d'angoisse à explorer un lieu d'apparence vide (mais à scruter le moindre sac de peur de voir quelque chose surgir) aux fameux jumpscares qui ne manqueront pas.
Survivre...
Signalis dispose d'une signature (nous étions obligé de la faire) particulière. Avec son graphisme en 3D asymétrique, tout en pixel art, et avec une direction graphique d'une efficacité redoutable, le jeu nous donne le frisson dès les premières minutes de jeu. Si vous prêtez attention aux détails, vous vous rendrez compte que les caméras de surveillance suivent vos mouvements (mais dans cet endroit déserté, qui contrôle les caméras ?), les affiches et autres documents vous donnent le contexte et donnent à Signalis une teinte de science-fiction dystopique. Mais aussi le scintillement des graphismes ou leur tressautement : puisque votre équipement a été endommagé, l'affichage saute, scintille, se brouille par moment. Vous pouvez régler le niveau dans les paramètres pour toute personne ayant des problèmes de vue ou d'épilepsie.
Les références sont, nous l'avons dit, très nombreuses. A celles déjà citées, nous pouvons rajouter Alone in the dark pour le genre, Dead Space pour l'environnement SF, mais aussi Blade Runner pour l'omniprésence d'androïdes, ou encore différents mangas comme Léviathan de Shiro Kuroi. Que de références ! Mais pourquoi vous les évoquer ? Parce que Signalis s'intègre parfaitement dans le sillage des grandes œuvres de hard science fiction non pour "faire comme les autres" et n'être qu'une nouvelle copie d'un concept, mais pour s'en imprégner et y ajouter sa patte.
Conçu par deux personnes (car tel est l'effectif de Rose-Engine), Signalis donne le ton dès les premières secondes et parvient à poser son ambiance. Le jeu est sombre, les bruitages réduits au minimum pour une immersion d'autant plus impressionnante qu'on sursaute au moindre bruit. Tout est beaucoup trop calme dans ces couloirs ponctués uniquement de votre respiration et du chuintement sourd des sas qui s'ouvrent et se referment sur votre passage. Allez-vous survivre à l'expérience ?
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