Test de Streets of Rage 4 : Entre Beat Them Up et VS. Fighting
Après notre longue preview du titre, l’heure du bilan est venue. Notre déception de départ s’est-elle confirmée ? En partie, et on vous explique pourquoi dans ce test.
TestUn amour débordant
Un point sur lequel nous n’avons pas assez insisté lors de la preview, c’est le respect et l’amour des développeurs pour la franchise. Streets of Rage 4 n’est clairement pas un projet opportuniste qui s’est payé la licence de SEGA pour faire de l’argent facile. On sent que les développeurs aiment sincèrement Streets of Rage et ont tout fait pour satisfaire les fans.En résulte un titre au fan-service débordant, mais jamais outrancier. Le lore est exploité de fort belle façon et on apprécie vraiment de croiser de vieilles connaissances ou de visiter des lieux inédits, semblant pourtant avoir toujours appartenu à la saga, on pense notamment au commissariat. Et si la saga n’a jamais été dotée d’un scénario complexe, on apprécie l’effort d’avoir créé une suite aussi fidèle au matériel original.
La générosité des développeurs ne s’arrête pas là, puisqu’on le retrouve aussi dans la durée de vie et les modes annexes. Rien de fondamentalement révolutionnaire, mais on apprécie le fait d’avoir des choses à débloquer, fait devenu assez rare aujourd’hui. Les jeux ont tendance à nous donner accès à tous les personnages d’emblée et d’avoir recours aux DLC pour gonfler le contenu du jeu. Streets of Rage 4 reste fidèle à la philosophie des jeux d'avant l’ère du tout connecté, et cela fait du bien de jouer pour débloquer de nouvelles choses. Entre sa douzaine de personnages, ses modes arcade et boss rush, il y a de quoi faire une fois l’aventure bouclée une première fois.
Si Streets of Rage 4 est une véritable déclaration d’amour à la licence de SEGA, il est aussi, et surtout, un titre résolument différent de ses prédécesseurs, et a toutes les chances de diviser les fans.
Un gameplay dynamisé qui s’éloigne des bases
On a largement évoqué le gameplay du titre dans nos impressions, on s’en contentera donc de compléter notre ressenti ici. Même après une vingtaine d’heures sur le titre, notre ressenti est le même : Streets of Rage 4 n’est pas la continuité du gameplay des épisodes précédents.Là où Streets of Rage 3 avait tenté de dynamiser le gameplay du deuxième opus en donnant plus de mobilité à ses personnages, ce qui avait déjà divisé les fans, Streets of Rage 4 choisit lui d’orienter la série vers le jeu de combat, en y intégrant des mécaniques inédites pour la série, en partie emprunter à leur titre précédent : Streets of Fury.
Cependant, le jeu reprend clairement certains éléments typiques sur la série : Streets of Rage 2 reste le moule de base, avec ses personnages peu mobiles, et quatuor de base composé d’un personnage très lourd mais très puissant, d’un personnage faible mais plus rapide, et deux personnages plus équilibrés. On peut ainsi assimiler Floyd à Max, Cherry à Skate, tandis que Axel et Blaze conservent plus ou moins les mêmes caractéristiques. Hormis, et on insiste volontairement sur ce point, une lourdeur un peu plus marquée.
Le jeu apporte aussi, et surtout ses propres mécaniques, visant à dynamiser les combats. Il met donc davantage l’accent sur la maîtrise des combos, des juggles et sur une connaissance des mouvements de ses adversaires.
Certains de ces éléments collent parfaitement à a philosophie des beat them up et même de Streets of Rage : déjà à l’ère 16bits, il fallait connaître les réaction d’Abadédé pour éviter ses charges dévastatrices ou anticiper les sauts des jumelles Mona et Lisa pour pouvoir les toucher. Mais on fera le même constat que précédemment, Streets of Rage 4 a mis clairement une emphase sur ce point.
Un rééquilibrage logique sur le papier, car les personnages disposent aussi de leurs attaques spéciales qui puisent dans leur jauge de vie, tout comme dans Streets of Rage 2. Petite différence non négligeable ici cependant, vous pouvez récupérer la santé mise en jeu en frappant les adversaires sans prendre de dégâts.
Évidemment, plus le niveau de difficulté est haut, plus la santé mise en jeu pour réaliser l’une des deux attaques sera importante, et donc plus le nombre de coups à asséner sans se faire toucher sera grand.
Enfin, le juggle, la possibilité de jongler avec les adversaires, en continuant de les frapper tant qu'ils sont en l’air, devient une mécanique essentielle et il faudra apprendre à en user et en abuser. Les adversaires rebondissant contre les murs invisibles délimitant l’écran, tout est fait pour que le joueur s’en serve autant que possible.
Dernière “nouveauté”, les adversaires bénéficient de frame d’invulnérabilité, parfois plutôt longue, période durant lesquels ils prennent les dégâts mais ne peuvent être renversés. Ces périodes étant généralement signe qu’ils préparent leur attaque la plus puissante. Si vous prenez une seconde de trop à réagir, la punition est sévère.
Guard Crush Games a donc rajouté de nombreuses mécaniques de jeu de combats dans le gameplay de Streets of Rage 2, le rendant bien plus dynamique à regarder. Le jeu est beau et bouge superbement bien, mais manette en main, il y a toujours ce petit quelque chose qui cloche comme on l'avait longuement évoqué lors de nos premières impressions.
Un mot enfin sur le mode multijoueur.
Si on regrette de ne pouvoir partager l’expérience qu’à deux en ligne contre quatre en mode local, les sessions se sont systématiquement montrées plaisantes et fluides. Le plaisir de jeu est nettement meilleur à plusieurs, même lorsque vous jouez avec une personne moins expérimentée.En revanche l’impossibilité de continuer le niveau au même endroit après avoir épuisé toutes nos vies comme dans les jeux d’origine risque de décourager les joueurs les moins téméraires, et on privilégiera donc les autres volets pour des sessions volontairement sans prise de tête.
Mais alors qu’est-ce qui ne va pas ?
Il résulte de ces réajustements un excellent beat them up, exigeant dès son mode facile mais dynamique au possible. On avait des doutes sur son gameplay dans la preview, mais plusieurs heures de jeu supplémentaires ont confirmé que si l’ensemble n’est pas parfait et mériterait quelques réajustements, le gameplay mis au point par Guard Crush Games est efficace.Le problème c’est que ce jeu s’appelle Streets of Rage 4, et c’est là que le bât blesse. Tout comme Resident Evil 4 avait pu être considéré comme un très bon jeu d’action mais infidèle à la série de base, Street of Rage 4 tranche finalement beaucoup trop avec les volets précédents.
Dans Streets of Rage 4, l’habitué de la licence devra non seulement apprendre à maîtriser les nouvelles mécaniques mais surtout oublier tous ses réflexes de joueur de SOR 1,2 ou 3. Voici quelques exemples : les attaques spéciales puisant dans la barre de santé ne permettent plus d’interrompre les assauts de nos adversaires, les attaques sautées ont perdu de leur efficacité, etc...
On regrettera également que le titre lorgne du côté des titres de versus fighting sans en emprunter toutes les mécaniques. La lourdeur des personnages aurait mérité l'implémentation d'une garde, de contre ou d'une esquive. Le titre donne beaucoup de mouvements défensifs aux adversaires, donnant l'impression de ne jamais se battre à armes égales avec ces derniers. Et la faible utilité des attaques spéciales ne viendra pas compenser ce déséquilibre flagrant. Le sentiment de frustration longuement évoqué dans la preview est donc bien présent dans ce SOR 4, mais il est exacerbé par son lien de parenté avec les autres épisodes de la licence.
Streets of Rage 4 mélange donc beaucoup de bons ingrédients et nous sert un plat copieux, c’est certain. Mais l’équilibre ne se retrouve pas à tous les niveaux et peut-être que ses pistaches ont passé un peu trop de temps au four et que son rhum n’a pas reposé assez longtemps.
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