Dossier
La technique au service de l'émotion, ou l'inverse
Ocarina of Time joue sur deux cordes : technique et sensible. Technique d'abord, avec une réalisation attrayante pour l'époque, des environnements soignés (plus que les persos d'ailleurs) et un gameplay tout simplement incroyable. Link est maniable à pleurer, malgré le fait qu'il ne puisse sauter manuellement. On s'y accommodera bien. Les items s'utilisent avec vivacité, les sous-menus et toute leur clique sont soignés et pratiques en toute circonstance… Bref du Nintendo avec une cerise sur le O.Le temple de la Forêt réserve de nombreuses surprises
Sensible, de par son onirisme de tout instant, ses mélodies envoûtantes, ses musiques en format midi façonnées par Koji Kondo (aussi à l'aise dans le registre de l'épique que celui du mystère ou des ténèbres)… OOT est peaufiné jusqu'au dernier pixel ! De quoi en excuser le retard de trois ans du jeu, évoqué à multiple reprise dans les magazines. Tout a été fait, définitivement, pour envoûter le joueur et l'inviter à parcourir un univers magique.
Jusqu'ici, pas de défauts. Et bien il faudra vous y faire, car le jeu n'en possède pas un seul intrinsèquement. Oui. Vous avez bien lu. Mais ce ne sont pas tant ses ingrédients techniques, ludiques et artistiques de haute volée qui font de OOT un chef-d'œuvre. Non. Son sang, c'est son AMBIANCE. Une fois dans le jeu, impossible de s'en défaire, même avec tous les efforts du monde. VOUS êtes LINK, héros d'Hyrule à la main gauche mais au physique angélique… doublé d'un joueur envoûté assis bêtement tel un bipède devant sa télé. L'esprit, lui, est ailleurs. Vous vivez à l'heure de Zelda. On oublie de manger, de dormir et d'aller au travail. Car il y a plus important, sauver la princesse et son peuple !
Rien à ajouter sur cette photo, vous ne croyez pas ?
L'effet papillon ? Non, l'effet Miyamoto !
OOT appartient à cette catégorie de jeux rarissimes touchant au métaphysique. Ce n'est pas un hasard si son concepteur est Miyamoto San, le papa de Mario alias le « Spielberg du jeu vidéo ». Cœur et âme, il s'y est investi pendant 4 ans avec son assistant Takashi Tezuka… et non pas Eiji Aonuma, qui prendra le relais de Miyamoto dès Le Masque de Majora. Sur OOT, il aura ici été « responsable du système de jeu ».Mention spéciale pour les combats contre les boss, dont nul mot ici-bas ne saurait en retranscrire la quintessence, ne serait-ce à demi-mesure, du plaisir procuré lors de certains duels dantesques. Qui n'est pas encore marqué au fer rouge par le combat contre le fantôme de Ganon et son cheval maudit, dans le temple de la Forêt ? Qui ne se souvient pas de la confrontation contre le dragon rouge, dans le temple de Feu ? Du duel final, acmé d'une quête initiatique intemporelle ? Et que dire de la religiosité de l'histoire, d'abord en filigrane avant de se faire de plus en plus persistante à mesure que l'on avance vers la conclusion surprenante et éthérée…
L'objet de tous les désirs et malheurs
Définitivement, avant, pendant ou après le jeu, il y a le choc Ocarina of Time. Le meilleur titre de l'histoire à l'époque, six millions de vente en deux mois. Si ressentir le bonheur, c'est oublier son enveloppe d'humain limité et feindre d'ignorer le bourdonnement sourd de la mort pendant quelques heures, le sourire aux lèvres avec ce sentiment de crever la barrière impossible de l'écran, touché par la grâce et le feu du triangle doré…, alors oui, OOT est un miracle ! Et il ne fallait pas être en 2007 pour s'en rendre compte.
Les plus : Pour l'époque, tout simplement incontournable et époustouflant. OOT est une synthèse magique de l'univers Zelda mais en transcendé.
Les moins : Histoire de dire quelque chose, le jeu plombait votre vie sociale. Et pis peut-être moins de passages secrets que les Zelda en 2D…
Note Rétro : 99
Page suivante, nous vous proposons de lire la seconde partie de ce grand dossier : The Legend of Zelda : Ocarina of Time 10 ans après : la Sagesse. Cette partie vous propose de revenir sur les éléments qui ont fait de cet excellent jeu vidéo un mythe dont on parle encore 10 ans après, à tel point que Nintendo nous en sert le remake 3D sur 3DS !
Vu de près, OOT est un jeu artistiquement très beau, qui exploite sensiblement les capacités de la Nintendo 64. Les couleurs, délavées ou bucoliques, jouent sur plusieurs tons afin de titiller la fibre émotionnelle. Les graphismes hormis les sprites sont assez floutés, pour donner une impression de naturel pendant les déplacements et gommer les détails impropres. On appelle ça aussi de l'anti-aliasing, vous le savez. Certains décors intérieurs sont élaborés en « 3D trompe-l'œil », pour donner un effet de profondeur que la console n'était pas capable de faire. Dans les scènes intérieures toujours, on pouvait switcher en « vue de haut », rappelant fortement les premiers Zelda. Plus que pour le côté pratique, c'est sans doute pour faire un clin d'œil.
Un an et demi plus tard, WW bénéficiera de graphismes plus abouti et d'une meilleure résolution, grâce à l'ajout d'un add-on de mémoire vive que l'on pouvait insérer dans la console. Concernant l'écran de jeu en lui-même in game, il est très informatif puisque l'on peut consulter tout autour du personnage sa vie sous forme de cœur (inchangée en 20 ans !), la barre de magie (qui disparaîtra curieusement dans TP !), et les boutons de la manette auxquels on peut assigner une arme ou un objet. Zelda, c'est aussi des secrets que l'on ne voit pas, comme des grottes cachées qu'on déniche au moyen d'une bombe, des papillons qui deviennent des fées en approchant lentement un bâton de bois vers eux…
Une somme de petits détails qui, mis les uns au bout des autres, constituent un univers parallèle à part entière derrière l'écran. Notez qu'une version remixée de OOT, Master Quest, est sortie sur un cd collector sur Game Cube, accompagné de Wind Waker. Si la difficulté et le level design ont été tirés vers le haut, la galette ne comporte pas de changements majeurs méritant un intérêt particulier. Comme c'est gratuit, on ne parlera pas d'arnaque. Cette version sera disponible sur 3DS, pour ceux qui ne l'auront pas fait.
Le temple de l'Eau n'est pas de tout repos.
Et c'est un euphémisme de le dire !
L'écran titre, qui continue à faire rêver
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