Crossing Souls réussit dès le démarrage à caresser dans le sens du poil avec une petite cinématique, de type dessin animé, qui nous plonge en 1986 dans la petite localité californienne de Tajunga, après qu’elle ait subi un violent orage ayant causé une panne généralisée de nombreux appareils électrique.
On entre dans le vif du sujet avec les deux frères William, l’aîné Chris et son jeune frère de 10 ans Kevin, habitant cette ville et comptant profiter de leur premier jour de leurs vacances. Kevin réveille son frère via un talkie-walkie et lui demande de venir le rejoindre de toute urgence avec le reste de la bande de copains, la jeune Charlie Baker au caractère bien trempé, « Big » Joe Carter le gros costaud et Matthew Bauer le petit Einstein en herbe. Cette introduction nous permet de prendre en main Chris et d’explorer la maison de ses parents, le père enseignant d’Histoire et la mère écrivain, créant son premier roman, clin d’œil à une œuvre de Miyazaki, et le souvenir d’un grand-père Stephen héros de guerre.
Un univers que n'aurait pas renié Papy Spielberg
Ce qui saute aux yeux est le luxe de détails et d’allusions à de nombreuses œuvres des années 80, que les plus jeunes ne repèreront peut être pas immédiatement. Mais pour les plus de trente ans, c’est un régal ! On déplace Chris et un entourage blanc se superpose aux objets proposant une interaction ou une information particulière, on discute avec les personnages pour mettre en évidence de nouvelles données qui seront intégrées dans votre journal ou dans la biographie.
La qualité de la localisation française est très bonne, avec quelques blagues sur notre actualité locale, comme une voisine du nom de Letitia qui se languit de son chanteur Johnny. De l’humour, le jeu en a à la pelle et c’est un vrai régal de tenter de discuter avec tous les PNJ pour dégotter une petite vanne même si d'un autre côté, on évoque sans détour des thèmes plus sombres comme la perte d'un être aimé et la mort en général.
Cette fine équipe de teenagers retrouve donc Kevin et le cadavre d’un certain McKittrick, porteur d’un étrange morceau de pierre de la Douât, un artefact égyptien qui semble être la clé d’un portail vers une dimension parallèle. Un artefact bien dangereux cependant car la pierre peut aspirer l’énergie vitale d’une personne, l’envoyer dans une autre dimension et appartient à la base à un certain Major Oh Rus qui veut coûte que coûte la récupérer.
C’est donc dans un sacré sac de nœuds d’embrouilles que nos cinq jeunes vont devoir se débattre pour rester en vie, pourchassés par les sbires du Major, et comprendre ce qui se cache derrière ce mystère bien surnaturel. Découpée en huit chapitres qui s’ouvrent et s’achèvent par une petite cinématique de type dessin animé bien agréable même si un peu trop brève à notre goût, l’histoire vous accroche bien et vous allez avoir du mal à vous détacher de votre Joy-Con, souhaitant tenter chaque fois d’avancer un peu plus loin dans l’histoire.
Pas franchement fan du style retro pixel en ce moment, votre serviteur s’est cependant largement fait séduire par la qualité du travail graphique : c’est clairement vivant à l’écran, coloré et cela passe très bien. Le scénario, sans éviter quelques poncifs, arrive à vous embarquer dans une aventure qui pioche allègrement dans la plupart des films de l’époque (ah E.T !), avec sa galerie de vilains pas très intelligents et caricaturaux. Le studio espagnol Fourattic a clairement fait du bon boulot, on finit par s’attacher par petites touches à ces gamins clairement très complémentaires pour avancer dans cette aventure.
Ainsi Chris se montre le plus agile du groupe, pouvant escalader des parois ou plantes grimpantes et sauter de plateforme en plateforme, et avec sa batte de baseball fabriqué par son grand-père et offert par son père, il va pouvoir cogner sur les ennemis et renvoyer divers projectiles. Matthew est le petit génie du groupe, un touche à tout capable de construire une machine à rayon Gamma (avec le risque parfois de causer pas mal de dégât).
Il possède un pistolet laser qui sera très utile dans l’aventure, notamment pour déverrouiller divers mécanismes et possède des chaussures à rétrofusées lui permettant de voler pendant quelques secondes. Sa connaissance technique lui permettra de trouver une astuce pour entrer en contact avec la dimension parallèle.
Big Joe est le costaud du groupe, qui vous permettra de pousser de lourdes charges. Charlie est une jeune fille qui s’assume complètement face à son père alcoolique. Il ne faut pas trop la chatouiller car si elle sort son fouet, cela fait mal. Elle peut également se catapulter. Vous passerez aisément d’un personnage à un autre en appuyant sur la touche L, en fonction de vos besoins, la curiosité étant que seul un personnage est visible à l’écran, les autres sont comme fondus à l’intérieur. Kevin le petit frère aura lui de son côté un rôle bien particulier dans l’histoire, mais nous n’en dirons pas plus.
Ce petit cercle avec cette sorte de disquette violette est un point de sauvegarde. On vous conseille chaudement de vous en servir.
Une réalisation de qualité mais souffrant de quelques imperfections
On comprend les intentions des développeurs de nous faire switcher régulièrement d’un personnage à un autre et il faudra bien observer les éléments du décor pour percuter quel personnage sera utile en priorité (ou suivant un enchainement) pour réussir à avancer plus loin. On peut dire que l’action est variée et que tout s’enchaîne bien sur la Switch, sans ralentissement : course poursuite à la paperboy, casse-tête, combat contre des boss, bagarre de rue à la manière de Double Dragon, exploration avec récupération d’objets. Bref entre dix et quinze heures relativement variées, c’est globalement pas mal même si certains passages sont d’une difficulté un peu corsée, en particulier sur la fin.
La prise en main n’est pas toujours évidente, notamment pour sauter en diagonale et certaines vues de trois quarts des bâtiments sont un peu curieuses pour se repérer correctement au niveau de la perspective. On notera quelques choix pas toujours très judicieux comme des combats contre des rats ou des araignées géantes dont on se demande bien ce qu’elles viennent faire là.
On retrouve certaines mécaniques anciennes des jeux d’aventures des années 80 début 90 : on collecte différents objets dans un inventaire que l’on peut consulter en appuyant sur la touche – de votre manette ou Joy-Con, mais ceux-ci ne servent qu’à des moments bien précis. Outre l’inventaire, on peut consulter ses collections (que vous récupérerez au fur et à mesure de votre aventure comme des VHS de films cultes), votre journal notant les informations de votre progression et la biographie nous apportant tout ce qu’il faut connaitre sur un personnage du jeu, PNJ compris. On se déplace d’onglets en onglets facilement via les touches L et R, et même si le texte n’est pas très grand, cela reste lisible.
Pour se battre, outre la touche A qui permettra de donner quelques coups et la touche Y, on pourra récupérer en cassant quelques caisses et autres poubelles des petits cœurs ou mieux des sucettes Chupa-cœur pour récupérer de l’énergie (touche haut et X), des flashs aveuglants et même des bombes artisanales.
Des points de sauvegarde sont régulièrement disséminés au cours de l’aventure, vous disposez de trois slots pour conserver votre avancée. Le Game-Over sera bien présent si vous ne faites pas attention à votre jauge d’énergie mais vous reprendrez au dernier emplacement avant votre décès, ce qui évitera de refaire trop de pans de l’histoire (et certains passages difficiles).
Une rencontre qui s'annonce électrique !
Sympa le décor pour Halloween !
Enfin, on ne manquera pas d’évoquer la qualité de la bande-son, composée par le producteur hollandais Timecop1983, tout à fait en phase avec cette époque des eighties. Des tonalités qui à nouveau évoquent des grands classiques notamment Spielbergiens et de la musique synthétique de qualité. Pas de faute de goût donc et une réalisation étonnamment mature pour une première création.
Si l’on pourra regretter quelques passages ardus alors que la grande majorité du jeu se fait sans grosse difficulté, et quelques baisses de régime dans l’histoire, Crossing Souls nous donne clairement la banane et vous fera passer de très bons moments. L’aventure se fera uniquement en solo même si à un certain moment il faudra gérer le déplacement de deux personnages à tour de rôle. Pas de online, le jeu n’en a pas besoin.
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Mmmhh, et des subtiles comme ça, y en a plein d'autres...
Parce que "on s'en bat les coui**es" dixit le Joueur du Grenier. Je pense d'ailleurs que c'est voulu. Une parodie des jeux de l'époque souvent tournés en dérision par le JdG à cause, en partie, de ça.
Oulah ! Alors j'ai hate que tu nous testes Wasteland 2 ! Tu vas te marrer !