Un testeur moins habile commencerait ce test par le traditionnel et superfétatoire « Square Enix arrive enfin sur Wii !». Souligner cela ne serait, vu l’engouement de la firme pour l’argent facile, que pure tautologie destinée à remplir ce même paragraphe.
Non, Dragon Quest Swords marque certes un moment important dans la vie de la nouvelle machine de Nintendo, mais ce n’est pas celui de l’arrivée d’une firme responsable d’autant de bijoux que de sombres tragédies, discutées qu’à voix basse. Ce qu’il faut retenir de DQS, c’est que, pour la première fois, un titre d’éditeur tiers arrive sur Wii après un vrai effort de développement, plutôt qu’une débauche de facilités confinant à la fainéantise. Explications.
Un slime dans ma Wii !
Alors que nombres de productions actuelles s’empêtrent dans des visuels sub-64iens, les graphismes de Dragon Quest Swords font honneur aux capacités de la machine. Employant un style proche de Dragon Quest 8 sur PS2, cell-shading en moins, DQS est très agréable à l’œil, autant sur le plan technique que sur le plan artistique.Tradition oblige, tous les personnages sont issus du crayon du célèbre Akira Toriyama. Mais, pour une raison inconnue, celui-ci n’a pas versé dans la facilité en reprenant les poncifs associés à son style de dessin : pas de Goku déguisé ni de Bulma avec ou sans lunettes dans DQS. Le héros et Sethia, en particulier, respirent une certaine originalité que l’on pensait éteinte depuis de longues années. Quelle heureuse surprise !
Sur une note plus cruellement technophile, on remarquera que les décors sont beaux, quoique inégaux. Autant la plaine du premier niveau n’est « que » sympathique, autant la traversée d’une étendue de lave, figée dans le temps et traversée de courants magique est superbe. Les monstres, étant la raison d’être du titre, sont nombreux et très bien animés. Bref, DQS prouve sur ce plan que la Wii peut très bien offrir des graphismes de qualité, et que seule la paresse peut expliquer la piètre réalisation des sorties actuelles.
Les amateurs de la série seront par contre attristés par l’absence de son compositeur clé, soit Koichi Sugiyama. Ah ! La vie d’un puriste est difficile, surtout que cette différence n’a presque aucune influence sur le résultat : faites écouter à un néophyte les bande son des DQ 7 et 8, puis faites-le jouer à DQS. Entend-il une différence ? Il est très probable que non. Quelle que soit votre réponse, les musiques sont appropriées et reflètent bien l’esprit du titre.
L’appel de l’aventure.
Sortons de la technique pour entrer dans le ludique. Malgré son pedigree estampillé Dragon Quest, DQS n’est pas un RPG, mais un pur jeu d’arcade à la Virtua Cop. Certes, il est mâtiné d’éléments propres au RPG, mais ils sont largement négligeables.Pour maintenir l’illusion RPGesque, DQS dispose d’un village à arpenter entre les niveaux. Dans celui-ci, on fait progresser le scénario (bateau), on achète des nouvelles épées ou armures et on se prépare pour le jeu proprement dit. Cet élément apporte une profondeur non négligeable au produit, donnant un soupçon d’exploration et d’interaction avec le monde. Le fait d’y pouvoir acheter du nouveau matériel est de plus une jolie carotte pour le joueur empreint de puissance.
Les déplacements dans le village, par contre, laissent à désirer : il faut utiliser le pad, peu pratique, de la wiimote pour se tourner et presser un des boutons pour avancer. La pléthore de loadings qui parsèment le village, aussi, ne manquera pas de réfréner vos envies d’exploration
Mais quittons le village pour entrer dans le vif du sujet. Une fois sur le chemin de l’aventure, le joueur avance sur un chemin déterminé en appuyant sur A ou B. Cela, jusqu’à l’apparition de farouches ennemis, auquel cas la bataille sera engagée !
La Wiimote faisant office d’épée, il est possible de donner des coups dans 8 directions différentes pour occire ses ennemis. Pour les ennemis qui seraient excentrés, un lock bien pratique permet de fixer un endroit de l’écran par lequel chaque coup, quel que soit sa direction, passera. La détection des coups n’est pas parfaite, mais elle est suffisante. Le principal problème vient du fait qu’on a naturellement tendance à pencher notre manette lors d’un coup diagonal, alors qu’il faut la garder parallèle au sol pour que la console le reconnaisse comme tel. Ces imprécisions ne gênent pas autrement le déroulement du jeu.
Attaquer est utile, mais se défendre l’est tout autant. En laissant B appuyé, le curseur se transforme en bouclier translucide, qui peut varier de taille selon celui équipé. Il suffit de parer les attaques, annoncées par de petits curseurs, pour s’en sortir. Ce qui paraît simple au début l’est moins quand le bouclier, ravagé par les attaques, perd des morceaux et donc de sa surface de protection. Ca l’est aussi moins quand certaines attaques peuvent être renvoyées à leur auteur d’un coup d’épée bien placé, créant un dilemme entre la défense sure et la contre-attaque puissante mais risquée.
Le héros dispose aussi d’une barre de super qui, comme son nom l’indique, permet de lancer une attaque dévastatrice une fois remplie. Nombreuses et variées, ces attaques obligent le joueur à faire des poses avec la wiimote et à la bouger de façon spécifique avant de le laisser frapper l’ennemi d’un slash puissant et empli de haine. Inutile de dire qu’elles sont très amusantes, et on ne se lasse pas de jouer les héros en hurlant le nom de la technique choisie.
Finalement, trois personnages peuvent accompagner le héros dans les stages. Seuls capables de lancer des sorts, ils pourront attaquer ou soigner selon un AI déterminé par le joueur ou sur commande, à condition qu’ils aient assez de MP. Leur choix est assez stratégique, car choisir un personnage très défensif comme Sethia assurera les sorts de soins, mais laissera le héros faire tout le travail de charcutage d’ennemis.
The House of the Slime
Dans Dragon Quest Swords, bêtement attaquer dans tous les sens ne mène qu’a une mort douloureuse. Pour s’en sortir, il faudra donc observer les ennemis et leur comportement, parer leurs tirs et attaquer judicieusement. La difficulté est très bien dosée, et chacun des 8 niveaux est un peu plus dur que le précédent, offrant de nouveaux ennemis et de nouvelles situations à apprendre.En particulier, les boss sont d’excellente facture : gros et menaçants, ils sont toujours intéressants à affronter. Les plus durs d’entre eux mènent à des affrontement assez épiques, haletants et difficiles sans pour autant être injustes ou frustrants. Chapeau !
Avec ses ennemis variés, ses boss géniaux, et ses super techniques toujours amusantes à faire, DQS est donc un excellent jeu d’arcade qui remplit parfaitement son contrat. Malgré cela, les défauts inhérents à son genre, soit une certaine répétition et une durée de vie limitée, sont quand même présents.
En effet, DQS se termine en une dizaine d’heures, et même si c’est assez long pour un tel jeu (en comparaison, un Virtua Cop se termine en 30 minutes), cela risque d’en frustrer plus d’un.
Pour pallier à ce problème, DQS dispose d’une flopée de mini jeux ainsi que de 5 boss cachés délicieusement fourbes. Même si ces éléments n’augmente pas la durée de vie de façon substantielle, ils ont au moins le mérite d’exister et d’arrondir une expérience déjà très sympathique.
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