Le Mario le plus difficile
Le jeu Mario le plus difficile a plus de 25 ans : basé sur Super Mario Bros, The Lost Levels revient sur console virtuelle 3DS, avec à la clé un challenge incroyable dont Dr Cube nous parle avec passion dans ce test archi-complet !
TestUn classique peu connu car (trop) difficile
The Lost Levels, ou "les niveaux oubliés" en français, est le titre occidental du jeu. Au Japon, son pays d'origine, il est sorti sous le titre de Super Mario Bros. 2, la digne suite du premier Mario. Nintendo of America ayant trouvé ce jeu trop frustrant et pas assez novateur, il n'est jamais sorti sur NES en Occident. Notre Super Mario Bros. 2 est un tout autre jeu, un Mario en apparence beaucoup plus innovant, mais qui ne reprend pas les codes du premier opus.Il aura fallu attendre 1993 pour découvrir The Lost Levels en Amérique du Nord et en Europe : amélioré graphiquement et légèrement plus accessible, il était inclus dans la compilation Super Mario All-Stars sur SNES. On l'a plus tard retrouvé sur Game Boy Advance et sur la Console Virtuelle de la Wii. Et en 2013, il débarque en téléchargement sur 3DS à 4,99€, dans sa version originale (graphismes de 1986).
Super Mario Bros.: The Lost Levels (SMBTLL) est donc la vraie suite de Super Mario Bros. (SMB), réalisée par Shigeru Miyamoto et Takeshi Tezuka. Il reprend à l'identique le moteur de jeu, les musiques et les environnements du premier épisode, mais les niveaux ont été complètement re-conçus et c'est sur ce point que le jeu se distingue. En digne suite, ce jeu considère que le joueur a déjà terminé le premier Super Mario Bros. et la difficulté reprend donc là où elle s'était arrêtée dans le premier épisode. Et ça fait mal ! C'est ce qui frappe dès le premier niveau : la difficulté est terrifiante. Les développeurs ont pris un malin plaisir à piéger les niveaux. Et bien sûr, le système de jeu de l'époque est intrinsèquement beaucoup plus impitoyable et rigide que celui des Mario modernes.
Une aventure longue et (trop) périlleuse
Depuis les dernières aventures de Mario, le Royaume Champignon s'est métamorphosé en une terre hostile où le moindre faux pas vous coûte une vie. Tout dans ce royaume ne semble exister que pour tuer des plombiers à moustaches. Pourtant, s'il veut délivrer sa bien-aimée princesse, Mario devra traverser ces territoires ennemis de part en part. Grosse nouveauté, le joueur peut choisir d'incarner Luigi : il saute plus haut que son frère mais glisse comme un pet sur une toile cirée ! Choisir Luigi facilite globalement la progression, mais il faut être très prudent lors des atterrissages sur de petites plateformes.Comme dans le premier épisode, chaque monde est constitué de 4 niveaux, le dernier niveau de chaque monde étant un château dans lequel vous devrez affronter Bowser, ce qui vous laisse régulièrement espérer une délivrance à court terme. Mais en guise de princesse, vous ne sauverez que des Toads insignifiants qui vous annonceront la terrible nouvelle : la princesse est dans un autre château. Vous comprendrez rapidement qu'elle est enfermée dans le huitième et dernier château.
Et comme si cela ne suffisait pas, après toutes ces péripéties, une fois la princesse vaillamment délivrée, le jeu continue ! Du moins si vous n'avez pas triché en empruntant une des nombreuses warp zones (tuyaux secrets menant plus loin dans le jeu) cachées dans les niveaux. La princesse vous invite alors à prendre part à une quête "plus difficile", s'arrange pour se faire re-capturer et vous voilà reparti pour de nouvelles aventures. Le monde 9 renverse toute logique : des niveaux terrestres sont inondés, des châteaux de Bowser se retrouvent en extérieur et une petite surprise désagréable vous attend à la fin... Cerise sur le gâteau, vous n'aurez droit qu'à une seule vie pour le traverser. A en juger par la piètre qualité de certains sprites, on devine que ces niveaux secrets n'ont pas reçu le même soin que les précédents.
Mais il y a mieux : le jeu renferme encore quatre mondes (16 niveaux) ultra secrets et de bonne facture, que l'on ne peut débloquer qu'en terminant le jeu huit fois. Huit fois ! À chaque fois que l'on termine le monde 8, une étoile supplémentaire apparaît sur l'écran titre. Lorsque l'on a au moins 8 étoiles, on peut accéder au monde A en appuyant sur A+Start. S'en suivent les mondes B, C et D.
Autant dire qu'avec 13 mondes et 52 longs niveaux, la durée de vie de SMBTTL est très conséquente pour qui aura le courage d'aller jusqu'au bout de l'aventure.
Un système de jeu impitoyable
Mario commence son périple avec seulement trois petites vies, qu'il faudra économiser farouchement. Les développeurs ont été pingres : ce n'est pas dans ce jeu que Mario deviendra riche, les pièces sont distribuées au compte-goutte. Les champignons 1-UP se font rares et sont drôlement bien cachés, tout comme les autres objets du jeu. Mais quelle joie intense de découvrir par hasard l'emplacement secret d'un objet ! Nul doute que l'instinct de survie couplé à la répétition sans fin des niveaux vous aideront à mémoriser à vie l'emplacement de chacune de ces précieuses découvertes.La carte du monde n'est apparue qu'à partir de Super Mario Bros. 3. Dans SMBTLL, les niveaux s'enchainent encore automatiquement, dans l'ordre. Si vous perdez toutes vos vies, vous pouvez continuer l'aventure avec trois nouvelles vies, mais il faudra reprendre au début du monde en cours, ce qui peut rapidement devenir usant.
L'absence de carte n'est pas la seule différence avec les Mario modernes. Grâce au Super Champignon et à la Fleur de feu, que Mario rencontre régulièrement dans le jeu (mais en quantité bien plus limitée que dans les Mario récents), il peut devenir grand et lancer des boules de feu. Mais lorsqu'il se fait toucher, il redevient directement petit et vulnérable sans passer par l'état intermédiaire. À la fin du niveau, parvenir à s'agripper tout en haut du drapeau ne vous offrira pas une vie. Si vous perdez des dizaines de fois dans le même niveau (et cela arrivera sûrement), il n'y aura pas de Super Guide, pas de Feuille d'invincibilité, pas plus de P-Wing vous transportant gentiment à la fin du niveau comme dans Super Mario 3D Land. Le défilement horizontal est bloqué, de sorte que vous ne pouvez aller que de l'avant. Si vous laissez filer un champignon, tant pis pour vous. Si vous ne pouvez plus prendre assez d'élan pour sauter, tant pis pour vous !
On retrouve essentiellement le bestiaire de SMB : les Koopas Troopas et Paratroopas, les Plantes Piranha, Lakitu, les Goombas, les Frères Marto et bien d'autres. Certains connaissent quelques évolutions intéressantes, comme les Plantes Piranha rouges, plus vicieuses, qui sortent même lorsque vous êtes à côté d'elles ou les champignons vénéneux qui rétrécissent Mario. À noter que presque tous ces ennemis sont désormais amphibies. De nombreux blocs invisibles jonchent les niveaux, toujours judicieusement positionnés. Des rafales de vent viendront parfois jouer la mouche du coche pour vous faire rater vos sauts et des ressorts verts permettent de sauter extrêmement haut. Au final, c'est surtout dans l'agencement des éléments que ce Mario se distingue de SMB. Une bonne part de l'expertise de Nintendo en matière de level design semble venir de ce jeu, qui a dû être très formateur pour les développeurs.
Un portage au service minimum
SMBTLL a plus de 26 ans et l'on aurait pu s'attendre à quelques améliorations pour sa ressortie sur la Console Virtuelle de la 3DS. On aurait aimé retrouver en option les graphismes améliorés de la version SNES incluse dans Super Mario All-Stars. Mais Nintendo a une fois encore ménagé ses efforts. C'est la version Famicom Disk System et rien de plus. Et bien sûr, il ne faut pas compter sur une traduction française. Pire encore, l'émulateur de Nintendo provoque quelques bugs graphiques parfois désagréables.On profite tout de même des fonctionnalités de la Console Virtuelle et notamment l'enregistrement d'un point de récupération, qui s'avère particulièrement utile dans ce jeu difficile. On regrettera seulement qu'il faille se perdre dans d'interminables menus pour charger sa sauvegarde (cinq actions). Même en utilisant constamment ce système pour sécuriser chacune de ses avancées tel un alpiniste dans l'ascension d'une falaise, la progression reste laborieuse.
Un Mario extrême mais raffiné
Malgré la difficulté intense de ce jeu, malgré les vies que l'on perd à répétition, on ne peut s'en prendre qu'à soi-même. L'infini souci du détail, l'incroyable précision de cette machinerie diabolique, le soin impeccable avec lequel les niveaux ont été réalisés, font qu'à aucun moment il n'est possible d'accuser le jeu. Il n'est pas plus possible d'accuser la qualité de fabrication du D-Pad ou des boutons de la console, elle n'y est pour rien. Si on n'y arrive pas, c'est que l'on n'est pas assez bon.Tel un patineur artistique ou un musicien, il faut recommencer encore et encore jusqu'à maîtriser le mouvement parfait. Le joueur acharné trouvera de la satisfaction car ses efforts seront toujours récompensés. Le fan de Mario verra ce jeu comme une découverte archéologique qui rappelle que oui, Mario est bien le roi du jeu de plateforme.
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.
[img]Héhé :p
Très bon test sinon.
En tout cas je tiens a préciser que j'ai terminé le jeu 8 fois de suite sur 3DS pour tester les mondes secrets. J'ai donné de ma personne pour écrire ce test !
T'inquiète, ça se sent.
C'est un test très agréable à lire et très instructif !
Je n'en sais rien pour les Mario 3D.
Je l'ai finis en difficile dans la version All-Stars.
Par contre, je ne savais pas qu'il y avait un World 9... Peut-être n'y est-il pas sur Deluxe...