Miitopia : les Mii partent à l'aventure !
Sorti au Japon dans une inquiétante indifférence, Miitopia débarque en Europe. Inutile de dire qu'on était curieux d'en savoir plus sur ce jeu qui nous rappelle un certain Tomodachi Life. Mais qu'en est-il vraiment ?
TestIl aurait pu profiter de la belle saison pour découvrir les paysages colorés et chatoyants de Miitopia. Mais sans doute poussé par sa nature mauvaise et un profond ennui, il s’est dit que ce serait franchement plus sympa de voler leurs visages aux habitants pour les coller sur la tête de monstres en tout genre afin de les contrôler. Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Parce que !
Il vous faudra donc choisir le Mii qui sera le héros de votre aventure, ainsi que son caractère et sa classe. Même si vous croiserez d’autres personnages pour étoffer votre groupe, vous ne pourrez contrôler que votre Mii initial, vos alliés se battant de manière autonome.
Atmiisphère, atmiisphère, j’ai une tête d’atmiisphère ?!
Que ce soit pour vos alliés, les personnages clés de l’histoire ou même un simple péon au village d’Udébu (première région du jeu, avant de rentrer sur le territoire du royaume d’Akoté…), vous aurez systématiquement la possibilité de choisir les Mii incarnant ces personnages. Cette aventure personnalisée est un point clé du jeu, pour ne pas dire son argument de vente principal. Heureusement, le jeu est parfaitement exhaustif dans les possibilités d’incorporer des Mii. Pour ce faire, quatre possibilités s’offrent à nous :1) Assigner automatiquement des Mii créés par d’autres joueurs à nos personnages. Sachant que la communauté de joueurs recommande elle-même quels sont les meilleurs personnages pour tel ou tel rôle, grâce à un questionnaire obligatoire à chaque démarrage du jeu. Et bien sûr, on peut relancer encore et encore l’assignation automatique jusqu’à tomber sur un personnage qui nous plait. On peut même réassigner tout un groupe de personnages simultanément.
2) Choisir un Mii de sa propre collection, c’est-à-dire enregistré dans l’éditeur Mii ou la sauvegarde Tomodachi Life de la console. De quoi ravir les amoureux des Mii. Si vous aviez créé toute votre famille, vos amis et vos personnages favoris pour compléter la résidence de Tomodachi Life, vous aurez de quoi repeupler Miitopia sans avoir recours à l’assignation automatique.
3) Créer directement un Mii, avec un avantage par rapport à l’éditeur Mii habituel : un large choix de couleurs pour les cheveux, yeux et sourcils. Enfin la possibilité d’avoir des Mii aux cheveux roses et aux yeux verts fluo…
4) Importer directement un Mii via un QR Code, extrêmement pratique si vous avez un site de référencement de Mii tels que miicharacters.com sous la main.
Pour être tatillon, il aurait été sympa de proposer dans les options la possibilité de piocher par défaut dans les Mii de la console pour peupler Miitopia. Ca aurait évité d’avoir à les changer un par un et aurait gardé la surprise de qui joue quel rôle (Comment ?! L’avatar du mal est Xavier PN ?! J’aurais dû m’en douter…).
Mii-figue, Mii-RPG
La carte du monde ressemble à celle d’un Super Mario, avec son chemin jonché de niveaux à terminer pour pouvoir avancer. Quelques villes et autres évènements bonus viennent rompre la monotonie de la progression, mais pas sa linéarité. Un niveau se parcourt en défilement horizontal, nos héros courant en ligne droite jusqu’à tomber sur un ennemi ou un coffre, avec parfois là aussi quelques embranchements nous incitant à refaire le niveau plusieurs fois afin d’explorer toutes les routes.Les combats sont plus dynamiques, mais plutôt classiques. Vos héros et vos ennemis se font face, bien alignés en rangs d’oignons. Les protagonistes interviennent chacun leur tour en fonction de leur vitesse. Comme dit plus haut, vous ne contrôlez que votre héros principal, pour lequel vous pourrez choisir entre attaquer, utiliser une capacité au prix de quelques PM ou utiliser un objet sachant que le jeu en propose deux en tout et pour tout : une banane pour les PV et un bonbon pour les PM. Heureusement l’intérêt est ailleurs.
Les amiis de mes ennemiis sont mes Mii
Pour compenser ce manque de contrôle des combats, le jeu intègre deux notions qui les rendent plus vivants. Premièrement, à la création de chaque héros vous devez lui assignez un caractère parmi sept proposés. A chaque caractère correspond quelques techniques ou comportements en combats qui se déclencheront aléatoirement. Par exemple un personnage gentil pourra parfois épargner un ennemi pour lui permettre de s’enfuir. Ces petites interactions pimentent le combat et peuvent parfois vous sauver la mise, mais attention toutes ne sont pas positives, après tout personne n’est parfait. Deuxièmement, les relations entre vos personnages sont largement mises en avant.A force d’être camarades de chambrée ou d’interagir de diverses manières durant les combats et l’exploration, chaque binôme est susceptible de gagner des niveaux d’amitié. Cela leur apportera divers bonus qui se déclencheront également aléatoirement lorsque la situation se présente. Les effets sont très variés, allant de simples encouragements à des attaques combinées. Mais ces amitiés peuvent également se briser temporairement, à force d’utiliser ses copains comme projectiles par exemple. Les combats sont donc bourrés d’interactions basées sur les relations et les caractères qui les rendent très vivants et variés.
Au niveau des bonnes idées, il faut reconnaître que le scénario, au-delà de son incohérence totalement assumée, colle parfaitement à l’esprit des Miis. Jouer sur les visages des Miis pour aller les coller sur des monstres qui n’attendaient que ça est juste parfait. Le bestiaire est varié et spécialement conçu pour accueillir des paires d’yeux, un nez et/ou une bouche. Par exemple les cactus formés de trois morceaux sont toujours différents puisque les yeux, nez et bouche sont générés aléatoirement pour chacun. On se retrouve aussi à affronter des griffons à trois paires d’yeux, des hiéroglyphes égyptiens nous regardant d’un seul œil de profil, des plantes carnivores ayant abusé du rouge à lèvre, un gang de taupes aux lunettes de soleil…
Mii amor, ti amo mii amor
Sur la forme Miitopia nous propose donc un RPG marginal, mais sur le fond il se rapproche tout autant de Tomodachi Life. Le manque de contrôle (exploration automatique, linéarité du jeu, contrôle d’un seul héros) est compensé par la mise en avant de l’aspect contemplatif hérité du jeu su cité. Si vous n’encaissez pas les Mii et leurs simagrées, ou que vous n’avez pas trouvé d’intérêt à Tomodachi Life, passez votre chemin sans regret. Miitopia trouve lui aussi son intérêt dans le regard extérieur et amusé qu’il permet de porter sur un groupe d’apprentis héros.Leurs interactions dictées par leurs caractères et leurs relations sont le fondement du jeu. Si ça ne vous amuse pas, le jeu ne vous amusera pas. Mais si au contraire vous adhérez à l’humour subtilement léger et légèrement subtil des Mii, comme c’est le cas de votre humble serviteur, c’est justement l’évolution de vos héros et leurs péripéties qui vous tiendront en haleine.
L’aventure est ponctuée de multiples scénettes et dialogues, parfois scriptés parfois aléatoires, toujours décalés. Les classes de personnages sont elles-mêmes plutôt cocasses. Dès le début du jeu, à côté des classiques guerriers et mages vous sont proposées les carrières de cuisinier et idole. Et sans vous gâcher la surprise, sachez juste que celles qui se débloqueront plus tard sont encore plus inattendues.
Hotel Camiifornia
L’exemple le plus criant de cette fusion entre un RPG et Tomodachi Life est l’auberge que vous trouverez au bout de chaque niveau d’exploration. C’est notamment ici que vous répartirez vos personnages dans les différentes chambres afin d’améliorer les affinités de tel ou tel duo. Vous pourrez également y utiliser des billets de loterie pour gagner de l’équipement, de la nourriture, des bananes ou bonbons, ou même un voyage pour deux personnes.C’est un parti pris assez étonnant, même pour un simili RPG, mais il n’y a pas de boutique pour s’approvisionner en armes, armures ou consommables. Hormis la roulette, il faudra attendre qu’un personnage vous demande de bien vouloir lui donner un peu d’argent pour qu’il aille lui-même s’acheter l’équipement de son choix (à condition qu’il ne se trompe pas au moment de l’achat..). Une idée originale et sympathique, mais qui automatise un aspect supplémentaire des RPG.
Enfin, l’auberge est aussi fort logiquement l’endroit où on se restaure. Vous pourrez donc y nourrir vos troupes grâce aux nombreux aliments récupérés en ratatinant du monstre. Chaque aliment améliore une ou plusieurs stats, tout en sachant que chaque héros apprécie plus ou moins bien chaque aliment, ce qui se retranscrit par un effet majoré ou minoré du boost de l’aliment. Au final, l’auberge est une étape clé du jeu, pleine de bonnes petites idées.
D’une seule miiimine
Le jeu s’adresse clairement aux néophytes du RPG et/ou aux afficionados des Mii. Si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, la linéarité du jeu couplée à sa très grande facilité risquent de vous faire décrocher avant que les choses deviennent (tardivement) vraiment intéressantes. Car il faut bien compter vingt heures de jeu avant de rencontrer un quelconque challenge, dommage.A force d’assister le joueur dans les combats, l’exploration et même l’équipement des personnages, le joueur n’a plus grand-chose à faire au final. Heureusement que le jeu propose d’accélérer l’exploration, les combats et les dialogues en maintenant B ou pressant l’écran tactile.
A savoir que Miitopia peut se jouer intégralement avec l’écran tactile d’ailleurs. Cela en fait un jeu tout indiqué pour les manchots et les joueurs polyvalents voulant faire plusieurs choses à la fois (clin d’œil à notre ami Boris qui pourra jouer à Miitopia tout en berçant sa fille, testé et approuvé !).
Il va falloir se remuer les miiches
Malgré la facilité de ce RPG édulcoré, le jeu est loin d’être une coquille vide. Il faudra compter plusieurs dizaines d’heures pour vaincre le boss final, ce qui ne signifie pas pour autant boucler le jeu.Le nombre de classes proposées est suffisamment important, avec une belle panoplie d’armes et armures propres à chacune et qui valent le détour (captures d’écran, go !), une longue liste de succès à compléter, et marge de progression des personnages très longue, aussi bien en niveaux qu’en affinités.
Enfin, un dernier mot sur la réalisation. Non pas que le sujet mérite vraiment d’être abordé, elle est tout simplement au niveau où on l’attendait pour un jeu de Mii. Pour les personnages vous savez à quoi vous attendre, bien que les tenues loufoques et les nombreuses interactions donnent plus de charisme et de personnalité à nos Mii que dans leurs précédentes « aventures ». Pour les environnements, ils sont plutôt jolis et chatoyants. Mais rien de particulièrement impressionnant, loin de ce qu’on peut trouver dans d’autres scrolling horizontaux comme Donkey Kong Country par exemple.
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