Odysseus Kosmos, surnommé Oddy, est un ingénieur livré à lui-même sur son vaisseau scientifique. Cela fait bien longtemps qu'il a quitté son chez soi (sept années) et la lassitude et l’ennui le guettent un peu. Entretenir le bon fonctionnement du vaisseau, cela va bien quelque temps, alors il prend plaisir à rêver aux prochains beignets et aux autres friandises qu’il se mangera (un petit côté Simpson à ce niveau).
Il n’est pas totalement seul et on va dire "heureusement". Un robot au faux look de Wall-E, nommé Barton Quest, l’aide à tenir le cap pour effectuer les tâches quotidiennes et ne pas sombrer dans la folie liée à son isolement.
Le travail ne manque pas car le vaisseau est de grande taille et il y a toujours quelque chose quelque part qui tombe en panne. Kosmos est peu motivé pour effectuer un travail efficace qui tiendra efficacement dans le temps (d’où la multiplication des réparations suite à des actions qui ne tiennent pas) et de nombreuses pertes de temps pour cause d’étourderie répétée : Kosmos ne sait jamais où il a posé ses affaires et il faut donc jouer l’interaction avec le robot et trouver les bonnes associations d’objets qui vont l’aider à se remémorer certaines choses, dont l’emplacement d’objets. Un aspect parfois un peu agaçant car on aurait aimé pouvoir déplacer dès le départ certains objets pour dénicher une carte d’accès coincé en dessous, au lieu de passer par une combinaison d’actions loin d’être intuitive pour que brutalement Oddy percute qu’il doit déplacer le livre et ainsi débloquer l’action.
On aurait aimé pouvoir se concentrer sur des puzzles de logique ou divers casse-têtes sans avoir ce côté un poil fastidieux pour accéder à des actions basiques. D’où un gameplay essentiellement centré sur ces tâches d’exploration du vaisseau et de réparation, en allant chercher ce qui nous est utile et en assemblant les éléments de notre inventaire, avec des dialogues abondants entre Kosmos et Barton, même si c’est un peu surjoué.
Redondance et monotonie s’installent un peu.
Mais heureusement pour nous, il va y avoir un os un peu plus gros à ronger. En arrivant dans le système Gargan, le vaisseau s’est dangereusement approché d’un trou noir géant à proximité. Il va donc falloir réagir pour tirer le binôme de cet embarras. Pas facile quand on comprend très vite que Kosmos a un gros poil dans la main pour prendre de bonnes décisions rapides, qu’il n’est clairement pas l’homme de la situation, et que son robot Barton se désole du comportement d’Oddy.
Pour situer un peu plus l’histoire, Kosmos patiente dans le navire pendant que le reste de l’équipage est parti en mission sur une planète à proximité et ils n’ont pas totalement prévu que l’influence du trou noir à proximité a créé une dilation temporelle. Ce qui ne correspondant qu’à quelques heures d’action au niveau de cette équipe correspond à une vie entière pour Kosmos, resté en orbite dans le vaisseau.
Au fur et à mesure que l’on égrène les cinq épisodes, nous allons bénéficier de nombreux rebondissements mettant tout de même en valeur Kosmos, dont un flashback sur sa jeunesse à bien étudier pour trouver la piste sur comment résoudre certaines énigmes. Bon point, vous pourrez opter pour jouer dans l'ordre que vous souhaiterez aux divers épisodes et sauvegarder votre progression automatique dans un slot différent. Notez tout de même que nous n'avons testé ces différents choix qu'après avoir fini le prologue, mais rien ne semble s'y opposer dès le départ. On vous conseille tout de même d'y jouer dans l'ordre chronologique pour ne pas déflorer le scénario trop vite.
Mais le rythme lent du jeu pêche un peu car honnêtement, il faut patienter au troisième épisode pour que la mayonnaise de l’intrigue commence à nous intéresser bien plus que les premières parties ne nous en donnaient l’impression (oui nous avons fait la fine bouche au départ, il faut donc être conscient qu’en achetant ce jeu, ce ne sera pas le coup de cœur immédiat et qu’il faudra persévérer un peu pour avancer suffisamment dans l’intrigue avant d’apprécier le titre). Cette lenteur de mise en place risque d’être fatale pour une quantité non négligeable de joueurs alors que Odysseus Kosmos and his Robot Quest n’est clairement pas mauvais, même s’il reste assez prévisible dans son déroulement.
Le robot Barton est la voix de la raison, qui chaperonne le paresseux ingénieur. Il lui prodige les conseils sur ce qui doit être réparé, sur ce qu’il peut faire. Peu à peu, sa présence devient plus importante dans l’histoire, intervenant dans un puzzle pour réparer un circuit défectueux puis devenant jouable à partir de l’épisode 3, les rôles devenant inversés car vous devrez suivre alors les recommandations d’Oddy.
Cherche, trouve, assemble, résous et interagis avec le terminal d’ordinateur de bord.
On résume ainsi le gameplay du jeu. De nombreux éléments à enclencher dans le vaisseau pour faire avancer l’intrigue, les réparations du quotidien, de nombreux puzzles pour réparer un périphérique particulier avec quelques bonnes idées. Ainsi on croise parfois un mini-jeu de type Tetris pour assembler des pièces afin d’effectuer la réparation d’une pièce. On se retrouve aussi à un moment à jouer avec un GameBoy lors d’une scène flashback pour compéter des niveaux afin de pouvoir décrocher la précieuse information manquante. Cela apporte un peu de fraicheur pour casser la routine quotidienne.
On notera que ce n'est pas toujours évident, comme calibrer votre télescope en alignant les planètes sur leurs trois positions (en jouant des deux sticks vers le haut et le bas, pensez à aligner d'abord la première planète du haut puis faites venir celles du bas en apportant quelques corrections de position) puis en allant scruter la vue obtenue par ce satellite en cliquant sur A pour faire apparaître 3 positions particulières à aligner. Quelques explications supplémentaires n'auraient pas été de refus en certaines occasions, mais comme rien n'est en français, cela peut expliquer notre flottement régulier.
Vous devrez également passer régulièrement pas le terminal de l’ordinateur de bord listant votre tâche actuelle. Différents terminaux sont répartis en divers lieux du vaisseau San Francisco, cela vous permet de retracer un journal de bord.
Une filiation de gameplay qui rappelle fortement les grands titres de Sierra
Pour les joueurs un peu jeunes, Sierra ne vous dira pas grand-chose. Mais cette compagnie a été un fleuron pour créer de nombreux jeux d’aventure dans les années 90 et a marqué les esprits d’une bonne génération de joueurs sur PC (d’ailleurs on a eu récemment le retour de Larry Suit Larry sur Switch, un personnage bien connu de cet éditeur).
Ici on est clairement inspiré par King Quest et Space Quest. Oddy a quelques brins d’ADN commun avec Roger Wilco de Space Quest, et Barton a une dose de Cédric le hibou de la saga Space Quest. Le lien parait d’autant plus évident que le gameplay puise dans la construction classique de point’n click mis en place à cette époque.
On explore du regard les salles elles-mêmes à la recherche d’objets possiblement cachés, et on tâtonne dans l’association de certains objets pour résoudre les énigmes. Et parfois, c’est clairement loin d’être intuitif, comme le passage du canard en caoutchouc dans le prologue (mais que fait un tel objet dans un vaisseau scientifique ?) et de la souris dans l'épisode 1.
Vous êtes prévenus, d'Odysseus Kosmos and his Robot Quest est un gameplay à l’ancienne, qui charmera en priorité les anciens joueurs qui ont bien connu les titres Sierra et Lucas Arts, avec des associations d’objets abracadabrantes, nécessitant de tester un peu tout ce qui nous passe par la tête pour certains puzzles.
Des failles qui empêchent le titre d’atteindre le firmament
Nous l’avons évoqué, il faut déjà s’accrocher au début, car les dialogues entre l’ingénieur et son robot sont très nombreux et finissent par lasser au niveau de la thématique. Ne serait-ce que la séance initiale pour sortir de sa cabine, on cogite un moment pour trouver comment faire.
Personnellement, un titre point’n click qui nous bloque dès le départ dans la première pièce avant de vraiment pouvoir se lancer dans l’aventure, ce n’est pas engageant et les développeurs auraient dû y aller beaucoup plus progressivement pour permettre à chacun de s’immerger dans l’univers du jeu (et avoir la rencontre avec le robot plus vite).
Un bémol cependant, comme nous pouvons jouer à notre guise aux différents épisodes, cela permet de limiter les effets de blocage. Et comme le jeu a déjà deux années au compteur sur PC, vous pourrez trouver sans problème quelques aides sur le net.
Point non négligeable, pas de traduction française au sein du jeu, vous allez devoir choisir entre anglais (très américain), allemand ou russe. Sortez donc le dictionnaire si vous ne maîtrisez pas bien l’une de ces langues étrangères parce les tournures de phrase ne sont pas toujours faciles à comprendre. Et c’est dommage, car c’est important pour bien comprendre les objectifs suivants.
Mais le plus grand manque est à chercher au niveau de l’ergonomie du titre. Si la combinaison de touches est ce qu’elle est pour déclencher les actions ou accéder à son inventaire, un petit rappel textuel de ce que nous possédons aurait été un plus, ne serait-ce que pour se rappeler ce qu’est chaque objet et nous mettre plus facilement sur la piste des diverses associations à effectuer. Là, un coup de flèche haute du pavé gauche pour ouvrir l’inventaire, flèche haute ou bas pour naviguer à l’intérieur et rien pour nous rappeler ce que c’est. On rappelle que l’affichage est du pixel art et qu’il n’est pas toujours simple de reconnaître ce que représente une partie d’objet. Bref une lacune un peu étonnante car cela complique inutilement le gameplay.
Graphisme à la hauteur et son de grande qualité, animation en retrait
Le graphisme est rétro et pixelisé mais est de bonne qualité, de style 2,5 D. On ne se décrochera pas la mâchoire en le regardant, mais cela passe très bien en mode portable (cela le fait moins sur une télé 55 pouces). On reste dans de nombreuses tonalités métalliques et blanches au sein du vaisseau, mais les développeurs ont disséminé de nombreuses références (en particulier LucasArts), placé quelques touches colorées au niveau des objets et nous avons également des passages via flashback qui brisent une certaine monotonie de l’univers du vaisseau. On appréciera aussi les passages dans l’espace.
En revanche, côté animation, c’est clairement léger. Que cela soit les déplacement d’Oddy, ou la réalisation de certaines actions, c’est la règle de l’économie des moyens visuels. Alors que l’action est tout de même lente à se mettre en place, on aurait pu espérer un peu plus de vie à ce niveau dans les actions du duo, pour contrebalancer la redondance de l’action et les longs dialogues.
Même si le gameplay est old school, l’interface a été adaptée pour permettre l’ensemble des actions via les commandes de nos Joy-Con ou de notre manette pro. Comme évoqué dans les griefs, il faut s’adapter un peu au départ et on aurait aimé pouvoir remapper selon nos souhaits certaines touches pour obtenir quelque chose de plus intuitif.
On regrette également que les développeurs n’aient pas exploré les possibilités tactiles de la Switch, car cela aurait été beaucoup plus simple pour utiliser un objet sur un élément de décor et déclencher l’action. La version PC avec le click et la roue d’action traditionnelle nous parait plus ergonomique.
Vous n’êtes pas laissé en plan en permanence mais accompagné par un système d’indices intégré au jeu, qui apporte certaines allusions pour vous guider (assez pertinentes pour faire tilt dans votre esprit sur la suite des actions à effectuer). Mais il faut prendre le temps de bien lire tout le texte en anglais pour bien comprendre ces indices subtiles (qui le deviennent après coup parfois).
D'une manière générale, n'hésitez pas à cliquer sur tous les éléments de décor marquée d'une minuscule petite croix pour obtenir des informations. Dès que vous obtenez un objet, utilisez-le pour voir s'il ne va pas se scinder en deux nouveaux objets utilisables en d'autres occasions.
Au niveau sonore, chaque pièce du vaisseau possède sa piste sonore en arrière-plan, d’autres musiques vont s’enclencher sur certains puzzles pour renforcer la tension. L’ouverture du jeu bénéficie d’une musique un peu plus travaillée avec une véritable chanson, on regrette juste de ne pas en avoir d’autres de cet acabit en d’autres moments du jeu, pour rythmer le scénario.
Pas vraiment de casting vocal pour renforcer l’ambiance des dialogues entre les personnages, mais une prestation qui reprend le principe d’Animal Crossing, des bruitages de mots déformés, qui donnent l’illusion d’une conversation sans que cela ne soit compréhensible à l’oreille. En fait, si on parle d’Animal Crossing puisque Odysseus Kosmos arrive sur Nintendo Switch et que le titre de Nintendo est celui dont on fera spontanément le plus de lien au niveau des bruitages de langages (qui personnellement m’a toujours horripilé), il serait plus juste de parler d’une filiation avec les Sims et leur langage bizarre, le Simlish.
Odysseus Kosmos vous nécessitera une dizaine d’heures pour finir les cinq parties. Poids plume avec seulement 329 mo sur la balance, il pourra donc se glisser aisément dans votre console, pour la modique somme de 13,99 €. Partant d’une bonne intention, et rendant hommage par de nombreuses références à ses modèles, on regrettera principalement l’absence d’une traduction française à ce jeu et à un gameplay redondant au départ, qui peine à décoller avant de trouver sa vitesse de croisière plus intéressante.
Un dosage qui aurait mérité d’être amélioré, car à raison de deux heures à peu près par chapitre, devoir attendre le 3e chapitre pour commencer vraiment à s’intéresser au jeu reste une faiblesse. Le passage de l’interface du PC vers les commandes Switch se sont faites sans anicroches particulières même si nous ne sommes pas très fan de la gestion de l’inventaire. Nous remercions le service de presse pour nous avoir fait parvenir une clé afin de réaliser ce test.
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