Rainbow Billy : The curse of the Leviathan : rendre ses couleurs au monde
Le Léviathan a volé les couleurs du monde ! Enfin presque toutes. Il reste Billy, accompagné de Friend-Ship, son fidèle bateau, pour parcourir les mers et rendre ses couleurs au monde.
TestHopePunk ?
De plus en plus présent dans les réalisations actuelles (que ce soit littéraires, cinématographiques ou autres), le Hopepunk s’invite désormais dans le jeu vidéo. Le terme a été créé en 2017, par l’autrice américaine Alexandra Rowland, et désigne un sous-genre de l’imaginaire où est développée l’idée que l’on peut refuser un avenir sombre et angoissant par l’espoir, la contestation pacifique. Un genre où la bonté et la tolérance sont au centre des moteurs de l’action et de la résolution des conflits. Et bien oui, Rainbow Billy entre totalement dans ce type de production, où la bienveillance est de mise, et où l’on peut changer le monde en comprenant l’autre.
L’intrigue du jeu est simple : l’horrible Léviathan (figure négative et tout en noir et blanc) vient un jour pour enlever toutes ses couleurs au monde. Seuls Rainbow Billy et son Friend-Ship le bâteau (dont le jeu de mots est particulièrement bien trouvé) conservent encore leurs teintes. Ils s’enfuient du lieu de l’attaque, mais ce n’est que pour mieux revenir, plus tard, lorsqu’ils auront réenchantés le monde.
Bienveillance et écoute
D’une certaine façon, Rainbow Billy est une gigantesque métaphore : les couleurs y représentent l’espoir ; le noir et blanc la morosité ambiante, l’angoisse, l’individualité. Le message est très clair : ce n’est qu’ensemble, et en s’écoutant, que l’on pourra vivre dans un monde meilleur. Un message utopique ? Pas forcément, du moins pas pour le jeu, qui met littéralement tout en place pour faire ressentir aux joueurs cette nécessité.Ainsi, dans Rainbow Billy, les « affrontements » se font de façon étonnante (mais en total adéquation avec ce que nous avons évoqué plus haut). Le principe est simple : dans un face à face, l’adversaire a perdu toutes ses couleurs. Gagné par l’angoisse, l’inquiétude, ou simplement la colère, il faudra que Billy et ses amis l’écoutent et le comprennent pour lui rendre, petit à petit, de ses couleurs.
Pour cela, vos actions sont les suivantes : écouter ou parler. En écoutant, vous pourrez essayer de comprendre les motivations/inquiétudes/ressentis de votre opposant. En parlant, vous pourrez montrer que vous le comprenez, que vous compatissez, lui apprendre qu’il peut être qui il veut et que non, cela ne posera aucun problème.
Même si nous sommes dans un monde imaginaire, avec des îles, des cannes à pêche qui parlent et un côté cartoonesque flagrant, les considérations de chacun sont bien issues de notre monde à nous. Un tel est considéré comme agressif alors qu’il ne cherche qu’à se protéger des autres. Un autre est jugé paresseux alors qu’il ne parvient juste pas à s’intéresser à quelque chose. Un autre encore est peinée que les gens tentent de détruire sa carapace plutôt que de comprendre ce qui se cache en dessous ou pourquoi il la possède.
Rassurer, comprendre, encourager, voilà les maîtres mots de ces confrontations qui n’ont qu’un but : rendre ses couleurs (et donc l’espoir et la joie) à ceux qui l’ont perdu. Si, en plus, cela affaibli l’influence du Léviathan, alors c’est tant mieux.
Le système d’écoute et de partage est symbolisé par des formes et des couleurs. Chaque opposant a un certain nombre de formes à débloquer par la parole et l’écoute. Ensuite, vous piochez des jetons représentant les précédentes créatures que vous avez aidé (et qui ont embarqué avec vous sur Friend-Ship).
Chaque jeton possède une forme et une couleur que vous pouvez utiliser pour faire re-colorer votre adversaire. Mais pour pouvoir l’utiliser, il faut résoudre un mini-jeu associé. Très courts, à la limite anecdotique (et surtout parfois particulièrement imprécis et frustrant), ces mini-jeux posent le rythme. Il s’agit d’appuyer sur un bouton en rythme, d’aligner des symboles, etc. Votre barre de vie n’est autre qu’une barre de moral, prolongeant l’aspect bienveillant/psychologique/compréhension du titre.
Inclassable
Difficile à classer, entre puzzle game pour les phases d’affrontements et plateformeur pour l’exploration, Rainbow Billy souffre quand même de quelques imprécisions. En effet, les mouvements de la caméra sont parfois mal gérés, se heurtent aux éléments du décor empêchant toute visibilité.
D’un autre côté, les sauts souffrent parfois d’un manque de précision qui font qu’on peut en rater à plusieurs reprises sans trop saisir pourquoi. Rien de bien méchant, mais quelques éléments frustrants qui peuvent venir entacher l’expérience de jeu.
Pour le reste, les mécaniques sont étonnantes : Friend-Ship navigue à la couleur, et donc il faut bien déterminer son trajet pour ne pas se perdre dans l’océan de morosité noir et blanc. L’intérieur du bateau vous propose d’aller dire bonjour ou d’offrir des cadeaux à vos nouveaux compagnons, les faisant augmenter de niveaux et débloquant de nouvelles capacités en leur offrant du poisson pêché lors d’un mini-jeu ou des cadeaux spécifiques achetés en boutique.
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