Runbow : à plusieurs, c'est meilleur !
L'arrivée de Runbow est l'occasion pour les possesseurs de Wii U de rassembler quelques amis autour de leur console pour une session de jeu multi à 9. Et si vous manquez d'amis, le jeu en ligne viendra à votre secours !
TestJohn Rambo ou Jump Runbow ?
Rien à voir avec le poète Arthur Rimbaud, la prononciation nous fait plutôt penser à un cousin du célèbre vétéran du Vietnam. Difficile de trouver un jeu portant mieux son nom que ce Runbow. Tout d’abord parce que le jeu de mots entre Run (courir) et Rainbow (arc-en-ciel) est évident. Mais surtout car il résume en six lettres le concept du jeu : courir (et sauter) à travers les couleurs. Formulé ainsi ça ne parait pas très folichon, je vais donc quand même détailler un peu.« Qu’est-ce que c’est ? – Une lampe bleue – Et ça fait quoi ? – Du bleu »
À ranger dans la catégorie déjà très fournie des jeux indépendants de plateforme 2D, Runbow se démarque par l’utilisation des couleurs comme élément central du jeu. Ici, la grande majorité des plateformes, parois et autres éléments de décor sont unicolores. Si ça permet de gagner un temps certain dans la réalisation graphique du jeu, le but est surtout de rendre ces éléments invisibles lorsque le décor de fond est de la même couleur. Et comme le fond change tout le temps de couleur, les éléments de décor apparaissent et disparaissent continuellement.Lorsqu’on débute sa première partie, on se dit que cette déconvenue ne paraît pas très handicapante, il suffit de mémoriser où sont les plateformes avant qu’elles ne deviennent invisibles... Oui mais voilà, une plateforme qui se superpose à un fond de la même couleur ne disparait pas que visuellement, mais aussi purement et simplement. Le joueur est donc constamment obligé de changer de plateforme au gré des apparitions et disparitions.
Voici donc le principe de base du jeu, à la fois simple et riche. Riche parce qu’il permet de créer tout un tas de situations. En tout cas ça semble avoir inspiré les gars de chez 13AM Games qui ont fait montre de toute leur imagination et surtout leur perfidie pour leur première production. Car en plus de proposer des niveaux capables de donner une crise d’épilepsie à un daltonien, le jeu présente un challenge globalement relevé. Pas de vies ou de checkpoints, chaque chute vous oblige à recommencer le niveau dès le début. Cela dit ils sont généralement assez courts, mais quand même… Et les niveaux ont des objectifs chronométrés. Généralement il s’agit d’atteindre l’arrivée, mais il faut parfois ramasser un certains nombre de pièces ou vaincre des ennemis.
Pour survivre à Runbow, il faut devenir Runbow
Au niveau du gameplay, il est tout aussi minimaliste. On se déplace au joystick ou à la croix selon le type de manette, un bouton pour sauter et un autre pour frapper. Notons tout de même qu’il est possible de se déplacer en frappant, d’une double pression du bouton de frappe. Ah oui, n’oublions pas l’indispensable pose du guerrier pour chambrer les adversaires. Deux boutons pour jouer ? C’est tellement ridicule qu’on pourrait jouer à deux sur une même manette. Eh bien oui, Runbow reprend cette idée un peu folle imaginée par les jeux Micro Machine de la génération 16 bits, permettre de se partager une manette pour augmenter le nombre de joueurs simultanés.Armés d’une Wiimote ou du Nunchuk qui lui est relié, c’est donc jusqu’à neuf joueurs (le neuvième utilisant le GamePad) que vous bataillerez dans un joyeux chaos pour tirer votre épingle du jeu, ou que vous coopérerez pour progresser dans les modes pourtant destinés au joueur solo. Runbow est donc clairement axé sur le multijoueur, on peut même considérer que c’est le point fort du jeu. Alors certes ce principe aurait pu permettre de faire jouer jusqu’à quinze joueurs en même temps, puisque Smash Bros. for U a prouvé qu’on pouvait utiliser sept Wiimotes à la fois, mais le jeu est déjà suffisamment bordélique à neuf.
Malgré un concept dont on a vite fait le tour, les nombreux niveaux se renouvellent sans cesse et il difficile de décrocher de la manette. C’est typiquement le genre de jeu qui vous fera dire au bout de quinze échecs « Je ne vais pas me coucher tant que je n’ai pas réussi », et quand on y parvient enfin, la curiosité de découvrir le prochain niveau prend le pas sur la raison. De plus, le nombre de modes est étonnant pour un jeu de ce calibre. On peut les répartir en trois catégories : solo/coopération, compétition locale, et compétition en ligne.
Ce que vous appelez l’enfer, il appelle ça chez lui
Si vous êtes seul ou que vos amis ont du skill (en tout cas plus que vous), profitez-en pour progresser dans le mode aventure. Il vous propose plus d’une centaine de niveaux. Il est possible de choisir avec un certain degré de liberté l’ordre dans lequel on va faire les niveaux pour parvenir jusqu’au boss, sachant qu’il n’y a pas besoin de faire tous les niveaux pour l’atteindre, loin de là. Comptez environ trois heures pour voir la fin du jeu en ligne droite. Bien sûr, ça monte beaucoup plus haut pour faire tous les niveaux et tout débloquer.Et si vous n’avez pas peur de la mort, mais alors vraiment pas, aventurez-vous dans le gargantuesque Bowhemoth. Dans ce mode, le (ou les) joueur a été avalé par une énorme créature dont il va falloir s’échapper en traversant moult tableaux constituant un seul et même niveau. Cette fois les vies sont infinies, et chaque échec nécessite de recommencer le tableau en cours. Mais en contrepartie, vous ne pourrez pas sauvegarder. Voici un défi de taille qui risque de vous occuper quelques heures, le temps d’écouler plusieurs centaines de vies.
Si vous êtes plusieurs et que vos amis sont plutôt d’humeur belliqueuse, quelques modes dédiés aux joutes devraient vous donner l’occasion de les calmer. Le premier d’entre eux, les courses, reprend le concept de base du jeu : atteindre l’objectif le plus vite possible. Mais cette fois il ne s’agit plus simplement de rejoindre l’arrivée, mais d’y parvenir en premier. Et au milieu de la profusion de bourre-pif que ça engendre, c’est déjà une petite victoire de ne pas flancher en cours de route. Pour varier les plaisirs, il y a également les combats en arène. Ici le but est d’être le dernier en vie, dans une grande variété de décors qui ne manquent pas d’ingéniosité pour nous offrir une mort rapide et ridicule. Arène se rétrécissant doucement, éléments disparaissant, plateformes se rapprochant de la lave à chaque fois qu’on passe dessus, parois destructibles…
Chaque décor nécessite une tactique spécifique, ce qui permet de renouveler l’intérêt de ce mode qui aurait pu sinon lasser au bout de seulement quelques joutes. Le troisième mode, Roi de la colline, est une variante des combats où le but est de tenir une position pendant sept secondes. Cette fois les joueurs réapparaissent à chaque mort, mais il faut jongler entre les pièges du décor et les velléités insistantes de vos adversaires. Si le mode précédent s’apparente souvent plus à de la survie que du combat, dominer la colline est sans doute l’exercice le plus bourrin du jeu
Précisons que dans tous ces modes compétitifs, des power-ups font leur apparition. Il suffit de passer dessus pour les activer. Il ne s’agit pas vraiment d’armes mais plutôt d’effets qui ne sont pas forcément à l’avantage de celui qui le récupère. Si les gants de boxe permettent temporairement d’éliminer tous les adversaires que vous frappez, d’autres effets comme la métamorphose de tous les personnages ou l’inversion du décor sont surtout là pour rajouter de la confusion.
Et si votre Wii U est connectée, ce qui devrait être le cas pour télécharger Runbow, vous pouvez également affronter le monde entier au travers des trois mêmes modes de compétition. Le petit plus qui fait plaisir, il est possible d’y participer jusqu’à quatre joueurs sur une même console en même temps. Les plus fourbes pourront donc essayer de jouer en équipe contre leurs adversaires virtuels, mais il n’est pas évident que ce soit une tactique payante tant la mêlée peut parfois devenir hystérique.
Enfin, un quatrième mode dédié uniquement au local met en avant le gameplay asymétrique GamePad contre Wiimotes. Pour les joueurs à la Wiimote ou au Nunchuk, le but du jeu est d’atteindre l’arrivée, comme dans la mode aventure. Pour le joueur ayant le GamePad, le but est de les en empêcher. Pour ce faire, il peut à la façon d’un New Super Mario Bros. U agir directement sur le décor via l’écran tactile. Une bombe par-ci, un éclair par-là…. Il est même possible de rajouter des tâches de couleurs pour faire disparaitre une plateforme.
Ce rôle est tout puissant, et rend ce mode assez déséquilibré pour le pauvre petit héros solitaire voulant parvenir au bout du parcours. Mais à partir du moment où les joueurs à la Wiimote se lancent en nombre, ça devient vraiment fun. On peut même voir des semblants de stratégie pour éviter de se retrouver dans le peloton ou en tête de course, les deux cibles privilégiées du joueur au GamePad.
Super eShop Brothers
Beaucoup de modes, de la castagne à outrance, un jeu clairement axé sur le multijoueur, ça ne vous rappelle rien ? Mais il reste notamment un ingrédient qui fait la force de Super Smash Bros. : un casting de choc. On ne va pas se mentir, comme pour le reste, il n’y a pas de quoi rivaliser avec le blockbuster de l’année dernière. Mais tout de même, Runbow se paie le luxe de réunir une quinzaine de personnages issus d’une large palette de jeux eShop parmi les plus recommandables. Shovel Knight, Xeodrifter, ou encore Gunvolt viendront ainsi animer vos parties.Il est toujours agréable de débloquer des nouveaux personnages. Surtout lorsqu’ils sont nombreux et que leur tête nous dit quelque chose. Mais si aucun ne vous revient, vous pourrez également jouer avec les personnages lambda proposés par le jeu. S’ils manquent de charisme au début, on peut également leur débloquer de nombreuses tenues pour apporter de la variété. Au niveau des bonus, il y a également une foule de succès et d’éléments pour la galerie à débloquer. Une petite carotte pas forcément convaincante, mais qui donne une impression de progression agréable.
Dieu aurait pitié, pas Runbow
Très coloré dès l’écran titre, Runbow a forcément une ambiance un peu disco de par son principe de base très coloré et rythmé. La musique, souvent jazzy et parfois teintée de percussions faisant penser à un Donkey Kong Country accéléré, est également plutôt entraînante dans l’action, sans vraiment retenir l’attention. Au final on enchaîne les manches comme on enchaîne les mini-jeux dans un WarioWare, sans vraiment prendre le temps de souffler mais sans en avoir l’envie non plus. Mais Runbow est un peu plus provocateur, notamment par le biais de phrases railleuses à chacun de vos échecs. « Essayez d’essayer », « Il faut savoir abandonner » ou encore « J’espère que personne n’a vu ça » sont quelques-unes des nombreuses piques qui viendront ponctuer vos pires exploits.L’ensemble est plutôt détonant. On peine à trouver une identité propre au jeu, entre ces succinctes trames scénaristiques stylées façon comics, son ambiance son et lumière disco, ses décors simplistes dessinés de la main gauche et ses railleries bon enfant. Mais au final ça donne un jeu frais et très accessible. Chaque joueur a ses propres attentes quant à ces critères de réalisation, mais il faut bien avouer que tout ça aurait été bien anecdotique si avant tout le jeu n’était pas particulièrement fun. Dans la mesure où cet objectif est totalement atteint, difficile de dire si les choix graphiques servent ou desservent le jeu.
En revanche, en ce qui concerne la performance graphique, nous avons tout de même été surpris de voir le jeu saccader légèrement de temps à autre. C’est d’autant plus étonnant que cela s’est produit sur des phases de jeu en solo, alors qu’aucun ralentissement n’a eu lieu en multi.
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