Une histoire au raz des pâquerettes
On pourrait se demander si le scénario a été écrit sous acide, mais on peut dire que les scénaristes ont eu la main lourde en poncifs d’adolescents pré-pubères : qu’est-ce qu’un rencard, comment le réussir, comment être une fille populaire……de quoi amuser un temps avant d’en devenir pleinement ridicule.
On le sait, le monde du Shmup est rarement synonyme de scénario cérébral, mais là franchement on tombe tellement bas que cela en devient insupportable. Donc n’hésitez pas à passer les scènes de longs dialogues ineptes (en particulier en choisissant la benjamine), vous ne manquerez rien, d’autant que les développeurs ne recourent qu’à la même illustration pour chaque personnage, quelle que soit l’action et les sentiments évoqués dans les dialogues, soit le strict minimum d’un effort de développement particulièrement paresseux à ce niveau.
Concrètement quelle camelote essaie-t-on de nous placer ?
Cinq sœurs nommées Sonay, Selma, Ece, Nur et Lale, qui n’ont aucun point commun physique et au niveau du caractère, sont dotées de pouvoirs importants. Si au moins elles mettaient ce pouvoir au service de leur entourage pour affronter différents sorciers et notamment le démon Saytan, le peuple de Pultima serait heureux.
Mais elles ne font que se crêper le chignon au grand désespoir de la population (c’est tout de même écrit noir sur blanc dans le texte explicatif défilant à l’écran, qui plombe tout de suite notre motivation pour le jeu).
Finalement, elles se réunissent un jour pour se battre pour l’affection d’un jeune ange célibataire tout beau, nommé Yashin, un bellâtre à la recherche du sens de sa vie. On verra que sous son aspect inconsistant, il possède un autre versant un poil plus croustillant.
Le pitch du jeu est donc simple, vous avez le choix de partir au combat en prenant l’une sœurs, chacune ayant une caractéristique de combat particulière, vous allez devoir affronter et vaincre chacune de vos sœurs, ainsi que votre propre conscience, puis affronter le bellâtre et son secret. Si vous gagnez, le bellâtre vous épouse ! Youpi !
Après avoir joué ces derniers jours à la compilation de Psikyo et à Sega Ages Final Fantasy (et en parallèle à Final Fantasy XII et Witcher 3), ce scénario particulièrement bas de gamme au niveau de son enjeu m’a totalement laissé de marbre. Enfin pas totalement, nous nous sommes même demandés si on ne se moquait pas des consommateurs.
On laissera donc de côté le scénario et la motivation du jeu digne d’un Razzie Awards pour se tourner vers le gameplay et voir si effectivement ce shmup a quelque chose dans le ventre de consistant et de fun.
Un manic shooter où l’on court à pied.
Étrangement, votre personnage passe son temps à courir au sol alors qu’on aurait pu penser à des phases plus aériennes. C’est particulier mais cela passe. Trois niveaux de difficultés, le titre est très accessible et peut être une bonne entrée en la matière pour des joueurs néophytes voulant tâter du shoot’em up avec des tirs remplissant tout l’espace jouable.
Il y a effectivement une très grande profusion de tirs à l’écran, mais toujours avec un couloir de dégagement, ce qui veut dire qu’on arrive sans trop de peine à toucher son adversaire sans se prendre la moindre blessure : c’est vrai en mode facile et normal, par contre le mode difficile est effectivement plus difficile (et c'est heureux pour les amateurs).
C'est l'heure de l'apéricube !
Quel que soit le personnage, vous allez donc affronter vos autres sœurs en deux temps : vous parcourez un niveau reprenant les caractéristiques de chacune (niveau glace, niveau feu, avec quelques contraintes techniques telle la surface glissante du monde de glace qui peut parfois vous contrariez lorsque vous visez votre adversaire, des ventilateurs qui vous ralentissent ou vous poussent sur le côté, du combat dans des zones pas toujours très éclairées contre Lale par exemple).
Après une première phase à affronter du menu fretin entrecoupé d'un boss intermédiaire géométrique cubique, voici votre sœur en face de vous, à vaincre en deux rounds. Chaque victoire vous apporte un semblant de discussion mais surtout vous expédie vers la sœur suivante.
Hum, des ennemis sortant de l'obscurité ! Joli challenge en mode hard !
Du bon et du très décevant
Le décevant, c’est la trop grande facilité du titre. Mon fils de 11 ans a terminé l’ensemble des combats avec un seul personnage en 20 minutes avant de voir le mot fin à l’écran lors de sa première partie. Certes, c’était en mode facile, mais tout de même, en particulier au regard de son affiliation avec la franchise Castle of Shikigami, qui a été une référence de challenge au niveau des manic shooters !
Les gamers passeront donc ce mode facile pour se concentrer sur une expérience normale ou difficile, avec quelques paramétrages dans rubrique option, Maniac, pour renforcer encore plus la difficulté. Mais quelque soit la difficulté choisi, chaque niveau est court.
Techniquement, Sisters Royale est tout à fait convenable sans être beau. On peut y jouer normalement avec un écran assez réduit depuis l’écran de votre Switch, plus agréable sur la télé, ou en mode verticale, une configuration décidément géniale exclusive à la Switch.
Les commandes répondent parfaitement sous les doigts, on se déplace facilement dans le décor entre les tirs sans le moindre risque d’input lag, c’est donc une réalisation sans faille, nous n'avons noté aucun ralentissement à l'écran. Mais c’est vrai qu’au niveau graphisme, hormis les belles illustrations figées des personnages, ce n’est pas renversant et hyper travaillé.
Pour un titre de 2020, on ne peut qu’être déçu, en comparaison avec un titre comme Dragon Blaze de Psikyo, qui n’a pas à rougir au niveau qualité graphique alors qu’il date de 2000. Castle of Shikigami III sur Wii lui est bien supérieur, on se dit qu’avoir attendu douze années pour obtenir aussi peu, cela ne valait pas la peine, Sisters Royales étant disponible depuis de nombreux mois sur l’eShop japonais mais jusqu’à présent uniquement en japonais.
Un gameplay qui varie en fonction de la sœur sélectionnée
Au niveau de l'action, nous avons trois possibilités pour tirer, en maintenant votre pression sur chaque bouton : le tir principal avec la touche A qui selon votre personnage sera plus ou moins rapide, allant droit devant ou s'orientant vers votre cible.
La touche B pour invoquer un rayon destructeur ou vous octroyez deux unités tournoyantes autour de vous ou pour absorber les tirs ennemis.
Enfin la touche Y largue la bombe qui fait le grand nettoyage à l'écran, ennemis et tirs adverses compris, une attaque Shikigami de forme différente selon la sœur employée. Une commande qui vous sauvera la vie durant certains passages difficiles. Un petit tutorial textuel vous explique les subtilités du gameplay, on aurait aimé avoir une visualisation en direct de l'effet obtenu.
Chaque sœur tire de manière différente, apportant donc une variation bienvenue au niveau du gameplay pour en maîtriser au mieux certaines subtilités, et le jeu vous pousse au scoring en prenant des risques. En effet, plus vous vous approchez de votre cible, plus vous marquez de points tout en vous exposant davantage au mitraillage ennemi.
On appelle cela le STB (ou Système Tension Bonus) qui vous octroie coefficient multiplicateur et récompenses de pièces en nombre en fonction de la distance vous séparant de vos ennemis, ainsi que de leurs attaques (une prise de risque intéressante lorsque vous engagez un ennemi secondaire alors qu’un florilège de tirs fonce sur vous à quelques centimètres à l’écran).
A noter en bonus, si vous multipliez votre score de manière efficace sur un temps réduit, vous pourrez parfois découvrir des fées cachées dans le décor. On a bien aperçu quelques choses de différents un moment en pleine action, mais difficile d’en profiter.
L’action reste cependant toujours lisible, ce qui est un vrai plus dans un titre de ce genre. Comme on peut le constater, une fois mis de côté la présentation burlesque de nos filles, on se retrouve avec un shmup bien plus qualificatif que la purge que l'on craignait initialement.
On ne s’est tout de même pas bien foulé
Cinq gameplay avec de réelles différences, une difficulté assez séduisante en mode difficile, un mode vertical, ce n’est donc pas si mal pour ce Sisters Royale: Five Sisters Under Fire. Mais encore aurait-il fallu que les développeurs fassent quelques efforts pour l’enrobage.
On ne reviendra pas sur le scénario débile où l’on comprend que le seul feu qui anime les sœurs est celui de leurs premiers émois (tout en restant suffisamment suggestif pour rester sur un PEGI 7 avec une sexualisation des personnages pas trop prononcée), mais on aurait pu espérer décor plus spectaculaire, un caractère design plus travaillé des ennemis, quelques fulgurances lors du combat contre le vil méchant du jeu. C’est un peu trop répétitif en la matière et cela manque de pep’s, malgré les couleurs.
Même la musique ne retient pas vraiment notre attention malgré ses airs festifs et légèrement jazzy ou pop selon le cas (la BO est disponible en téléchargement sur
Amazon si cela vous chante).
Le jeu reste désespérément solitaire (mais c’est l’histoire qui veut cela) donc un titre que l’on ne pourra même pas partager en coop avec un ami. Et rappelons qu’hormis la réussite finale où vous pourrez admirer votre personnage en tenue de mariée, tout le reste du jeu se résume à afficher la même illustration du personnage. C’est franchement peu. Ok le jeu tient une place poids plume de 503 Mo sur l’eShop, mais on pourra logiquement se demander l’intérêt d’une édition physique.
En effet les allemands de Strictly Limited Games ont annoncé la disponibilité d’une édition physique via leur site à compter du 23 février 2020 (ouverture des précommandes pour ce jeu), sous forme deux deux éditions : une standard et une collector dont le tarif n'est pas encore connu, auquel il faut en général ajouter les frais d’envois de 6,49 €. Est-ce que pour la bouffonnerie du scénario, cela vaut le coup de dépenser autant pour un titre qui n’apporte rien de nouveau au genre et reste relativement médiocre par certains aspects ? On vous laisse faire votre propre choix. Même en étant fan de shmups, pour nous c’est non.
Sisters Royale: Five Sisters Under Fire
est disponible autrement sur l’eShop de votre Switch depuis le 30 janvier 2020 au prix de 12,99 €. Actuellement un DLC est également disponible pour 2,50 €, apportant le personnage supplémentaire d'ODE, une mystérieuse sorcière qui apporte son petit scénario privé, ses propres attaques, et la possibilité de monter sur son balai. On remercie l’éditeur de nous avoir fait parvenir un code du jeu pour effectuer ce test et on apprécie la localisation du jeu qui permet de le découvrir en anglais, en espagnol et en français au niveau des textes malgré des dialogues très bas de gamme.
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