Super Mario 64 DS : un remake survitaminé !

Un remake ? Pas seulement

Autant dire que ce remake proposé par Nintendo pour accompagner sa Dual Screen au lancement est un merveilleux hommage. Un signal aussi : le jeu qui fait de la Différence Nintendo une réalité sort sur une console symbole d'innovation. le mélange des deux est-il aussi explosif qu'il en a l'air ?

Car à première vue, il n'y a rien de révolutionnaire de part de Nintendo à nous proposer un nouveau remake sur sa console. C'est même un peu outrageux de sa part, dans la mesure où on entend depuis si longtemps que la DS va bouleverser notre facon de jouer. Est-ce qu'un remake peut nous permettre de prendre conscience de ce vent de changement ?

En fait oui, dans la mesure où Nintendo a choisi de nous faire aborder un des jeux que nous connaissons le plus sur un support qui nous est nouveau : on peut ainsi immédiatement sentir la différence entre le Mario tel que nous l'avons découvert en 1996-1997, et le Mario que nous retrouvons aujourd'hui dans un remake qui n'en est pas vraiment un.

Il faut aussi dire que Super Mario 64 était si riche, si abouti, si... parfait, qu'un remake n'est pas de trop pour nous permettre de nous souvenir de ces moments exceptionnels, de ces petites touches qui changeront à jamais notre perception même du jeu vidéo. On n'approche donc par Mario 64 avec l'oeil navré du gars qui va se farcir un remake, mais avec l'oeil ravi de l'enfant que nous étions alors, heureux d'avoir vécu assez longtemps pour oublier certains éléments, et ainsi les retrouver... dans un gameplay revisité.

Super Mario 64 DS n'est pas qu'un remake, c'est carrément une version revisitée du jeu original, la preuve s'il en fallait une que Nintendo pouvait apporter une petite touche de fraîcheur à son aventure. Cela était-il nécessaire ? Nous sommes loin d'en être convaincu, mais on peut aussi comprendre les craintes de Nintendo qui n'avait pas forcément envie de voir la critique s'emparer de Super Mario 64 et de son possible remake fidèle au jeu que nous avions découvert au milieu des années 1990. On voit bien comment furent accueillis les NES Classic : 'un remake, c'est cool, mais pourquoi ne pas l'avoir amélioré ?'

Parfaire ce qui est parfait

Et vouloir améliorer, c'est dangereux : un pari osé de la part de Nintendo, qui dans le cas présent aurait très bien pu nous servir une soupe froide, pour notre plus grand plaisir. Le principal changement qui nous est soumis ici est la fait qu'on va désormais pouvoir jongler parmi 4 personnages, certaines actions étant limitées à certains et donc impossibles à réaliser si vous n'incarnez pas le bon.

Au début, vous n'êtes pas Mario, mais Yoshi. Yoshi a eu la bonne idée de se présenter en retard à son rendez-vous, et de ce fait n'a d'autre choix que de se rendre compte de la disparition des trois autres invités de la Princesse. Yoshi, Luigi, Wario et Mario étaient en effet invités par la Princesse à venir prendre le thé à quatre heures, mais lorsque Yoshi arrive, il n'y a plus personne.

C'est un sacré changement, un joli clin d'oeil au fameux Yoshi qui, dans Super Mario 64, apparaît une fois les 120 étoiles gagnées. Si vous avez pris le train Nintendo en marche à la gare GameCube, vous connaissez le principe des Shines : dans Super Mario 64, les Shines étaient des Etoiles, les mêmes étoiles après lesquelles vous courez en criant dans Mario Party.

A la recherche des Etoiles perdues

Ces étoiles sont disséminées dans une foule de mondes tous aussi différents les uns que les autres, ainsi que dans le château. Pour les récupérer, il vous faudra vous contenter du maigre indice qui n'est autre que le nom de l'Etoile en question, au début de chaque niveau. Le plus simple est encore de récupérer les 8 pièces rouges du niveau, encore faudra-t-il savoir où les trouver, pour enfin atteindre l'Etoile sans mourir bêtement par une faute erreur de précipitation !

De fil en aiguille, vous accumulez les Etoiles. Ces Etoiles vous donnent la force nécessaire pour ouvrir de nouvelles portes du Château de la princesse, dont Bowser s'est en fait emparé : c'est lui qui est derrière tout ca ! Il a kidnappé tout le monde pour enlever la Princesse, et les Etoiles ont été dispersées, emmenant avec elles l'Energie qui permet de maintenir la paix dans le Royaume. C'est donc lui, le vil Bowser, qui oblige Yoshi à sortir de sa sieste pour aller sauver ses amis, ou dumoins le meilleur d'entre eux, le bien-nommé Mario !

Mario est en effet le premier personnage que vous allez sauver. Il n'apparaît pas très longtemps après le début de l'aventure, et il était alors temps qu'il fasse son apparition : sauter et tirer la langue, c'est sympa, mais Super Mario 64 DS prend toute sa valeur avec celui qu'on adore tous, Mario !

Il est avant tout celui qui peut faire des triple-sauts, qui peut glisser, courir vraiment élégamment, mais aussi voler : c'est sans doute l'idée qui a ouvert les portes de la 3D au reste du monde, le fait que Mario puisse voler. Pour peu qu'il ait la bonne casquette, le voici les cheveux dans le vent à attraper des pièces, ou atteindre des plate-formes sinon inaccessibles en se transformant l'espace d'un instant en homme canon !

Le Royaume Champignon : immensité et diversité

Super Mario 64 est d'une richesse, d'une profondeur, d'un gameplay que j'oserai qualifier d'inégalés. Certains jeux sont certainement bien remplis, certains jeux sont certainement plus grands, mais aucun n'offre la précision qu'offre Mario 64, et aucun n'offre un si bel équilibre entre tous ces éléments. Autant le dire, Super Mario 64 pourrait être considéré comme l'ultime chef d'oeuvre de Shigeru Miyamoto, un jeu qui devra toujours avoir une place spéciale dans notre Mémoire de Gamer.

Chaque pièce du château nous emmène dans une région différente du Royaume Champignon. Et cette diversité est vraiment extraordinaire ! Vous devrez faire en sorte de rassembler les Etoiles pour aller plus loin dans les dédales du Château et foutre la raclée que Bowser mérite. Vous le rencontrerez à plus d'une reprise, chaque match étant pour vous l'occasion de parfaire votre conscience de l'espace 3D qui vous entoure. La taille de Bowser vous fait alors prendre conscience des 'limites' de la DS, les graphismes du jeu ne sont en fait pas très loin de ce que proposait la Nintendo 64 en son temps. Voilà qui pourrait détourner certains joueurs de la console, ce qui serait fort dommage car on comprend avec des jeux comme celui-ci que la DS est vraiment une machine faite pour jouer.

Entièrement en 3D, Mario 64 est parfois un peu difficile à appréhender : il vous faudra jouer de la caméra, dirigée par Lakitu (comment ca, ce nom ne vous dit rien ? C'est la tortue sur un nuage qui vous a pourri la vie dans Super Mario Bros ou qui vous donne le signal du départ dans Super Mario Kart !), pour voir les trous, ou vous situer par rapport à l'environnement alentour. Autant dire que ce n'est pas toujours facile, et qu'on devrait parfois sauter au lieu de faire tourner la caméra autour de Mario. Celle-ci n'est pas toujours très obéissante, et on a vite fait de se retrouver bloqué derrière un mur, à deux micro-mètres du vide ! La gestion des caméras pose souvent de sacrés problèmes à Nintendo.

Mais on vient de parler des contrôles sans les avoir d'abord préciser. C'est finalement un des principaux changements que nous propose Super Mario 64 DS : l'utilisation de l'écran tactile comme manette. Chaque console est vendue avec un petit accessoire en plastique qui se place au bout du pouce. Avec ce petit bidule, vous pouvez diriger Mario, en basculant le pouce dans la direction dans laquelle vous voulez aller. Appuyez plus fort et Mario ira plus vite.

L'écran dispose aussi de flèches qui vous permettent de régler la caméra. Vous pourrez ainsi observer la scène environnante, savoir où aller et mieux apprécier les distances avec vos ennemis ou, plus sournois, les trous (qui ne manquent pas). Vous disposez de 5 vies à chaque fois que vous lancez une nouvelle partie : cela veut dire que vous aurez de nombreuses occasions de gagner des vies supplémentaires.

Une expérience incroyable

On touche là un des points qui fait de Super Mario une expérience unique : Mario peut faire l'acrobate, et vous pouvez ainsi vous percher au sommet des arbres. Parfois, une vie apparaîtra ! Ceci fonctionne aussi avec d'autres personnages, mais on préfère quand même le style de Mario, il est tellement plus proche des origines du jeu ! Dans les niveaux enneigés, Mario peut aussi glisser (plusieurs niveaux et plusieurs étoiles secrètes du château vous invitent notamment à participer à des courses contre un Pingouin), preuve s'il en fallait une qu'il a sacrément de la ressource, le petit père Mario !

Bref, en vous accrochant au sommet d'un arbre, en prenant le temps d'aller tout en haut d'un poteau (qui n'a souvent rien à faire là et qui nous en donne d'autant plus l'envie d'y grimper !), vous pourrez gagner des vies supplémentaires. Il arrive même de trouver un champignon magique en courant autour d'un massif de fleurs : tout est prétexte à exploration, rien n'est placé au hasard dans le jeu.

Vous passerez donc le plus clair de votre temps à vous ballader : dans tel niveau parce que vous adorez vous envoyer en l'air en homme-canon, dans tel autre parce que vous aimez glisser à fond, ou dans tel autre parce que vous trouvez la musique du jeu belle à pleurer. C'est un autre élément qui fait de Mario 64 une expérience rare : ses musiques. De notre part, le niveau aquatique est tout simplement une des plus belles mélodies des jeux Super Mario qu'on ait jamais pu entendre !

Reste que l'écran tactile pour commander Mario 64 n'est pas toujours des plus précis : rien ne remplacera sans doute jamais le joystick analogique (encore une invention Nintendo !) de la Nintendo 64, et pour nous, la croix multi-directionnelle est encore le plus sûr moyen d'arriver à destination sans mauvaise surprise. Il est possible d'utiliser les deux modes indifféremment, vous verrez alors un cercle apparaître sur la DS, en vous approchant du périmètre votre personnage ira alors plus vite. C'est sans doute une question d'entraînement, mais quand on veut progresser et récupérer coûte que coûte les 150 étoiles du château, on n'a pas le temps pour ca !