Test de Agatha Christie : Le Crime de l'Orient Express - Hercule Poirot hausse le ton !
Hercule Poirot est de retour sur Switch dans une aventure aussi mythique qu’ambitieuse. Embarquez avec nous dans le train le plus légendaire de l’histoire pour une enquête au sommet !
TestUne ambition technique inédite
Les précédents titres mettant en scène notre enquêteur étaient pétris de qualités, mais restaient assez modestes techniquement parlant. On peut par exemple revenir sur le récent The London Case (dont le test est à retrouver ici) qui, s’il était agréable à l'œil, proposait un environnement en 3D isométrique beaucoup moins ambitieux à développer qu’un environnement en 3D réelle. En outre, les modélisations des personnages étaient correctes mais restaient perfectibles en termes de rendu et de détails. Le jeu souffrait également de chargements longs et pénibles, entre autres lacunes techniques.
En découvrant ce nouvel opus seulement quelques mois plus tard (mais développé cette fois par Microids Lyon), la surprise est donc réelle devant la superbe séquence d’ouverture du Crime de l’Orient Express. Nous sommes ici face à un titre visuellement beaucoup plus ambitieux, et qui flatte votre rétine d’entrée de jeu : les environnements sont en 3D et très réussis, de même que les décors fourmillent de détails et sont soignés. Les effets de lumière et autres reflets sont flatteurs, tandis que - clou du spectacle - les personnages bénéficient d’une belle modélisation.
Le jeu possède une patte graphique qui lui est propre et qui constitue un vrai atout : on navigue ici entre le réalisme pour les décors et un style proche de la BD pour les personnages, dont seule l’animation des mouvements pêche parfois un peu. On remarque finalement une résolution élevée en mode docké qui nous épargne l’aliasing dont souffrent beaucoup de jeux en 3D sur la console de Nintendo.
C’est bien simple, les graphismes sont tellement réussis qu’on peine à comprendre comment la Switch arrive à faire tourner le jeu. Félicitations à Microids Lyon qui semble ici avoir réussi une petite prouesse technique sur la console de Nintendo.
Évidemment, il n’y a pas de miracle non plus : les déplacements de notre héros sont lents, ce qui est prévu dans le jeu mais arrange surtout notre console qui semble déjà donner tout ce qu’elle a. Hercule Poirot déteste courir, et la Switch n’apprécie pas plus qu’il presse le pas : toute tentative de sprint sera punie d’un ralentissement du jeu peu rassurant. Il vaut mieux savourer cette aventure à une allure de sénateur !
De même, les temps de chargement sont certes présents mais gérés intelligemment, souvent en jeu, ce qui permet de ne pas se frustrer. On sent que le studio a bien exploité la Switch afin de proposer la meilleure expérience de jeu possible. De grosses concessions ont certes très faites en termes de fréquence d’affichage par exemple, mais peu importe : nous sommes ici en présence d’un jeu dont le gameplay s’en accommode parfaitement. Reste la gestion de la caméra, pas toujours parfaite…
Les graphismes sont une chose, l’ambiance en est une autre. C’est encore une fois l’une des grandes forces du titre, avec des environnements vraiment réussis et marquants. L’Orient Express en est bien sûr l’exemple le plus parlant, avec son ambiance boisée chic, ses cabines qui donnent envie d’y séjourner et ses dorures rutilantes. Mais on peut également saluer les autres lieux visités au cours de notre aventure qui sont tout aussi réussis et superbement réalisés. Cela peut vous paraître un détail, mais dans un jeu qui consiste à fouiller de fond en comble chaque endroit visité, c’est un réel plaisir de découvrir des lieux inspirés et qui semblent vivants.
Terminons par la partie sonore, à commencer par les voix : intégralement en française, les performances d’acteurs sont de haute volée et viennent renforcer l’impression cinématographique que donne souvent la réalisation du jeu. Pour leur part, les musiques sont certes peu nombreuses mais encore une fois très réussies : accompagnant parfaitement les différentes phases de jeu, elles savent se faire discrètes quand il le faut et ne deviennent jamais entêtantes à la longue. Les fans de la série Dexter pourront y retrouver comme un air de famille, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Une agréable sensation de réellement mener l’enquête
Nous avons salué le plumage, il convient maintenant de se pencher sur le ramage du jeu : son histoire, son écriture, ses énigmes, en bref ce qui constitue de sel de tout jeu d’enquête qui se respecte. Et c’est ici encore un gros pas en avant que nous propose cet épisode. Les fondamentaux sont toujours les mêmes pour tout jeu d’investigation : on fouille les lieux à la recherche d’indices, on débusque des objets qu’on étudie en détail pour en découvrir les mystères. Vient ensuite l’observation des témoins et autres suspects puis leur interrogatoire. De multiples énigmes viennent parsemer le tout pour progresser dans l’aventure. Ces choses sont communes et on les retrouve dans tous les jeux du genre. Toutefois, le traitement et le soin apporté poussent la sensation d’immersion à un niveau rarement atteint.On retrouve certes des bases qui ont fait leurs preuves, comme le palais mental qui permet de mettre en relation nos découvertes, indices et autres éléments de l’enquête qu’on devra relier entre eux pour parvenir à avancer dans nos investigations jusqu’à découvrir la solution finale. Ce palais mental fait ici preuve d’une belle maturité dans son fonctionnement et est réellement agréable à utiliser, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Surtout, son fonctionnement est toujours logique et sensé : on comprend bien le cheminement des pensées, les raisonnements et les liens qui poussent à faire notre déduction.
De même, les objets à étudier sont facilement identifiables et leur examen ne souffre pas de complexité inutile. Le jeu nous épargne également une gestion d’inventaire sans intérêt pour les objets récupérés. C’est simple et efficace. Merci !
Surtout, l’écriture et les dialogues sont réellement à la hauteur de notre détective. Interroger les suspects constitue ici l’un des vrais enjeux du gameplay avec un Poirot au flegme légendaire mais à l’instinct de limier. Vous serez parfois face à un véritable jeu de dupes dont vous seul pouvez orienter la teneur grâce à vos déductions. Cela rend bien entendu ces dialogues bien plus intéressants, et même truculents lorsque vous finissez par arriver à vos fins.
Vous l’aurez deviné, vos enquêtes vous conduiront à effectuer pas mal d’allers-retours dans le train et dans les autres lieux visités. Après avoir recueilli le témoignage d’un suspect, il n’est pas rare de revenir le confronter à ses mensonges une fois d’autres éléments contradictoires découverts. Ces moments sont grisants puisque c’est bien à vous de choisir quel discours doit tenir Hercule Poirot pour parvenir à faire avouer aux suspects leurs torts.
N’oublions pas de saluer les énigmes proposées par le jeu, assez originales et faisant bien plus appel à votre intellect, votre mémoire ou votre logique qu’à vos compétences manette en main. Ces énigmes sont assez nombreuses, toujours bien imbriquées dans l’affaire, et permettent réellement de trouver des éléments déterminants pour la suite. Et si vous bloquez sur une énigme, pas de panique : un système d’indices est là pour vous aider. Le jeu n’est d’ailleurs jamais punitif avec une sauvegarde automatique bien gérée et une difficulté somme toute peu élevée.
Globalement, le déroulement de l’affaire est donc passionnant de bout en bout et saura vous surprendre avec de multiples rebondissements. Voilà une enquête bien construite et superbement rythmée, à la fois digne de Poirot mais aussi de son autrice mythique. Gardez simplement en tête que nous sommes face à un jeu de réflexion et pas un jeu d’action frénétique. Si quelques phases sont plus dynamiques, n’attendez pas pour autant de grandes fusillades ou cascades pyrotechniques. Ce n’est pas le genre de Poirot !
Enfin, si l’histoire du crime de l’Orient-Express pourrait sembler familière aux lecteurs d’Agatha Christie, soyez rassurés : les ajouts à l’histoire originale sont nombreux et parfaitement intégrés. La transposition de l’affaire en 2023 est réussie, et l’arrivée d’un personnage inédit vient largement étoffer le propos : vous aurez en effet le plaisir de jouer une policière américaine nommée Joanna Locke qui apporte un peu de fraîcheur en termes de point de vue, de gameplay et d’environnements visités. D’abord séparés, les deux enquêteurs s’uniront par la suite avec des phases de jeu au cours desquelles vous pourrez basculer à tout moment d’un personnage à l’autre, les deux s’entraidant pour progresser.
Pour en revenir sur les lieux visités, il convient également de rassurer ceux qui pourraient craindre de passer tout leur temps de jeu coincé dans un train à faire des allers-retours. Il n’en est rien, et si nous éviterons de trop vous spoiler les différents lieux visités, sachez qu’ils sont variés et tous traités avec le même soin.
Terminons en mentionnant la durée de vie, très respectable et qui vous en donne pour votre argent. Le jeu est généreux et devrait rassasier les enquêteurs les plus gourmands d’entre vous.
Un petit bémol ? Les objets à collectionner dans le jeu sont sans doute l’aspect le moins réussi, avec un intérêt pour le moins limité. Nous avons également relevé pas mal de coquilles dans les sous-titres écrits en français. Rien de bien grave donc, mais il fallait bien trouver quelque chose à redire à cet épisode décidément épatant !
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Bien vu titouin ! Merci d'avoir vu cette coquille