Retour en terre inconnue
Après quelques secondes passées sur l’écran titre, le jeu nous propose une introduction dans le plus pur style de la NES.
Nous ne vous révélerons pas d’éléments d’intrigue pour des raisons évidentes mais sachez que vous incarnez Indra Choudhary qui, après avoir reçu un message mystérieux, décide de partir en Antarctique à la recherche de sa fille disparue.
Et rien qu’avec ce synopsis très succinct on constate déjà que Tom Happ a voulu changer drastiquement de cadre pour sa nouvelle aventure, on ne suivra pas les aventures de Trace cette fois.
Une volonté qui se ressent à tous les niveaux dans le jeu puisque dès l’écran titre nous observons un changement de ton radical opéré entre les deux jeux. Là où Axiom Verge premier du nom nous plongeait dans une ambiance sombre et claustrophobique, le second opus s’ouvre sur un environnement enneigé et en plein jour.
Et on peut appliquer ce constat à quasiment tous les éléments du jeu, de son esthétique à sa musique en passant par son gameplay. Tout cela permet d’une part aux 2 titres de fonctionner indépendamment (bien que des connexions existent) mais surtout d’offrir un feeling et une expérience unique, pour le meilleur comme le pire…
A vouloir aller trop vite, parfois on va trop loin
C’est bien simple, presque toutes les nouveautés du titre ont la même qualité et le même défaut. La qualité étant la volonté palpable d’innovation et de changement (souvent bienvenue et réussie) et le défaut étant un jusqu’auboutisme dans la démarche qui finit par se faire au détriment de l’expérience de jeu.Les musiques et le sound design, par exemple, bénéficient d’un soin indéniable et ont un côté oriental en accord avec la DA du titre. Le tout confère au jeu une aura très intéressante et une ambiance singulière. Cependant, la surutilisation de sonorités très stridentes rend certains passages assez désagréables sur la durée ou cacophoniques.
La narration est beaucoup plus dense que dans le premier opus. Au travers de documents disséminés dans le jeu et des dialogues plus fréquents, on voit se déployer un monde, une intrigue et une mythologie foisonnante mais qui peut s’avérer parfois indigeste en plus de casser assez fréquemment le rythme de l’exploration.
Là encore, l’idée est bonne mais l’accumulation de termes exotiques, de noms à quatre ou cinq syllabes et d’intrigues commercialo-politiques nous fait régulièrement sortir du jeu plutôt que nous y plonger.
Enfin, les idées de gameplay, pour la plupart basées sur les acquis solides du premier volet se voient étoffées de nombreuses innovations qui offrent une densité incroyable au jeu dans l’exploration. Néanmoins cette surabondance peut parfois nous embrouiller dans les moments d’action et les combats, souvent assez bourrins et peu gratifiants.
Une expérience unique et maitrisée
Après tout ça, on pourrait penser que l’expérience offerte par Axiom Verge 2 est négative, mais il faut bien comprendre que les défauts mentionnés plus haut, s’ils sont bien réels, ne sont que des anicroches dans une œuvre maîtrisée et à l’ambition assez folle.
En effet, rarement le sentiment d’exploration n’aura été aussi vertigineux que dans ce titre. Non content de maîtriser les codes du metroivania avec maestria, Tom Happ se permet de les sublimer via ses univers interconnectés qui fonctionnent en parfaite synergie.
En effet, très rapidement, le joueur pourra utiliser des portails lui donnant accès à la « brèche », sorte d’univers parallèle dans lequel le personnage peut se déplacer au moyen d’un drone afin de l’explorer.
La clé de l’avancée du joueur sera donc de passer d’un plan à l’autre pour aller toujours plus loin, ce qui va lui demander d’utiliser avec ingéniosité ses différentes capacités Ainsi, en mettant à contribution chaque élément de gameplay, le joueur doit booster et parfaitement maitriser les compétences non seulement de l’héroïne mais surtout du drone que l’on débloque assez rapidement.
Les power ups débloqués au fil du jeu et les compétences du personnage et du drone que l’on peut améliorer nous permettent d’affronter de plus en plus de situations avec une incroyable versatilité. Ce faisant, le jeu opère un rapprochement bienvenu avec l’héritage des Castlevania là où le premier lorgnait quasiment uniquement du côté Metroid de son genre.
Mention spéciale au hacking, une des marques de fabrique du premier Axiom Verge, grâce auquel le joueur peut interagir avec certains mécanismes mais surtout avec les ennemis pour les rendre moins menaçants ou encore en faire des plates-formes permettant d’explorer encore d’avantage l’univers du jeu.
Quid du fond ?
Pour finir, il nous faut parler du dernier point sur lequel Axiom Verge 2 était attendu : ses thématiques. En effet, le premier opus avait offert il y a six ans un sous texte assez incroyable sur de nombreux sujets philosophiques.
Ainsi le transhumanisme, la conscience, l’intelligence artificielle, l’identité, le bien commun sont autant de thèmes que le jeu abordait avec une certaine subtilité et laissait au joueur curieux matière à réflexion.
Ce second opus poursuit cette réflexion de façon satisfaisante mais moins subtile. Le sous texte appuyé par la grammaire vidéoludique se voit amoindri au profit des documents et dialogues nous déployant directement les thématiques en question.
Une démarche qui pourra être appréciée pour sa clarté mais qui a tendance à tenir un peu trop par la main ceux qui seront sensibles à de telles réflexions tout en les imposant aux autres.
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.