Test de Bravely Second : End Layer sur 3DS
Bravely Second sublime le premier opus qui nous avait tant séduit à sa sortie en 2013. Plus beau, avec une belle histoire, on voit que l'équipe de développement aime le travail bien fini. Une belle aventure, donc, à découvrir sur Nintendo 3DS.
TestL’ordre des choses
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de définir le public visé par ce jeu. Point de sexualité ou d’effusions de sang, mais le récit égraine en permanence de très nombreuses références à des notions du premier opus. Des notions pas forcément évidentes pour qui n’aurait pas déjà sauvé le monde de Luxendarc une première fois.Le jeu s’adresse donc avant tout aux joueurs à l’aise avec l’orthodoxie cristalline, la prophétie angélique ou encore le lien interdimensionnel formé par les cristaux et les évènements qui en découlèrent deux ans plus tôt. Si vous n’avez jamais touché à un Bravely, on ne saurait que trop vous conseiller de commencer la série par le bon bout.
Comme dans la vraie vie, un peu plus de deux années se sont écoulées entre le premier et le second épisode. Et oui, le monde de Luxendarc a ça de magique qu’il évolue sur la même échelle temporelle que nous, alors qu’en même temps il est tout à fait possible d’y arrêter le cours du temps, principe clé du jeu dont il tire son nom.
Doit-on en déduire qu’il s’écoule à une vitesse légèrement supérieure à celle de notre monde, avec un décalage exactement égal au nombre de Bravely Second utilisées par le joueur ? Voilà une question métaphysique à laquelle le jeu ne répondra pas. Bref… un peu d’eau a coulé sous les points et notre quatuor du premier opus s’est dispersé.
Comme évoqué dans notre preview, nous retrouvons en partie le casting de Bravely Default, certains personnages manquant à l’appel. Ce n’est pas forcément un mal tant Bravely Second reprend déjà de très nombreux éléments de son ainé, mais nous y reviendrons. Mais on ne peut s’empêcher d’être légèrement déçu que notre groupe soit à nouveau bloqué à quatre protagonistes principaux sans possibilité d’inter-changer avec d’autres, contrairement à un Xenoblade par exemple.
Protégez la planète, recyclez vos jeux
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en deux ans le monde de Luxendarc n’a pas beaucoup changé. Nous nous retrouvons bien vite à battre la même campagne qu’en 2013, pour nous rendre dans les mêmes donjons, découper les mêmes ennemis et débloquer les mêmes compétences, le tout sur les mêmes musiques. C’est là le principal défaut du jeu.Alors que le premier épisode est déjà parvenu à agacer nombre de joueurs sur la durée malgré ses indéniables qualités, la faute à son scénario extrêmement répétitif sur la deuxième moitié de l’aventure, qu’y a-t-il de plus malvenu que de proposer dans le deuxième opus de refaire à nouveau la même chose ?
C’est donc reparti pour un tour, en commençant d’entrée de jeu par le duché d’Eternia et ses multiples étages à l’architecture aussi illogique que pénible, puis viendront la mine menant au temple du cristal de feu ou encore le repaire de Chacal le porteur de l’astérisque des voleurs au fin fond du désert… Car le jeu reprend aussi nombre des personnages secondaires et ennemis de Bravely Default, dont la plupart des porteurs d’astérisques.
Heureusement, les circonstances de vos rencontres changent, et apportent d’ailleurs un peu de légèreté à la trame principale. Ce n’est donc pas sans plaisir que nous en apprenons un peu plus sur leurs histoires, leurs passés communs ou ce qu’ils sont devenus depuis deux ans.
Non non… rien n’a changé ! Tout tout… tout a continué !
Au niveau des redites, le système de combat n’est pas en reste. C’est bien simple, il n’a pas bougé d’un gil. On continue de jouer sur le nombre d’actions qu’on souhaite utiliser pour chacun de nos personnages, quitte à subir ensuite le courroux de nos ennemis durant plusieurs tours. Un système qui tourne à merveille, principalement grâce aux innombrables possibilités stratégiques procurées par les nombreuses classes, classes secondaires et compétences maîtrisées.Mais avec un jeu qui fait de la capacité spéciale d’arrêter le temps son titre, on s’attendait à ce qu’elle prenne une place plus importante dans la mécanique du jeu. Que nenni, il faudra toujours laisser votre console allumée durant huit heures pour activer une malheureuse fois l’arrêt du temps pour une et une seule action. Avec la possibilité peu alléchante de passer à la caisse en vraie monnaie pour recharger son sablier immédiatement. Finalement c’est peut-être « Bravement deuxième… » la bonne traduction.
Le système de jeu en lui-même n’a guère évolué non plus. L’interface reste inchangée, à un ou deux ajustements près. Il nous est à nouveau demandé de vaincre des porteurs d’astérisques, de racheter les magies et équipements et même de reconstruire un village. Grosso modo, on peut dire que 50% du contenu est directement issu de Bravely Default (protagonistes, bestiaire, classes, lieux, musiques…). En fait il serait plus facile de parler de ce qu’il y a de neuf. Ce que je vous propose de faire dès le paragraphe suivant. Hop !
Allô Leneuf ?
En dehors de ce petit sentiment de lassitude, surtout dans la première moitié du jeu, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher dans tout ce qu’il repompe au premier opus tant le gameplay de celui-ci était complet et réglé comme du papier à musique. Mais puisque nous parlons ici entre joueurs ayant envie d’autre chose qu’un New Game + du précédent volet, ce sont surtout les quelques nouveautés qui vont retenir notre attention.L’une des principales d’entre elles est l’ajout de nouvelles classes. Comme il n’est pas très jubilatoire de reprendre une carrière de Voleur ou Mage Blanc à zéro, Bravely Second pense tout de même à nous donner accès aux classes dans un ordre différent, en n’oubliant pas d’intégrer d’emblée quelques unes de ces nouvelles classes. A l’instar des anciennes, chacune a vraiment un style propre et capable de se combiner avec bon nombre d’autres. Certaines comme l’Exorciste ou le gardien permettent une nouvelle approche très intéressante, combos garantis ! C’est donc toujours un plaisir de monter ses niveaux de classes et de jouer à la poupée et au stratège en même temps à chaque fois qu’on veut en changer.
La plupart des nouvelles classes se débloque forcément au fil de votre avancée dans la trame principale, alors que bon nombre d’anciennes classes s’obtient au gré de petits scénarios facultatifs mettant en scène les porteurs d’astérisques originaux. Mais ces quêtes annexes vous demanderont toujours de choisir entre deux classes laquelle vous souhaitez débloquer. Ces histoires présentées sous forme de dilemmes laissent la part belle aux dialogues et aux mises en scènes, quitte à parfois trainer un peu en longueur, mais ont le mérite d’exister. Ca parait simple à dire mais il faut savoir s’en contenter, car ce sont les seuls missions annexes du jeu.
En dehors de ça, si vous bloquez sur un boss, il faudra tourner en rond à côté de lui ou d’un point de soin pour faire le level up qu’il vous manque, navrant. A l’heure où les jeux de rôles en monde ouvert offrent de plus en plus de libertés aux joueurs, c’est assez décevant de trouver une telle linéarité dans un RPG de premier plan.
Cela n’empêche pas l’intrigue d’être intéressante. La trame principale est très adroitement parsemée d’éléments scénaristiques tenant le joueur en haleine. A chaque fois que le scénario pourrait commencer à ronronner, un évènement inattendu vient soulever de nouvelles interrogations et nous faire comprendre que l’histoire nous réserve encore quelques surprises.
Le jeu s’étoffe de quelques fonctionnalités déjà décrites dans la preview, comme la possibilité d’automatiser plusieurs stratégies de combat ou de sauvegarder des configurations de nos personnages (classe, équipement, compétences). Heureusement, le bestiaire, les magies ou encore la liste des équipements s’enrichit. Et la carte du monde se voit affublée de nouveaux lieux et notamment de quelques nouvelles villes. On distingue aisément ces nouveaux lieux car ils bénéficient d’avantage de soins. Entre les plus nombreuses superpositions de plans renforçant l’effet de profondeur, les bâtiments extrêmement détaillés et le level design plus sophistiqué avec des zones sur plusieurs étages, nos rétines sont plutôt gâtées.
Et pour contenter nos oreilles, on peut une nouvelle fois compter sur des doublages au choix japonais ou anglais d’une qualité plus qu’excellente (on imagine mal un tel travail pour des doublages francophones), et on apprécie qu’une plus grande part des dialogues soit doublée par rapport au premier épisode. Quelques nouvelles pistes audio s’intègrent ci-et-là. Ces nouvelles musiques sont parfois chantées et souvent plus inattendues que celles issues de la BO de Bravely Default.
Enfin, un même générique vient ponctuer chaque fin de chapitre. Délicieusement interprété par Chelly, chanteuse du groupe Supercell qui s’articule principalement autour d’un auteur-compositeur de grand talent en la personne de Ryo, qui s’est justement vu confier la réalisation de la nouvelle BO de Bravely Second. CQFD. Avec un tel artiste à la baguette, dommage que cette collaboration ne se fasse pas plus entendre. Car si on retrouve bien la patte Supercell dans ce générique, les autres nouveautés audio se font plus rares et passent parfois inaperçu.
Jasette Role Playing Game
Les nouveautés sont donc maigres au regard de l’attente que suscite Bravely Second. Mais rappelons-nous qu’en 2013 si le charme a su opérer, ce n’était pas que pour sa réalisation réussie et son gameplay bien rôdé. Bravely, c’est avant tout un JRPG avec un grand J (comme Jasette ?). Dans la plus grande tradition orientale, ce RPG laisse la part belle aux dialogues.Entre la personnalité des protagonistes, leurs émotions, leurs rapports, leur passif, etc. Tout est occasion à nous glisser des scénettes qui n’arrivent pas toujours à nous arracher un sourire mais permettent tout de même de s’attacher à nos héros. Et puis quel plaisir de retrouver Edéa avec ses coups de colère, sa mauvaise foi, son côté fleur bleue et sa mou caractéristiques. Gu gu gu !
La trame narrative conséquente nous berce donc dans cet univers un peu candide, où l’atmosphère semble moins lourde que dans le premier épisode. Sans doute est-ce parce que le continent n’est plus à feu et à sang, et que notre objectif d’infiltrer cette forteresse volante pour sauver Agnès n’est pas aussi crucial que de sauver de la destruction plusieurs milliers de monde (ouf !). Bravely Second se permet donc de jouer encore un peu plus la carte de l’humour. Jamais avare en situations comiques, on passe même un cap dans les jeux de mots des noms de personnages (Soldat Bruti et Sergent Douille, si vous lisez ces lignes…).
On a également droit à quelques running gags et situations cocasses. Comme dans le premier épisode, il est souvent difficile de prendre l’ennemi au sérieux, sans pour autant que ça entache la crédibilité de l’univers dépeint. Tout reste toujours cohérent, du look enfantin des personnages à leurs mimiques exagérées dignes de la Commedia Dell’Arte, en passant par l’insouciance générale de chacun. Même le bestiaire rarement effrayant et les environnements très colorés collent parfaitement au titre. Cela n’empêche pas de rencontrer parfois des ennemis vraiment effroyables et d’avoir affaire à quelques situations tendues.
Et toi, à quoi tu joues ?
Alors certes avec un tel univers, il n’est pas étonnant de croiser des classes de Marchand ou Astrologue là où d’autre RPG nous proposeraient d’incarner des chevaliers dragon ou des assassins. Mais à trop forcer le trait, on en arrive à se voir proposer des vocations de pâtissier ou de félinomancien (si si). Et là on se dit que les développeurs sont peut-être allés un peu loin dans le fan service ou on ne sait quelle motivation obscure dont la finalité est sans doute d’élargir le public cible.Pas de chance, elles comptent parmi les classes les moins intéressantes à jouer. Toujours au niveau des nouveautés loufoques, cette fois-ci on nous propose un mini-jeu consistant à regarder nos quatre protégés créer des peluches en coton. Le but étant de leur fournir des matériaux efficaces pour créer toujours plus vite et mieux, pour gagner trois francs six sous au bout de plusieurs heures. Inintéressant et inutile, merci d’avoir essayé.
Et puisqu’on parle des fonctionnalités annexes, sachez que là encore Bravely Second marche dans les traces de son prédécesseur. Le StreetPass vous sera toujours utile pour accélérer la reconstruction du mystérieux village, ce qui vous permettra de débloquer des objets et pouvoirs spéciaux. Le système de mentorats est également conservé en l’état, nous permettant de partager nos meilleures attaques et surtout de pouvoir bénéficier de celles de nos mentors pour se débloquer des situations les plus délicates.
D’ailleurs, même si vous n’avez pas d’amis sur votre console, le jeu vous proposera toujours des amis bot (aucun lien de parenté) afin d’avoir tout de même accès à un coup de pouce si besoin. C’est d’ailleurs une constante dans la série de prendre le joueur par la main. Entre les objectifs indiqués sur la carte, le mentorat, les Bravely Second ou bien la difficulté et le taux de rencontres aléatoires ré-ajustables à tout moment, le joueur n’est jamais abandonné devant une difficulté.
Même s’il sera parfois nécessaire de faire du level up, on ne peut pas dire que Bravely Second représente un gros challenge pour le joueur averti. Le jeu cherche avant tout à nous laisser profiter de l’histoire en en suivant la trame toute tracée, bien droite et presque sans détours. Si vous n’êtes pas du genre à vous attacher aux personnages et au scénario d’un jeu, vous risquez donc de trouver le temps un peu long.
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Ayant fait le premiers opus de fond en large, j'ai hâte de découvrir se que sont devenue ma fine équipe.