Test de Cavern of Dreams : trouvez les œufs et fermez les yeux
Condensé moderne d’un Banjo Kazooie plus court, moins inspiré et visuellement mitigé.
TestUn dragon au pays de Banjo
La copie est presque conforme, substituez à l’ours au banjo du studio Rare un petit dragon dénommé Fynn et vous retrouvez immédiatement une sensation de déjà vu dans un jeu qui s’engouffre volontiers dans l’hommage. La situation de départ est en effet très proche, avec notre personnage pénétrant dans une caverne, partant à la recherche de ses proches disparus et kidnappés, sous la conduite d’un Sage qui nous sert de guide. L’aventure se déroule pour part dans un grand hub fait de passages et de recoins cachés abritant beaucoup de collectibles à réunir, ainsi que des niveaux à part tournant chacun autour d’une thématique dédiée.On reconnaît immédiatement cette atmosphère moite, humide et un peu usée des réseaux terreux qui constituaient la patte du jeu sur Nintendo 64. Sans aller jamais jusqu’à faire peur, sauf peut-être aux plus jeunes joueurs, le titre se plaît à jouer avec les codes de l’horreur, des monstres, des créatures inquiétantes et du repoussant pour embarquer le joueur dans son univers certes cohérent mais cependant peu reluisant.
Le paquet a été mis sur le premier niveau de Lostleaf Lake qui voit débarquer Fynn dans un univers automnal saturé en feuilles mortes et en douce lumière de fin d’après-midi. La référence au niveau culte du Bois Clic Clac de Banjo qui déclinait les quatre saisons et en particulier l’automne, est clairement l’inspiration qui se cache derrière le travail dans Cavern of Dreams. Toutefois la comparaison s’arrête dès qu’il s’agit d’explorer le niveau car celui-ci se résume ici à quelques petits îlots et plateformes dont on fait malheureusement le tour bien trop vite.
Les œufs contenant les proches de Fynn sont à chercher au nombre de 8 dans chaque niveau et malheureusement on met la main trop rapidement dessus pour constituer des défis suffisamment intéressants pour être mémorables. Les énigmes qui accompagnent cette recherche ne dépassent souvent guère l’étape d’une fouille rapide et systématique, en suivant un parcours évident, avec des obstacles identiques.
Il peut s’agir d’utiliser les capacités de notre personnage ou bien de déplacer une statue pour débloquer un passage, transporter un objet pour le donner à un PNJ ou reproduire une forme. On est un peu déçu devant la faible imagination mobilisée dans l’écriture de ces mystères, loin d’être aussi riches que ceux vieux de plus de 25 ans du jeu qui sert d’inspiration au titre.
Un personnage mobile mais imprécis
Une des spécificités du jeu repose sur l’accès progressif aux capacités qu’acquiert notre personnage. C’est en effet en retrouvant un nombre minimum d’œufs dans chaque niveau que l’on reçoit, de la part de notre figure paternelle de grand Sage qui attend sagement au cœur de la caverne hub, de nouvelles aptitudes. L’exploration des niveaux doit ainsi se faire par étapes, chaque niveau pouvant être rejoint une fois telle nouvelle compétence connue.À l’intérieur des niveaux, Fynn peut alors mobiliser cette nouvelle capacité pour explorer de fond en comble et retrouver les œufs. Le jeu prévoit aussi une certaine flexibilité dans la recherche des œufs et de revenir à plusieurs reprises dans les niveaux. En effet des raccourcis se débloquent progressivement vers les stages déjà visités et grâce aux nouvelles compétences acquises, les œufs et autres bonus auparavant inaccessibles le deviennent.
Le maniement de Fynn se fait sans encombre. Il court, potentiellement très vite grâce à un système d’accélération impressionnant intégré, et saute ou plane. Quelques attaques sont possibles en tournoyant ou bien avec la charge au sol. Ces aptitudes offensives ne doivent toutefois pas servir lors de combats, comme c’était fréquemment le cas chez Banjo. En effet ici le développeur s’est exprimé à l’occasion de prises de parole pour défendre un jeu volontairement dénué de la plupart des ennemis qui sont d’ordinaire de mise dans les jeux du genre. Il a conçu l’exploration comme un processus pacifique et paisible, afin de ménager pour le joueur des temps préservés de réflexion, sans la crainte de voir un ennemi fondre sur lui.
D’ailleurs les vides, les pics ou les quelques éléments dangereux ne sont en rien une punition puisque Fynn est au mieux éjecté plus loin, au pire finit au fond d’un précipice mais réapparaît quasi immédiatement non loin, sans que cela n’entache un quota de cœurs. Le jeu n’embarque pas de système de vie ou d’énergie. Cela risque de rendre l’expérience forcément moins palpitante pour certains joueurs mais peut constituer une bonne pioche originale à saluer pour qui souhaite s’initier à ce genre sans en assumer la dimension parfois frustrante des pièges et des adversaires implacables ou agaçants.
Une réalisation fantasque et trop clivante
Malheureusement là où le titre aurait pu tirer son épingle du jeu avec une réalisation paisible et plaisante qui se serait mariée à merveille avec le projet pacifique développé, il n’en est rien. Le jeu a un effet repoussoir assez marqué, les textures sont baveuses, les plages de couleurs criardes, il n’y a aucune harmonie ou presque visuellement.Murs invisibles, formes découpées à la serpe et créatures plus laides les unes que les autres suffisent à ternir l’ambiance générale du jeu. Ce ne sont pas les sons et musiques qui risquent aussi de rattraper le tout. Avec des morceaux souvent grinçants et irritants, la bande-son du jeu ne fait pas honneur aux talents des compositeurs derrière la bande-son très recherchée de l’ère Nintendo 64. Ici certaines musiques frisent sans gêne l’inspiration un peu trop prononcée sur le modèle d’origine, sans parvenir à trouver une identité propre ou même la qualité.
Enfin la durée de vie vient conclure un jeu trop court pour être mémorable, même si on sent que le développeur a tenté d’instiguer le plus d’idées originales et de défis dans les derniers instants du titre. Pour les joueurs vraiment mordus du genre plateforme 3D, la recherche conclusive des éléments ratés promet quelques nœuds au cerveau appréciables. Quel dommage que la conclusion du jeu soit un peu bâclée et l’histoire finalement aussi peu écrite avec soin.
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