Test de MotoGP 24 : la selle entre deux chaises.
La simulation de moto ultime est de retour avec une édition 2024 qui promet un contenu plus complet que jamais et des sensations d’un réalisme indécent. Au risque d’en demander un peu trop à notre Switch ?
TestToujours aussi complet, avec des ajouts intéressants !
C’était l’une des grandes qualités des opus précédents : un contenu très généreux. MotoGP 24 ne déroge pas à la règle et continue de proposer un mode carrière vraiment consistant, mais également les classiques : Championnat, Grand-Prix simple, Contre-la-montre… Mais chaque chose en son temps ! Avant de vous lancer, le jeu propose comme d’habitude une prise en main immédiate sur piste pour que vous puissiez déterminer le niveau de difficulté le plus adapté. L’occasion de vous rappeler que ce jeu n’est absolument pas typé Arcade et se veut même le plus réaliste possible. Ainsi, la prise en main est loin d’être immédiate et nombre de joueurs devraient finir par terre plusieurs fois durant ce premier tour de chauffe.Pas de panique : les différents modes de difficulté permettent de rendre le jeu largement plus permissif. Les freins peuvent être couplés, la boîte de vitesses se plie à vos préférences (automatique ou manuelle) tandis que diverses aides à la conduite peuvent venir en aide à ceux qui en ont besoin. De quoi rendre les premières heures de jeu plus digestes !Malgré tout, n’allez pas croire que la prise en main de ces bolides sera aisée. Les premières minutes de jeu sont éprouvantes et vous voilà rapidement prévenus : MotoGP 24 est un jeu de simulation où le manque de concentration n’a pas sa place et où toute erreur est sanctionnée. En revanche, la courbe de progression est assez rapide et gratifiante. Heureusement, cela devrait permettre de ne pas perdre trop de joueurs en cours de route ! Détail qui n’en est pas un, le niveau de difficulté pourra être réajusté à tout moment en cours de carrière. De leur côté, les adversaires bénéficient d’une I.A. inédite qui leur permet de s’adapter à votre niveau de jeu en permanence. C’est très malin et nous avons effectivement été agréablement surpris par le comportement global des adversaires lors de notre test. Un bon point !
Enfin, il faut mentionner un autre élément qui a son importance: en cas de chute vous pouvez toujours activer l’option “Rewind” pour remonter le temps de quelques secondes et tenter de faire mieux lors de ce nouvel essai. Un bon moyen d’éviter une trop grande frustration, surtout dans les premiers temps.Il est maintenant temps de créer votre avatar. Le configurateur est certes assez pauvre en termes de choix de visages, mais propose un choix de casques et autres accessoires impressionnant ! La modélisation des humains pique un peu les yeux… mais nous reviendrons sur les graphismes plus tard.
Avant tout, place au mode carrière ! Et ce mode, déjà très complet par le passé, apparaît ici plus intéressant que jamais. En effet, vous allez forcément démarrer en Moto3, mais avec la promesse de passer en Moto2 puis en MotoGP si les résultats sont au rendez-vous. Cela tombe bien, votre écurie va vous donner des objectifs clairs et plutôt raisonnables (terminer devant votre coéquipier, garantir un classement constructeur etc.) pour vous permettre de vous faire remarquer et ainsi vous octroyer des perspectives d’évolution. Il n’est pas forcément nécessaire de terminer premier à chaque fois, et c’est tant mieux car beaucoup plus réaliste ainsi. Et en cas de grosse performance, vous pourriez même avoir la possibilité de monter en catégorie en cours de saison. Voilà de quoi se donner les moyens de performer !On salue également l’apparition très réussie d’une sorte de réseau social directement intégré au jeu. A chaque fin de course par exemple, vous êtes susceptible de recevoir un message de votre équipier, de votre staff… mais également de tous les concurrents. Libre à vous de répondre en adoptant un ton amical, avec un bon esprit d’équipe voire une belle langue de bois… Ou de ne pas prendre de gants, au risque de montrer votre côté arrogant et légèrement perso. Cet ajout est une excellente idée d’autant plus qu’il va faire évoluer votre réputation dans le paddock ainsi que, par exemple, le comportement de votre équipier vis-à-vis de vous.On note enfin la possibilité de suivre un week-end de course exactement comme dans la vraie vie (essais libres, qualifs, course) ou de ne sélectionner que les phases essentielles pour les plus pressés. C’est bien vu, et l’interface est bien pensée. Du tout bon !L’autre grande nouveauté est l’apparition d’un marché des transferts dynamique en cours de saison. Lorsque vous acceptez un guidon dans une nouvelle écurie (voire un passage de catégorie), c’est tout le paddock qui s’adapte en conséquence et le jeu des chaises musicales commence. Voilà ici encore un très bon ajout au mode carrière, et de quoi provoquer des retournements de situation intéressants. Heureusement, les puristes pourront choisir de verrouiller les véritables équipes de 2024 s’ils le souhaitent pour éviter de s’égarer.
Ajoutons à cela la présence d’un tout nouveau système de pénalités pour calmer les ardeurs des pilotes les plus agressifs : désormais, tout pilote qui dépasse les bornes (!) se verra sanctionné : avertissement, chrono dégradé voire annulé, et en course une pénalité de tour long. Vous voilà obligé de prendre une voie de détour sur la piste avec, vous l’imaginez, de précieuses secondes perdues à l’arrivée. Ces pénalités peuvent évidemment se désactiver si vous le souhaitez mais pour qui veut une course “propre”, cette option est très intéressante car sachez que vos adversaires gérés par I.A. seront logés à la même enseigne.Évidemment, le casting 2024 de la discipline est présent, ainsi que vos écuries préférées et surtout les 21 circuits de la saison. Le tout sous un ciel qui propose une météo dynamique, gage de sensations de pilotage variables et de courses à rebondissements. En selle, il est temps de se lancer sur la piste !
Une simulation trop pointue pour la console de Nintendo ?
Qualité connue des MotoGP depuis maintenant quelques années, le moteur physique est globalement très qualitatif et on retrouve un feeling vraiment réaliste des motos et de leurs réactions. C’est donc avec plaisir qu’on apprend petit à petit à apprivoiser ces monstres de puissance et qu’on appréhende de mieux en mieux leur comportement. Seul grief, la gestion des collisions est quelque peu fantaisiste et trop permissive. On comprend l’intérêt pour éviter les chutes trop fréquentes qui nuiraient à l’expérience de jeu, même si cela fait un peu tâche sur une simulation qui se veut si pointue. Mais ce n’est rien à côté du principal problème de cette version Switch…On le dit et le répète depuis maintenant quelques années : les contrôleurs de la Nintendo Switch ne sont pas adaptés aux jeux de courses trop pointus. La faute à des gâchettes ZL et ZR qui ne sont pas analogiques et ne proposent donc pas de course variable comme les manettes des consoles concurrentes ou même… une bonne vieille manette Game Cube. Le constat est sans appel : il est tout simplement impossible de doser correctement votre manette des gaz ou votre freinage dans ces conditions. Le bilan est strictement le même que vous jouiez avec des Joy-Cons ou une manette Pro, et sur une simulation qui demande une extrême précision manette en main, le problème est forcément exacerbé.Freiner n’est pas le plus gros problème, d’autant plus que choisir le freinage couplé aide vraiment. Le vrai problème reste l’accélération, surtout en sortie de virage : gare aux chutes à répétition ! Très rapidement, et surtout après un passage sur piste mouillée, il faut se rendre à l’évidence : seules les aides à la conduite (antipatinage, anticabrage, ABS, cartographie moteur etc.) peuvent vous aider à trouver un compromis acceptable pour jouer dans des conditions décentes. Problème, vous perdrez fatalement du temps face à un joueur d’une console concurrente puisque ces aides viennent pour certaines brider vos performances.En somme, nous voilà devant un jeu qui nous propose de régler notre bolide dans les moindres détails pour grappiller le moindre centième de seconde au tour… Mais tout cela se heurte ensuite à un matériel qui ne peut suivre en termes de précision et vous force à réintégrer des aides qui paraîtront saugrenues aux joueurs les plus pointilleux. Voilà tout le paradoxe de ce MotoGP 24 dans sa version Switch, et c’est sans doute ce qui poussera les passionnés du genre à se tourner directement vers les versions concurrentes, bien plus abouties.Malgré tout, après avoir passé un moment dans les options pour trouver un bon compromis, il est tout à fait possible de s’amuser sur ce MotoGP 24. Nous soulignons simplement ici le fait qu’un joueur de plateforme concurrente sera forcément avantagé, et qu’il est globalement inutile sur cette version Switch de passer trop de temps à peaufiner les réglages de votre moto : accepter les suggestions de votre ingénieur nous a paru plus judicieux à l’arrivée.
Une version Switch qui a le mérite d’exister…
Côté graphismes, ce n’est pas vraiment la fête non plus. Commençons par le positif : le jeu est d’une fluidité remarquable, et les motos sont très bien modélisées. Les sensations de vitesse et de transferts de masses sont bonnes et les bruitages sont de qualité. Le premier roulage de test au lancement du jeu fait donc très bonne impression.Malheureusement, cela se gâte vite : la création de votre avatar trahit des visages à la modélisation “vintage”, tandis que sur piste, tout est beaucoup moins joli dès lors que vous n’êtes plus tout seul. Le moteur graphique ne semble pas avoir évolué depuis MotoGP 22 : les ombres sont toujours très discrètes, de sorte que les motos semblent parfois flotter au-dessus de la piste. Surtout, les décors font franchement peine à voir. C’est désespérément vide, et le peu qu’on voit est terriblement laid et mal animé. Terminons par les temps de chargement qui sont d’une longueur toujours aussi exaspérante !Allez, on arrête de grogner : une fois dans le feu de l’action on a tendance à oublier ces défauts : on se concentre sur la piste pour retrouver un rendu global très satisfaisant, de bonnes sensations et c’est bien là le principal… D’autant plus que certaines vues sont spectaculaires et que les replay proposés sont bien réalisés. De quoi faire illusion !Évidemment, les personnes sensibles à la qualité des graphismes iront jouer sur les plateformes concurrentes, bien plus puissantes et offrant un rendu visuel sensiblement meilleur. Mais sans le côté nomade qui reste le principal atout de cette version Switch !
Terminons par deux regrets : d’abord, le jeu est jouable en multi jusqu’à huit mais uniquement en réseau local. Il n’y a pas de multi en écran splitté, et vous n’aurez pas non plus droit à du cross-platform ou même aux compétitions en ligne. Sans doute les conséquences des problèmes évoqués plus haut. Ensuite, si MotoGP 22 nous avait éblouis avec son mode “Nine Season 2009”, l’opus de cette année ne propose rien de comparable, à notre plus grand désarroi. Il y a bien quelques circuits historiques en bonus qui font plaisir, mais pas de quoi faire de ce MotoGP 24 un incontournable.
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