Test de Sifu, le film d’arts martiaux dont vous êtes le héros
Le Kung-Fu mis à l’honneur dans ce bijou vidéoludique qui offre une expérience de combat unique : Sifu, un beat’em up, rogue-lite vraiment pas comme les autres.
TestLa fureur de Yang
Comme les bons classiques du cinéma hongkongais, Sifu c’est avant tout une histoire de vengeance. Le grand maître (Sifu), votre père, se fait sauvagement assassiner par Yang, le leader d’un groupe de traîtres. Le tout devant vos yeux d’enfant (garçon ou fille selon votre choix). Témoin de cette scène dramatique, votre gorge s’en retrouve tranchée et vous êtes alors laissé à gésir sur le sol. C’est sans compter sur l’amulette que vous portez, dont les effets protecteurs, vous permettent de revenir d’entre les morts.Une introduction forte qui bascule sur un écran de crédits très cinématographique. Alors que les noms défilent, vous découvrez les ennemis qui croiseront votre route dans l’aventure, au travers d’un tutoriel brillamment intégré dans ce générique. Vous y apprenez les bases du Kung-Fu et avez déjà l’occasion d’observer quelques patterns de vos opposants. Les premières sensations de satisfaction sont palpables et l’écran titre vient clôturer l’apprentissage.
C’est là que s’inscrit le début de votre histoire. Huit années, au cours desquelles vous avez pu nourrir votre soif de vengeance, s’écoulent, rythmées de discipline et d’entraînements intensifs. Vous avez dorénavant vingt ans et êtes fin prêts à tuer chaque coupable de cette nuit dramatique. Une note listant les cinq personnes à abattre, vous sert de to-do list et fait évidemment écho à la “death list” de Kill Bill.
Précieuse amulette
Vous l’aurez compris, dans Sifu, il est avant tout question de Kung-Fu. Vous commencez dans votre appartement, qui fait office de hub où vous revenez entre chaque niveau. Vous pouvez y changer de tenue (qui se débloquent sous certaines conditions), changer le sexe de votre personnage, vous entraîner ou améliorer vos compétences. Un tableau regroupe les informations sur vos cibles, qui d’ailleurs s'étoffent au fil de vos trouvailles et des runs. Mais vous avez surtout le bureau, disposé devant une fenêtre qui offre une vue imprenable sur la ville. C’est de là que vous accédez aux cinq niveaux où se trouvent les personnes de votre fameuse liste.Sifu est loin d’être facile, il faut essuyer beaucoup de défaites pour réussir à maîtriser l’art des combos. Les combats sont d’une précision folle et les chorégraphies sont grisantes. Le studio réalise cette prouesse en mêlant l’utilisation de keyframe et va jusqu’à la motion capture avec des spécialistes de Pak Mei (le type de Kung-fu utilisé dans Sifu) pour les coups finisseurs.
Il existe trois niveaux de difficulté : élève, disciple et maître qui vont du plus facile au plus difficile. Nous avons réalisé notre test en mode normal (disciple) qui était déjà bien ardu. Soyez donc préparé à mourir et recommencer fréquemment. Ça tombe bien, dans Sifu, la mort fait partie du jeu.
À chaque fois qu’un affrontement tourne mal, au lieu de mourir, vous vieillissez. En contrepartie, votre barre de vie est réduite mais avec l’âge vient la force, votre puissance augmente. C’est également le moment d’acquérir de nouvelles compétences. Contre un certain coût, vous avez aussi la possibilité de les débloquer de manière permanente. Elles seront donc disponible dès le début de votre prochain run. Outre l’impact sur les performances de votre personnage, son esthétique évolue, les cheveux se teintent de blanc et les traits se rident au fil des années.
La force de la patience
Rentrons maintenant dans le vif du sujet, les combats. Vous évoluez en vue à la troisième personne caméra épaule et vous croisez rapidement vos premiers ennemis. Vous mettez en pratique ce que vous avez appris dans le tutoriel et commencez à castagner du gangster avec grande classe. Si vous êtes habitués aux jeux de combats, vous serez en terrain connu avec des commandes qui nécessitent une certaine maîtrise et une dextérité pointue. Si vous débutez dans le genre, il faudra certainement un certain temps d’adaptation avant de se sentir à l’aise. Notez toutefois qu’il est possible de personnaliser les commandes de manière extrêmement poussée, l’opportunité donc d’améliorer la jouabilité.On peut ramasser des objets de l’environnement, comme une bouteille de verre, une barre de fer, ou encore un balais afin de s’en servir comme arme. Elles sont plus ou moins résistantes et les ennemis peuvent vous désarmer et vous déséquilibrer. La palette de coups est particulièrement riche et même l’esquive est pointilleuse.
Le système est exigeant, et bourriner les boutons ne sert à rien. Il faut faire preuve de patience et d'observation. On se laisse emporter dans la frénésie et les situations où l’on se trouve encerclé par des ennemis demandent une grande réactivité et un usage des contres et parades précis.
Enfin, pour ce qui est des boss, charismatiques au possible, il est important de prendre son temps et observer leurs mouvements. Avec un peu de patience, vous vous rendrez compte qu’ils vous laissent souvent une fenêtre d’ouverture, généralement en fin de pattern.
Le film de l’année !
Jusque là, Sifu fait un sans faute. Le studio réussit à proposer un gameplay mémorable et pousse l’excellence jusqu’à son lore. Le scénario, certes classique, tient suffisamment en haleine pour qu’on accepte de mourir encore et encore afin d’en voir la fin. Les niveaux sont diversifiés et transportent de la banlieue chinoise défavorisée aux plus hautes institutions. Les paysages sont gorgés de détails et l’immersion est totale.Les animations sont époustouflantes, on a l’impression de regarder un film d’arts martiaux avec une gestion fluide de la caméra. Un affrontement classique prend une tournure de scène mythique avec les secousses caméra à chaque coup asséné et les zoom sur les coups ultimes. On le disait en introduction, les clins d'œil sont nombreux, et on attire l’attention sur la scène culte du corridor du film Old Boy qui est parfaitement transcrite.
Le sound-design est brillant et les doublages en chinois ou anglais sont de bonne facture. La bande-son est signée Howie Lee, artiste chinois qui pose son style unique sur l’univers et finit de lui donner son identité. Mêlant la musique électronique avec la musique traditionnelle chinoise, il réussit à créer une atmosphère sans pareille.
Mais voilà il y a un hic. Bien que le jeu semble exceller en tout point, il arrive avec une qualité graphique très altérée avec le portage. Le style low-poly souffre des performances de la Switch et les contours sont baveux. C’est bien malheureux quand on voit les images sur les autres supports. Ce défaut ne réussit néanmoins pas à entacher l’expérience. Sifu reste une réussite et mérite amplement les acclamations reçues lors de sa première sortie en février.
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