Test de Football Manager Touch 2018 sur Switch
Arrivé sans crier "gare", Football Manager Touch 2018 va-t-il passer ses tests physiques pour intégrer la cour des grands sur Nintendo Switch ?
TestFootball Manager Touch 2018 va-t-il enfin faire inverser la tendance ? Vous commencez avant de débuter votre carrière par vous définir : êtes-vous un sélectionneur, un entraîneur, les deux, ou chômeur, dans quel cas, vous devrez trouver un poste en cours de saison, une des choses les plus difficiles car les rares clubs qui vous feront confiance seront les équipes les moins regardantes donc les moins huppées, et ce, même si votre réputation est internationale, mais ça on y reviendra plus tard.
Une fois ce choix fait, vous allez devoir choisir votre équipe dans une base de données monstrueuse de plus de 50 championnats. Si naturellement votre choix se porte sur une grosse écurie avec un bon groupe déjà constitué et un budget dépassant les limites du raisonnable, attendez-vous quand même à une forte attente des dirigeants de ces clubs qui ne vous laissera pas passer le moindre loupé de communication, de recrutement ou encore la moindre petite série de défaites pour vous donner un aller simple pour Pôle Emploi. Le choix au contraire d’une écurie à l’ambition plus faible vous permettra de travailler plus sereinement et de faire évoluer vos compétences de façon plus naturelle avec un timing plus long.
La demande suivante est de choisir vos championnats, version Touch oblige, vous ne pouvez choisir que jusqu’à 3 pays, et le nombre de championnats que vous souhaitez parmi ceux choisis, sachant que plus vous en sélectionnerez, plus les chargements seront longs. Cela reste un problème car ça affaiblit grandement l’expérience, réduisant la base de données faramineuse de football manager à 3 simples pays et aux grands noms du reste de ce monde. Un bridage forcé par les capacités limitées de la console par rapport au PC, rendant l’expérience certes un peu moins intéressante, mais dans une logique de garder le confort de jeu avant tout.
A titre de comparaison, votre serviteur joue sur Switch avec les seuls championnats français, anglais et allemands sur 7 divisions, alors que sur PC j’ai le loisir d’entraîner avec en plus les championnats espagnol, italien, portugais, néerlandais, russe, coréen, brésilien et argentin (ces trois derniers pays étant des filières de jeunes pépites pour le marché des transferts) sur plus de 25 divisions. Forcément des sacrifices nécessaires qui s’avèrent être une hérésie pour les puristes de la franchise.
L’étape suivante est la création de votre avatar, avec un choix important, votre expérience, amateurs, pro (local, régional, national), international (continental et global). Ce choix de niveau est à ne pas prendre à la légère et peut même être d’une importance cruciale pour votre future carrière. Il permet de définir le niveau d’attente des dirigeants des clubs envers vous, le niveau de patience que vous attribueront les supporters ainsi que le niveau de respect qu’aura le vestiaire sur vos décisions.
Ainsi un joueur international sera bien vu de tous les clubs, et respecté par les supporters et les joueurs, par contre l’échec pourrait bien vous suivre à la peau, alors qu’au contraire un joueur qui a eu une carrière régionale aura du mal à s’imposer dans un vestiaire comme celui du Real Madrid, mais peut gagner un respect s’il enchaîne les bons résultats. Dans un sens opposé, un entraîneur international aura moins de mal à retrouver un club en cas de premier échec, et rebondira plus facilement qu’un inconnu qui commence avec le Paris Saint Germain et se fait licencier au bout de trois mois.
S’ensuit la personnalisation de l’avatar, de sa tenue, sa taille, sa date d’anniversaire, sa corpulence, ses lunettes, rien de bien folichon mais l’option reste sympa. Passée cette dernière étape, vous voilà arrivé au jeu en lui-même et vous êtes contacté par le président de votre club pour vous souhaiter la bienvenue, vous transmettre les dernières infos en date et vos objectifs. Et c’est là que vous vous rendez compte de l’ampleur magistrale du jeu.
Car oui, malgré le fait que nous soyons sur Football Manager Touch 2018, nous sommes bien sur un VRAI Football Manager avec tout ce qui faut de tableau Excel aux nombres interminables à passer des heures à comparer nombres et moyennes sur des bases de données géantes, où il faut tout analyser, tout comparer, tout gérer, bref du management à l’état brut et c’est ce qu’on aime. A nous les nuits blanches à tout décortiquer, pour essayer de réussir notre match du week-end, oui on est sur ce genre de jeu où vous savez quand vous commençez une partie, mais vous ne savez pas quand vous la terminerez. Ce genre de jeu où l'on se dit « allez ! Encore un petit match », et puis un autre et un autre, et finalement on arrive à un « oups, il est déjà six heures du matin ! ».
Une saison peut vous prendre entre 20 heures de votre vie et plus de 100 si vous êtes un tant soit peu perfectionniste et selon si vous désirez tout contrôler de l’entrainement au transfert à la gestion des équipes B et de Jeunes. Mais votre salut viendra seulement de votre capacité à vous passer du confort du clavier et de la souris au troc austère de la manette. Car oui, c’est un des points faibles du titre et qui ne date pas d’hier. A part peut-être pour la saga Roger Lemaire La sélection des champions, qui a fait les beaux jours de l’ère Playstation et Playstation 2 de 2000 à 2006, l’optimisation de tant de possibilités à une simple manette est clairement le casse-tête qui doit donner de belles séries de migraines aux développeurs confrontés à ce genre de jeu depuis le début des jeux de management sur console.
Ici, le stick gauche vous sert de pointeur de souris, le droit vous permet de faire défiler les scrolls quand votre pointeur est sur la fenêtre désirée. Vous avez une touche pour sélectionner, une pour annuler, une pour valider, une autre pour afficher les menus, une pour revenir en arrière, et d’ailleurs certains choix sont clairement discutables. En gros, faire avec simplement la manette est presque une aberration, car même si l’on s’y fait au bout de quelques heures, ce n’est clairement pas intuitif et nous entraîne une grosse perte de temps assez frustrante (surtout lorsque c'est l'envie de taper un nom sur la barre de recherche).
Ça serait un vrai handicap si… la Switch n’était pas une console hybride entre console de salon et console portable. Car oui, c’est son gros point fort et d’ailleurs c’est ce qui permet de faire de cette version allégée une bien meilleure version de FM Touch 2018 que ce que l’on peut avoir sur tablette, pour une simple raison : elle peut combiner le meilleur des deux monde. En mode portable, vous pouvez jouir d’une hybridation de gameplay, du tactile pour tout ce qui est slide et sélection au doigt, pour taper dans la barre de recherche, pour faire ces changements. Et profiter des manettes et des boutons pour afficher les menus contextuels, pour valider, pour doser… Bref le simple fait de pouvoir combiner rend l’expérience d’une fluidité assez impressionnante telle qu’on ne voit plus défiler les saisons.
En plus, rien ne vous empêche de revenir en mode docké pour suivre les matchs dans le confort de votre canapé tel le banc de touche de votre équipe, les options de remplacement, d’ordre et de changements tactiques étant ici assez bien configurés en mode manette. Pour les matchs, vous retrouverez le moteur habituel du jeu original toujours aussi laid mais qui vous permet bien de visualiser entre le suivi statistique et les actions live pour les temps forts, les atouts et lacunes de votre équipe et de chacune des individualités sur le terrain. Pour résumer, si vous souhaitez un jeu de manager 100% consoles de salon, le gameplay risque de rebuter un peu, par contre si vous n’avez rien contre l’usage nomade, vous avez là sûrement une des meilleures expériences jamais créées sur console. Rajoutons à cela que l’on soit en mode en nomade ou docké, le jeu ne souffre d’aucun ralentissement.
Maintenant reste à définir si les différences entre la version FM 2018 et FM Touch 2018 peuvent vous rebuter ou non ? On notera ici un premier vrai effort qui est celui de l’intégration des principales nouveautés de ces dernières années. Vous retrouverez ainsi la personnalisation des postes : terminé le temps où l’ont fixait une tactique et qu’on attribuait un simple rôle offensif, neutre ou défensif aux joueurs. Là c’est bien plus complexe, un poste peut donner lieu à une vingtaine de possibilités différentes. Par exemple, un joueur placé attaquant pourra être de soutien ou offensif mais aussi attaquant reculé, renard de surface, pivot avec différents rôles. A vous de définir une tactique et une cohésion entre les différents postes en sachant tirer la meilleure quintessence de vos joueurs disponibles. Une recherche permanente de l’équilibre de groupe qui sera mis à mal à chaque suspension, remplacement ou blessure, vous obligeant ainsi à revoir votre plan de jeu en permanence.
L’autre nouveauté qui a apporté son lot de bonnes surprises, c’est la philosophie de jeu qui définit le comportement d’équipe et individuelle. Ce nouvel outil visuel très utile vous permet de définir le comportement général de votre équipe et de vos joueurs sur le terrain, s’ils doivent être offensifs, entreprenants ou disciplinés, rudes sur l’homme ou laisser venir, passer par les côtés ou au centre, tirer à vue ou attendre d’être certain, garder le ballon ou contre-attaquer… une multitude de combinaisons possibles qui vous sera possible de rectifier en cours de match. D’une simplicité enfantine à utiliser, elle sera à adapter selon que vous prendrez l’eau ou non lors des matchs.
Par contre, et c’est un des rares gros regrets du jeu, c’est l'absence d’interaction aussi bien avec la presse, le staff ou encore les joueurs. Ainsi pas de conférence de presse avant et après match, pas de causerie d’équipe avant et pendant le match, pas de réunion du staff et encore moins de discussion directe avec les joueurs en dehors de ceux qui réclament plus de temps de jeu. Ceci est très dommageable car ce sont ces aspects psychologiques qui peuvent influencer le cours de match et qui avaient pris une bien belle ampleur ces dernières saisons, et si nous comprenons cette éviction du jeu final, elle n’en est pas moins frustrante.
Car tout le reste y est, que cela soit la gestion des programmes d’entrainement d’équipe ou individualisés, les négociations de transferts interminables, la prospection de jeunes pépites par vos recruteurs… le jeu est archi-complet, pour notre plus grand plaisir. Les plus persévérants auront tout le loisir de découvrir un jeu d’une complexité rare accessible aussi bien au néophyte qu’au mordu de ballon rond. Quel bonheur de passer des heures au centre des transferts afin d’essayer de dénicher la perle rare qui fera grandir ou pas votre équipe. Quelle frustration de voir les négociations échouer et quelle joie lorsque celle-ci porte ses fruits. Rares sont les jeux à vous faire rentrer dans un rôle comme peut le faire aussi bien la série des Football Manager. C’est vous l'entraîneur, les heures passées avec votre staff pour préparer une rencontre peut vous mettre une pression telle que vous angoisserez réellement lors des rencontres capitales, nous surprenant même à exulter lorsque vient la délivrance d’un but ou d’une victoire. Votre canapé devient vraiment votre banc de touche.
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.