La réaction chez les fans était partagée: certains affirmaient que c'était plus en accord avec le reste de la série, en citant le magnifique Link to the Past comme exemple. D'autres trouvaient que c'était une trahison de la part de Nintendo. Dès le départ donc, Kaze No Takuto se devait de séduire tout le monde.
Avant de commencer le test à proprement parler, j'aimerais noter que ce test est effectué sur la version japonaise de ce jeu, d'où mon titre en japonais. J'ai fait tout le jeu principal avec une traduction, mais les quêtes secondaires m'ont échappé. Ce test ne parle donc que de l'aventure principale, avant de donner un avis plus éclairé sur le tout quand je me ferai la version US.
C'est l'shading !
On a beaucoup tapé sur Kaze no Takuto à cause des graphismes enfantins, proches d'un dessin animé. La majorité de ces commentaires ont été faits sur des photos d'écran ou sur la première démo Spaceworld, qui, je trouve, n'est pas représentative du tout. Donc oui, le jeu est cell shadé, oui, Link est un enfant. Mais quand on a la manette en main, je peux vous assurer que tous ces préjugés s'envolent aussitôt.Grâce à cette représentation graphique, les graphismes donnent une 'vie' à Link. Ici, il regarde des ennemis du coin de l'oeil quand il tourne autour d'eux, il a vraiment l'air d'avoir mal quand on se fait toucher, et il nous communique parfaitement ses émotions dans les cinématiques sans qu'il n'y ait de dialogues.
Les ennemis aussi sont très expressifs, ils font des tronches d'abrutis quand on les frappe, ont l'air bien méchant quand ils attaquent, ou peuvent être dans les vapes avec une tête pas possible (tout y compris les oiseaux qui tournent autour de leur tête). Les personnages secondaires sont tout aussi vivants. Les environnements sont très détaillés, contrairement à ce que la première démo laissait croire.
Certains endroits iraient parfaitement dans un jeu comme OOT, tant ils sont beaux et détaillés. Le cycle jour/nuit est encore présent, ce qui donne des paysages variés. Bien qu'il ne plaira pas à tout le monde, le Cell Shading est une réussite artistique. Le monde est réellement vivant. On s'attache très facilement à ce petit Link si expressif, car il est réellement un personnage, pas qu'un simple amas de polygones.
Pump up the volume
On en arrive à la musique, qui est aussi un élément qui tient à coeur de tous les fans. Eh bien je peux vous dire que Koji Kondo s'est surpassé pour cet opus. Les mélodies sont belles, harmonieuses et restent dans la tête bien après qu'on les ait écoutées. Elles sont très différentes de celles de OOT, car elles ont souvent un thème marin dû à l'omniprésence de l'océan dans l'univers du jeu.Mais, en écoutant bien, on peut discerner à l'intérieur des petits bouts de thèmes d'anciens jeux. C'est fait très en finesse, comme dans la musique du premier village qui contient par ci par là des bouts du thème du village Kokiri de OOT. Cela est valable pour tout le jeu, surtout pour la musique de l'île de Taura, qui remixe (ici totalement) un thème bien connu, mais d'une façon totalement nouvelle.
Cette bande-son réussit à être rafraichissante en même temps qu'être fidèle à l'esprit de la série, ce qui est une sacrée prouesse. Croyez-moi, quand dans une scène importante le thème plonge pendant quelques instants dans les meilleurs moments de Ocarina ou Zelda 3, il y a de quoi en lâcher le pad.
Et le jeu dans tout ça?
Cette beauté technique et artistique serait bien inutile si le jeu n'en valait pas la peine, et heureusement Kaze no Takuto s'en sort merveilleusement bien à ce niveau. Le maniement est identique à celui de OOT, avec le Z target et tout ça. Les items sont aussi assez classiques pour la plupart. Il y a pourtant trois additions très intéressantes à la formule: Une feuille qui vous permettera de plâner, un grappin à la Indiana Jones (très différent du grappin usuel) et les phases en bateau, que je détaillerai après.Les combats sont quasiment identiques à OOT, avec néanmoins une nouvelle addition très plaisante: lors d'un combat, l'épée peut se mettre à flasher pendant une fraction de seconde. Si vous êtes adroit et appuyez sur A juste après, Link esquivera automatiquement une attaque ennemie et fera une contre attaque fulgurante. Dans la même veine, il peut désormais prendre les armes de ses adversaires, ce qui est non seulement amusant mais aussi quelque fois obligatoire pour résoudre certaines énigmes. Il me semble aussi que beaucoup plus d'ennemis attaquent Link en même temps, ce qui donnera des batailles assez épiques.
Ptite déception par contre au niveau des dongeons. Ils sont merveilleusement designés, avec tout le génie qui manquait à StarFox Adventure; mais il ne sont qu'au nombre de 5. Bien sûr, tout le reste du jeu est suffisemment grand pour que la durée de vie soit similaire à celle de OOT, mais c'est un peu dommage pour qui apprécie vraiment ces lugubres endroits.
One piece of sailing for you!
La grande nouveauté ici est le bateau. Dedans, vous arpenterez l'immense océan à la découverte d'îles inconnues et à la recherche de trésors. Pour vous diriger, vous utiliserez votre bâton des vents (le pendant de l'Ocarina de OOT) pour changer la direction de ces Alizés afin de vous mener à bon port. Les distances sont énormes, et les trajets longs. Cela serait ennuyeux si la mer n'était pas constamment changeante, si il n'y avait pas des trésors à chercher sous la mer avec le grappin, et si il n'y avait pas tant d'îles inconnues.
En effet, la carte du monde que Link a au début est vide, et se remplit au fur et à mesure de ses périples (si il nourrit des poissons capables de lui dessiner la carte). Cela donne une incroyable sensation d'aventure, de terrain inexploré et de découverte que OOT et sa 'carte principale/hub' n'arrivaient pas à donner.
Nintendo a joué à fond là-dessus. D'ailleurs, la seconde moitié du jeu est totalement ouverte. Il n'y a pas de destination précise où aller; juste des trésors à récupérer pour pouvoir progresser et basta. Le joueur est donc forcé à arpenter l'océan dans ses moindres recoins pour récupérer ces objets, ce qui pourrait sembler très ennuyeux. Ce n'est qu'à moitié vrai, car toute la philosophie du jeu repose sur l'exploration; personnellement j'ai adoré me balader dans le monde entier en faisant des détours pour tout découvrir, mais il est vrai qu'un joueur moins prompt à se 'perdre' dans le jeu s'ennuyera profondément.
Par contre, un point sur lequel on peut légitimement critiquer Nintendo lors de cette partie non-linéaire est la relative pauvreté des tâches à accomplir pour obtenir les fameux trésors. J'aurais bien aimé des dongeons pour y accéder. Car la plupart se trouvent après une simple salle remplie d'ennemis, ce qui est bien pâle comparé à la brillance du reste du jeu.
En parlant de défauts...
Bon, le jeu à beau être enchanteur, vivant et tout ce que vous voulez, il n'est pas parfait. D'abord, il y a son étonnante facilité. Avec les vies infinies, des dongeons peu nombreux et boss faciles une fois qu'on connaît le *truc*, il ne posera aucun problème pour qui sait manier un pad convenablement. Même la plupart des énigmes sont assez logiques et ne bloqueront pas ceux qui connaissent les habitudes de la série. Il n'atteint pas les sommets de facilité de StarFox Adventure, mais rien que comparer les deux jeux en dit long sur la difficulté de Kaze No Takuto.J'aimerais aussi critiquer le tout dernier endroit du jeu, qui est assez décevant car très court et très peu intense. La toute fin compense cette erreur par sa beauté et son scénario, mais on sent qu'à un point du développement, les designers se sont dit 'bon, faut qu'on sorte le jeu' et nous ont pondu une aire finale très peu inspirée.
Les îles sont aussi relativement petites, et ceux habitués aux grandes plaines de Hyrule risquent d'être décus. L'aire de jeu est immense de par son océan (que j'adore quand même), au détriment des parties terrestres. Bah... pas grave !
Ah! Il faut aussi que je vous parle de la fameuse connectivité GBA/GC! Non seulement elle est présentée par un personnage que je ne SUPPORTE pas: Tinkle, le Jar Jar Binks de l'univers Zelda. Elle se révèle plus 'amusante' que 'utile', surtout à cause du fait qu'elle coûte un max de rupees. Néanmoins, ce serait amusant à essayer à deux joueurs, celui jouant Tinkle pouvant bomber la tronche de celui qui joue Link.
Bref, ce nouveau Zelda est un chef d'oeuvre d'auteur, qui n'est pas sans ses imperfections, mais il est emprunt d'une poésie rare, qui ne laissera personne indifférent que ce soit en bien ou en mal. En tout cas, moi, il m'a conquis.
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