The Legend of Lara
Lara Croft est un personnage assez emblématique dans le monde des jeux vidéo, puisqu’elle aura réussi dès sa première apparition à se rendre plus célèbre encore que les jeux mêmes dont elle était issue, ceci étant dû principalement à une campagne marketing agressive (on se rappelle encore du titre du tout premier épisode : « LARA CROFT in : Tomb Raider »). Quoi qu’il en soit, le « phénomène Lara » prit avec les années suffisamment d’ampleur pour même accoucher de deux opus cinéma, dont la qualité ne semblait pas être la priorité de leurs instigateurs. Or, ce phénomène oscillait depuis longtemps déjà dans les jeux vidéos eux même : chaque nouvel épisode de Tomb Raider se révélant plus mauvais que le précédent, et n’évoluant pas d’un iota en termes de maniabilité quand l’ensemble des jeux d’aventures 3D le faisait allègrement (Mario 64 en constituant d’ailleurs l’un des points culminants).Bref, Lara prit de l’âge, et sévèrement. Dans l’espoir de retrouver leurs fans, Eidos appela au secours les développeurs de l’excellent Soul Reaver pour ressusciter leur héroïne fétiche (fait paradoxal quand on considère qu’ils l’avaient tué dans un précédent épisode, intitulé « Chronicles of Lara Croft » !). Tomb Raider Legend amorça donc en 2006 le grand retour de Lara. Un retour qui s’effectua sous le plus beau jour de la belle : maniabilité enfin instinctive (il était temps!), moteur graphique des plus sympathiques, intrigue haletante… Seule la durée de vie, fixée à 6 ou 7 petites heures à peine, vint gâcher un tableau presque idyllique. Ca et… la version Nintendo DS.
Pixel Raider
Car sur Nintendo DS, Tomb Raider Legend, c’est une autre paire de manches, serait-on tenté de dire. Déjà, niveau immersion, le titre tente de faire aussi fort que ses homologues sur console de salon en proposant une quantité énorme de scènes cinématiques (tirées pour la plupart de cut-scenes en temps réel sur les versions salon). Effort louable qu’on serait tenté de saluer, si seulement la compression n’était pas d’aussi mauvaise qualité ! Jamais, O grand jamais vous ne verrez de « cinématiques » aussi pixellisées que celle présentes dans ce Tomb Raider Legend. D’énormes carrés quadrillent l’image, tandis que les couleurs sautent régulièrement du bleu au vert… En cherchant bien, même la Sega Saturn proposait des cinématiques de meilleure qualité, c’est dire ! Alors bien sûr, cette compression est évidemment due au nombre impressionnant de ces séquences vidéos, surtout pour une simple petite carte DS, mais peut être aurait-il mieux valu tout simplement afficher des dessins illustrés à la façon d’un comic-book… comme dans la version GBA.Quoi qu’il en soit, le jeu démarre et ne peut que vous laisser sans voix devant un tel parti pris graphique. Techniquement parlant, les concepteurs du jeu ont opté pour une 3D pré-calculée à l’ancienne, dans le genre de l’antédiluvien Pandemonium. Lara avance donc de la gauche vers la droite, comme dans un jeu de plateforme classique, mais le décor en 3D opère automatiquement diverses rotations afin de dynamiser l’expérience. Est-il besoin de préciser que dans ce festival de rochers cubiques, notre aventurière favorite est représentée par un bon vieux sprite en 2D, dont la taille ridicule remplace instantanément ses célèbres formes par un ou deux pixels, par ci par là… ? Car oui, ce Tomb Raider essaie de mélanger 2D et 3D, et autant dire que ça n’est pas beau à voir, au propre comme au figuré. Les personnages, que ce soit Lara ou n’importe quel ennemi de base, font énormément tâche sur un décor déjà pas bien brillant. Mention spéciale, d’ailleurs, à mademoiselle Croft lorsqu’elle nage à la surface d’une étendue d’eau : on dirait réellement une anguille se trémoussant sur un tapis ! Hormis ce faux pas, d’ailleurs, avouons en toute honnêteté que l’animation de Lara est par contre plus qu’acceptable, et même relativement fluide. Mais c’est justement dans son interaction avec l’univers la régissant que le bat blesse, comme lorsqu’elle se balance au bout d’une corde, par exemple, qui ressemble alors plus à une barre de fer se pliant qu’à autre chose.
Il est évident que le parti pris graphique des développeurs est ici contestable, tant on sait la DS capable de grandes et belles choses dans ce domaine pour peu que l’on s’en donne les moyens. Il suffit de regarder Mario 64 DS, bien plus beau que l’original, ou encore Metroid Prime Hunters pour se rendre compte que la petite portable en a quand même beaucoup dans l’estomac. Le moteur graphique du tout premier Tomb Raider, par exemple, serait aisément programmable sur une telle machine. Alors pourquoi nous servir quelque chose d’aussi laid (il n’y a vraiment pas d’autre mot) que ce Tomb Raider Legend ? (Pour l’anecdote, la soirée mondaine se passant à Tokyo vous fera sûrement rire aux éclats tant les trois pauvres pixels sensés représenter des danseurs font mal aux yeux…)
Ceci étant dit, on sait depuis longtemps que l’originalité de la DS rime avec autre chose que ses simples graphismes…
- « Page précédente
- 12
- Page suivante »
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.