La Nintendo Attitude: un jeu dangereux.

La Technologie en question.

Reconnaissons que Nintendo a toujours avancé à reculons lorsqu'il s'agit d'évolution technologique. On peut entre autre citer l'exemple du lecteur CD Super Nintendo, projet élaboré en coopération avec Sony, qui avorté par Nintendo, et qui a par la suite poussé Sony a lancer par lui-même sa PlayStation avec le succès qu'on lui connaît. De même la Game Boy première du nom a perduré pendant plus de 10 ans avant de se faire remplacer sur le tard par la GBA et GBA SP, sans que Nintendo ne propose de nouveaux concepts plus évolués entre temps.

Enfin, impossible de ne pas revenir sur l'épisode N64 et son malheureusement très contesté port cartouche, stratégie fortement appuyée par M. Yamauchi à l'époque, et qui a largement contribué au déclin de l'empire Nintendo. Ce même port cartouche fut également à l'origine du départ de Square Soft, estimant ce procédé dépassé et inadapté à l'évolution de sa série phare Final Fantasy. Exception faite du succès universel de la Game Boy, ces quelques exemples démontrent les risques encourus à refuser de suivre l'évolution technologique dans le secteur jeux vidéo.

Pourtant à bien y réfléchir les propos tenus par les grands pontes de Nintendo sont plutôt légitimes, ou tout du moins compréhensibles. Une console puissante n'a jamais été le garant de bons jeux, c'est un fait. C'est bien le jeu en lui-même qui procure du plaisir au joueur et non la "boite" qui le fait tourner. D'où la volonté prononcée de Nintendo de se concentrer d'abord sur la jouabilité ou le développement de nouveaux concepts tels Pikmin, Doshin the Giant ou Animal Crossing. Du jeu rien que du jeu, voilà se qui caractérise Nintendo !

De plus, il est prévisible que les paliers d'évolution entre consoles nouvelles et anciennes générations vont tendre à se réduire. Concrètement, nous n'aurons bientôt plus d'évolution aussi prononcée entre les différentes générations de consoles, comme le passage des 16 au 32 bits qui fut proprement éloquent il y a quelques années !

Mais toute l'ambiguïté de Nintendo, c'est de dénigrer la course poursuite technologique tout en étant friands de nouvelles approches. On peut alors citer les exemples du Virtua Boy, casque de réalité virtuel, le plus récent e-reader, lecteur de cartes optiques destiné à enrichir le contenu d'un jeu, ou encore l'iQue, ersatz de N64 reconverti en manette et destiné au marché Chinois. Tous ces "procédés" visent à revisiter la façon d'aborder le jeu vidéo dans son ensemble et à enrichir le gameplay. La future DS affiche d'ailleurs les mêmes ambitions, offrir des sensations de jeux inédites. Une noble cause à bien y réfléchir.

Une ligne de conduite qui inquiète.

Nintendo ne croit pas en cette course poursuite technologique ? Soit, mais alors il y a fort à parier que sa place en tant que constructeur soit sérieusement remise en question. Les réalités du marché des jeux vidéo sont ainsi faites que la course technologique est pour le moment inéluctable. Le joueur actuel est en quête d'une expérience vidéo-ludique toujours plus réaliste, immersive et prenante, que seule une technologie plus avancée est susceptible d'apporter. Il ne faut d'ailleurs pas forcément voir que du "mal" dans les nouvelles avancées technologiques, car ces dernières sont aussi susceptibles d'apporter plus de vie et d'essence à certains types de jeux, mais aussi de nouvelles avancées en terme de gameplay, et de façons d'aborder le jeu.

En s'attaquant une fois encore au problème de la "sur-technologie" Nintendo cherche probablement avant tout à lancer un signal d'alarme à l'attention de la communauté des joueurs. Si Big N ne suivait pas ses concurrents sur ce terrain ci, le Game Over serait quasi assuré. Pourtant le combat à mener risque de devenir de plus en plus difficile, car il semble que l'on se dirige vers une synergie inéluctable du jeu vidéo et du multimédia. C'est en tout cas ce vers quoi souhaite tendre Sony et Microsoft, et ce dès la prochaine génération de consoles. Les enjeux pour ce type de Groupes, dont les jeux vidéo ne sont pas la seule source d'activité, sont facilement compréhensibles. Le géant japonais de l'électronique et le bulldozer américain de l'informatique veulent garnir vos prochaines consoles de toutes leurs trouvailles électroniques maisons, et ils ne vous laisseront pas le choix. Et pour y parvenir, les investissements financiers consentis sont à la hauteur des enjeux en question.

Mais combien de temps Nintendo, dont la valeur ajoutée repose sur et seulement sur le jeu vidéo, pourra-t-il tenir la cadence ? Pourra-t-il même rivaliser financièrement avec ses concurrents ? Sera-t-il capable de rivaliser avec ses concurrents dans ce domaine, et y a t il justement intérêt ? Par ces propos tenus, Nintendo ne cherche-t-il tout simplement pas à justifier de futurs choix stratégiques inéluctables … ?