DKCR : Le retour du roi

Où sont passées les bananes ?

On se doutait que les scénaristes de Donkey Kong ne passeraient pas au Festival de Cannes, mais tout de même, on aurait pu nous proposer quelque chose de plus original qu'un vol de bananes, calque exact du premier Donkey Kong Country. Le vol de fruits semble donc être aux singes ce que le kidnapping de princesses est aux plombiers... Peu importe ! Ce retour du Roi de la Jungle est donc le prétexte à un jeu de plateforme en 2D, à l'ancienne. Tout est là, sauf les Kremlings, remplacés par les Tikis; assurément moins charismatiques. Il s'agit de sortes de Totems maléfiques, réveillés par l'éruption d'un volcan, qui ont ensorcelé vos congénères. On retrouvera les environnements classiques, un peu trop même : on débute par la jungle, en passant notamment par la plage, les cavernes, et l'usine, pour finalement aboutir dans un volcan bien éveillé ! Il ne manque à l'appel que les niveaux sous-marins, perdus corps et âmes.

Pour diriger votre primate, vous aurez le choix des armes : soit la Wiimote tenue seule à l'horizontale (probablement le plus pratique), soit le combo Wiimote / Nunchuk. La jouabilité est simplissime : la croix pour se diriger, un bouton pour sauter, et un bouton pour soulever les tonneaux et courir.. Ah attendez, les développeurs ont cru bon de faire usage de la Wiimote. Il faudra donc secouer bêtement la manette pour faire des roulades, briser des blocs, ou souffler des fleurs recelant des bonus. Un choix très critiquable, car il apporte une part d'imprécision non négligeable à s'arracher les cheveux dans les niveaux exigeant précision et doigté, au pixel près. Qui n'a pas lancé une roulade au lieu de taper sur le sol, pour finir lamentablement dans le trou à côté ? Il est regrettable que Retro Studios n'ait pas laissé la possibilité d'utiliser un bouton plutôt que de secouer la manette. D'autant que nous avons été confrontés à certains passages où l''agitation' de la manette semblait être mal détectée en mode Wiimote seule, et que nous avons du passer en combo pour avancer. Bref, c'est la principale faute de goût commise par les développeurs.

Si l'on excepte ce point noir, le jeu se parcourt avec bonheur et délectation. Les premiers niveaux dans la jungle ne posent guère de difficulté avec quelques ennemis pas bien agressifs sur lesquels rebondir, et quelques tonneaux-canon mouvants, mais cela se complique assez rapidement. Le level design est un modèle de sadisme, avec des pics ou des trous judicieusement placés pour vous compliquer la vie. A partir du milieu du jeu, toute erreur de timing vous coûtera immanquablement la vie. Que dire des traditionnels niveaux à parcourir dans des wagons de mine ? Entre des stalactites au plafond à éviter en se baissant, les sauts millimétrés et les explosions de voies ferrées en tous sens, vous vous arracherez les cheveux plus d'une fois ! Car on meurt beaucoup, énormément même dans DKCR. Il n'est pas rare de perdre une dizaine de vies d'affilée. Heureusement, il est possible d'utiliser les pièces bananes à la boutique de ce bon vieux grincheux de Cranky pour faire rapidement le plein de vies, qu'on achète par paquet de ballons de 7 (!). On aura donc bien souvent plusieurs dizaines de vies de réserve.

La difficulté est très élevée, ce qui est assez surprenant, mais le jeu est rendu accessible à tous avec encore une fois l'inclusion du Super Guide. Ce mode, optionnel, permettra aux joueurs échouant un trop grand nombre de fois dans un niveau de laisser la console prendre la main pour passer au niveau suivant. Sans aller jusque là, on pourra acheter des coeurs de vie supplémentaires chez Cranky, encore lui ! Tout au plus s'étonnera-t-on de certains rares niveaux vers la fin du jeu, étonnamment plus faciles que la moyenne, et qui cassent la sensation de progression de la difficulté. Dommage aussi que certains passages relèvent plus du 'par coeur' que de la réelle habileté. La progression par l'erreur, c'est bien, mais lorsque cela consiste à anticiper des obstacles qui n'apparaissent pas encore à l'écran et que l'on connaît uniquement parce que l'on est mort 15 fois auparavant, c'est un peu extrême.

Le mode 2 joueurs est toujours présent, mais se pratique en simultané : c'est plus un ajout de difficulté qu'une aide, car les plateformes seront souvent bien trop étroites pour accueillir 2 singes à la fois ! Le mode coopération a cependant le mérite d'exister, et pourra vous aider selon les circonstances à progresser, ou surtout à attraper des bonus autrement difficilement accessibles.