Mega Man Legacy Collection 2 : stop ou encore ?

Le problème avec le retro gaming, c’est que les consoles de notre enfance, soit on ne les a plus, soit on a la flemme de les rebrancher… Et le jour où on les rebranche, le rendu visuel sur nos jolis écrans tout modernes pique tellement les yeux que notre élan nostalgique s’évanouit en quelques secondes : on abandonne l’idée très rapidement pour remettre mamie au placard. Et oui, nostalgiques sans doute, mais on tient à notre petit confort HDMI quand même !

Ce problème, de plus en plus de studios l’ont bien compris et s’adaptent en n’hésitant pas à ressortir leurs licences à succès des placards pour nous proposer des versions old school propres à nous replonger dans notre enfance, le tout sur console New Gen et avec un confort visuel plus acceptable. En tout cas, plus besoin de solliciter nos vieilles consoles, elles peuvent rester au frais à la cave.

Capcom fait figure de bon élève dans cette classe de retro gaming et propose dorénavant pas mal de jeux rétro. On ne peut éviter de penser que c’est un peu facile, que cette filière permet de ramener du cash à moindre effort … Alors quand il s’agit en plus de notre mythique Mega Man / Rockman, dont on attend un nouveau titre ambitieux depuis lonnnngtemps, attention Capcom, le challenge est risqué ! Mais puisque Mega Man 11 est en approche, il semblerait que Capcom soit sur tous les fronts…

Dès aujourd’hui, Capcom propose donc deux « jeux » sur l’eShop de la Switch : Mega Man Legacy Collection (dont vous pourrez découvrir le test sur PN très bientôt), et Mega Man Legacy Collection 2. Je parle de « jeux » entre guillemets car il s’agit en réalité de deux compilations : la première réunit les six jeux originaux 8 bits, tandis que la deuxième, dont nous allons parler ici, propose 4 jeux au timing de sortie beaucoup plus… étalé :
- Mega Man 7 (Super Nintendo)
- Mega Man 8 (Playstation / Saturn)
- Megaman 9 et 10 (Wii / PS3 / XBOX 360)

Attention, en plus de ces jeux originaux, on nous promet des ajouts assez intéressants : un musée rassemblant des créations, artworks rares etc., un lecteur pour écouter les musiques des jeux, mais aussi des challenges supplémentaires, un classement en ligne, et des options qui vont faciliter la vie aux joueurs découvrant ce type de jeux.

En outre, les DLC des Mega Man 9 et 10 sont d’office inclus dans les jeux. Vous pourrez même utiliser votre amiibo Mega Man (que je n’ai pas pu tester car je ne l’ai PAS) ! Que demande le peuple ?

Allez, on se lance ? C’est parti pour une petite partie de Rockman !

Attention les yeux !

La première chose qui peut effrayer quand on parle de jeux rétro, c’est la qualité des graphismes qui ont souvent mal vieilli et souffrent souvent d’un affichage rébarbatif sur nos grands écrans HD actuels.

Ici, force est de constater que Capcom a fait tout son possible pour nous présenter un résultat propre, et propose surtout pas mal d’options qui devraient permettre à chacun de trouver un affichage qui lui convient.
La présence du fameux « filtre CRT » qui redonne à l’image cet aspect « téléviseur cathodique » est vraiment réussi et m’a personnellement séduit. Vous pouvez également choisir de conserver le format d’origine, de l’étirer voire même de passer en 16/9eme si vous n’avez aucun respect pour les proportions originales (!). Bref vous avez le choix, et c’est déjà bien agréable ! Vous pouvez même sélectionner plusieurs décors différents pour habiller les bordures latérales de l’écran si vous êtes une personne sensée (!!!) et que vous restez sur un format 4/3.
Le résultat est à la hauteur : même en jouant sur un grand format (test réalisé sur un 65 pouces), le résultat reste tout à fait acceptable et si les premières secondes peuvent être un peu… déroutantes, une fois qu’on a testé quelques options d’affichage, on finit par trouver le rendu très correct. Si vous passez en mode nomade, le rendu devient carrément agréable (forcément, sur un écran beaucoup plus petit) : ça tombe bien, je parie que c’est en mode nomade que vous apprécierez la plupart du temps cette compilation !
En tout cas le contrat est rempli : vos yeux ne saigneront pas au bout de 5 minutes. Merci Capcom ! Je n’avais pas vraiment envie d’aller découvrir le monde magique des opticiens…
Malgré tout, n’attendez-pas de miracle : si la plupart du temps tout va bien…
Voire même très bien...
… Parfois le rendu pique quand même les yeux. Ici par exemple ( Mega Man 7) :
Pas de panique ! Dans l’ensemble, le rendu visuel reste une bonne surprise : oui, nous avons affaire à des jeux anciens, mais tout à fait jouables avec un minimum de bonne volonté !

La bonne surprise de la maniabilité

Je dois vous avouer que j’avais une seule grosse appréhension en débutant ce test : la maniabilité. Si vous avez déjà joué à Mega Man, vous savez que toute erreur est immédiatement sanctionnée par… votre DÉCÈS. Dès lors, il est « relativement important » d’avoir des contrôles qui réagissent parfaitement. Or, nous avons ici deux problèmes :

1) Nous avons affaire à un émulateur, ce qui pose parfois problème s’il n’est pas de qualité.
2) Nous jouons sur Switch, dont les Joy-Cons sont dépourvus de croix directionnelle, et dont la croix de la manette Pro n’est pas exempte de reproches.
3) J’ai des pouces bien plus gros que quand j’étais petit (mais ça, vous vous en FOUTEZ).

Et bien sachez que j’ai été très agréablement surpris par la prise en main ! D’une part, les commandes sont aisément paramétrables, ce qui reste un gros plus. Au-delà de ça, jouer au pad s’est révélé étonnamment confortable alors que je pensais que cela serait un cauchemar. Autant vous le dire, c’est au pad que j’ai vite pris mes habitudes, et j’ai presque honte de le dire, moi qui défends corps et âme le D-pad depuis toujours...

Bravo à Capcom pour cet émulateur, décidément de qualité : j’avais eu beaucoup plus de réserves concernant la jouabilité de Ultra Street Fighter II : The Final Challengers, qui certes demande des manipulations très différentes, mais pour lequel je n’ai jamais réussi à être parfaitement à l’aise, quelle que soit la manette utilisée. Ici, la transition vers des manettes « modernes » se fait sans souci. Et certaines phases de gameplay sont vraiment chouettes:

Des ajouts qui paraissent d’abord légers… Puis indispensables !

Lorsque j’ai découvert les ajouts proposés par Capcom sur cette compilation, j’ai d’abord souri : pour tout vous dire, je ne suis généralement pas un grand fan des « musées virtuels », ni d’un lecteur audio intégré d’ailleurs, même si je trouve l’initiative sympathique !

Le contenu du musée est en tout cas loin d’être négligeable et le fan de Mega Man devrait y trouver son compte, même si aucun commentaire n’est présent : le tout est présenté de façon assez brute.
En revanche, il y a un atout qui s’est TRES rapidement imposé à moi comme une nécessité absolue : LA SAUVEGARDE !

Tout doux pour les novices…

On a tendance à l’oublier, mais les jeux des années 80/90 étaient terriblement difficiles en comparaison de ceux d’aujourd’hui. Rejouer à un jeu comme Mega Man nous rappelle que les jeux vidéo d’antan étaient réellement exigeants, et c’est sans doute aussi pour cela que beaucoup plus de gens jouent de nos jours : les jeux sont NETTEMENT plus accessibles.

Si vous êtes novice, sachez donc une chose : jouer à Mega Man, c’est avant tout… MOURIR.

Souvent.

Très souvent.

Tout le temps en fait.

A tel point que vous allez vous énerver BEAUCOUP, et que vous insulterez la Terre entière ! Mais si vous persistez, si vous serrez les dents… Vous finirez par devenir BALEZE. Et là, vous arriverez enfin à passer le niveau, ou le boss.
C’est à ce moment fugace mais intense que vous éprouvez une fierté aussi grande que si vous aviez accompli de Grandes Choses. Presque un accomplissement personnel ! Le temps se fige, vous vous sentez plus léger, vous prenez une grande respiration, vous exultez de joie à l’idée de découvrir la suite ! Et là, vous arrivez dans le niveau suivant, et… vous MOUREZ en quelques secondes. Le cycle infernal vient de recommencer !

Et oui, jouer à Mega Man, c’est être un peu maso sur les bords… Mais la satisfaction du succès dépasse tellement l’énervement des échecs qu’on est pris, happé, et qu’on ne peut pas lâcher le jeu avant d’avoir enfin REUSSI !
Capcom a compris que si à l’époque ce type de jeux était monnaie courante, pour des nouveaux venus, le jeu peut (à juste titre) se révéler difficile et rébarbatif. C’est pourquoi vous aurez ici accès à des « coups de pouce » : tout d’abord une sauvegarde, qui vous permet de reprendre à l’endroit souhaité. Une seule sauvegarde par jeu, certes, mais c’est suffisant pour rendre le jeu largement plus accessible ! Vous pourrez également activer des checkpoints automatiques... Franchement, à moins d’être un acharné, ces ajouts ne sont pas du luxe !

Et si cela ne suffit pas, vous pouvez même enfiler une super armure ! De quoi survivre un peu plus longtemps… Cerise sur le gâteau, vous pourrez même choisir votre niveau de difficulté sur Mega Man 10 !

Vous l’aurez maintenant compris : Mega Man est un jeu très exigent, mais aussi tellement jouissif quand on termine un niveau qu’il devient vite addictif !

Tout dur pour les VRAIS !

Si à l’inverse, vous êtes un joueur expérimenté et un grand fan de la franchise, vous pourriez arriver à bout des 4 jeux dans un délai avoisinant la dizaine d’heures (si vous faites encore moins, RESPECT !). Capcom a aussi pensé à vous ! Et oui bande de petits malins, puisque vous trouvez que Mega Man c’est vraiment trop facile, on vous a ajouté des challenges à gogo dans chacun des jeux, et ils devraient vous occuper un bon moment !

Si certains sont faisables en s’acharnant un peu, d’autres paraissent franchement… Impossibles à réaliser (pour moi en tout cas) ! Finir un niveau sans se faire toucher, sans tuer un seul ennemi, dans un laps de temps très court… Il y a de quoi faire, et même les pros pourront revenir de temps en temps faire une petite session sur Switch, pourquoi pas en nomade, pour relever un ou deux challenges sur une petite session.
Je salue en tout cas l’initiative de Capcom d’avoir eu cette volonté d’ouvrir ses jeux le plus possibles, du côté des novices et jusqu’aux hardcore gamers. Tous auront de quoi s’amuser un bon moment !

4 jeux très variés… Dans une compilation fourre-tout ?

Autant la première compilation propose 6 jeux tous issus de la génération 8 bits, avec donc une cohérence évidente, autant ici la situation n’est pas aussi claire. Déjà, nous n’avons ici affaire qu’à 4 jeux. Vous me direz, ils sont pour la plupart un peu plus « complexes » techniquement… Soit.
Le seul vrai problème à mon sens, c’est le manque d’homogénéité de cette compilation : vraisemblablement vous devriez faire, comme moi, les 4 jeux dans l’ordre. Dans ce cas, vous (re)découvrirez :

- Un jeu Super Nintendo, aux graphismes plutôt agréables.
- Un jeu Playstation/Saturn, aux graphismes très agréables et avec un design et un gameplay novateurs.
- Deux jeux beaucoup plus récents (Mega Man 10 n’a pas 10 ans !)… Mais à la sauce 8 bits. Là pour le coup, c’est le serpent qui se mord la queue : une compilation de jeux rétro avec des jeux pas si vieux mais développés à la sauce rétro ? ARG !

Le résultat en souffre : enchaîner les jeux n’est pas agréable. Tout cela manque de cohérence et repasser des graphismes « chiadés » de Mega Man 8 aux graphismes 8bits de Mega Man 9 ou 10 fait quand même plutôt mal aux yeux.


On a ce sentiment de retour dans le passé, tout en sachant que le jeu est plus récent, ce qui lui retire une dose de légitimité… Et donne du coup moins envie de s’investir.

Comprenez-moi bien : ces jeux en version 8 bits sont plutôt agréables visuellement si on les prend indépendamment. C'est le passage d'un jeu à l'autre (et dans cet ordre) qui accentue le contraste et décontenance les premiers instants.

Autre défaut cette fois-ci objectif, Capcom a été paresseux concernant la localisation : si Mega Man 9 est en français, tous les autres sont en anglais… Étrange (ou paresseux donc) comme choix non ? Ceci dit, quand on voit les voix anglaises des cinématiques... On comprend que Capcom a encore du boulot niveau langages ! On se croirait dans une sitcom française des années 90:
Attention, vous ne devriez pas ressentir ces « gaps » de génération si vous prenez chaque jeu indépendamment lors de sessions courtes sur votre Switch, et particulièrement en nomade. De plus, les jeux ont l’avantage de proposer des gameplays très variés, ce qui est un avantage intéressant.

Il n’empêche : je reste, à la fin de ce test, avec ce sentiment d’une deuxième compilation un peu fourre-tout : rappelez-vous quand, plus jeune, vous faisiez vos propres compilations de musique : parfois, il vous restait un peu de place sur le CD (ou la K7 !), alors vous ajoutiez un ou deux morceaux qui n’avaient pas grand-chose à faire là… Juste pour remplir. C’est un peu le sentiment que j’ai eu, et en tout cas ce Mega Man Legacy 2 n’a pas la cohérence de la première compilation.

Evidemment, tout ceci est subjectif et dans les faits, Capcom a rempli son contrat : nous proposer des jeux fidèlement restitués, avec des ajouts bienvenus et une durée de vie conséquente.