Le pitch nous propose de retrouver un groupe d’adolescents jeunes adultes souhaitant passer un week-end ensemble sur l’île d’Edwards Island, une île ayant été terrain militaire pendant de nombreuses années et dont les installations sont toujours présentes même si elles ne sont plus utilisées.
Le voyage qui devait permettre à chacun de faire connaissance ou de rétablir certains liens va vite virer à la catastrophe. En effet, très vite les conversations orientées vont remettre à vif certaines plaies mal cicatrisées du passé et chacun y va de sa petite musique personnelle pour nous faire découvrir sa complexité et ses fêlures : prison, décès d’un proche, culpabilité, négation…de très nombreux thèmes sont abordées tout en gardant retenue et pudeur.
Le titre est donc plutôt destiné à un public adulte qui pourra plus facilement comprendre les faits évoqués, les sous-entendus…
Vous allez diriger Alex, une jeune fille de 17 ans assez cash dans ses relations avec les autres et reconnaissable par ses cheveux bleus et son haut rouge. Sa vie est un peu bouleversée car son père vient de se remettre en ménage, elle hérite donc d’un nouveau frère par alliance, Jonas, qu’il va falloir apprendre à connaître.
Pas simple de se voir imposer un « frère » quand on apprend qu’elle a perdu le sien dans des circonstances tragiques, que Jonas a connu quelques délicatesses avec la justice et que Clarissa, l'ex petite amie du frère disparu d’Alex, s’est jointe au groupe. Ce week-end est peut-être une opportunité, et en ajoutant Ren le meilleur ami d’Alex qui en pince pour Nona, une bonne amie de lycée, on se dit qu’il va y avoir matière à discussions et en ce sens, c’est un carton plein de justesse et d’intelligence.
Tour à tour désabusée, révoltée, pensant à faire la fête, s’interrogeant sur son avenir, réglant ses comptes, cette jeunesse va très rapidement droit au but dans des discussions qui n’épargnent personne, alternant vannes, réparties cinglantes et silences qui en disent long.
Cependant, si Oxenfree n’était que cela, il pourrait lasser mais très vite l’histoire va basculer dans une dimension angoissante et surnaturelle, Edwards Island ayant de nombreux secrets à dissimuler, dont certains remontent à la seconde guerre mondiale. Une action d’Alex va nous faire basculer dans cette autre réalité, alternant boucles temporelles, apparitions, frissons d’horreur, qui nous permettront de sonder un peu plus les personnalités intimes de chacun des protagonistes, découvrir les secrets de la famille Adler propriétaire de l’île….et de constater que l’heure de notre montre tourne très vite tellement on a envie de connaître le dénouement.
Une radio au rôle capital
Graphiquement, Oxenfree utilise des graphismes simples mais assez typés qui collent parfaitement à l’histoire. En mode nomade, les personnages sont parfois un peu petits mais finalement on s’y fait assez vite. L’animation des personnages est tout à fait correcte et l’ergonomie est tout simplement excellente, puisque l’on peut jouer en utilisant les différentes commandes de vos Joy-Con mais surtout en utilisant directement la surface tactile de votre écran pour aller d’un point à un autre.
Un appui sur la touche + pour avoir un coup d’œil sur la carte de l’île, A pour réaliser une action (un saut, ouvrir quelque chose …), B pour descendre ou escalader. Le gameplay nous apportera parfois des situations renversantes, au sens propre et figuré, car il vous faudra parfois tourner à l’envers votre console ou faire avec des commandes inversées pour se diriger.
Alex possède sur elle une radio qui va capter différents signaux en effectuant un balayage des fréquences. Ainsi elle pourra obtenir des bribes d’informations sur des lieux particuliers de l’île dont les nouvelles seront toujours utiles pour avancer dans l’histoire, et certaines fréquences spéciales vous permettront, si vous les trouver, de débloquer certains mécanismes dont l’intervention feront basculer le ronronnement quotidien de ces cinq jeunes.
Ce balayage de fréquences peut toujours être effectué tout en se déplaçant. D’autres fréquences sembleront être des signaux du passé, comme d’anciennes musiques que pouvaient écouter la population lors de la seconde guerre mondiale. Pourquoi ces fréquences du passé, ces apparitions alors qu’aucun téléphone mobile ne semble fonctionner sur l’île pour contacter quelqu’un de l’extérieur ? Et pourquoi venir justement sur cette île qui semble être le trou perdu local pour se couper du monde en petit comité ?
Une technique de qualité et une ambiance sonore envoûtante
L’ambiance sonore est tout simplement une merveille : une composition de scntfc (Galak-Z) apportant des tonalités électro planantes, ambiance science-fiction, le tout entrecoupé de mixage pour distiller la tension ou le côté surnaturel de certains événements. Si nous avons évoqué la qualité du scénario, en tentant de ne pas trop dévoiler le contenu, reconnaissons surtout que l’on s’immerge très bien dans l’histoire par la qualité du doublage sonore, entièrement en anglais.
Un doublage efficace, juste et non exagéré, heureusement traduit en français au niveau du texte. Si on est un peu perdu au départ face à ce groupe de personnages, le fait de suivre les discussions introduites par Alex (et fonction des choix proposés à l’écran) va vous permettre de prendre connaissance du groupe, de créer une empathie et d’avoir une grande liberté dans l’orientation possible des conversations et actions.
Mais chacun de vos choix aura une conséquence à la fin, car vous pourrez développer les affinités entre certains personnages, avoir une parole de vérité qui vous libérera d’un fardeau ancien, gagner ou perdre des points d'affinité avec les uns et les autres en fonction de vos réponses (ces points étant matérialisés par de petites icônes à l’écran au sein de bulles).
En tactile, on pourra déclencher la radio en cliquant sur la petite icône en haut à droite. On s'amusera des possibilités offertes par les boucles temporelles pour revivre des situations de déjà-vu mais avec de légères différences. Enfin des armoires à cassette vous demanderont de rembobiner la bande du doigt directement sur l'écran et de trouver le bon tempo pour être en phase avec la musique, de manière à retrouver un équilibre quand la situation devient compliquée pour vous, comme le montre cette icône blanche dans la capture d'écran réalisée par nos soins ci-dessous. Si vous réussissez, l'armoire à cassette émet une lumière blanche.
Un sans faute ?
Reconnaissons que ce portage Switch est très soigné car nous n’avons pas connu le moindre bug ou plantage en cours de jeu. Les sous-titres en français, qui n’existaient pas initialement sur les autres consoles lors du lancement du jeu, sont un vrai apport pour les personnes ne maîtrisant pas bien les subtilités de la langue anglaise. Mais il reste quelques aspects qui feront tiquer même si ce n’est pas rédhibitoire.
Le style graphique d’Heather Gross, qui a fait ses classes chez Disney, nous apporte un univers doux et sombre très plaisant à découvrir, mais le passage d’un lieu à un autre est un peu lent en chargement. Il faut compter régulièrement une trentaine de secondes, ce qui casse un peu la narration.
Les personnages sont très petits à l’écran et ne possèdent pas vraiment de détails. Aucun gros plan sur les personnages, juste de temps en temps des photos glanées, un peu en décalage au niveau âge par rapport à leur maturité intellectuelle et leur voix doublées (les images donnent l’impression de jeunes adolescents, les voix font penser plutôt à de jeux adultes ayant bien la vingtaine sonnée).
Comme vous pouvez le constater ci-dessus, la carte se complète par des notes manuscrites au fur et à mesure de votre progression.
Mais un aspect un peu dommageable est la gestion automatique des sauvegardes lors du changement de lieux. Un lieu est une unité géographique pouvant correspondre à de nombreux déplacements et théâtre parfois de nombreuses actions de votre part. Quel agacement avons-nous ressenti, en devant effectuer impérativement une pause repas, de constater qu’il fallait refaire l’intégralité de la scène et des dialogues car nous n’avions pas conservé de sauvegarde au sein de ce niveau. Si vous voulez éviter cela, changez de lieux pour forcer le jeu à effectuer une sauvegarde de ce que vous avez fait. On s’est fait avoir une fois, pas deux. Pour le reste, c’est un grand jeu indépendant, essayez-le !
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Il y a beaucoup de moment où pas mal de personnages parlent quasi en même temps ou enchainent assez vite les répliques et quelquefois j'ai eu du mal à suivre et à tout lire.
Un petit appui sur le bouton A pour continuer n'aurait pas été de refus.
En fait, ce jeu, si tu est complètement bilingue, le fait de ne pas avoir besoin de lire est très immersif et rend le jeu plus abordable.
Cela dit, la diversité des choix incite beaucoup à rejouer l'aventure pour voir les différentes possibilités narratives, mais la rigidité du scénario et l'impossibilité d'accélérer le dialogue rend le tout très lourd au second passage.
A part quelques details, le déroulement sera le même , et donc, en effet, le fait de ne pas pouvoir accélérer les dialogues et que le personage principal se déplace très lentement rend les essais suivants particulièrement ennuyeux !
J'ai laissé tomber et j'ai été voir les fins alternatives sur youtube.
C'est vraiment le genre de jeu qui ne fonctionne pas en new game, un peu comme les FMV genre Late Shift. Le déroulement est trop identique pour vraiment varier le plaisir et nous faire rester sur le jeu.
Par contre, l'ambiance sonore est vraiment excellente. Je resens vraiment un sentiment de nostalgie quand j'écoute ces musiques car je trouve que les sonorités empruntent beaucoup aux années 80 et aux musiques électroniques de l'époque dans le style de Vangelis ou Mike Oldfield.