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Eastward Disponible sur Switch
Test de Eastward (Switch)

Test de Eastward : Un vibrant hommage aux années 90.

Dans une industrie forte de près de 50 ans d'existence, il est parfois difficile de se renouveler. Certains créateurs vont chercher à repousser les limites en proposant des expériences de jeu ou des histoires toujours plus folles, d'autres vont rester dans une zone de confort, préférant une formule éprouvée mais sans éclat. Et puis il y a les autres, ces jeux qu'on a la sensation d'avoir déjà fait mille fois mais qui, indescriptiblement, se frayent un chemin dans les méandres de notre nostalgie pour nous offrir un voyage que l'on attendait pas mais qui ne nous quittera plus jamais. Eastward fait partie de ceux-là.

Test
John est un homme simple. Ses journées se suivent et se ressemblent sur l'Île Cocotte, ville souterraine où les habitants vivent de l'exploitation minière. La population reste à l'abri du miasme, ce poison rendant toute vie en surface impossible et ayant condamné l'humanité à une vie cachée. Pourtant, un jour, tout va basculer dans la vie de John quand il recueille la jeune Sam, petite fille mystérieuse et à la candeur sans limite qui veut découvrir le monde de la surface. Nous débutons donc notre aventure sur une journée banale de la vie de John et Sam, journée qui va pourtant les conduire dans une aventure bien au-delà de ce qu'ils auraient pu imaginer.

Une esthétique riche et maîtrisée

La première chose qui nous frappe quand on lance le jeu c'est son esthétique. Et par là, il faut comprendre que c'est la première chose qui nous frappe, je veux dire que la petite séquence d'intro en animation nous saute littéralement au visage avec toutes les promesses du titre : un univers bariolé, à la fois inquiétant et contemplatif, où des créatures hostiles et des personnages hauts en couleur vont ponctuer un voyage aux enjeux dantesques à travers un monde vivant et sublime.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que, très vite, on se rend compte que ce n'était pas que de la frime, le jeu est absolument magnifique. Un travail d'orfèvre a été déployé sur les graphismes du jeu qui nous plonge dans un monde grouillant de vie et rempli de personnages attachants et divers.

Des cheminées fumantes aux brins d'herbes malmenés par la brise automnale en passant par les animations des personnages, leur conférant à tous une personnalité perceptible au premier coup d’œil. Tout dans le monde d’Eastward nous appelle et nous fait nous dire que ce monde est vivant et qu'il l'a été bien avant que l'on ne s'y invite.
C'est bien simple, n'importe quel screenshot que vous feriez lors du jeu pourrait se retrouver à l'arrière de la boîte tant le fourmillement de détails, les couleurs chatoyantes, les effets de lumières et les animations sont soignées. Cependant, cette qualité et ce sens du détail a ses limites puisqu'on subit parfois de légers ralentissements, la faute à un trop grand nombre d'éléments à l'écran, notamment lors de combats où de nombreux ennemis sont affichés.

La musique et les bruitages ne sont pas en reste et habillent efficacement les différentes scènes et émotions que le jeu veut nous transmettre. On pourra déplorer une certaine répétitivité dans les thèmes et un manque de grandiose qui aurait parfois été plus que bienvenu mais rien qui ne gâche fondamentalement l'expérience ou ne nous sorte du jeu.

Des dialogues aux petits oignons

Une fois passée la claque que constitue la découverte de ce que le jeu peut nous proposer visuellement vient rapidement la question de l'écriture. Car oui, comme tout RPG qui se respecte, la narration et les dialogues vont constituer une des clefs de voûte de la qualité d’Eastward.

Et là encore, les équipes de Pixpil n'y sont pas allées avec le dos de la main morte. Les dialogues sont ciselés, drôles, crédibles, parfois touchants et servent une histoire qui parait un peu bateau de prime abord mais se révèle rapidement plus riche que ce qu'on l'on pouvait penser. La qualité d'écriture est telle qu'en une ligne de dialogue et un geste du personnage on peut comprendre parfaitement à quel genre de personnalité nous aurons à faire.
Le meilleur exemple de ça est le personnage de Sam, qui réussit à nous être attachante en quelques secondes de jeu. Sa candeur, son émerveillement, sa confiance envers son protecteur et sa conviction inébranlable face aux obstacles qui se dressent devant elle nous donnent instantanément envie de suivre son aventure et, plus que tout, de la protéger coûte que coûte.

Mais même sans dialogues, les développeurs réussissent à insuffler une personnalité à leurs personnages. Prenons John, "héros" du jeu que le joueur va incarner alternativement avec Sam mais qui reste l'avatar principal : il ne parle pas, jamais, mais derrière cette façade taciturne, sa personnalité est perceptible grâce à de nombreux indices.

Au delà des informations que les personnages nous donnent en parlant de lui (sa force, son sérieux, sa loyauté,...) on comprends, par exemple, par son usage de sa poêle (tantôt pour affronter des limaces géantes, tantôt pour préparer de bons petits plats à sa protégée) à la fois son côté protecteur et sa nature paternelle avec Sam, nous le rendant de fait rapidement très sympathique malgré le côté bourru et bourrin du mineur.
Vous l'aurez compris à ce dernier exemple, l'humour et le décalage sont très présents dans le jeu. C'est bien simple, vous ne passerez pas 5 minutes sans vous surprendre à sourire face aux excentricités du monde de John et Sam ou en lisant des dialogues souvent amusants quand ils ne sont pas, en plus, mis en scène de façon décalée. Que ce soit en allant sauvegarder votre progression auprès d'un réfrigérateur aux élans philosophiques ou en assistant à un débat enflammé sur les talents culinaires discutables d'un personnage, vous aurez toujours un petit quelque chose à même de vous donner le sourire et le tout sans ralentir plus que de raison le rythme et la progression du jeu.

Cependant, que l'on ne s'y trompe pas, si le jeu se permet beaucoup de légèreté, il sait se montrer sérieux, grave, voir tragique quand la situation l'exige, et parvient même un sacré travail de dosage puisqu'au lieu de s'annuler les uns les autres, ces différents tons s'alimentent mutuellement pour renforcer encore davantage leur impacte durant les vingt à trente heures d'aventure.

Des contrôles efficaces mais perfectibles

Mais du coup, suite à ce panégyrique, y'a-t-il quelque chose que l'on pourrait reprocher à Eastward ? Et bien oui car même si le jeu jouit de contrôles solides faisant honneur à la longue tradition des jeux d'aventures/RPG 2D temps réel, on a quelques lourdeurs qui se font sentir et qui, paradoxalement, auraient été assez simples à éviter.
Lors des phases d'exploration, rien à dire, tout répond parfaitement, les contrôles sont intuitifs et la possibilité de contrôler alternativement les deux personnages se prête parfaitement aux labyrinthes et autres énigmes. Rien de particulièrement transcendant mais la formule fonctionne et le plaisir de découvrir de nouveaux objets, de nouvelles facultés et de nouveaux obstacles renouvellent très régulièrement l'expérience.

Toutefois lors des combats, on sent une certaine lourdeur dans l'utilisation des différentes armes qu'il faut régulièrement changer, au détriment du rythme des joutes. De la même manière, là où l'alternance entre Sam et John est particulièrement agréable lors des énigmes, elle devient moins confortable lors des affrontements où, pourtant, leur complémentarité reste essentielle.
Qu'on soit clair, jamais lors du jeu nous ne nous sommes retrouvés à pester contre les contrôles où à se sentir floué par un gameplay confus ou trop riche, mais au vu du nombre de touches disponibles sur la manette, il eut été possible de proposer quelques raccourcis à même de rendre le tout plus confortable encore, en particulier lors des combats.

Du reste, les mécaniques du jeu demandent une certaine implication du joueur, que ce soit dans l'amélioration des armes pour rester au niveau ou dans la cuisine qui permet (via un bandit manchot) de se parer de petits plats à même de remplir la barre de vie commune de nos héros ou de booster leurs caractéristiques.

The Legend of the Mother's Quest of Mana... Part II

Et là ceux qui ont entendu parler du jeu se demandent sans doute "mais comment se fait-il qu'il ne parle pas des nombreuses références et inspirations qui jalonnent le jeu?" et c'est une excellente question, merci de la poser.
En effet, si Eastward a réussi si rapidement à attirer l'attention des joueurs, en particulier de ceux ayant connus l'ère 8 et 16 bits, c'est aussi par le nombre incroyable de références que le jeu convoque, que ce soit de manière très frontale ou par des touches plus subtiles.

En effet, on en parlait un peu plus tôt mais les réfrigérateurs de sauvegardes ne sont pas sans rappeler la série Earthbound (Mother au pays du soleil levant), de même que l'humour et le ton décalé du jeu nous fera encore penser à cette série.

Une inspiration qui se ressent jusque dans le nom du jeu vidéo Earthborn, présent dans l'univers d’Eastward et qui s'inspire allégrement des Dragon Quest NES ainsi que de Mystic Quest pour nous offrir un RPG à l'ancienne classique et diablement addictif qui reste totalement facultatif à la complétion d’Eastward mais ajoute encore à la cohérence et à la richesse de son univers.
L'esthétique rappellera sans peine les RPG de la grande époque de la SNES, dans la veine des Seiken Densetsu (Secret of Mana et ses suites) ou Illusion of Time de même que son gameplay qui viendra également lorgner du côté d'un certain A Link to the Past.

Le tout offre une expérience qui convoque sans cesse nos souvenirs de joueurs mais sans jamais se reposer dessus, tels une succession de clins d’œil complices qu’Eastward nous fait pour constamment nous rappeler qu'il sait d'où il vient.

On pourrait alors se demander si cette approche ne serait pas stérile et n'aurait pas pour but que de ferrer notre intérêt avec un appât grossier. Mais que nenni! Même s'il ne cache pas ses inspirations, ce déluge de références n'éclipse jamais le propos et l'univers que le titre cherche à mettre en place et fait davantage figure de tribut rendu respectueusement aux jeux qui auront, à n'en pas douter, inspirés les équipes de Pixpil.

Un patchwork qui réussit à magnifier la découverte du monde d’Eastward en l'agrémentant de touches nostalgiques, comme autant de bonbons vintages que le jeu met à la disposition de ceux qui sauront en apprécier la saveur évocatrice.
19/20
Que vous dire de plus concernant Eastward qui pourrait davantage vous convaincre de céder à son appel ? Le titre est beau, drôle, touchant, efficace, agréable, riche et se paye en plus le luxe de nous rappeler les meilleurs de sa catégorie sans jamais sembler usurper leur héritage.
Une lettre d'amour au jeu vidéo, au RPG, à l'aventure, à l'innocence et à la nostalgie que nous ne saurions trop vous conseiller d'essayer. Si vous avez connu l'âge d'or du RPG, vous ne pourrez pas être insensible à ses atours et si ce monde vous est étranger, voilà une parfaite porte d'entrée pour le découvrir.
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Le tout dernier PNCAST
PNCAST novembre 2024
19 /20

L'avis de Puissance Nintendo

Merci Pixpil de nous avoir permis de retourner plus de 20 ans dans le passé et de nous avoir rappelé certains de nos meilleurs souvenirs de joueurs tout en réussissant l'exploit de vous frayer un chemin aux côtés d'ancêtres aussi prestigieux. Sam et John côtoieront désormais Chrono, Link, Paul et autre Ness au panthéon, et ce n'est pas usurpé.

Jouabilité
Très efficaces dans l'exploration et les énigmes, les contrôles s'avèrent un peu moins fluides dans les combats où il n'est pas rare de se faire malmener en inversant accidentellement nos deux héros et dont le rythme est un peu affecté par le changement d'arme. Rien d'alarmant heureusement mais tout ça aurait pu être mieux optimisé.
Durée de vie
En plus de son aventure dépassant facilement les 20h, Eastward nous permet grâce à Earthborn de gonfler encore un peu la durée de vie. La linéarité du titre pourrait jouer contre lui mais profite au rythme de l'aventure qui ne souffre de presque aucun temps mort et nous pousse toujours à aller un peu plus loin.
Graphismes
SUBLIME. La pâte graphique du jeu est un régale de A à Z et les lieux se renouvellent sans cesse sans jamais paraître hors sujet. On passe d'environnements merveilleux à des espaces plus oppressant sans soucis et le tout est soutenu par une direction artistique hors pair. Quelques ralentissements nous feront sentir les limites du jeu lors d'affrontements particulièrement chargés mais rien qui ne gâchera l'expérience dans son ensemble.
Son
Agréable sans être transcendante, efficace sans être mémorable, la bande son du jeu fait le taf et nous accompagne agréablement pendant toute l'aventure. Bien qu'un sentiment de redondance s'installe au fur et à mesure de l'épopée et qu'on aurait parfois souhaité que le jeu se laisse aller à quelques envolées épiques, le tout reste de bonne facture.
Intérêt
Le simple fait que le jeu réussisse autant à synthétiser l'esprit d'un genre dans toute sa richesse et de toute une époque rend sa complétion indispensable pour tous les nostalgiques de l'âge d'or de la SNES. Les autres trouveront en Eastward une excellente introduction à un genre qui a connu son apogée dans les années 90.

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