Test de Kaichu : The Kaiju Dating Sim ou le match impossible
"Voulez-vous supprimer le match définitivement ?" C’est malheureusement un oui pour Kaichu, suffisamment séduisant pour swiper à droite mais pas assez pour conserver le contact.
TestDes montres et du love
Kaichu nous invite à prendre les commandes d’un Godzilla rose du nom de Gigachu qui s’avère être en recherche du grand amour. Ses conquêtes sont ainsi au cœur de l’actualité d’un monde étrange, tout autant apeuré par ces créatures qui envahissent la planète, que fasciné par les dates à répétition de notre petit monstre.Le jeu démarre sur un planisphère où l’on choisit l’être aimé, avant de partir en rendez-vous galant à l’emplacement d’un célèbre monument : Tour Eiffel, Mont Rushmore, Opéra de Sydney, etc. La télévision retransmet alors une émission spéciale où deux présentateurs narrent les rebondissements amoureux que l’on rencontre au fil de nos aventures sentimentales.
À chaque action s’enclenche une petite capsule qui tente d’apporter humour et consistance au jeu mais sans jamais beaucoup de succès. Le titre, par ailleurs uniquement en langue anglaise, repose essentiellement sur les babillages de deux présentateurs d’une émission de télévision qui commentent sans trop d’intérêt le rendez-vous à venir. Ils nous permettent d’accéder à la phase de gameplay à proprement parler et là continuent les problèmes…
Un gameplay famélique basé sur le hasard
De gameplay le jeu propose en réalité purement et simplement un questionnaire avec à chaque fois trois réponses possibles, le tout dans le contexte d’un date amoureux. Le monstre que l’on invite nous assaille de questions relatives à notre personnalité, nos goûts ou nos désirs amoureux. À chaque fois trois choix permettent de répondre deux réponses radicalement opposées et une troisième plus neutre.Il s’agit de choisir la réponse la plus séduisante aux yeux de l’être que l’on cherche à séduire, afin que des cœurs émanent de chacun des deux personnages. Bien répondre déclenche alors une passion si intense chez les deux monstres qu’ils s’attellent à détruire de toutes leurs forces un monument placé entre eux deux.
Le monument se brise petit à petit et pour parvenir à le faire s’effondrer totalement plusieurs bonnes réponses sont nécessaires.
Au contraire, si vous donnez des réponses qui vont à l’opposé de ce que votre conquête souhaite entendre, aucun des deux monstres ne daignera détruire le monument et le match ne sera pas concluant.
L’état du monument à la fin du rendez-vous détermine donc sa conclusion. Le monument détruit verra ainsi les deux amants s’embrasser passionnément. Au contraire si l’édifice est encore intact, nos deux amoureux se feront la tête.
De retour sur la carte du monde, une fiche amoureuse se remplit, soit de rose lorsque le rendez-vous a été couronné de succès, soit en gris si celui-ci s’est avéré désastreux.
Pour parvenir à la fin du jeu il vous suffit de réussir les rendez-vous et peu à peu la fiche se remplit en rose, complétant trois niveaux jusqu’à une apothéose et un générique de fin aussi soudain que bienvenue, tant le manque d’intérêt du jeu se fait sentir.
Inclusif on dit oui mais s’il n’y a rien derrière au secours
Que dire d’un jeu pavé de bonnes intentions, proposant de laisser au joueur le choix de son pronom en début de jeu ? Ou bien de lui permettre d’avoir des relations avec des monstres manifestement féminins, masculins ou de genre neutre ? On valide et on apprécie les efforts faits, surtout que les choix graphiques, colorés, volontairement naïfs et pastels s’accordent tous harmonieusement, sans tomber dans le mièvre.Pourtant saupoudrer un titre d’ouverture et de bons sentiments ne suffit pas à faire un bon jeu. En effet on devine sans trop de surprise les intentions placées derrière les réponses à choisir, à savoir toujours ou presque opter pour la réponse la plus inclusive possible.Pire, là où un jeu de dating devrait reposer sur la connaissance acquise et la consistance des personnalités des personnages, ici il n’en est rien. Ceux-ci ne discutent pas en dehors des questionnaires. On n’apprend rien de plus, seul le hasard ou la stratégie du plus inclusif possible permettent de s’en tirer.
Que dire enfin de l’intention placée derrière, c’est-à-dire que pour plaire à notre partenaire, il convient de répondre toujours ce qu’il souhaite entendre ? Bonjour l’acceptation de la différence.
Plusieurs fois on se retrouve en effet à choisir des réponses à des questions ou dilemmes qui nous mettent face à nos convictions personnelles. Voir qu’une certaine réponse peut entraîner un rejet n’est pas des plus avisé pour apprendre à s’assumer et s'affirmer dans ses choix.
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