Test de Passpartout 2: The Lost Artist : laissez s’exprimer l’artiste qui est en vous
Sortez les pinceaux, les brosses et les palettes, et que le pouvoir de l’imagination soit avec vous dans une petite aventure qui fera appel à votre créativité.
TestUne vie d’artiste en carton-pâte
Le jeune Passpartout est un artiste en herbe qui tente de gagner son pain en peignant des croutes qui malheureusement ne lui rapportent pas suffisamment pour payer son loyer. Au tout début du jeu il se retrouve donc expulsé de chez lui, une charmante mais rudimentaire maisonnée perdue sur une île isolée. Contraint de prendre le bateau jusqu’au port et à la ville pour mener la vie de bohême propre aux artistes incompris, nous y sommes accueillis par Benjamin qui se propose de nous guider dans la dure mais gratifiante carrière d’artiste. Plein d’encouragement, de bons conseils et de matériel d’artiste à vendre, ce dernier tient une boutique au sein de la petite bourgade de Phénix. Il nous encourage à nous lancer à la rencontre des habitants et à leur proposer nos créations contre monnaie sonnante et trébuchante.Là où d’autres titres prônent la vie d’artiste comme simple prétexte à une aventure, Passpartout 2 entend mêler les deux car c’est en pratiquant notre art que l’on est en mesure de venir en aide aux habitants et d’avancer dans le jeu. Le personnage se contrôle dans une 2,5D jusqu’au moment où le chevalet est sorti et que l’on dégaine nos outils d’artiste et que l’on commence à dessiner, à peindre ou à encrer notre toile. Alors le support de création emplit l’écran et l’on peut choisir l’arme de son choix, pinceaux ou crayons, ainsi que les munitions, entre ses palettes de couleurs, pour amorcer la création.
Une fois la toile achevée, celle-ci peut être proposée à la vente aux habitants environnants qui y vont de leur jugement voire de leur proposition financière quand ils sont séduits. Sans trop savoir expliquer comment le travail est jugé, les habitants jouent le rôle de critiques d’art, validant ou invalidant la qualité de nos toiles. Untel souhaite par exemple que l’on concocte l’enseigne de son restaurant en mêlant ses deux spécialités culinaires. Ce fut ainsi seulement au bout de la troisième tentative que le PNJ a fini par accepter notre proposition qui répondait selon lui pleinement à ses critères (d’escargots aux frites !).
Hasard ou analyse fondée sur des éléments qui nous échappent ? Toujours est-il que le jeu évalue certaines de nos créations, nous enjoignant à développer notre sens de la création. Autrement dit, n’espérez pas jouer à Passpartout 2 si vous n’aimez pas un tant soit peu imaginer et dessiner car c’est là la principale activité du jeu.
En effet les phases d’exploration dans la ville ou d’interactions avec les personnages ne sont pas des plus palpitantes. Tout au plus est-on séduit par les décors et la qualité graphique du titre qui se rapproche de décors illusionnistes en carton-pâte très inventifs, faits de pliages et de dépliages, avec des personnages comme en stop-motion. Les détails fourmillent dans cette petite bourgade mêlant aux accents très francophiles de ses personnages, des quartiers très proprets dans les hauteurs verdoyantes de la ville, ainsi que des coins plus roots et punk, avec les bas-fonds des égouts.
Il est à noter le bagout des habitants que l’on croise qui ont tous été plus ou moins doublés. Ils baragouinent des mots sans queue ni tête, tantôt en français, tantôt en anglais ou en allemand. Assez amusant mais aussi déroutant pour notre oreille francophone par exemple d’entendre Benjamin tenir des propos qui n’ont rien à envier aux meilleurs mèmes populaires sur internet, à la façon du « oui oui baguette ».
La créativité au cœur du jeu
Passpartout 2 est essentiellement un jeu de création artistique. Pourtant n’allez pas y chercher un quelconque tutoriel comme le sont souvent les jeux dédiés à entrainer notre fibre créative. En effet aucun personnage ici ne nous donne de conseil sur la construction d’une composition, sur le mélange des couleurs ou sur la création d’une silhouette bien proportionnée.Le matériel à disposition à l’achat dans la boutique est varié mais ne se débloque pas progressivement au fil d’une hypothétique avancée dans l’histoire. Tout est accessible dès le début du jeu et seules nos finances limitent l’étendue de notre escarcelle d’artiste. Certains préfèreront ainsi manier le pinceau à bord plat, d’autres seront des adeptes du crayon de couleur ou pourquoi pas de l’éponge.
Comment se passe la création d’une œuvre ? En vue resserrée sur le support utilisé, toile ou feuille de papier (voire même voiture ou autres fantaisies dans le cadre de certaines missions), le joueur peut choisir entre six outils et alterner autant qu’il le souhaite entre, en sélectionnant au préalable la couleur avec laquelle il souhaite laisser s’exprimer sa créativité. Jusqu’à trois palettes de couleurs peuvent être emportées avec soi et elles proposent chacune une bonne variété de teintes, bon point pour varier ses motifs.
Autre bon point (ou non, les joueurs jugeront), de manière très réaliste, le retour en arrière n’existe pas dans le jeu comme il n’existe pas en vrai quand on dessine ou peint. Très frustrant au début quand un malencontreux tracé involontaire vient ruiner notre œuvre, on y reviendra, on est contraint de développer des trésors d’inventivité pour se satisfaire du fruit de notre travail et redoubler de vigilance pour rattraper une bévue.
Du problème du motion gaming au tactile imprécis
L’expérience se veut polyvalente, le titre promettant de pouvoir se jouer autant en mode portable qu’en mode docké, avec des contrôles alternant entre le tactile, le stick et le motion gaming. Dans les faits et après testé les trois approches, force est de constater qu’une seule s’avère en réalité viable et propre à retranscrire a minima le ressenti du vrai dessin : le tactile. En effet le contrôle au stick du pinceau ou du crayon est beaucoup trop lent et manque de précision pour pouvoir transcrire ce que l’on souhaite. Un point de couleur pourquoi pas mais comment espérer dessiner une forme avec un stick ?Malheureusement pour le titre, la promesse du motion gaming est loin d’être tenue, s’agiter devant sa télévision avec son Joycon ravive les plus mauvais souvenirs de la Wii. Le pointeur est chaotique voire même part subitement dans une direction aléatoire sans qu’on l’ait voulu. Le résultat est qu’il impossible de prendre un quelconque plaisir avec cette manière de jouer et seule l’approche tactile est viable. Passpartout 2 est donc un jeu uniquement accessible en mode portable.
Dans un sens d’ailleurs, le jeu y incite beaucoup le joueur, tant l’interface, et en particulier lorsque l’on est en train de travailler sur une œuvre, est minuscule. Les petits carrés de couleur par exemple sont lilliputiens et seul l’écran tactile permet de les sélectionner sans trop d’encombre.
Coté tactile, l’expérience ne s’avère pas la meilleure qui soit non plus car là aussi le jeu persiste à réduire l’ampleur qu’occupe la toile ou le papier sur l’écran de la console à une maigre portion. On est un peu frustré de ne pouvoir avoir l’occasion d’exprimer nos envies de manière moins contrainte et de dessiner sur tout l’écran (nous avons pourtant fait ce test avec une Switch Oled, déjà plus grande que le modèle standard).
De la même manière, la contrariété s’invite quand, en tenant la console, d’une simple pression malencontreuse sur l’écran en dehors de la surface de la toile, le jeu mésinterprète cela et le transcrit par un immense trait qui barre d’un seul coup tout notre travail. Heureusement après quelques mauvaises surprises du genre on apprend à tenir précautionneusement sa console et cela s’avère moins fréquent mais on vous avertit que les accidents risquent d’être au rendez-vous.
Côté résultat évidemment cela va dépendre de sa propre expérience et de son niveau en dessin. Celui qui maitrise la science de la composition, la juste alliance des couleurs et la maitrise des proportions peut exécuter des œuvres avec plaisir et satisfaction. Toutefois, même les meilleurs artistes risquent d’avoir quelques réserves devant le manque de liberté laissée au joueur qui ne peut pas improviser autant qu’il le souhaiterait. Les mélanges de couleur, les lavis, les estompages ou encore la différence de pression de la pointe du crayon sur la feuille ne sont pas possibles et il faut se contenter de couleurs posées en aplat et de dessins forcément moins aboutis que ce que d’autres jeux du même genre permettent sur console.
Intéressant alors qu’un des objectifs du jeu soit l’accès au musée de la ville pour y exposer son travail aux côtés de quelques reproductions in-game de vrais chefs-d’œuvre empruntés au patrimoine pictural universel, Léonard de Vinci ou Vincent Van Gogh. On peine pourtant à croire que les développeurs aient utilisé les outils du jeu pour les reproduire vu le faible degré de précision permis et les limitations techniques.
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