Test de Raccoo Venture : n’est pas bon plateformeur qui veut
Petite désillusion derrière un jeu pourtant innocent et mignon de loin. Attention car de près ça risque de piquer.
TestDe la pure plateforme bien rétro dans l’esprit
Raccoo Venture c’est l’histoire originale (et uniquement disponible en anglais ou portugais) mais très prétexte d’un petit raton-laveur agile qui s’élance à la poursuite des pièces d’un jeu d’échec magique. Garantes de l’harmonie du monde, elles se sont malheureusement égarées à travers une multitude de niveaux qui composent l’univers de Verta. Passerelles étroites, gouffres béants, pics acérés, vide mortel et passages secrets sont les maître-mots de ce jeu qui dédie son âme à l’habileté mais aussi un peu au self-control du joueur.Le joueur évolue en effet dans une 3D vue de dessus, dans un défilement souvent linéaire de la gauche vers la droite. Question level design le jeu s’appuie sur des modèles du genre, on retrouve en effet aisément l’influence des épisodes successifs de Mario, avec une prédilection pour le souvenir d’un Super Mario Galaxy 2, d’un New Super Mario Bros U, ainsi qu’un regard plus lointain vers le non moins fameux Banjo-Kazooie.
Il n’est pas rare ainsi que les gouffres soient séparés par des plateformes mouvantes, que des roues hérissées de pics nous barrent la route ou bien encore qu’un système de cristal magique nous révèle un chemin invisible et salvateur.
Pour ce qui est de mettre la pression au joueur Raccoo Venture ne lésine pas sur les moyens. Très souvent des interrupteurs ne s’enclenchent que pour une poignée de secondes, juste assez, ou pas, pour nous permettre de rejoindre le passage temporairement créé. Sauf que pour faire un bon jeu de plateforme, tout est question d’équilibre et malheureusement il s’avère que ce jeu en fait cruellement défaut.
Les niveaux ne sont pas si petits que ça, ils proposent souvent une assez longue traversée parsemée de pièges nombreux. Ils imposent fréquemment des temps d’arrêt et d’exploration attentive des alentours à la recherche des items à collecter qui sont le seul et réel objectif de ce jeu. Ne cherchez pas de timer final ou même de satisfaction d’avoir traversé le niveau en entier. Le jeu ne récompense en rien pour cela.
Seules les pièces d’échec, carrés bicolores du plateau de jeu et pièces du roi et de la reine, sont utiles puisqu’elles seules permettent d’accéder aux régions suivantes. Par conséquent Raccoo Venture est presque tout autant un jeu de plateforme qu’un jeu d’énigmes qui entend rallonger sa durée de vie par des enquêtes assez laborieuses.
Aux contrôles hasardeux et au level design douteux…
Notre petit Raccoo rappelle les heures glorieuses de la plateforme rétro des années 90 mais seulement de loin. Il n’est pour ainsi dire capable de rien ou presque. Il peut sauter et courir et c’est à peu près tout. Pas de double saut, pas de possibilité de se battre efficacement contre les ennemis pourtant omniprésents dans l’univers du jeu et une fois encore mal calibrés.Un certain autre héros à la casquette rouge familier du genre plateforme n’est guère pourvu d’une palette de mouvements plus élaborés dans ses premières aventures nous direz-vous. La différence de réussite de la licence phare de Nintendo avec Raccoo Venture tient toutefois en la qualité et la solidité des niveaux dans le premier cas et la construction maladroite et le contrôle très pauvre dans le second. Dans Raccoo Venture le personnage est pataud, on a l’impression de ne pas avoir d’emprise sur le sol quand on le déplace. Les sauts en particulier doivent très souvent être exécutés au pixel près pour passer.
C’est par essence même un des critères qui fait un bon jeu de plateforme. Le parcours à suivre doit être intuitif. Le joueur apprend les possibilités de son personnage et il sait jauger à l’œil les passages possibles et comment les atteindre. Dans Raccoo Venture on se retrouve parfois à devoir, car c’est alors le seul chemin possible, franchir un gouffre sans être sûr que notre saut ne vas pas nous faire atterrir dans le vide.
La belle affaire encore si le jeu jouait de ce côté die & retry qui plait à certains joueurs adeptes des challenges ardus. Sauf qu’ici il n’en est rien et le jeu ne récompense en rien les risques pris ou la mort fréquente, au contraire ! Chaque saut dans le vide ou coup létal porté par un ennemi et c’est la perte sèche de 50 pièces d’or collectées en chemin et le retour au dernier check point atteint. Et si jamais la quantité de pièces d’or est insuffisante, alors c’est le niveau tout entier qu’il faut recommencer.
On aime la difficulté et la satisfaction d’avoir franchi des passages complexes et requérant une bonne dose d’adresse mais ici en l’occurrence rien ne va. Dès le deuxième monde, le jeu montre ses limites, avec des niveaux bancals et une difficulté qui alterne entre passages linéaires et ennuyeux avec des passages outrageusement compliqués car très mal conçus.
On aurait dans ces conditions du mal à conseiller le jeu ou bien alors aux seuls joueurs qui aiment se faire du mal en bloquant sur des passages mal pensés. Voilà donc un jeu qui a voulu intégrer les meilleures pages de l’histoire du genre plateforme sans pour autant les comprendre. Le résultat par moment frise le ridicule et malheureusement ni l’univers, ni les bugs qui s’invitent ne risquent de rattraper la note.
…malgré un univers chatoyant en apparence et un peu de bonne volonté
Les premiers niveaux et les captures d’écran que le jeu nous invite à prendre en cours de partie entendent en mettre plein la vue au joueur. En effet notre petit Racoon peut être affublé de dizaines de tenues que l’on collecte dans les niveaux ou bien que l’on peut acheter dans des boutiques in-game contre des pièces (s’il vous en reste et que vous n’êtes pas trop tombés chemin faisant).Les premiers environnements sont assez spectaculaires, avec d’immenses racines d’arbres et des paysages verdoyants. Pourtant rapidement on s’aperçoit que les paysages tournent un peu en rond, que les décors reviennent et que l’ambiance faussement léchée du début s’apparente plutôt aux graphismes d’un jeu mobile, tout comme le maniement du personnage. L’impression est d’ailleurs renforcée par le point de vue choisie par le jeu qui nous montre notre personnage d’assez loin et de trois quart.
L’ambiance musicale ne risque pas d’aider à rattraper l’impression générale de jeu assez pauvre en termes d’identité propre. En effet les morceaux joués sont dignes d’une bande-son de jeux Windows du début des années 2000, autrement dit sont assez ternes, souvent un seul instrument se répète.
Pourtant on voit les quelques tentatives imaginées par les développeurs pour apporter un peu de variété à l’expérience. Par exemple un compagnon de notre raton-laveur nous rejoint de temps en temps dans les niveaux, permettant d’égayer le gameplay. On passe ainsi, sur certaines portions bien circonscrites et pas si fréquentes que cela, aux commandes du pigeon Pru qui se déplace en voletant avec une jauge d’endurance limitée. L’enjeu est alors d’alterner successivement entre Pru et Raccoo pour débloquer le passage. Là encore Raccoo Venture n’invente rien et ne brille même pas dans l’exécution car le reproche général d’un manque de précision s’applique ici aussi.
Un peu plus tard encore, on met la main sur un bracelet magique qui permet de nous dédoubler l’espace de quelques instants grâce à un jumeau de cristal. Cette idée sympathique sur le papier, même si pas novatrice car empruntant son concept à Mario, souffre malheureusement aussi d’une exécution brouillonne. Fréquentes sont les fois où l’on peine à contrôler avec fluidité ce personnage dédoublé, la faute à un level design mal construit qui frustre là où il devrait demander de l’habileté.
On retrouve également de nombreuses énigmes à résoudre pour mettre la main sur les pièces d’échiquier dissimulées, sauf que certaines de ces énigmes n’ont ni queue ni tête. Quand il faut par exemple aller jusqu’à réunir jusqu’à 10 fois un item pour obtenir une récompense on peine à comprendre l’intérêt. Le but est-il simplement d’augmenter la durée de vie artificiellement ? Ou bien quand il s’agit de décoder et de retenir code puis de le reproduire un peu plus loin mais que les mécanismes pour le restituer constituent sans doute ce qu’il y a de pire en la matière : d’immenses roues à tourner presque sans fin pour faire apparaître une combinaison : ni ergonomique, ni amusant, ni même maniable.
Il est à noter aussi qu’il est assez fréquent que des bugs ou autres manques d’anticipation de la part des développeurs s’invitent en jeu. Il peut s’agir par exemple de la caméra qui subitement décide de changer de point de vue et sachant qu’il est impossible de la tourner, le jeu devient alors totalement injouable. Un autre problème fréquent est celui des objets à ramasser comme un fruit, un légume ou une clef et qui sont tous indispensables pour débloquer un passage ou une serrure.
L’étrange système retenu par les développeurs est de nous empêcher de courir ou même de sauter lorsque l’on tient quelque chose. Il en résulte qu’il faut sans arrêt déplacer les objets en le jetant or le bouton de dépose et de lancer est le même et il arrive souvent de faire une maladresse. Si les objets a priori apparaissent à nouveau en cas de chute, en revanche avoir axé une grande partie du gameplay des énigmes sur cet aspect s’avère être une idée plus que douteuse quand on voit la démarche fastidieuse ruinée par un gameplay perfectible.
Enfin pour terminer sur le chapitre des combats, ceux-ci n’ont rien de palpitants, ils s’avèrent même très monotones et brouillons. Ils consistent à sauter et à écraser les adversaires qui sont dotés d’une IA douteuse et qui ont des comportements encore une fois très mal équilibrés. Certains s’avèrent même très agaçants comme les archers mal calibrés qui reculent à toute vitesse pour nous éviter et qui tirent flèche sur flèche, puis qui se figent d’un seul coup et sans raison.
Les boss ne relèvent en rien le niveau, avec un pattern très mal réglé et des fenêtres de tir pour le joueur manquant de clarté et où les coups que l’on parvient à porter semblent plus tenir de la chance que d’un vrai apprentissage, ce qu’un combat classique devrait normalement permettre.
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