Test de SteamWorld Build : creusez, construisez, défendez !
La gestion d’une ville minière à la sauce exploration et défense, le tout dans un univers steampunk très convaincant !
TestUn grand jeu de gestion de ville en plein désert
Après une première cinématique d'introduction qui pose l'histoire d'un petit groupe de robots à la dérive dans l'espace, on débarque sur une des cinq mondes proposés par le jeu. Notre mission tient en un mot : survivre. L'environnement est en effet hostile et seule une gare et un puit abandonné nous attendent au milieu du sol aride.Partant d'un seul type d'habitation accessible, les maisons des ouvriers, le joueur doit bâtir une cité, tout en veillant au bien-être de ses habitants et à la santé de ses finances. Au fur à mesure que la cité s'étend les possibilités de gameplay s’accroissent également. Un peu à la manière de niveaux dans un RPG, genre inhérent à la série qui ne peut se départir de cette composante, le joueur accède à de nouvelles classes d'habitants.
Aux ouvriers succèdent entre autres les ingénieurs, puis les aristos. Chaque nouvelle classe requiert de nouveaux besoins que remplissent de nouveaux bâtiments. Là où les ouvriers n'ont besoin que d'ateliers et de magasins généraux, déjà les ingénieurs réclament un saloon, l'accès à des débits de boisson et à des établissements de divertissement.
Les constructions sont de deux types. Il s'agit soit d'établissements de production, soit de lieux de services. Les premiers sont les plus nombreux. En effet dans SteamWorld Build les ressources et leur gestion sont reines. Bien les maîtriser c'est s'offrir le succès de la victoire. Il faut ainsi surveiller sans cesse ses stocks de ressources de base comme le bois, l’eau et les outils qui sont toutes trois collectables en ville ou sous terre.
D’autres ressources sont plus complexes à obtenir et requièrent par exemple déjà une phase, voire plus, de transformation au moyen d’établissements de production. C’est le cas par exemple du whisky qui réclame non seulement de planter des champs de cactus dont on récolte l’eau mais aussi d’ouvrir des gisements de sable pour ensuite fabriquer du verre soufflé et enfin produire la précieuse boisson.
Sans cesse jusqu’à la fin d’une partie, la gestion des ressources en fonction des désidératas de ses concitoyens devient une des principales préoccupations tant celle-ci peut fluctuer et s’enrayer et parfois même pour une minuscule raison.
L’intelligence du jeu, sa difficulté et le plaisir que l’on en tire résident dans le fait que chaque niveau du monde que l’on explore est interconnecté dans une logique expansionniste intense. Dans la ville se développent nos habitants et les améliorations qui permettent de franchir de nouvelles étapes dans le jeu, tandis que les niveaux inférieurs sont de précieuses sources d’approvisionnement de ressources.
Un ailleurs existe également, matérialisé par le train qui revient périodiquement nous rendre visite à la gare. Il peut permettre, si on le souhaite, d'échanger quelques ressources précieuses dont on manquerait ou encore d'acheter des matériaux ou des objets d'amélioration (sortes de boosts) en échange d'argent, d'or ou de rubis.
À côté de ces tractations financières et commerciales, l’histoire du jeu met les protagonistes de l’histoire face au dilemme de la recherche de pièces mystérieuses d'un trésor mais aussi de comprendre pourquoi la terre sur laquelle ils ont atterri est désormais vierge de toute vie. On part ainsi en quête d’éléments mystères, des fragments d’une fusée à reconstruire, qui devient le point focal de nos préoccupations, tandis que la menace venue d’en bas grandit.
« Les nains ont creusé beaucoup trop profondément sous terre »
Quiconque se rappelle du sort des Nains dans la célèbre épopée tolkienne saura que creuser si profondément ne peut qu’apporter la richesse mais aussi la ruine. SteamWorld Build reprend cette idée car plus l’on s’enfonce sous la croute terrestre, plus le danger rôde et les ennemis qui s’agitent dans les abysses auront envie de mener contre nous des assauts redoutables.Les multiples niveaux du jeu impliquent une avancée progressive où l’on s’éloigne du modèle du jeu de gestion pour aller vers celui d’un jeu de stratégie dans lequel nos robots perceurs entaillent les blocs de terre pour dégager le terrain et les ténèbres. Derrière les parois friables, les matériaux précieux pour les constructions et les besoins des habitants, comme l’or, les outils, le pétrole, le gaz, etc. pleuvent mais avec eux aussi les ennemis.
Une fois arrivé aux limites d’un niveau souterrain, on touche alors à de grands nids infestés de créatures aux intensions néfastes. Une fois réveillées, celles-ci se mettent en quête de nous attaquer régulièrement à coups de vagues dont on reçoit périodiquement l’alerte via des signaux visuels sur la mini-carte du jeu mais surtout sonores. C’est certes un souci du détail qui témoigne le degré avancé d’achèvement apporté au titre, toutefois la fréquence intempestive des bruitages liés aux alertes et aux combats risquent d’en insupporter plus d’un et en particulièrement lorsque l’on arrive en fin de partie et que les attaques se font presque incessantes.
Pour repousser ces vagues, on peut compter sur une autre classe de robots, les guerriers qui sont de braves soldats prêts à défendre vaille que vaille le cœur de nos installations minières. Ils peuvent d’ailleurs compter sur l’appui de machines, des armes que l’on peut disposer aux endroits stratégiques de sortie des monstres. Plusieurs types sont proposés et ils permettent de déployer d’impressionnantes défenses qui ne sont pas de trop face à des adversaires qui s’améliorent en même temps que nous le faisons.
Les dommages sont souvent de la partie et pour cela des mécaniciens sont capitaux car ils sont les seuls à pouvoir réparer les machines, les robots mais aussi construire les extracteurs de ressources que l’on peut installer sur les gisements découverts sous terre afin de faciliter la collecte. Ces ressources sont ensuite acheminées vers la surface par les extracteurs qui parcourent inlassablement les galeries en quête des précieux matériaux. Nouvelle technologie oblige, arrivé à un certain niveau du jeu, on peut même tenter d’installer des tapis roulants qui charrient les scories collectées vers le centre de chaque niveau souterrain. On n’arrête pas le progrès !
Une impérieuse vigilance et une certaine frustration
Globalement le déroulé d’une partie alterne au début entre les phases d’expansion de la ville et les choix d’aménagement urbains. Cet aménagement impose de réfléchir avec intelligence à l’organisation des routes et à l’emplacement des bâtiments qui doivent cohabiter avec harmonie, pour s’assurer que chaque classe d’habitant reçoive les ressources qu’elle attend.Une fois arrivé aux limites d’agrandissement maximum imposées par nos ressources en stock, on (re)part sous terre à la conquête de plus de ressources mais également pour trouver les précieux fragments de la grande fusée qui reste notre objectif principal.
Heureusement le déroulé linéaire s’interrompt au bout d’un certain temps, du fait de petites défaillances qui viennent faire dérailler un mécanisme pourtant bien rodé. En effet qu’il s’agisse d’une attaque qui met en péril un de nos gisements, un risque de débordement d’une vague d’ennemis ou encore un manque de ressources, les choses peuvent virer au cauchemar s’il l’on manque de vigilance.
Le plus gros risque qui nous menace est la banqueroute. Si la gestion des ressources est fondamentale, celle de l’argent n’est pas en reste. Chaque action du jeu est en effet susceptible d’entrainer des recettes mais aussi des dépenses. Il en résulte un écoulement ascendant ou descendant de nos rentrées financières qui alimentent le pot commun. Le jeu est très vif, les jours s’enchaînent à une vitesse folle, coup de chance que les robots ne vieillissent pas à la même allure que les humains, et avec eux les finances qui peuvent s’envoler comme fondre comme neige au soleil en peu de temps.
Heureusement le jeu est pédagogue et nous enseigne progressivement ses différentes et nombreuses composantes. Un système de tutoriel facultatif est d’ailleurs disponible pour aiguiller sur la marche à suivre. Il faut certes aimer les jeux de gestion et les sessions plutôt intenses mais l’on prend vite le pli et le plaisir ne se fait pas attendre. Toutefois celui-ci se trouve entaché dès que la frustration se fait trop grande et cela survient plutôt fréquemment.
Qui dit besoins dit satisfaction et les habitants de SteamWorld Build sont pour le moins exigeants. Les classes les plus élevées du jeu sont ainsi de vraies divas qui réclament près d’une dizaine de bâtiments spécialisés à proximité de leur logement pour être satisfaites. Sauf que cette satisfaction dépend de la progression dans l’aventure. C’est tout particulièrement le cas dans les dernières phases d’une partie où les marches à franchir deviennent très grandes et les habitants toujours plus susceptibles. Il en ressort un jeu parfois brouillon, dans lequel l’autorégulation de notre ville obéit parfois à des critères qui dépassent le joueur qui n’a plus la main sur les trop nombreux paramètres et qui doit attendre que les planètes s’alignent pour que la situation se résolve.
En arriver à gagner presque à l’usure parce que les niveaux de satisfaction de nos habitants sont trop fluctuants et qu’un 99% de contentement n’est pas suffisant témoignent d’une curieuse manière de voir les choses. Parfois il n’y a rien à faire si ce n’est attendre que des marchandises soient acheminées, alors que d’autres besoins se seront manifestés en parallèle. Des quêtes en sommes presque insolubles et une conclusion de partie un peu chaotique mais de laquelle on sort toute de même satisfait.
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